Dangou. Ce village du département de M’ bahiakro est en conflit avec une communauté burkinabé qui vivait en parfaite harmonie avec elle depuis 1950. Aujourd’hui, c’est le divorce. Ces allogènes au nombre de 209 sont partis du village le jeudi 17 octobre 2003 sans prévenir leurs tuteurs. Pis, selon les Baoulé, les Burkinabé, avant de s’en aller, ont tenté de mettre le feu à certaines habitations. Après dix (10) ans d’absence, ils plaident pour leur retour par l’intermédiaire du préfet. Cette requête, pour l’instant, a été rejetée par leurs frères baoulé. Pourquoi ? Pour en savoir davantage sur ce conflit, nous nous sommes rendus sur le terrain le 19 juillet dernier pour rencontrer les populations de Dangou. Il était 15 heures quand nous sommes arrivés dans le village situé à 17 kilomètres du département. A moto par une piste après avoir traversé, malgré nous, le fleuve N’zi par le biais d’une pirogue. Notre guide et nous sommes immédiatement rendus chez le chef du village, Nanan Kouamé Koffi Raymond. Celui-ci, à son tour, après les civilités, a fait appel à ses notables. Mais quelle fut notre surprise quand nous avons été envahis par tout le village. Pour la simple raison que le problème préoccupe les ex-tuteurs des Burkinabé. Chacun voulait s’exprimer, se vider, expliquer les raisons du départ des 209 Burkinabé et le tort qu’ils leur ont causé. Mais pour une question d’ordre, de discipline et de protocole, Nanan Kouamé Koffi Raymond a mandaté un des leurs, pour parler au nom du village. Il s’agit de Kouadio Kouassi (82 ans). Il raconte les faits «(…) Le jeudi 17 0ctobre 2003, les Burkinabé ont quitté le village sans nous prévenir. Juste après leur départ, le village a été envahi par des hommes en armes. Nous avons subi des brimades. Pis, le fils de M. Issa Sawadogo, Arouna Sawadogo, a tenté de mettre le feu au village. Aujourd’hui, ces Burkinabé vivent pour certains à Prikro et pour d’autres dans les localités environnantes. Le préfet et le sous préfet multiplient les rencontres pour permettre leur retour. Ce n’est pas impossible. Mais cela ne doit pas se faire au détriment de notre coutume. Elle n’autorise pas des personnes qui ont commis des actes criminels à vivre a nouveau dans notre village». Les autres villageois ont abondé dans le même sens. Très remontés contre les Burkinabé, les Baoulé ont qualifié de trahison, leur comportement. Ils n’accusent cependant pas tous les Burkinabé. Pour eux, ceux qui n’ont pas commis d’actes répréhensibles peuvent revenir à Dangou. L’autre condition qu’ils posent aussi, est que les parcelles de forêt qui leur ont été prêtées sont, après dix (10) aujourd’hui, à la disposition, selon eux, des Baoulé chassés à l’Ouest. Les terrains sur lesquels les Burkinabé ont construit des maisons mais les ont brûlées avant de fuir, ont été attribués également à d’autres personnes. Que deviendront donc ces Burkinabé au cas où ils seraient autorisés à revenir ? C’est pour résoudre toutes ces questions que le préfet Gueu N’gbé Julien que nous avons rencontré également, multiplie, avec ses plus proches collaborateurs, les réunions avec les deux (02) parties. Au nom de la réconciliation prônée par le président de la République, Alassane Ouattara, il espère réussir sa mission. Même si elle n’est pas aisée.
Dje km
Envoyé spécial a M’bahiakro
Dje km
Envoyé spécial a M’bahiakro