«Pour la fermeture de la frontière, je conviens que c’est une décision difficile et très grave. Ce que je peux vous dire cependant, c’est qu’il y a une hiérarchisation à opérer face à une somme de douleurs. La sûreté de l’Etat, pour nous, est une priorité. Vous êtes dans vos entreprises, vous parlez de profits parce que le pays et là. Personne n’est sur les fronts, personne n’est en guerre, Vous et moi ne sommes pas cachés sous nos lits pendant que ça tire. Et pour empêcher cela, il y a des mesures qu’il faut prendre. Nous avons des preuves que tout ce qui se passe est coordonné au Ghana. Nous ne disons pas avec la complicité des autorités ghanéennes. Mais juste au Ghana. Les gens font des réunions, ils ont un état-major en exil. Ils ont des gens qui viennent, qui vont dans les forets, qui traversent les lagunes, qui opèrent, etc. les auditions des gens qui ont été arrêtés le prouvent clairement. Les positions géo-localisées des portables téléphoniques le montrent clairement. Nous n’avons aucun souci. Nous avons averti plusieurs fois les autorités ghanéennes. Et devant la recrudescence des attaques, nous avons dû prendre cette mesure. J’ai bon espoir puisque quotidiennement, les deux Présidents se parlent. J’ai bon espoir que les attentes des autorités ivoiriennes soient satisfaites afin que nous retournions à la normale. Mais on ne peut laisser prospérer une situation qui est une menace pour l’équilibre du pays, pour l’équilibre de chacun de vous. Quand le pays est en danger, quand ce sont des guerres, quand ce sont des menaces, on ne parle plus d’entreprises, on cherche à sauver sa vie. Moi, j’ai tellement entendu de témoignages de Français comme d’Ivoiriens pendant cette crise là que je suis déterminé à prendre toutes mesures pouvant éviter qu’on revive cela. Donc, c’est vrai que le corollaire de ce genres de mesures, ce sont des incidences sur le plan économique. Mais nous avons foi en votre capacité d’adaptation. Pour l’instant, la frontière est fermée. Nous sommes en discussions avec nos frères du Ghana pour qu’un certain nombre de mesures soient prises. Je peux vous le dire, c’est vrai avec des preuves. Nous n’avons aucun doute. Ceux qui sont arrêtés le disent : à tel endroit on était là, on a fait telle réunion ici, on a traversé, on est resté trois semaines dans une forêt, à tel endroit, on nous a remis des armes après on est passé là, etc. Je n’ai pas d’éléments qui prouvent une complicité de l’Etat ghanéen, mais ça se passe sur le territoire ghanéen. Quand on dit le territoire ghanéen ne servira pas d’espace pour la déstabilisation de la Côte d’Ivoire, qu’il en soit donc ainsi. Aujourd’hui, nous, on constate que ce n’est pas le cas. Dans ce combat, nous devons être ensemble, car il s’agit de préserver la vie et les activités de tous ceux qui ont envie de construire ce pays. Donc je n’ai pas de date pour la réouverture des frontières. Je peux juste vous dire que tous les jours, nous nous parlons. Nos frères du Ghana sont conscients de nos contraintes. Et nous ferons tout pour trouver une solution. Mais que ce ne soit pas une solution de facilité. Ou bien on règle ces problèmes et on retourne à la normale ou bien chaque Etat prend ses dispositions pour se protéger ».
Propos recueillis par K.I.
Propos recueillis par K.I.