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Politique Publié le vendredi 28 septembre 2012 | Le Mandat

Interview/ Laura Burke, correspondante de presse au Ghana : “C’est possible qu’il y ait des armes dans les camps de réfugiés’’

© Le Mandat Par DR
Le président du Ghana John Dramani Mahama
«Le Ghana ne servira pas de base pour des attaques contre la Côte d’Ivoire », a déclaré le président ghanéen, John Dramani Mahama, le mercredi 26 septembre dernier, à la tribune des Nations unies à New York. Il y a une semaine, le 20 septembre 2012, un poste frontalier ivoirien a été attaqué, causant cinq morts parmi les assaillants. Depuis, la frontière entre les deux pays est fermée sur ordre du président de la République, Alassane Ouattara. Y a t-il des complicités des pro-Gbagbo exilés au Ghana ? Laura Burke est correspondante de presse au Ghana. Elle a répondu aux questions du journaliste de radio France internationale (Rfi).

Koné Katinan remis en liberté provisoire, est-ce le signe que le Ghana protège les opposants ivoiriens ?
Cette semaine le ministère des affaires étrangères a dit non, il a dit que le Ghana ne va pas permettre que l’hospitalité qu’il offre aux refugiés soit interprétée comme protection aux gens qui voudraient planifier des actions contre la Côte d’Ivoire .Le juge a dit que les documents ne sont pas encore prêts. Donc, on ne sait pas si c’est un prolongement du procès d’extradition mais, jusqu’ici nous avons un cas comme ça ; alors je trouve que c’est difficile maintenant de dire que le gouvernement Ghanéen soit en train de protéger ces anciens du régime Gbagbo pour des raisons politiques.

Beaucoup d’Ivoiriens ne croient pas trop à l’indépendance de la justice ghanéenne ?
Oui ! je pense que si on regarde les procès jusqu’ici il n’y a pas une traduction d’indépendance. Ce que j’ai vu cette semaine c’est que le juge a donné beaucoup de respect à Koné Katinan. Il lui a demandé, s’il était bien traité et comment il allait ? Je crois qu’au Ghana, il y a beaucoup de respect pour les gens qui ont été au pouvoir, c`est-à-dire les VIP, les anciens ministres et c’est possible qu’ils soient bien traités parce qu’il est VIP.

Beaucoup d’ivoiriens se demandent si la liberté sous caution de Katinan n’est pas une mesure de représailles après la décision de la Côte d’Ivoire de fermer la frontière ?
On ne peut pas savoir, mais ici au Ghana, je n’ai pas encore entendu un sentiment de revanche.

C’est-à-dire que la fermeture de la frontière ne présente pas de réaction hostile à Accra ?
Voilà parce qu’ici, il n’y a pas de sentiment de colère dans la presse, les gens ont un peu de sympathie.

Le 20 septembre dernier le poste frontalier ivoirien de Noé a été attaqué par des hommes armés et selon Abidjan, ils venaient du Ghana et seraient retournés en toute impunité, que répondent les autorités Ghanéennes ?
Jusqu’ici, le Ghana n’a pas nié qu’ils viennent du Ghana, mais ils ne l’ont pas du tout confirmé non plus. Le ministère des affaires étrangères a déclaré que les deux gouvernements sont en train de faire une enquête et que les opérations sécuritaires seront intensifiées. Mais la question est que, est-ce que le Ghana va faire sa part pour chercher et arrêter ceux qui sont responsables de ces attaques ?

Justement depuis la mort du président Atta Mills il y a un certain vide politique, est-ce qu’il n’y a pas aussi un vide sécuritaire ?
En Côte d’Ivoire, la police, les soldats, tous les groupes sécuritaires sont liés à un groupe politique. Ce qui n’est pas forcement le cas au Ghana et pour cette raison la mort du président Atta Mills n’a pas créé un vide sécuritaire comme on pourrait imaginer en Côte d’Ivoire ou dans d’autres pays de la sous - région.

Est-ce qu’il y a au Ghana près de la frontière ivoirienne des camps de refugiés ivoiriens ?
Il n’y a pas de camps à la frontière, mais il y a un camp à 40km de la frontière, donc ce n’est pas loin et il y a près de 4000 refugiés ivoiriens là bas dont la plupart ont soutenu Laurent Gbagbo. Il y a aussi beaucoup de jeunes ivoiriens qui ont traversé la frontière après la chute de Gbagbo et qui habitent la ville à la frontière près de la Côte d’Ivoire qui est Elubo. C’est possible qu’il y ait des ex-combattants ces derniers.

Est-ce que dans ce camp il y a des armes ?
Cela incombe au HCR. Il dit qu’il ne laisse pas les ex-combattants dans les camps. Donc, ils essaient, mais avec 4000 personnes, c’est possible qu’il y ait des armes.

Outre, Koné Katinan, il y a aussi beaucoup d’autres cadres pro- Gbagbo qui vivent aujourd’hui au Ghana, ont-ils des contacts avec le gouvernement ghanéen ?
Le Ghana et la Côte d’Ivoire ont de bonnes relations et c’est clair que plusieurs anciens ministres de Gbagbo ont de bonnes relations avec des personnalités ghanéennes et c’est probable que ces personnalités n’aient pas coupé tout lien avec ces anciens ministres.

Et y a-t-il des contacts avec l’opposition et Jerry Rawlings ?
Il y a des rumeurs qu’ils ont des liens avec Jerry Rawlings mais je ne peux pas confirmer cela.

N’y a-t-il pas une solidarité anti colonialiste et anti impérialiste entre les amis de Laurent Gbagbo et ceux de Jerry Rawlings ?
C’est vrai que la politique de Jerry Rawlings est plus proche de celle de Laurent Gbagbo. Mais, en fait le parti qui va peut-être gagner les élections qui viennent en décembre va être un parti politique qui est plus proche d’Alassane Ouattara. C`est-à-dire plus capitaliste. Peut-être, qu’il y a des relations avec Jerry Rawlings, mais c’est important de savoir que maintenant Rawlings n’a pas beaucoup de pouvoirs.
Voulez- vous dire que dans le parti d’opposition NPP de Nana Kufuor Ado, il y a un courant moderniste qui pourrait couper les liens anciens avec Laurent Gbagbo ?
C’est possible. Ils n’ont pas eu d’occasion de former des liens avec les proches de Gbagbo comme l’ancien parti de Jerry Rawlings.

Depuis la période Gbagbo, les relations sont brouillées par le partage du pétrole et du bloc off shore Jubili. Est-ce que c’est l’une des causes de la tension actuelle entre les deux pays ?
Oui ! C’est une cause de tension. Depuis 2010, le Ghana a commencé la production du pétrole. Le Ghana et la Côte d’Ivoire semblent maintenir de bonnes relations. La préoccupation des deux pays est de régler le problème de la sécurité dans sous la régionale.

Propos retranscrits par
Isabelle Ladji (stg)
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