19 septembre 2002. Une date de si triste mémoire ! Et, un nom qui refait surface, 10 ans après : Général Guéi Robert. Ancien ministre, ancien grand officier de l’armée, ancien chef de l’Etat ivoirien (1999-2000). Mais, surtout, grosse victime de la rébellion, venue du Nord. Oui, les mystères autour de la mort de Guéi vont connaître leur épilogue avec l’ouverture d’une enquête par le parquet militaire d’Abidjan. Déjà, on en sait un plus sur les motivations des uns et des autres. La fausse résistance du pouvoir d’alors, qui a conduit à la grave crise post-électorale qui a fait pas moins de 3.000 morts, et les diverses entraves à la réconciliation dénotent que la Cour pénale internationale (Cpi) ne guette qu’un seul camp. Même des prélats seraient inculpés. Ce qui gêne le Saint siège à Rome. Pour ce qui concerne l’ancien régime et ses suppôts donc, tout indique que tout a été mis en œuvre que la vérité sur l’assassinat de Guéi, de sa femme et de sa garde rapprochée n’éclate jamais. Les meurtriers, physiques et moraux, ont bataillé dans l’ombre, ont usé de toutes les ficelles, de toutes les intrigues, de toutes les menaces et de toutes les manœuvres dilatoires pour obtenir la clause de prescription décennale, malgré la plainte des ayants-droit, de la famille biologique et de la politique de Guéi Robert. Mais, d’efforts vains. Car, le procès aura bel et bien lieu. Un flash- back sur ce douloureux 19 septembre 2002 nous instruit dans la mesure où les auditions sur la mort du disparu ont débuté le mardi 11 septembre 2012. Le nom du commandant de gendarmerie, Seka Yapo Anselme dit Seka Seka, ex-garde du corps de Simone Ehivet Gbagbo, aurait été, abondamment, cité comme étant le responsable de cet assassinat, selon des aveux de détenus. Mais, qu’on se rappelle que dans la journée du 19 septembre 2002, Alain Toussaint, conseiller du président de la République, depuis Paris, le ministre de la Défense de Laurent Gbagbo, Moïse Lida Kouassi, et Pascal Affi N’guessan, Premier ministre, ont accusé le général Guéi Robert d’être l’instigateur du coup d’Etat contre le pouvoir en place. Pour eux, "Le général Guéi allait s’autoproclamer chef de l’Etat à la Télévision". Mais, chose curieuse, le corps inanimé du général était couché sur la voie de la Corniche menant à l’Indénié plutôt que sur la voie menant à la Télévision. Comme quoi, un crime n’est jamais parfait ! Autre curiosité. On apprendra beaucoup plus tard, en 2006, que, quand le général Guéi avait senti le danger, il s’était réfugié à la cathédrale Saint-Paul d’Abidjan-Plateau. Torturé par le remords et pressé par les membres de l’Udpci, le cardinal Agré finira par avouer, sans grande précision : « Ils l’ont pris et ils lui ont donné la mort ». Où ? On espère que la justice l’interrogera pour de plus amples détails dans le procès qui vient de s’ouvrir. Autre curiosité qui entoure la mort du général Guéi Robert : le traitement de son corps. Ici aussi, il demeure beaucoup de mystères. Déjà, à la morgue de l’Ivosep, la famille biologique n’a pas eu le droit de nettoyer la dépouille comme cela se fait en pareilles circonstances. Que n’a-t-on pas entendu ? La langue et les parties génitales du général Guéi Robert auraient été arrachées pour des sacrifices rituels. Ensuite, ce fut une inhumation sommaire dans son chalet où furent massacrées son épouse et sa garde rapprochée, à Adjamé Indénié. Après bien de tractations, la famille biologique obtenait que la dépouille mortelle du défunt fût transférée à Kabacouma (Gouessesso), son village natal. Là aussi, le cercueil du général Guéi Robert était scellé. Gbagbo, qui avait demandé à la France d’ouvrir les cercueils des 9 soldats, tués dans son bombardement de Bouaké, en 2004, a refusé qu’on ouvre le cercueil. Sous une escouade de policiers et de gendarmes, la bière du général Guéi Robert fut mise en terre. Jusqu’à ce jour, les habitants se demandent si le corps de leur frère était dans ce cercueil, tant il leur semblait léger. Le procès sur la mort de l’illustre disparu est ouvert. Il y a ses sachants, tant à Abidjan, à Bouaké, qu’à Kabacouma (Gouessesso). Les implications sont nombreuses. Tant au niveau des hommes politiques, de la société civile que des religieux. Tous doivent être entendus. Car, de la vérité qui éclatera d’une des pages noires de notre histoire, naîtra la confiance du peuple dans les institutions judiciaires. Et, partant, dans les promesses d’impunité que veut instaurer le pouvoir installé, depuis mai 2011. Et, la famille biologique la famille politique (Udpci), du général Guéi Robert pourront se dire qu’il y a une justice pour les pauvres sur cette terre. Ainsi donc, Bob ne mourra pas 2 fois. Et elles pourront, alors, faire le deuil une fois pour toutes. Tous les regards sont, donc, tournés vers la justice ivoirienne. Et bien d’ambitions seront révisées à la baisse dans ce grand procès qui s’ouvre sur l’assassinat du général Guéi Robert. Auteurs, coauteurs, commanditaires et tous autres complices identifiés et identifiables tremblent déjà.
Denis KAH ZION
Denis KAH ZION