Après une stagnation, le marché ivoirien connaît un certain frémissement depuis la fin de crise post-électorale, avec une progression d’environ 80% des ventes mensuelles au premier semestre de cette année. Une embellie qui n’occulte pas les difficultés qui minent la durabilité du secteur.
Finie la belle époque. Celle de la décennie 80 où les concessionnaires d’automobiles réussissaient à vendre annuellement entre 25 000 et 30 000 véhicules sur le marché ivoirien. La tendance a changé. La crise économique et la concurrence du secteur informel des véhicules de seconde main, dits « France au revoir », ont impacté le marché national. Selon des statistiques, 25 000 voitures d’occasion sont immatriculées annuellement, contre quelque 6 000 unités neuves. Le secteur des « secondes mains » a explosé au détriment des neufs.
Pour le moment, les concessionnaires tentent de reprendre leurs marques. Pour survivre, ils ont mis en œuvre plusieurs stratégies en adoptant une nouvelle politique commerciale et marketing très agressive à l’endroit de la clientèle. En outre, des politiques de règlement flexible, compris entre vingt et trente-six mois, sont proposées pour booster les ventes et inciter à la consommation. Les résultats ne se sont pas fait attendre. Depuis 2008, le marché a poursuivi sa progression. Pour l’année 2012 par exemple, la contribution du secteur au budget de l’Etat, en termes de droits de douane et taxes diverses, plafonne à 50 milliards FCFA contre moins de 40 milliards FCFA en 2011. Les ventes mensuelles, tous concessionnaires confondus, sont passées de 450 l’an dernier à 750 au premier semestre 2012. « La date actuelle se maintient. On pourrait terminer l’année avec un chiffre record de 9 000 ventes », explique, euphorique, le patron d’une marque. Une embellie qui dénote de la bonne santé du secteur.
Les constructeurs européens à la peine
L’autre caractéristique de ce marché en perpétuelle mutation est la perte de vitesse des marques françaises, voire européennes, qui ont longtemps dominé le secteur. Ce sont désormais les constructeurs asiatiques qui dictent leur loi. Les marques japonaises, coréennes et chinoises ont opéré une percée fulgurante dans tous les segments et représentent plus de 65% du marché, contre 33% pour les européennes. Les véhicules de tourisme reviennent en force après avoir été talonnés par les tout-terrain, qui étaient les plus prisés. Le marché des berlines poursuit sa fièvre, tandis que celui des pick-up et des 4X4 consolide sa croissance. Les camions, autobus et cars se stabilisent. Le japonais Toyota reste toujours leader sur tous les compartiments. CFAO Motors, concessionnaire de plusieurs marques – dont Mitsubishi, Peugeot et Toyota – en Côte d’Ivoire caracole en tête du palmarès de vente. La Société ivoirienne de distribution ivoirienne automobile (Socida), le concessionnaire officiel de Renault et Suziki, a consolidé sa place de leader des marques européennes. En 2008, elle avait introduit la distribution des Dacia Logan « low cost » de Renault ; une initiative couronnée de succès.
Les véhicules japonais et coréens à la fête
Au cours de la même année, le constructeur iranien Saipa a tenté une incursion sur le marché local, mais sans grand succès. La Saipa 132, une voiture qui avait les mêmes caractéristiques que la Logan de Renault et qui coûtait deux fois moins cher, n’a pas captivé les acheteurs. Débutée en 2008, l’invasion de Great Wall et de Gwperi – des « low cost chinois conçus avec une technologie japonaise » – sur le marché a tourné court. Ce n’est plus le même engouement. Alors que Rimco Motors avait réussi son pari de pénétrer sans problème le marché en faisant disparaître les appréhensions concernant la qualité des produits chinois, le service après-vente n’a pas suivi correctement. Les marques chinoises ne représentent désormais que 7% de part de marché, loin derrière les japonaises et les coréennes. L’Etat, qui assurait 50% des commandes, n’en passe plus assez. Les commandes de l’Etat sont maintenant de l’ordre de 15%. Le secteur attend beaucoup de la reprise des appels d’offres publics.
Dans l’attente d’une réglementation de la filière des véhicules d’occasion
Ces relatives performances ne doivent pas occulter les difficultés du secteur. Les chiffres de vente seraient nettement plus florissants si les entreprises de taxis renouvelaient leurs flottes. Et même si le ministère des Transports a mis un fonds de plus de 19 milliards FCFA avec le partenariat des banques commerciales pour le renouvellement du parc automobile, le projet n’est toujours pas entré dans sa phase active. Les concessionnaires attendent les premiers soumissionnaires. « Depuis dix ans, les taxis ne passent plus de commandes, les propriétaires de taxis préfèrent les véhicules d’occasion », explique ainsi un dirigeant d’entreprise. Le secteur pourrait aussi avoir une bouffée d’oxygène supplémentaire si les pouvoirs publics parvenaient à apurer intégralement leurs créances, estimées à plusieurs milliards de francs CFA. En attendant, les professionnels espèrent une réglementation de la filière des véhicules d’occasion, car l’ampleur du phénomène tend à fragiliser les concessionnaires.
Baudelaire Mieu
Finie la belle époque. Celle de la décennie 80 où les concessionnaires d’automobiles réussissaient à vendre annuellement entre 25 000 et 30 000 véhicules sur le marché ivoirien. La tendance a changé. La crise économique et la concurrence du secteur informel des véhicules de seconde main, dits « France au revoir », ont impacté le marché national. Selon des statistiques, 25 000 voitures d’occasion sont immatriculées annuellement, contre quelque 6 000 unités neuves. Le secteur des « secondes mains » a explosé au détriment des neufs.
Pour le moment, les concessionnaires tentent de reprendre leurs marques. Pour survivre, ils ont mis en œuvre plusieurs stratégies en adoptant une nouvelle politique commerciale et marketing très agressive à l’endroit de la clientèle. En outre, des politiques de règlement flexible, compris entre vingt et trente-six mois, sont proposées pour booster les ventes et inciter à la consommation. Les résultats ne se sont pas fait attendre. Depuis 2008, le marché a poursuivi sa progression. Pour l’année 2012 par exemple, la contribution du secteur au budget de l’Etat, en termes de droits de douane et taxes diverses, plafonne à 50 milliards FCFA contre moins de 40 milliards FCFA en 2011. Les ventes mensuelles, tous concessionnaires confondus, sont passées de 450 l’an dernier à 750 au premier semestre 2012. « La date actuelle se maintient. On pourrait terminer l’année avec un chiffre record de 9 000 ventes », explique, euphorique, le patron d’une marque. Une embellie qui dénote de la bonne santé du secteur.
Les constructeurs européens à la peine
L’autre caractéristique de ce marché en perpétuelle mutation est la perte de vitesse des marques françaises, voire européennes, qui ont longtemps dominé le secteur. Ce sont désormais les constructeurs asiatiques qui dictent leur loi. Les marques japonaises, coréennes et chinoises ont opéré une percée fulgurante dans tous les segments et représentent plus de 65% du marché, contre 33% pour les européennes. Les véhicules de tourisme reviennent en force après avoir été talonnés par les tout-terrain, qui étaient les plus prisés. Le marché des berlines poursuit sa fièvre, tandis que celui des pick-up et des 4X4 consolide sa croissance. Les camions, autobus et cars se stabilisent. Le japonais Toyota reste toujours leader sur tous les compartiments. CFAO Motors, concessionnaire de plusieurs marques – dont Mitsubishi, Peugeot et Toyota – en Côte d’Ivoire caracole en tête du palmarès de vente. La Société ivoirienne de distribution ivoirienne automobile (Socida), le concessionnaire officiel de Renault et Suziki, a consolidé sa place de leader des marques européennes. En 2008, elle avait introduit la distribution des Dacia Logan « low cost » de Renault ; une initiative couronnée de succès.
Les véhicules japonais et coréens à la fête
Au cours de la même année, le constructeur iranien Saipa a tenté une incursion sur le marché local, mais sans grand succès. La Saipa 132, une voiture qui avait les mêmes caractéristiques que la Logan de Renault et qui coûtait deux fois moins cher, n’a pas captivé les acheteurs. Débutée en 2008, l’invasion de Great Wall et de Gwperi – des « low cost chinois conçus avec une technologie japonaise » – sur le marché a tourné court. Ce n’est plus le même engouement. Alors que Rimco Motors avait réussi son pari de pénétrer sans problème le marché en faisant disparaître les appréhensions concernant la qualité des produits chinois, le service après-vente n’a pas suivi correctement. Les marques chinoises ne représentent désormais que 7% de part de marché, loin derrière les japonaises et les coréennes. L’Etat, qui assurait 50% des commandes, n’en passe plus assez. Les commandes de l’Etat sont maintenant de l’ordre de 15%. Le secteur attend beaucoup de la reprise des appels d’offres publics.
Dans l’attente d’une réglementation de la filière des véhicules d’occasion
Ces relatives performances ne doivent pas occulter les difficultés du secteur. Les chiffres de vente seraient nettement plus florissants si les entreprises de taxis renouvelaient leurs flottes. Et même si le ministère des Transports a mis un fonds de plus de 19 milliards FCFA avec le partenariat des banques commerciales pour le renouvellement du parc automobile, le projet n’est toujours pas entré dans sa phase active. Les concessionnaires attendent les premiers soumissionnaires. « Depuis dix ans, les taxis ne passent plus de commandes, les propriétaires de taxis préfèrent les véhicules d’occasion », explique ainsi un dirigeant d’entreprise. Le secteur pourrait aussi avoir une bouffée d’oxygène supplémentaire si les pouvoirs publics parvenaient à apurer intégralement leurs créances, estimées à plusieurs milliards de francs CFA. En attendant, les professionnels espèrent une réglementation de la filière des véhicules d’occasion, car l’ampleur du phénomène tend à fragiliser les concessionnaires.
Baudelaire Mieu