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Politique Publié le samedi 18 août 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Après les attaques de Dabou / Mamadou Koulibaly revient à la charge : ‘‘Rien n’a été fait, ni le service civique, ni l’insertion’’

© L’intelligent d’Abidjan
Front populaire ivoirien (FPI) : le président Mamadou Koulibaly annonce sa démission
Lundi 11 juillet 2011. Abidjan. Le président par intérim du Front populaire ivoirien (FPI), Mamadou Koulibaly claque la porte
Ancien Président de l’Assemblée Nationale, le Pr. Mamdou Koulibaly est le président de Lider (Liberté et Démocratie pour la République), parti politique créé après la crise postélectorale. Invité de la rédaction de RFI, il a fait une lecture de la situation sécuritaire qui prévaut en Côte d’Ivoire après les attaques de Yopougon, du camp d’Akouédo, de Dabou et toutes les attaques répétées à l’ouest. De son analyse, il ressort que la Côte d’Ivoire doit régler définitivement la question de la réinsertion des ex-combattants pour sortir de la spirale de la violence.
Depuis plusieurs semaines, une série d’attaques vise les camps militaires d’Abidjan et sa périphérie. Pensez-vous qu’on puisse attribuer la responsabilité de ces attaques au camp Gbagbo comme le fait en ce moment le Gouvernement?
Non, je ne pense pas, sauf si dans les semaines qui viennent, il y a une enquête claire pour situer les responsabilités. Mais il me semble qu’il y a d’autres choses à avoir. Et il faut aller plus en profondeur.

Alors qui sont les responsables de cette attaque, selon vous ?

Il y a plusieurs éléments qu’on peut signaler. Le premier, c’est que nous n’avons pas en ce moment des systèmes de défense et de sécurité en Côte d’Ivoire. On n’a pas d’armée, on n’a pas de police ni de gendarmerie. Ces corps vivent dans la frayeur, dans la division, et il est difficile pour ces corps organisés comme l’armée, la gendarmerie et la police, d’assurer la sécurité des populations si eux-mêmes ne sont pas déjà sécurisés. C’est déjà le premier élément. Le second élément, c’est qu’il y a tellement de frustrés que nous avons créé autour de la défense et de la sécurité ces dix dernières années. Il y a mille bonnes raisons que ces personnes-là s’attaquent les unes les autres.

Justement, vous estimez qu’il y a des dizaines de milliers de combattants ou d’ex-combattants, les personnes susceptibles de semer le désordre en Côte d’Ivoire aujourd’hui.
Je crois que cette guérilla peut avoir plusieurs sources. La première, c’est que selon l’accord politique de Ouagadougou, les Forces Nouvelles déclarés au nombre de 32000 auraient dû être réintégrées dans la nouvelle armée nationale. Malheureusement, il n’y a eu que 9000 qui ont été intégrées et 23000 ont été dégagées. Ces frustrés n’arrêtent pas de menacer un peu partout, à Abobo gare, à l’intérieur du pays, leurs petits copains qui ont été retenus dans cette armée nouvelle armée régulière. Et ils sont avec leurs armes chez eux à la maison. Ils sont des sources potentielles de déstabilisation de cette même armée. Il ne faut pas les oublier. Si on tient compte du fait que les FRCI elles-mêmes, pour préparer la bataille d’Abidjan, ont rassemblé près de 38000 personnes. Les supplétifs qui ont accompagnés les FRCI, il y a des ‘’dozos’’ et bien d’autres personnes. A ces personnes, il avait été promis d’être intégré dans la fonction publique sécuritaire. Malheureusement encore, il n’y a que 2000 de ces personnes qui ont été retenues et intégrées. Il reste 36000 qui se retrouvent dans la rue, frustrées et mécontentes avec le sentiment d’avoir été utilisées pour installer un pouvoir et qui au moment du partage du butin, n’ont rien reçu.

Il reste aussi les miliciens et sympathisants de Laurent Gbagbo. Ils sont nombreux aussi…
Oui, on en avait répertorié, au cours de l’accord politique de Ouagadougou, 38000. Ce sont les groupes d’auto-défense, des miliciens, et autres jeunes patriotes qui devaient être désarmés. Rien n’a été fait. Ni le service civique, ni l’insertion. Ces personnes-là se retrouvent chez elles pour beaucoup avec des armes et ressentent la frustration elles aussi.

Donc il existe un potentiel de 100.000 personnes en armes qui fait peser la menace sur la sécurité nationale.

Nous avons près de 100.000 personnes qui se baladent en ayant des armes chez elles à la maison. Utilisant ses armes comme moyen de survie, pour manger et se faire un peu d’argent et qui ont de bonnes raisons, en tout cas, d’attaquer ceux qui peuvent être tenus comme responsables de leurs malheurs.

A vous écouter, il s’agit davantage de frustration que d’une volonté délibérer de déstabiliser le pouvoir?

Je pense plutôt qu’il faut aller sur ce terrain-là plutôt que de lancer que ce sont des pro-Gbagbo ou des pro-Ouattara. Je pense qu’actuellement, c’est une sorte de guérilla qui attaque les commissariats de police, les gendarmeries, les camps militaires. Ce n’est jamais une guerre ouverte avec un front organisé. Mais cette guérilla ne peut pas être issue d’un seul clan.

Qu’est-ce que le Gouvernement doit faire pour calmer la situation?

A mon avis, ce sera bien que le Gouvernement regarde la réalité en face. Il faut reprendre tout de suite le dossier du désarmement et la restructuration du secteur de la sécurité. Si on remet la question du désarmement au goût du jour et qu’on ne se contente pas de faire des réunions et des réunions, on aurait déjà un premier pas de franchi. Ensuite, tous les combattants (les 100.000 personnes) que notre armée ne peut pas contenir parce que ce sera pléthorique. Pourquoi, ne pas remettre ces jeunes gens dans les corps, militaire, Gendarmerie, Police, et les mettre à la retraite tout de suite avec leur pension de retraite; qu’ils aillent dans le service civique apprendre un autre métier pour une seconde vie. Si l’Etat réduit son niveau de vie, on a déjà 40 ministres : ça fait beaucoup. Il y a trop de voyages officiels à l’étranger. Le président de la République est à son 42ème voyages à l’étranger; il y en a trop. Il n’y qu’à réduire un peu ce niveau de vie et serrer un peu la ceinture pour un certain nombre de dépenses d’Etat. La sécurité c’est à la base de tout. Si on ne fait pas de sacrifice ailleurs pour financer cette question sécuritaire, nous irons d’attaque en attaque, de déstabilisation en déstabilisation et installer une chienlit permanente. Çà commence à être un peu trop long pour les populations.

Source: RFI, édition du 17 août : invité de la rédaction.
Propos retranscrit par K. Hyacinthe

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