On croyait les attaques contre la Côte d’Ivoire terminées. Mais on se rend compte que cela est loin d’être le cas. 48 heures à peine après les assauts de Yopougon, d’Akouédo et d’Abengourou, le corridor d’Erymakouguié a été attaqué la nuit dernière par des assaillants. Ces individus au nombre d’une dizaine, selon des témoins, ont investi le point de contrôle des Forces républicaines de Côte d’Ivoire situé dans ce village à quatre kilomètres d’Agboville aux environs d’une heure et demie du matin. Ils ont sans sommation ouvert le feu sur les éléments des FRCI en poste à ce check-point. Faisant deux blessés dont un grave. Il s’agit du soldat Traoré Adama dit « Soum ». Celui-ci a été évacué d’urgence sur Abidjan pour des soins. Selon une source proche de la hiérarchie des FRCI, l’attaque a duré deux heures de temps. Ensuite, les agresseurs ont pris la fuite. Aussitôt, le détachement des FRCI de la ville dirigé par le commandant Ali Sanogo a procédé à un ratissage qui a permis l’arrestation de plusieurs suspects, a confirmé la même source, sans plus de précision. Mais les premiers indices font état de deux blessés dans le camp des individus qui ont attaqué, mais qui, malgré leurs blessures, ont réussi à se fondre dans la nature. Les traces de sang montrent que l’un des blessés avait été abandonné par ses compagnons devant une case à Erymakouguié avant d’être récupéré. Vu la marre de sang découvert sur les lieux, les enquêteurs pensent que l’assaillant blessé a besoin urgemment de soins. Aussi, le périmètre a- t-il été bouclé pour mettre la main sur le suspect et ses complices. Depuis hier, des renforts venus d’Abidjan sous la direction du commandant Koné Gaoussou dit « Jah Gao » des forces spéciales, sont à pied d’?uvre pour retrouver les auteurs de cette attaque et leurs complices. Quant au village d’Erymakouguié, il s’est vidé après l’attaque. Selon un élément des FRCI qui a requis l’anonymat, les auteurs de l’attaque ne sont pas composés de jeunes du village qui abrite le corridor. Mais d’individus venus d’ailleurs. Ces derniers avaient été repérés depuis avant-hier. Ils avaient pris quartier dans un grand maquis de la ville. Leurs mouvements suspects avaient attiré l’attention des autorités militaires de la ville qui avaient pris des dispositions pour pallier toutes éventualités. Après l’attaque, ces jeunes gens comme par enchantement, ont disparu de la circulation. Les ratissages dans le village de Erymakouguié et ses environs se poursuivaient jusqu’au moment où nous mettions sous presse. Il faut rappeler que cette attaque survient à la suite des révélations faites par le préfet de la ville d’Agboville, M. Bako Digbé Anatole, le 5 mai 2012 à Grand Yapo lors de la cérémonie d’installation du nouveau chef du village. Au cours d’une réunion le 30 mai dernier avec les cadres et les chefs coutumiers en présence des sous-préfets, le représentant du chef de l’Etat à Agboville avait réitéré ses inquiétudes sur la présence de camps d’entrainement de miliciens dans certains villages du département en vue de poser des actes de sédition contre le pouvoir en place. Il avait ce jour-là demandé aux cadres et à la notabilité de ne pas encourager leurs enfants dans cette voie. Deux mois après la sortie du préfet, les cadres FPI d’Agboville, par la voix de M. Boka Serges Edgar, l’un des vice-présidents du Conseil général, ont animé une conférence de presse. Au cours de celle-ci qui a eu lieu le 30 juillet dernier, ils ont clairement accusé le préfet de vouloir livrer leurs parents aux FRCI comme, selon eux, ce fut le cas à Duékoué. Aux lendemains de cette conférence, Le Patriote s’était interrogé sur les raisons de cette réponse tardive. Aujourd’hui, avec ce qui s’est passé à Erymakouguié, l’on comprend maintenant le comportement assez curieux des responsables locaux du FPI.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly