La coopération bilatérale qu’il entretient avec la Côte d’Ivoire et leurs accords internationaux au sein de l’Union africaine (Ua) sont autant de liens qui contraignent le Ghana à coopérer dans le dossier Katinan.
Beaucoup d’Ivoiriens auront les oreilles tendues vers Accra. Koné Katinan, porte-parole de Laurent Gbagbo y est jugé, aujourd’hui. La justice du pays de Kwamé N’Krumah décide si oui ou non elle doit livrer le refugié politique. Afin qu’il soit extradé. Est-il besoin de le rappeler, le partisan de l’ancien président ivoirien est poursuivi pour «crimes économiques» dans un mandat d’arrêt international émanant d’Abidjan. Arrêté le 24 août dernier, il devait être extradé conformément à ce mandat d’amener libellé comme suit : «Prions, au besoin, requérons les autorités à l'effet de bien vouloir interpeller et conduire le nommer Katinan pour crime économique et déstabilisation. Le pays qui reçoit le mandat statue d'abord sur l’opportunité de la poursuite avant de faire quoi que ce soit. S'il enclenche le processus, il va jusqu'au bout. Le but du mandat est d'amener». Mais au lieu de faire la volonté commune - parce que les autorités ghanéennes avaient assuré leurs homologues ivoiriennes de leur coopération – Accra a décidé de soumettre à «étude» le cas Katina. Depuis, une bataille politico-diplomatique et juridique sournoise est engagée entre les deux capitales. La question est de savoir si le Ghana extradera effectivement M. Katina. Eh bien des juristes joints au téléphone ont répondu clairement. Unanimes, d’emblée, ils arguent que pour la postérité des relations ivoiro-ghanéennes, il n’y a pas de raison qu’Accra ne renvoie pas le justiciable vers Abidjan. «C’est un véritable cas d’école parce que si à l’avenir ce même cas se présentait aux autorités ivoiriennes, le Ghana leur donnent bien le prétexte d’agir comme son gouvernement. Cependant, il est bon de savoir qu’une extradition dépend du bon vouloir d’un pays», commente l’une de nos sources. Un principe de «réciprocité» devrait alors guider les relations bilatérales des pays liés par une coopération séculaire. «Au regard des accords, des conventions et autres engagements internationaux signés par les Etats, ils s’obligent à respecter les actes internationaux», illustre-t-elle son argumentaire. A l’en croire, la Côte d’Ivoire et le Ghana sont membres de l’Union africaine (Ua), au sein de laquelle ils sont engagés par des accords de coopérations judiciaires. Si les pays s’en accommodent, il est bon de savoir qu’ils sont plus tenus par ces liens quand ils sont de la même obédience : francophone, anglophone ou lusophone.
Mais au-delà des relations internationales, les termes même du mandat d’arrêt sont contraignants, analyse un autre expert. «Il faut comprendre qu’un mandat d’arrêt est un ordre donné à toute autorité judiciaire, policière pour appréhender un individu afin de le remettre au régisseur de la maison d’arrêt ; mais comme il s’agit d’un mandat d’arrêt international, on va dire qu’il s’agit de le remettre à un autre Etat», établit le juriste. Toutefois, est-ce qu’un ordre veut dire obligation, même dans les relations inter-Etats où chacun d’entre eux jouit de sa souveraineté, inviolable ? «Oui, répond-il, c’est cela justement un ordre. Il est même soutenu par les conventions entre les Etats.»
La pression d’Abidjan est perceptible à Accra. Elle est matérialisée par la présence sur le sol ghanéen de nombreux officiels ivoiriens depuis le samedi 25 août, soit au lendemain de l’arrestation de M. Katinan. En effet, outre le directeur de la Direction de la surveillance du territoire (Dst), des membres de son cabinet, la doyenne des juges d’instruction ivoiriens Cissé Makouéni et des membres du cabinet du procureur de la République Simplice Kouadio Koffi sont sur place. Dans leur valise, ils ont apporté un ‘’dossier en béton‘’ comprenant la vidéo du casse de la Bceao et celles d’auditions de personnes interpellées récemment dans les attaques contre les positions des militaires ivoiriens. Ces assaillants auraient nommément cité Katinan Koné, comme étant le principal financier. A la présentation de ces «preuves», la justice ghanéenne devrait revoir sa position, espère Abidjan. Autre pression, c’est celle des accusations sans ambages des autorités ivoiriennes qui reprochent aux Ghanéens de ne pas collaborer franchement dans ce dossier.
Bidi Ignace
Beaucoup d’Ivoiriens auront les oreilles tendues vers Accra. Koné Katinan, porte-parole de Laurent Gbagbo y est jugé, aujourd’hui. La justice du pays de Kwamé N’Krumah décide si oui ou non elle doit livrer le refugié politique. Afin qu’il soit extradé. Est-il besoin de le rappeler, le partisan de l’ancien président ivoirien est poursuivi pour «crimes économiques» dans un mandat d’arrêt international émanant d’Abidjan. Arrêté le 24 août dernier, il devait être extradé conformément à ce mandat d’amener libellé comme suit : «Prions, au besoin, requérons les autorités à l'effet de bien vouloir interpeller et conduire le nommer Katinan pour crime économique et déstabilisation. Le pays qui reçoit le mandat statue d'abord sur l’opportunité de la poursuite avant de faire quoi que ce soit. S'il enclenche le processus, il va jusqu'au bout. Le but du mandat est d'amener». Mais au lieu de faire la volonté commune - parce que les autorités ghanéennes avaient assuré leurs homologues ivoiriennes de leur coopération – Accra a décidé de soumettre à «étude» le cas Katina. Depuis, une bataille politico-diplomatique et juridique sournoise est engagée entre les deux capitales. La question est de savoir si le Ghana extradera effectivement M. Katina. Eh bien des juristes joints au téléphone ont répondu clairement. Unanimes, d’emblée, ils arguent que pour la postérité des relations ivoiro-ghanéennes, il n’y a pas de raison qu’Accra ne renvoie pas le justiciable vers Abidjan. «C’est un véritable cas d’école parce que si à l’avenir ce même cas se présentait aux autorités ivoiriennes, le Ghana leur donnent bien le prétexte d’agir comme son gouvernement. Cependant, il est bon de savoir qu’une extradition dépend du bon vouloir d’un pays», commente l’une de nos sources. Un principe de «réciprocité» devrait alors guider les relations bilatérales des pays liés par une coopération séculaire. «Au regard des accords, des conventions et autres engagements internationaux signés par les Etats, ils s’obligent à respecter les actes internationaux», illustre-t-elle son argumentaire. A l’en croire, la Côte d’Ivoire et le Ghana sont membres de l’Union africaine (Ua), au sein de laquelle ils sont engagés par des accords de coopérations judiciaires. Si les pays s’en accommodent, il est bon de savoir qu’ils sont plus tenus par ces liens quand ils sont de la même obédience : francophone, anglophone ou lusophone.
Mais au-delà des relations internationales, les termes même du mandat d’arrêt sont contraignants, analyse un autre expert. «Il faut comprendre qu’un mandat d’arrêt est un ordre donné à toute autorité judiciaire, policière pour appréhender un individu afin de le remettre au régisseur de la maison d’arrêt ; mais comme il s’agit d’un mandat d’arrêt international, on va dire qu’il s’agit de le remettre à un autre Etat», établit le juriste. Toutefois, est-ce qu’un ordre veut dire obligation, même dans les relations inter-Etats où chacun d’entre eux jouit de sa souveraineté, inviolable ? «Oui, répond-il, c’est cela justement un ordre. Il est même soutenu par les conventions entre les Etats.»
La pression d’Abidjan est perceptible à Accra. Elle est matérialisée par la présence sur le sol ghanéen de nombreux officiels ivoiriens depuis le samedi 25 août, soit au lendemain de l’arrestation de M. Katinan. En effet, outre le directeur de la Direction de la surveillance du territoire (Dst), des membres de son cabinet, la doyenne des juges d’instruction ivoiriens Cissé Makouéni et des membres du cabinet du procureur de la République Simplice Kouadio Koffi sont sur place. Dans leur valise, ils ont apporté un ‘’dossier en béton‘’ comprenant la vidéo du casse de la Bceao et celles d’auditions de personnes interpellées récemment dans les attaques contre les positions des militaires ivoiriens. Ces assaillants auraient nommément cité Katinan Koné, comme étant le principal financier. A la présentation de ces «preuves», la justice ghanéenne devrait revoir sa position, espère Abidjan. Autre pression, c’est celle des accusations sans ambages des autorités ivoiriennes qui reprochent aux Ghanéens de ne pas collaborer franchement dans ce dossier.
Bidi Ignace