Renversant ! Que des individus armés attaquent les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), ça s’explique. Mais que des dozos présentés comme proches du régime s’affrontent entre eux, laisse sans voix. C’est pourtant ce qu’il a été donné de constater dans la nuit de dimanche à lundi entre deux clans de chasseurs traditionnels à Abengourou. Bilan, 1 mort et 3 blessés graves. «Il s'agit d'un groupe de dozos venus d'Abidjan et avec la complicité d'autres dozos proches de Tchègbè qui ont attaqué la base d'un autre groupe de dozos commandé par Dagnogo Lassinan dans le quartier Cafétou. Il s'en est suivi des échanges de tirs, faisant un mort et des blessés par balles», relate une source sécuritaire. Nos informateurs soutiennent que le mort est du camp des assaillants. Les blessés du côté de Dagnogo Lassinan sont Kambiré Baba, âgé de 30 ans et Koné Fassibry, 33 ans. Ils ont été respectivement internés au Centre hospitalier régional (Chr) et dans une clinique de la place. Leurs vies sont hors de danger. Quant au 3ème blessé, il s’appelle Touré Adama. Au moment où nous mettions sous presse, les hommes du dozo Dagnogo Lassinan l'avaient mis à la disposition de la préfecture de police. Selon plusieurs sources fiables, les origines de la rivalité remontent à plusieurs mois. Le nommé Tchègbè qui dirigeait la confrérie du département d'Abengourou s'était rendu coupable d'exactions contre la population. Il a donc été destitué par ses pairs. A la suite d'un rituel propre au ‘’dozoya’’ (confrérie des dozos), Coulibaly Lassinan dit Baba résidant à Amélékia a été désigné pour le remplacer. Ne vivant pas à Abengourou, il a désigné Dagnogo Lassinan, un dozo Frci démobilisé et Diallo Mamadou pour occuper les postes de 1er et 2ème vice-présidents afin de l'aider dans sa tâche. M. Tchègbè s’était replié en faisant contre mauvaise fortune bon cœur. Ça n'a été que de courte durée. Il va s'illustrer de la mauvaise des manières en convoyant des militaires et gendarmes au Qg de D. Lassinan sous prétexte que ce dernier détiendrait une importante quantité d'armes à feu. Les fouilles se sont avérées vaines. Ce qui a soulevé le courroux des hommes de son rival. N'eût été la vigilance du préfet de région, Fadi Ouattara, le pire se serait produit. Ce qui vient de se dérouler n'est que le prolongement d'une crise larvée entre les deux clans. Visiblement, le paroxysme a été atteint avec cette attaque meurtrière. L'urgence d'une solution dans la forêt sacrée s'impose.
Koffi Jean Luc à Abengourou
Koffi Jean Luc à Abengourou