Ce vendredi 31 août est un jour particulier dans l’histoire de la vie politique en Côte d’Ivoire. Car aujourd’hui se tiennent deux procès beaucoup attendus par les Ivoiriens. Le premier se déroulera à Abidjan où le secrétaire général du FPI comparait devant le juge pour trouble à l’ordre public. Le second, lui, par contre se tient à Accra où le porte-parole du président Laurent Gbagbo se présentera devant les juges ghanéens pour crime économique. Le porte-parole de l’ex-chef de l’Etat ivoirien, Koné Katinan Justin, a été arrêté il y a une semaine à l’aéroport au moment où il revenait de l’Afrique du Sud. Les autorités ghanéennes font ainsi droit à l’Etat de Côte d’Ivoire qui a lancé un mandat d’arrêt contre l’ancien ministre du Budget dans le gouvernement illégitime de Laurent Gbagbo pour crimes économiques. Koné Katinan Justin est poursuivi pour le rôle néfaste qu’il a joué dans l’histoire du braquage de l’antenne de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest à Abidjan. On se souvient qu’en février 2011, au plus fort de la crise postélectorale, l’ancien patron du cadastre, pour contourner la décision de la BCEAO de fermer ses antennes locales, a fait casser le coffre-fort de la banque sous-régionale. Plusieurs centaines de milliards s’étaient ainsi volatilisés après ce casse. Après la chute de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, l’instigateur principal du hold up avait disparu pendant plusieurs mois avant d’être repéré au Ghana. Katinan Koné, loin de s’assagir, multiplie des déclarations contre le régime d’Abidjan et se fait nommé porte-parole principal de Laurent Gbagbo. En juillet dernier, une tentative d’extradition avait échoué de peu au Cameroun. Ces derniers temps, dans le cadre des enquêtes des attaques ciblées contre les FRCI, son nom est revenu à plusieurs reprises dans les dépositions comme étant le principal financier des man?uvres subversives qui frappent en ce moment la Côte d’Ivoire. Depuis vendredi dernier, le porte-parole fait l’objet d’une procédure d’extradition vers la Côte d’Ivoire. Les autorités ghanéennes qui entendent faire les choses dans le respect de la loi, ont décidé de mettre en place une Haut cour de justice pour statuer sur la levée ou non du statut de réfugié politique dont bénéficie Koné Katinan dans le pays de Kwame N’Kruma. Pour ces avocats sont confiants, Koné Katinan ne sera pas extradé, compte tenu, selon eux, des dispositions du traité de l’UEMOA et des règles internationaux sur le statut des réfugiés. Son avocat au Ghana, Me Patrick Sogbodjor, a introduit mercredi dernier une procédure d’habeas corpus-en vertu de laquelle le détenu peut connaitre les motifs de sa détention-auprès du service des droits de l’Homme de la Cour suprême du Ghana. Mais dans cette bataille juridique, l’accusation est plus que confiante. Car, pour elle, il n’y a aucun doute sur l’extradition du porte-parole de Laurent Gbagbo. Elle entend pour arriver à ses fins rappeler aux juges les dispositions de la Convention de la CEDEAO sur l’extradition qui commande en la matière une coopération entre les Etats membres de l’organisation ouest-africain. Si le statut de Koné Katinan est levé, il pourra être extradé vers la Côte d’Ivoire. Il est sûr que les accusations graves de crimes économiques qui pèsent contre lui, pèseront à coup sur dans le verdict final. Aujourd’hui donc, un grand pas sans doute dans l’extradition de celui qui détient une grande partie du trésor de guerre du FPI sera franchi. Quant à Laurent Akoun, il est clair que lui également sera situé sur son sort ce vendredi. Le secrétaire général a été arrêté le dimanche dernier après un meeting à Akoupé. Des sources ont annoncé qu’il était poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’Etat et pour offense au chef de l’Etat. Finalement, le numéro deux de l’ancien parti au pouvoir sera jugé pour trouble à l’ordre public. Sans doute pour les discours attentatoires et séditieux qu’il ne manque pas de tenir au cours de ses sorties. Akoun a été de ceux qui ont annoncé publiquement que quelque chose se tramait contre la Côte d’Ivoire. La veille de la première attaque, le 4 août dernier à Djbi-Village, il avait dit ce ceci : « Le FPI se réveille, vous verrez. Ne parlez pas trop, les choses bougent ». Le lendemain, le camp militaire d’Akouédo a été attaqué. Devant le juge ce matin, il est clair qu’il aura certainement beaucoup de choses à dire pour sa défense. Quoi qu’il en soit, à Accra comme à Abidjan, le jour de vérité pour Koné Katinan Justin et Laurent Akoun, c’est vraiment aujourd’hui.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly