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Politique Publié le vendredi 24 août 2012 | Le Patriote

Quand le FPI veut réécrire l’Histoire

Les historiens ont coutume d’affirmer ceci : « L’Histoire est un témoignage ». Pour expliquer que l’Histoire est certes une succession de faits tirés du passé. Mais qui n’échappent pas à une certaine rigueur scientifique. C’est pourquoi, il n’est pas facile de la falsifier. Encore moins de tenter de la réécrire. Et pourtant, c’est ce que tente inlassablement de faire le Front populaire ivoirien qui vit un drame intérieur depuis sa gestion chaotique du pouvoir d’Etat au cours de la décennie écoulée. Aussi, à chaque fois que l’occasion se présente, Laurent Gbagbo et ses camarades essayent-t-ils piteusement de refaire l’histoire récente de la Côte d’Ivoire à leur faveur. Mais en vain. Jeudi dernier, Laurent Akoun, secrétaire général par intérim de ce parti, visiblement encore sous le choc du 11 avril 2011 a, tout le long de son point de presse, tenté de redonner une virginité à son parti en noircissant le portrait du RDR et du président de la République, Alassane Ouattara. Au cours de sa malheureuse sortie, Akoun, toute honte bue, s’est tué à démontrer que le RDR est un parti violent et tribal. Et que le FPI, sa formation politique, a quant à lui, ?uvré pour les libertés publique et individuelle en Côte d’Ivoire. Dans l’entendement du numéro deux actuel du FPI, le diable c’est le président Ouattara et le faux prophète, le RDR et ses dirigeants. « Des trois (3) partis qui se sont disputé le pouvoir à l’occasion du deuxième tour du scrutin de 2010, le RDR est la formation politique qui, de par les circonstances de sa naissance, est la moins transethnique et qui a le moins intégré les idéaux et valeurs démocratiques à sa vision et son programme d’action », a péroré jeudi dernier le secrétaire général par intérim du FPI devant un auditoire qui buvait ses paroles comme du petit lait. Et comme s’il voulait préciser sa pensée, il est allé jusqu’à rappeler deux faits qui, selon lui, montrent clairement que le RDR et le président Ouattara sont des anti-modèles démocratiques. Des propos tenus en octobre 2000 à Paris qu’il attribue au président Ouattara: « c’est parce que je suis musulman et du Nord qu’on veut m’empêcher d’être candidat à la présidentielle ». Des propos qu’il a toujours niés et dans lesquels il ne se reconnait pas. Et son interview accordée au journal français L’Express le 25 janvier 2012 dans laquelle il a déclaré ceci : « Il s'agit d'un simple rattrapage. Sous Gbagbo, les communautés du Nord, soit 40 % de la population, étaient exclues des postes de responsabilité. S'agissant des hauts cadres de l'armée, j'ai eu à négocier avec les officiers des ex-Forces Nouvelles [FN, ancienne rébellion nordiste], qui voulaient tous les postes. Et j'ai réussi à imposer cet équilibre dans la hiérarchie militaire, jusqu'au niveau de commandement : le n°1 issu des FN, flanqué d'un n°2 venu de l'ancienne armée régulière. Tous grades confondus, il y a 12 % de Nordistes dans la police, 15 % dans la gendarmerie et 40 % environ dans l'armée... Sur ce terrain-là, on ne peut rien me reprocher ». Des propos où se trouve le mot « rattrapage » qu’il a déjà déclaré n’avoir jamais tenu. Laurent Akoun s’appuie sur ces deux extraits pour les présenter comme une psychanalyse réussie du subconscient du président Ouattara. L’on se rend bien compte qu’en plus d’être un parti qui excelle dans la manipulation et la désinformation, le FPI est très fort quand il s’agit d’extraire les textes de leur contexte pour en faire des prétextes. Il n’a jamais été question pour le président Ouattara de mettre au centre de son action politique l’ethnicisme. C’est archi-faux ! Ouattara et le RDR n’ont jamais érigé la violence en modèle de conquête de pouvoir ou de gouvernance. A preuve, c’est par les urnes que le candidat du RDR est arrivé au pouvoir. Après le second tour du 28 novembre 2010, qui a voulu s’imposer par la force aux Ivoiriens qui ne l’ont pas voté dans leur majorité écrasante? C’est bien Laurent Gbagbo soutenu dans sa folie meurtrière par le même Laurent Akoun et les autres cadres du FPI. Qui dans ce pays, dès les premières heures de son règne, a dit : « Mille morts à droite, mille morts à gauche, moi j’avance ! » ? C’est le même Laurent Gbagbo, candidat du FPI. Qui a érigé le terrorisme d’Etat, le clientélisme, le népotisme et le clanisme en règle de gouvernance ? C’est encore le FPI de Laurent Gbagbo. Le FPI, parti de paix et initiateur de la démocratie en Côte d’Ivoire ? Tous ces milliers de morts qui ont jalonné les dix ans de règne de Laurent Gbagbo l’atteste assurément. Malheureusement pour Laurent Akoun et ses camarades, ce n’est ni Ouattara ni le RDR qui en sont les auteurs. Pour cette fois encore, c’est raté. Car, l’imposture n’est pas passée. Akoun se rend compte à l’évidence qu’il est difficile de travestir l’Histoire. Surtout lorsque ses contemporains sont encore de ce monde.

Jean-Claude Coulibaly
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