Ce fut un moment de ferveur pour les sympathisants et militants du Rpp, que de voir venir à eux, le samedi 29 septembre 2012, au moment où ils s'y attendaient le moins, une importante délégation du parti créé par Laurent Dona Fologo, en provenance d'Abidjan. Apres la bénédiction du chef de terre Tra Zié Bi Tia et la cérémonie de bienvenue aux visiteurs, Zouhourou Yao chica, président de la conférence de Bazré, n’a pas manqué de rappeler les tristes et douloureux moments qu’ont vécus ces populations dans son intervention. A l’en croire, outre la bastonnade que lui et plusieurs villageois ont subie le 28 juin 2011, la localité de Bazré a, à maintes fois subi des assauts et expéditions punitifs et meurtriers de plusieurs dizaines de Dozo dans le courant 2011. «Du mercredi 9 au jeudi 10 mars 2011, près de 400 Dozo ont encerclé le village. Des coups de feu sont partis, le chef du village Gouli Bi Gooré a été grièvement atteint à la nuque et Boty Bi Dri Denis a été tué. Des maisons brûlées, des compteurs cassés et tous nos biens pillés», a-t-il planté le décor. Poursuivant que la même situation demeure, où des Dozo ont tiré récemment sur deux personnes à Sangourifla, et continuent de faire régner l'arbitraire sur les populations, sans perdre de vue l’arrestation, depuis le 20 juin 2012, de Ayiri Bi Yao Adolph et Yao Bi Serebou, deux jeunes du village actuellement détenus au bâtiment C de la Maca, pour détention d'armes de guerre et génocide. Et ces arrestations ont été suivies de perquisition de domicile, de profanation de bois sacrés, à l’actif de Dozo. «Le martyre que vivent les fils et filles de la région a rompu la cohésion sociale entre les autochtones et les autres résidents», a-t-il conclu. A sa suite, le vice-président de la conférence des coordinations Diomandé Sam, s’est dit très préoccupé par la situation sur place. Au nom du président Fologo, il leur a dit «Kagnon», formule idiomatique Gouro consacrée, pour exprimer sa compassion aux affligés. «Au nom du président Fologo, nous vous disons grand merci pour cet chaleureux accueil et la mobilisation de toutes les zones de la sous-préfecture. Nous sommes là ce matin pour lancer un message de paix. Après ces durs événements, il est de notre devoir en tant que politique, de passer voir nos militants et leur tenir un langage de tolérance et de paix, d’harmonie entre les populations. Mais il n'y a de paix sans vérité». Tout en condamnant la manière dont l’alternance au pouvoir s'est opérée en 2011, il a dit qu’en sa qualité de parti centriste, le Rpp a aussi des ambitions politiques. Et que les échéances électorales de 2015 se préparent maintenant. C'est pourquoi, il a demandé instamment aux militants de tuer en eux la peur et le mur de la méfiance. Mais pour lui, la paix ne viendra véritablement que si le pouvoir Ouattara donne des signaux forts pour une décrispation sociale et politique. «Que le pouvoir libère les prisonniers politiques et favorise le retour des exilés», a-t-il exhorté. Il a demandé aux militants de coopérer avec les forces de l'ordre et de mener une politique d'opposition intelligente à l'image du caméléon qui épouse l'environnement chromatique pour être en phase avec les réalités du terrain. «C'est pourquoi, nous vous conseillons la tempérance dans le langage, même dans un exercice d'échanges sur fond de vérité», a-t-il souhaité. Il s’est dit plein d’espoir quant au dossier Gbagbo. «Nous avons fort espoir que Gbagbo Laurent sera parmi nous, il sera là un jour et ce jour se lèvera. Mais en attendant, gérons la situation telle qu'elle s'offre à nous», a-t-il assuré. Pour ce faire, il a demandé d’user de beaucoup de stratagème pour contrecarrer le pouvoir. «Nous devrons nous inspirer de l’attitude du mille pattes pour faire face au pouvoir en tant qu'opposition et sans toutefois nous renier», a-t-il conclu. C'est sur ces propos que la délégation a pris congés de ses hôtes et que les militants sont repartis, auréolés d'espoir et d'espérance.
Marcel Dezogno
Marcel Dezogno