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Politique Publié le jeudi 16 août 2012 | Notre Voie

Vague de violence en Côte d’Ivoire : Et si la guerre Soro-Ouattara avait commencé ?

© Notre Voie Par Aristide
Audiences du chef de l`Etat: le chef de l`Etat, SEM Alassane Ouattara a reçu le nouveau Président de l`Assemblée nationale, Guillaume Kigbafori Soro
Mardi 13 mars 2012. Palais de la présidence de la République. Photo: le Président Alassane Ouattara accorde une audience au nouveau Président de l`Assemblée nationale, Guillaume Kigbafori Soro
La Côte d’Ivoire vit des moments difficiles depuis quelques semaines. A la suite des attaques de commissariat et de camp militaire, le régime fait pleuvoir le feu sur les têtes de tous ceux qui sont soupçonnés de sympathie pour le président Laurent Gbagbo. Dans les villes et villages, c’est la traque. La Direction de la surveillance du territoire (Dst), la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) et tous les centres de détention arbitraire du régime font à nouveau le plein. Chaque soir, des jeunes sont ramassés à la pelle dans les quartiers et conduits vers des destinations inconnues. C’est la terreur. Officiellement, pour le régime, il s’agit de mettre tous les pro-Gbagbo hors d’état de nuire.
Malheureusement pour nos gouvernants, des faits et des gestes trahissent leur subconscient et montrent clairement que, derrière cette agitation et cette campagne anti-Gbagbo, se cache une bataille de l’ombre.
Il en va ainsi de la rencontre entre Hamed Bakayoko, le tout puissant ministre de l’Intérieur, et son rival Guillaume Soro, l’ambitieux président de l’Assemblée nationale. Si, officiellement et pour les besoins de la cause, les deux personnalités ont affiché une complicité des grands jours devant les caméras, pour beaucoup d’observateurs, il s’agit d’un tournant important dans les relations au sein de la coalition hétéroclite qui nous gouverne depuis le sinistre 11 avril 2011. Surtout que quelques minutes après le ministre de l’Intérieur, c’est l’ambassadeur de France himself qui s’est précipité dans les bureaux de Soro. Sans que les mêmes caméras ne soient conviées. Pourquoi, alors qu’il s’agit de trouver des « solutions » à nos problèmes de sécurité, c’est le ministre de l’Intérieur qui se rend chez le chef du parlement, avant d’y être suivi par l’ambassadeur de France ?
Devant les journalistes, les deux rivaux à la succession de Ouattara ont fait la fine bouche. Hamed Bakayoko a dit être venu prendre des conseils auprès de Guillaume Soro pour la gestion de la crise. Parce que ce dernier a été ministre de la Défense. Soro, à son tour, a dit avoir été rassuré par son visiteur d’un jour. Tout est donc parfait dans le meilleur des mondes. Mais Dieu seul sait que la réalité est tout autre.
En effet, tous ceux qui s’intéressent à la vie politique nationale savent que Bakayoko et Soro ne sont pas les meilleurs amis du monde. Pour faire plus simple, on va dire qu’ils ne s’aiment pas. Tous les deux sont convaincus de leur bon droit de succéder à leur mentor commun. Mais le problème, c’est que, dans cette course à la succession du Bravetchè, si, jusque-là, Soro avait tenu la corde du fait de sa haute main sur la rébellion et l’administration en tant que Premier ministre, rien n’est plus très sûr pour lui. Son départ de la Primature l’a quelque peu fragilisé. Mais son pire ennemi reste la communauté internationale qui veut le voir comparaître à la Cpi pour tous les crimes de la rébellion. Les nouvelles autorités françaises l’ont clairement fait savoir à Ouattara au cours de son dernier voyage hexagonal. Pour se donner un peu de temps, Ouattara avait dit attendre le résultat des enquêtes de la commission qu’il a mise en place. C’est désormais chose faite et la commission a clairement mis en cause les Frci et les dozos qui étaient à l’époque sous l’autorité de Soro. Mais comme Ouattara ne peut pas se mettre lui-même en prison, il va falloir qu’il sacrifie un de ses petits à la Cpi, s’il veut avoir la paix avec ses amis de la communauté internationale. Lequel de ses petits sacrifiera-t-il ? Une chose est sûre, ce ne sera pas Hamed Bakayoko. Et ce dernier ne serait pas très malheureux que ce soit Soro. Et Soro le sait. Dans ces conditions, si Hamed Bakayoko se sent obligé de courir chez son rival, c’est qu’il a de bonnes raisons. Les mauvaises langues disent que si Hamed Bakayoko a bien rassuré Guillaume Soro, ce n’est pas sur la situation sécuritaire nationale. Mais sur la situation de « Bogota » lui-même. A-t-il gobé les assurances de son frère-ennemi ? La suite des évènements nous situera. Et la vérité finira par triompher.

Guillaume T. Gbato
gtgbato@yahoo.fr
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