Les Forces républicaines de Côte d’Ivoire ont renforcé leur présence à Agboville où les rumeurs d’attaque persistent.
La nuit est calme. Le ciel couvert. Aucun astre au firmament. Le vent froid qui caresse les visages témoigne de la tranquillité qui succède à un mois de pénitence à travers le jeûne de Ramadan. Demain, 19 août, c’est la fête. Dans les foyers musulmans, l’ambiance est à la préparation de l’Aïd el-fitr. Mais au camp commando d’Abobo, le cœur n’est pas à la fête. Le commandant Koné Gaoussou dit Jah Gao et ses hommes, s’apprêtent à se rendre à Agboville. A plus d’une cinquentaine de km de leurs familles. «Il y a de plus en plus de rumeurs d’attaque à partir de cette localité. Nous avons donc décidé d’y intensifier notre présence», justifie l’officier des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). La zone d’intervention du patron de l’ex-Groupement tactique 9 s’étend jusqu’à la capitale de l’Agnéby-Tiassa. Il y est personnellement installé depuis deux jours avec un important dispositif. Il est revenu à Abidjan en début de soirée pour des questions stratégiques. Sa mission terminée, le commandant de l’ex-Gt 9, repart. 23 heures. Les hommes prennent place dans les véhicules du léger cortège : deux 4X4 double cabine, un pick-up surmonté d’un 12/7 et un autre engin 4X4. Tout se déroule normalement jusqu’au sous-quartier d’Anonkoua-Kouté. Un taxi communal et un taxi-compteur sont stationnés sur le côté de la voie. Le commandant s’arrête. Un militaire tient les pièces des véhicules dans la main. «Que faites-vous ?», interroge-t-il. L’un des conducteurs explique que ses papiers ont été confisqués. «Donne-leur leurs pièces. On vous a demandé de fouiller les voitures. Rien d’autre», ordonne-t-il. Le soldat n’a pas le temps d’obtempérer que l’un des éléments qui accompagnent l’officier lui administre une baffe. Son béret vole. Son arme et celles de deux autres individus qui avaient pris les documents d’autres véhicules sont confisquées. Le voyage reprend. Jah Gao est en contact téléphonique avec l’un de ses éléments sur le terrain. Une colonne de voitures militaires a été signalée par un habitant dans le département d’Adzopé. Elle se dirige visiblement vers Agboville. «Nous ne savons pas qui c’est. Nous les suivrons à la trace jusqu’à ce qu’ils soient assez proches de l’une de nos positions pour intervenir», explique-t-il.
Meilleure connaissance du terrain
Prochaine escale, Erymakouguié, à 3 km d’Agboville. Dans la nuit du 7 au 8 août, des individus armés ont attaqué le corridor des Frci de cette localité. La planque des militaires est à environ cinq mètres des habitations. Juste de hautes fleurs les séparent. Koné Gaoussou encourage ses hommes. Il entre dans la cabane des soldats. Les impacts de balles sont encore visibles. «On voit bien que les assaillants savaient où seraient couchés les gardes.
Tous les tirs ont été dirigés vers cet endroit précis où ils dorment en attendant leur tour de ronde», fait-il remarquer. Il révèle que, pressée, la propriétaire de la demeure la plus proche du lieu de l’attaque a confié avoir hébergé un jeune homme qu’elle ne connaissait pas: «Comment peut-elle recevoir chez elle quelqu’un qui dit vouloir se rendre à Abdjan. Toute la journée, celui-ci n’a pas eu de véhicule alors que le trafic est dense sur cette voie. Et, la nuit tombée, elle prétend être allée se coucher en le laissant dans le salon. Ça sent la complicité». L’officier reprend la route après avoir invité ses hommes à la vigilence. «Si tu dors au corridor, c’est ta vie que tu mets en danger», commente-t-il de retour dans la voiture.
Le groupe arrive au camp des Frci d’Agboville peu après minuit. La patrouille est déjà sortie.
Elle est composée de militaires et de gendarmes. Le représentant du commandant Jah Gao sur place, l’adjudant Ali Sanogo lui fait le point. «Des cadres et des jeunes font régulièrement des réunions au cours desquelles ils parlent de comment faire pour chasser les Frci d’ici.
Puisqu’ils savent que nous les avons à l’œil, ils se cachent. Leur dernier conclave s’est déroulé dans une église. Mais nous avons réussi à en avoir le contenu. C’est toujours la même chose». Après, le commandant sort en compagnie de son collaborateur pour une visite de terrain. «Nous avons bouclé les différents accès de la ville. A l’intérieur, nous faisons des patrouilles», révèle-t-il. Les rues sont désertes. Le maquis Le bluetooth est vide.
Le 4X4 double cabine s’ébranle vers le corridor-cimetière. Les hommes sont bien en place. Il revient au centre-ville. Une forte présence de soldats est perceptible au premier rond-point de la localité. Dans la pénombre, on aperçoit un pick-up surmonté d’un 12/7. Le maquis Eden Prestige est relativement mouvementé. Des noceurs se laissent emporter par la musique distillée par les bafles. Trois gendarmes luttent contre le froid autour de quelques bouteilles d’alcool. Leurs frères d’arme sont plus concentrés. Le commandant et son guide se dirigent vers le quartier Dioulabougou. Le commissariat de police est fermé. Les policiers ne participent pas à la ronde et ne font pas de garde dans leur local. Le véhicule prend le chemin de la sortie de la ville. L’ambiance se limite au rond-point du sous-quartier. A mesure que la voiture s’éloigne, elle s’engouffre dans l’obscurité et le silence. Celui que ses éléments appellent «La force tranquille» fait grincer nerveusement le cuir du volant de son nouveau véhicule de commandement. Il y a deux corridors sur cet axe. A hauteur du premier, l’adjudant Sanogo indique la voie qui mène à Rubino. Une piste permet de sortir tout droit en plein cœur d’Agboville, révèle-t-il. Des hommes y ont été postés. «Il y a beaucoup de pistes.
Certaines mènent directement à Abidjan. Agboville est reliée à chacun des villages qui l’entourent par une piste. Nous les connaissons maintenant et y avons des éléments», soutient l’adjudant. Toutes les entrées de la ville ont été visitées. Rien à signaler. Le commandant en second de la Force spéciale retourne au camp. Chemin faisant, il reçoit un coup de fil. Des nouvelles de la colonne de véhicules qui se dirigeait vers son secteur. «Ce sont des hommes du commandant Wattao. Ils étaient en mission vers Adzopé. Il m’avait appelé pour m’en parler. Mais ils se sont écartés de l’itinéraire initialement communiqué», relate-t-il. Quelques minutes après son arrivée au camp, la première équipe de patrouilleurs est de retour. La seconde prend le relais jusqu’au matin.
Bamba K. Inza, envoyé spécial
La nuit est calme. Le ciel couvert. Aucun astre au firmament. Le vent froid qui caresse les visages témoigne de la tranquillité qui succède à un mois de pénitence à travers le jeûne de Ramadan. Demain, 19 août, c’est la fête. Dans les foyers musulmans, l’ambiance est à la préparation de l’Aïd el-fitr. Mais au camp commando d’Abobo, le cœur n’est pas à la fête. Le commandant Koné Gaoussou dit Jah Gao et ses hommes, s’apprêtent à se rendre à Agboville. A plus d’une cinquentaine de km de leurs familles. «Il y a de plus en plus de rumeurs d’attaque à partir de cette localité. Nous avons donc décidé d’y intensifier notre présence», justifie l’officier des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). La zone d’intervention du patron de l’ex-Groupement tactique 9 s’étend jusqu’à la capitale de l’Agnéby-Tiassa. Il y est personnellement installé depuis deux jours avec un important dispositif. Il est revenu à Abidjan en début de soirée pour des questions stratégiques. Sa mission terminée, le commandant de l’ex-Gt 9, repart. 23 heures. Les hommes prennent place dans les véhicules du léger cortège : deux 4X4 double cabine, un pick-up surmonté d’un 12/7 et un autre engin 4X4. Tout se déroule normalement jusqu’au sous-quartier d’Anonkoua-Kouté. Un taxi communal et un taxi-compteur sont stationnés sur le côté de la voie. Le commandant s’arrête. Un militaire tient les pièces des véhicules dans la main. «Que faites-vous ?», interroge-t-il. L’un des conducteurs explique que ses papiers ont été confisqués. «Donne-leur leurs pièces. On vous a demandé de fouiller les voitures. Rien d’autre», ordonne-t-il. Le soldat n’a pas le temps d’obtempérer que l’un des éléments qui accompagnent l’officier lui administre une baffe. Son béret vole. Son arme et celles de deux autres individus qui avaient pris les documents d’autres véhicules sont confisquées. Le voyage reprend. Jah Gao est en contact téléphonique avec l’un de ses éléments sur le terrain. Une colonne de voitures militaires a été signalée par un habitant dans le département d’Adzopé. Elle se dirige visiblement vers Agboville. «Nous ne savons pas qui c’est. Nous les suivrons à la trace jusqu’à ce qu’ils soient assez proches de l’une de nos positions pour intervenir», explique-t-il.
Meilleure connaissance du terrain
Prochaine escale, Erymakouguié, à 3 km d’Agboville. Dans la nuit du 7 au 8 août, des individus armés ont attaqué le corridor des Frci de cette localité. La planque des militaires est à environ cinq mètres des habitations. Juste de hautes fleurs les séparent. Koné Gaoussou encourage ses hommes. Il entre dans la cabane des soldats. Les impacts de balles sont encore visibles. «On voit bien que les assaillants savaient où seraient couchés les gardes.
Tous les tirs ont été dirigés vers cet endroit précis où ils dorment en attendant leur tour de ronde», fait-il remarquer. Il révèle que, pressée, la propriétaire de la demeure la plus proche du lieu de l’attaque a confié avoir hébergé un jeune homme qu’elle ne connaissait pas: «Comment peut-elle recevoir chez elle quelqu’un qui dit vouloir se rendre à Abdjan. Toute la journée, celui-ci n’a pas eu de véhicule alors que le trafic est dense sur cette voie. Et, la nuit tombée, elle prétend être allée se coucher en le laissant dans le salon. Ça sent la complicité». L’officier reprend la route après avoir invité ses hommes à la vigilence. «Si tu dors au corridor, c’est ta vie que tu mets en danger», commente-t-il de retour dans la voiture.
Le groupe arrive au camp des Frci d’Agboville peu après minuit. La patrouille est déjà sortie.
Elle est composée de militaires et de gendarmes. Le représentant du commandant Jah Gao sur place, l’adjudant Ali Sanogo lui fait le point. «Des cadres et des jeunes font régulièrement des réunions au cours desquelles ils parlent de comment faire pour chasser les Frci d’ici.
Puisqu’ils savent que nous les avons à l’œil, ils se cachent. Leur dernier conclave s’est déroulé dans une église. Mais nous avons réussi à en avoir le contenu. C’est toujours la même chose». Après, le commandant sort en compagnie de son collaborateur pour une visite de terrain. «Nous avons bouclé les différents accès de la ville. A l’intérieur, nous faisons des patrouilles», révèle-t-il. Les rues sont désertes. Le maquis Le bluetooth est vide.
Le 4X4 double cabine s’ébranle vers le corridor-cimetière. Les hommes sont bien en place. Il revient au centre-ville. Une forte présence de soldats est perceptible au premier rond-point de la localité. Dans la pénombre, on aperçoit un pick-up surmonté d’un 12/7. Le maquis Eden Prestige est relativement mouvementé. Des noceurs se laissent emporter par la musique distillée par les bafles. Trois gendarmes luttent contre le froid autour de quelques bouteilles d’alcool. Leurs frères d’arme sont plus concentrés. Le commandant et son guide se dirigent vers le quartier Dioulabougou. Le commissariat de police est fermé. Les policiers ne participent pas à la ronde et ne font pas de garde dans leur local. Le véhicule prend le chemin de la sortie de la ville. L’ambiance se limite au rond-point du sous-quartier. A mesure que la voiture s’éloigne, elle s’engouffre dans l’obscurité et le silence. Celui que ses éléments appellent «La force tranquille» fait grincer nerveusement le cuir du volant de son nouveau véhicule de commandement. Il y a deux corridors sur cet axe. A hauteur du premier, l’adjudant Sanogo indique la voie qui mène à Rubino. Une piste permet de sortir tout droit en plein cœur d’Agboville, révèle-t-il. Des hommes y ont été postés. «Il y a beaucoup de pistes.
Certaines mènent directement à Abidjan. Agboville est reliée à chacun des villages qui l’entourent par une piste. Nous les connaissons maintenant et y avons des éléments», soutient l’adjudant. Toutes les entrées de la ville ont été visitées. Rien à signaler. Le commandant en second de la Force spéciale retourne au camp. Chemin faisant, il reçoit un coup de fil. Des nouvelles de la colonne de véhicules qui se dirigeait vers son secteur. «Ce sont des hommes du commandant Wattao. Ils étaient en mission vers Adzopé. Il m’avait appelé pour m’en parler. Mais ils se sont écartés de l’itinéraire initialement communiqué», relate-t-il. Quelques minutes après son arrivée au camp, la première équipe de patrouilleurs est de retour. La seconde prend le relais jusqu’au matin.
Bamba K. Inza, envoyé spécial