Le professeur Mamadou Koulibaly a encore pris sa plume. Cette fois pour analyser la situation sécuritaire en Côte d’Ivoire, ponctuée par les attaques à répétition de ces derniers jours, avec leur lot de morts, de blessés et de dégâts matériels. Dans un document dont copie nous est parvenue hier lundi 13 août 2012, M. Koulibaly informe que ce sont 97000 ex-combattants, voire 100000 qui menacent aujourd’hui la sécurité des Ivoiriens. Ces jeunes combattants issus de tous bords (pro-Ouattara et pro-Gbagbo) qui ont été abandonnés après s’être battu, au prix du sang, pour la cause, constituent, selon l’ex-président du Parlement ivoirien, les vecteurs d’insécurité. Il a divisé ces jeunes en trois groupes. « Le premier groupe est constitué des FRCI frustrés et déçus, auxquels l’on avait promis des carrières militaires sécurisées », a-t-il dit, expliquant que sur 32.000 éléments des Forces nouvelles (ex-rébellion) « qui rêvaient d’obtenir une situation de fonctionnaire », seulement 9000 ont été pris en compte dans les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). « Alors qu’elles étaient en possession d'armes et de munitions, ce sont 23.000 personnes qui ont été refoulées, dégagées des rangs ou mises à la porte des FRCI. Ces ex-combattants FN non retenus dans les FRCI vivent dans la rancœur et la frustration et sont en attente de toutes les bonnes occasions qui pourraient leur permettre d’exprimer leur colère vis-à-vis de ceux qui leur ont menti, les ont utilisés et les ont rejetés au moment du partage du butin ».
Le second groupe, indique-t-il, est constitué des 36.000 supplétifs des FRCI, ces jeunes combattants recrutés par les Forces nouvelles pendant la crise post-électorale. « Ils étaient environ 38.000 supplétifs pour les FRCI, parmi lesquels seulement 2.000 ont été retenus pour une éventuelle intégration dans les forces régulières actuelles. Que faire des 36.000 restants ?
Ils ont été purement et simplement oubliés. Eux aussi fulminent de colère et de désir de revanche sur ceux qui les ont manipulés. Ils sont des agents à risque, capables, pour des raisons évidentes, de s’attaquer à leurs anciens frères d’armes, du temps des durs combats d’Abidjan, qui les ont trahis et abandonnés par la suite. Il ne faut pas les oublier lorsque l’on se pose la question de savoir qui s’attaque aux FRCI et pourquoi ? ». Quant au troisième groupe de combattants qui, selon Mamadou Koulibaly, menace la sécurité en Côte d’Ivoire, il est composé de 38.000 personnes issues des groupes d’autodéfense et autres miliciens de l’ancien régime. « Il avait été question que, dans le cadre du service civique proposé par l’APO, ces supplétifs des FDS de l’époque puissent être intégrés à des structures de réinsertion et d’emploi dans la fonction publique. Mais rien n’a été fait et plusieurs d’entre eux sont réputés avoir des armes, sont frustrés de savoir que l’âge d’or est terminé et que si les choses redeviennent normales, eux s’en sortiraient sans rien, bredouille. Eux ont du mal à accepter cette perspective. Ce groupe est tout aussi dangereux que les deux premiers et il ne faut pas l’oublier lorsque la question se pose de savoir qui attaque les FRCI ». Et M. Koulibaly de conclure qu’ « au total, ce sont donc au bas mot 97.000 guérilleros potentiels, sans compter les opportunistes et autres bandits habituels, les frustrés et les haineux occasionnels qui ont de vieux comptes à régler avec de vieux copains maintenant membres de la nouvelle nomenklatura, les nouveaux combattants, ceux de la 25ème heure qui ne sortent que lorsque les champs de bataille sont vides. Si nous prenons en compte tout ce beau monde «de super vilains» ou de «super héros», on peut arriver à 100.000 personnes à risque, déçues par les promesses non tenues, ballottées entre des décisions contradictoires, endoctrinées par des états-majors politiques réciproquement haineux, encasernées, pour certaines, avec leurs armes dans des conditions inacceptables, comme par exemple les 1.500 retenues dans le tristement célèbre camp de la Gesco à Yopougon. Toutes ces personnes sont de véritables dangers pour la sécurité des populations civiles, pour les FRCI elles-mêmes et pour les forces impartiales également, et l'on ne peut pas dire qu’elles ont tort d’être en colère. Et si l’on traitait plus sérieusement leurs cas ? »
Les solutions du professeur Koulibaly
Pour lui, le gouvernement « doit cesser de pratiquer la politique de l'autruche et regarder enfin le problème en face ». Puis la classe politique doit arrêter de détourner l’attention du problème principal par des accusations mutuelles insensées. Ensuite, accepter sa propre défaillance dans la façon de faire la politique et reconnaître que c’est elle qui, par ses discours, ses ambitions, ses inconséquences, a conduit de nombreux jeunes dans l’impasse, et toute la Côte d’Ivoire avec.
Enfin, s’engager tout de suite dans des discussions sur la réconciliation politique. Mamadou Koulibaly préconise par ailleurs que soit priorisée dans l’agenda du président de la République, la question du désarmement et de la réforme du secteur de la sécurité, que soit retirés des rues les FRCI, pour y installer la gendarmerie et la police nationales. Il souhaite le redéploiement de l’administration civile et l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire ivoirien, la reprise et l’approfondissement du dialogue entre le pouvoir et l’opposition, et l’organisation du départ à la retraite des combattants et autres miliciens non retenus dans les forces régulières, en dégageant à cet effet des ressources financières pour accompagner ces combattants. Pour terminer, M. Koulibaly souhaite qu’il ne soit pas organisé d’élection locale dans les conditions actuelles d’insécurité.
Hamadou ZIAO
Le second groupe, indique-t-il, est constitué des 36.000 supplétifs des FRCI, ces jeunes combattants recrutés par les Forces nouvelles pendant la crise post-électorale. « Ils étaient environ 38.000 supplétifs pour les FRCI, parmi lesquels seulement 2.000 ont été retenus pour une éventuelle intégration dans les forces régulières actuelles. Que faire des 36.000 restants ?
Ils ont été purement et simplement oubliés. Eux aussi fulminent de colère et de désir de revanche sur ceux qui les ont manipulés. Ils sont des agents à risque, capables, pour des raisons évidentes, de s’attaquer à leurs anciens frères d’armes, du temps des durs combats d’Abidjan, qui les ont trahis et abandonnés par la suite. Il ne faut pas les oublier lorsque l’on se pose la question de savoir qui s’attaque aux FRCI et pourquoi ? ». Quant au troisième groupe de combattants qui, selon Mamadou Koulibaly, menace la sécurité en Côte d’Ivoire, il est composé de 38.000 personnes issues des groupes d’autodéfense et autres miliciens de l’ancien régime. « Il avait été question que, dans le cadre du service civique proposé par l’APO, ces supplétifs des FDS de l’époque puissent être intégrés à des structures de réinsertion et d’emploi dans la fonction publique. Mais rien n’a été fait et plusieurs d’entre eux sont réputés avoir des armes, sont frustrés de savoir que l’âge d’or est terminé et que si les choses redeviennent normales, eux s’en sortiraient sans rien, bredouille. Eux ont du mal à accepter cette perspective. Ce groupe est tout aussi dangereux que les deux premiers et il ne faut pas l’oublier lorsque la question se pose de savoir qui attaque les FRCI ». Et M. Koulibaly de conclure qu’ « au total, ce sont donc au bas mot 97.000 guérilleros potentiels, sans compter les opportunistes et autres bandits habituels, les frustrés et les haineux occasionnels qui ont de vieux comptes à régler avec de vieux copains maintenant membres de la nouvelle nomenklatura, les nouveaux combattants, ceux de la 25ème heure qui ne sortent que lorsque les champs de bataille sont vides. Si nous prenons en compte tout ce beau monde «de super vilains» ou de «super héros», on peut arriver à 100.000 personnes à risque, déçues par les promesses non tenues, ballottées entre des décisions contradictoires, endoctrinées par des états-majors politiques réciproquement haineux, encasernées, pour certaines, avec leurs armes dans des conditions inacceptables, comme par exemple les 1.500 retenues dans le tristement célèbre camp de la Gesco à Yopougon. Toutes ces personnes sont de véritables dangers pour la sécurité des populations civiles, pour les FRCI elles-mêmes et pour les forces impartiales également, et l'on ne peut pas dire qu’elles ont tort d’être en colère. Et si l’on traitait plus sérieusement leurs cas ? »
Les solutions du professeur Koulibaly
Pour lui, le gouvernement « doit cesser de pratiquer la politique de l'autruche et regarder enfin le problème en face ». Puis la classe politique doit arrêter de détourner l’attention du problème principal par des accusations mutuelles insensées. Ensuite, accepter sa propre défaillance dans la façon de faire la politique et reconnaître que c’est elle qui, par ses discours, ses ambitions, ses inconséquences, a conduit de nombreux jeunes dans l’impasse, et toute la Côte d’Ivoire avec.
Enfin, s’engager tout de suite dans des discussions sur la réconciliation politique. Mamadou Koulibaly préconise par ailleurs que soit priorisée dans l’agenda du président de la République, la question du désarmement et de la réforme du secteur de la sécurité, que soit retirés des rues les FRCI, pour y installer la gendarmerie et la police nationales. Il souhaite le redéploiement de l’administration civile et l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire ivoirien, la reprise et l’approfondissement du dialogue entre le pouvoir et l’opposition, et l’organisation du départ à la retraite des combattants et autres miliciens non retenus dans les forces régulières, en dégageant à cet effet des ressources financières pour accompagner ces combattants. Pour terminer, M. Koulibaly souhaite qu’il ne soit pas organisé d’élection locale dans les conditions actuelles d’insécurité.
Hamadou ZIAO