Les discussions sérieuses qui devraient permettre de lever quelques équivoques au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix n’ont pas encore eu lieu. Du coup, le malaise provoqué par les législatives et les coups de gueule du Parti démocratique de Côte d’Ivoire(Pdci) reste entier.
C’est comme un cancer. Quand il n’est pas traité, il tue à petit feu. Comparaison pour comparaison, on peut valablement utiliser cette image pour caractériser les rapports entre les partis politiques qui composent le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Depuis que le malaise s’est installé dans cette coalition de partis se réclamant de la philosophie politique de Félix Houphouet-Boigny, rien de concret n’a été entrepris pour y ramener la cohésion. Pis, l’ambiance déjà suffisamment lourde, est renforcée par des polémiques, des déclarations à l’emporte pièces ou un flou entretenu sur des sujets liés à l’avenir de la coalition. Au chapitre des polémiques, par exemple, on retiendra celle du secrétariat général du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), l’autre poids lourd du Rhdp, au sujet de la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays. « Cette situation de violences endémiques entretient un climat d’insécurité généralisée d’autant plus préoccupante qu’elle constitue une grave menace sur la coexistence pacifique des communautés et sur la stabilité voire sur la survie de la nation », avait relevé Alphonse Djédjé Mady, le 3 août dernier. S’il a été très vite recadré par le Premier ministre Jeannot Kouadio-Ahoussou, la gêne provoquée par sa sortie reste entière et, en rajoute manifestement au malaise dans la famille politique des houphouétistes. Surtout que Jeannot Kouadio-Ahoussou a vite fait d’aller rencontrer son aîné, pour fumer le calumet de la paix, sans y associer le grand allié, le Rassemblement des républicains (Rdr) échaudé par la sortie du député de Saïoua.
Enchaînement de faux pas
Le secrétaire général du Pdci ne saisira pas l’occasion de la multiplication des attaques contre les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), pour redresser la barre. Un mutisme qui fait dire à Amadou Kouyaté, militant Rdr d’Abobo, que « quand c’est chaud, on ne les voit pas ». M. Kouyaté avait du mal à contenir sa déception d’autant que quelques jours seulement avant les critiques d’Alphonse Djédjé Mady, c’est le président de la jeunesse du Pdci, Kouadio Konan Bertin, qui était au front. Sans ménagement, il s’en était pris, dans une interview parue, le 31 juillet, dans L’inter, aux présidents Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. « Vous savez, la difficulté dans notre affaire, c’est qu’Alassane est convaincu que le Pdci est Bédié. Donc tant que lui et Bédié s’entendent, de facto, il s’entend avec le Pdci-Rda. Or, vous savez très bien, je vous ai dit une chose tout à l’heure : la question du parti unifié, peut-être en ont-ils parlé à deux, mais ça n’a jamais fait l’objet de débats chez nous. Donc toutes ces choses ne nous engagent pas forcément. En ce qui nous concerne au Pdci-Rda, le parti n’est associé à rien dans tout ce qui se passe. Je peux le dire : aucun vice-président n’est associé ni consulté. Le conseil politique n’est associé à rien. Le secrétariat général, non plus. Les jeunes, quand ils ouvrent la bouche, vous savez le sort qui leur est réservé. Dans ces conditions, écoutez l’esclave appartient au maître, mais c’est le maître qui rêve de l’esclave. Et au moment venu, nous ne sommes pas obligés de nous reconnaître dans des décisions qui se prennent sans nous. C’est le risque que nous courons à court terme, à moyen terme. Et puis entre nous, je vous ai dépeint la situation », avait-il tonné. « Alassane Ouattara a été Premier ministre dans ce pays. Avez-vous le sentiment qu’Alassane Ouattara a donné le poste de Primature au Pdci ? Le Pdci n’a que le Premier des ministres. Premier ministre et Premier des ministres, il y a nuance », s’était empressé d’ajouter Kouadio Konan Bertin. Une attaque en règle qui n’a pas valu à son auteur, l’interpellation nécessaire. C’est dans cette atmosphère que le Front populaire ivoirien (Fpi), aux aguets, a proposé une nouvelle alliance au Pdci pour tomber le régime Ouattara. C’est par la voix du président par intérim de la jeunesse de leur parti, que les frontistes ont fait cette proposition au Pdci. « Il faut créer un front patriotique pour sauver la Côte d’Ivoire qui court à sa perte », avait argumenté Justin Koua, à l’intention de KKB.
En attendant les réunions de vérité
Autant de sujets de crise qui nécessitent une rencontre au sommet mais, que le président du directoire du Rhdp, Djédjé Mady, ne semble pas pressé de convoquer. « Après le premier congé sabbatique, nos responsables semblent en avoir pris un deuxième », ironise un député Rdr. « C’est incompréhensible. C’est ensemble que nous avons remporté la présidentielle de 2010, faisons en sorte que nous continuons de rester ensemble », a plaidé Claude Emolo, un cadre du Pdci, joint hier. Loin d’être inquiet, Séraphin Yao Kouadio, leader de la jeunesse de l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci), a annoncé, pour bientôt, la reprise des réunions des différentes composantes du Rhdp. « Sinon, nous allons tout droit vers de nouvelles querelles autours des prochaines élections locales. Il faut absolument que nous parvenions à laver notre linge sale en famille », prévient Amadou Kouyaté.
Marc Dossa
C’est comme un cancer. Quand il n’est pas traité, il tue à petit feu. Comparaison pour comparaison, on peut valablement utiliser cette image pour caractériser les rapports entre les partis politiques qui composent le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Depuis que le malaise s’est installé dans cette coalition de partis se réclamant de la philosophie politique de Félix Houphouet-Boigny, rien de concret n’a été entrepris pour y ramener la cohésion. Pis, l’ambiance déjà suffisamment lourde, est renforcée par des polémiques, des déclarations à l’emporte pièces ou un flou entretenu sur des sujets liés à l’avenir de la coalition. Au chapitre des polémiques, par exemple, on retiendra celle du secrétariat général du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), l’autre poids lourd du Rhdp, au sujet de la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays. « Cette situation de violences endémiques entretient un climat d’insécurité généralisée d’autant plus préoccupante qu’elle constitue une grave menace sur la coexistence pacifique des communautés et sur la stabilité voire sur la survie de la nation », avait relevé Alphonse Djédjé Mady, le 3 août dernier. S’il a été très vite recadré par le Premier ministre Jeannot Kouadio-Ahoussou, la gêne provoquée par sa sortie reste entière et, en rajoute manifestement au malaise dans la famille politique des houphouétistes. Surtout que Jeannot Kouadio-Ahoussou a vite fait d’aller rencontrer son aîné, pour fumer le calumet de la paix, sans y associer le grand allié, le Rassemblement des républicains (Rdr) échaudé par la sortie du député de Saïoua.
Enchaînement de faux pas
Le secrétaire général du Pdci ne saisira pas l’occasion de la multiplication des attaques contre les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), pour redresser la barre. Un mutisme qui fait dire à Amadou Kouyaté, militant Rdr d’Abobo, que « quand c’est chaud, on ne les voit pas ». M. Kouyaté avait du mal à contenir sa déception d’autant que quelques jours seulement avant les critiques d’Alphonse Djédjé Mady, c’est le président de la jeunesse du Pdci, Kouadio Konan Bertin, qui était au front. Sans ménagement, il s’en était pris, dans une interview parue, le 31 juillet, dans L’inter, aux présidents Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. « Vous savez, la difficulté dans notre affaire, c’est qu’Alassane est convaincu que le Pdci est Bédié. Donc tant que lui et Bédié s’entendent, de facto, il s’entend avec le Pdci-Rda. Or, vous savez très bien, je vous ai dit une chose tout à l’heure : la question du parti unifié, peut-être en ont-ils parlé à deux, mais ça n’a jamais fait l’objet de débats chez nous. Donc toutes ces choses ne nous engagent pas forcément. En ce qui nous concerne au Pdci-Rda, le parti n’est associé à rien dans tout ce qui se passe. Je peux le dire : aucun vice-président n’est associé ni consulté. Le conseil politique n’est associé à rien. Le secrétariat général, non plus. Les jeunes, quand ils ouvrent la bouche, vous savez le sort qui leur est réservé. Dans ces conditions, écoutez l’esclave appartient au maître, mais c’est le maître qui rêve de l’esclave. Et au moment venu, nous ne sommes pas obligés de nous reconnaître dans des décisions qui se prennent sans nous. C’est le risque que nous courons à court terme, à moyen terme. Et puis entre nous, je vous ai dépeint la situation », avait-il tonné. « Alassane Ouattara a été Premier ministre dans ce pays. Avez-vous le sentiment qu’Alassane Ouattara a donné le poste de Primature au Pdci ? Le Pdci n’a que le Premier des ministres. Premier ministre et Premier des ministres, il y a nuance », s’était empressé d’ajouter Kouadio Konan Bertin. Une attaque en règle qui n’a pas valu à son auteur, l’interpellation nécessaire. C’est dans cette atmosphère que le Front populaire ivoirien (Fpi), aux aguets, a proposé une nouvelle alliance au Pdci pour tomber le régime Ouattara. C’est par la voix du président par intérim de la jeunesse de leur parti, que les frontistes ont fait cette proposition au Pdci. « Il faut créer un front patriotique pour sauver la Côte d’Ivoire qui court à sa perte », avait argumenté Justin Koua, à l’intention de KKB.
En attendant les réunions de vérité
Autant de sujets de crise qui nécessitent une rencontre au sommet mais, que le président du directoire du Rhdp, Djédjé Mady, ne semble pas pressé de convoquer. « Après le premier congé sabbatique, nos responsables semblent en avoir pris un deuxième », ironise un député Rdr. « C’est incompréhensible. C’est ensemble que nous avons remporté la présidentielle de 2010, faisons en sorte que nous continuons de rester ensemble », a plaidé Claude Emolo, un cadre du Pdci, joint hier. Loin d’être inquiet, Séraphin Yao Kouadio, leader de la jeunesse de l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci), a annoncé, pour bientôt, la reprise des réunions des différentes composantes du Rhdp. « Sinon, nous allons tout droit vers de nouvelles querelles autours des prochaines élections locales. Il faut absolument que nous parvenions à laver notre linge sale en famille », prévient Amadou Kouyaté.
Marc Dossa