Douze partis adverses au régime se préparent à discuter avec le gouvernement, le 22 novembre, de ce qu’il convient d’appeler le Statut de l’opposition. Une nouveauté en Côte d’Ivoire s’il est acquis.
Si leur proposition, - portant Statut de l’opposition - passe, ce sera une grande première en Côte d’Ivoire. Car, de tradition, les adversaires du pouvoir n’ont jamais eu de statut. Du moins, un document ou un cadre formel ne régit pas l’opposition ivoirienne depuis l’avènement en 1990 du multipartisme. Alors, mues par la volonté d’opérer une «innovation», douze formations politiques de l’opposition suggèrent le «changement». Des sources proches du dossier ont éventé le projet. Ces formations politiques sont : le Fpi de Miaka Ouretto, Lider de Mamadou Koulibaly, Cap-Udd de Gervais Coulibaly, l’Udcy de Théodore Mel Eg, l’Udp présidée par Irié Bi Irié, l’Urd de Danielle Bony Claverie, le Rpp de Laurent Dona Fologo, l’Udt-Ci avec Bertine Tia Monné, Mnc Alternative d’Appiah Kabran, Rpci de Jerôme Climanlo et le Rpc d’Henriette Lagou. Leur prétexte n’est pas seulement d’innover, tant ils parlent aussi de valorisation de l’opposition et de l’opposant. «En effet, faute d’un statut clair de l’opposition, l’opposant est perçu et traité comme un apatride qu’il faut mettre hors d’état de nuire en le réduisant au silence et à la réclusion sinon, en l’éliminant», signent-ils. Un exposé de motifs est explicite sur les motivations des suggestions faites au gouvernement. Ils n’excluent pas d’entrer au gouvernement, selon le chapitre IV, article 21 de l’avant-projet de loi qu’ils ont élaboré à cet effet, lors d’un séminaire en septembre à Grand-Bassam. «Dans le cadre du processus de réconciliation nationale et ce, jusqu’à la prochaine élection présidentielle prévue pour 2015, les partis ou groupements politiques de l’opposition peuvent, tout en conservant leur statut, collaborer avec l’exécutif ou le président de la République dans un gouvernement d’union nationale ou toute autre forme de soutien de l’action gouvernementale», stipule cet article. Pour bien faire leurs actions, les opposants demandent une immunité au pouvoir. Dans le chapitre II, article 15, consacré aux droits et obligations des partis et groupements politiques, on peut lire ceci : «Nul responsable ou militant de l’opposition politique jouissant de ses droits civils et politiques ne peut être l’objet de sanctions et de discriminations d’aucune sorte concernant l’accès aux fonctions publiques autres que politiques, motivées par son appartenance à l’opposition politique ou par ses opinions politiques. Aucune atteinte ne peut être portée à la liberté d’aller et de venir d’un responsable ou d’un militant de l’opposition politique, sauf pour des raisons prévues par les lois en vigueur». Ces idées sont à améliorer parce qu’une commission y travaille. Elles seront discutées dans le Cadre de dialogue permanent (Cdp). Un espace d’échanges qu’a mis en place le gouvernement en avril, en vue du suivi et de la régulation du dialogue républicain.
Les signataires - tous les douze partis - disent vouloir être sincères dans le jeu qu’est l’adversité auquel ils sont novices, à l’exception du Fpi, puisqu’ils étaient à l’époque au pouvoir ou avec le pouvoir. Leur reconnaître un statut qui précise leurs droits et devoirs reviendrait en quelque sorte, selon eux, à épargner aux Ivoiriens de transformer les joutes électorales en pugilat et les périodes postélectorales en période de tension. Car, ne pas le leur concéder «ne permet ni l’expression plurielle des opinions ni l’émission de propositions ni la réalisation d’actions promotrices de la bonne gouvernance». L’objectif principal n’est autre que l’exercice pacifique et responsable de la politique telle qu’édictée par les principes démocratiques. «Il faut que majorité et opposition intègrent à leurs comportements les valeurs démocratiques fondées sur la tolérance et le respect de l’autre, le droit à la différence et l’acceptation de la critique.» A cette invite, ils entendent associer le gouvernement à apporter sa caution à la «normalisation» de la scène politique nationale par la validation dudit statut (Voir ci-contre).
Bidi Ignace
Si leur proposition, - portant Statut de l’opposition - passe, ce sera une grande première en Côte d’Ivoire. Car, de tradition, les adversaires du pouvoir n’ont jamais eu de statut. Du moins, un document ou un cadre formel ne régit pas l’opposition ivoirienne depuis l’avènement en 1990 du multipartisme. Alors, mues par la volonté d’opérer une «innovation», douze formations politiques de l’opposition suggèrent le «changement». Des sources proches du dossier ont éventé le projet. Ces formations politiques sont : le Fpi de Miaka Ouretto, Lider de Mamadou Koulibaly, Cap-Udd de Gervais Coulibaly, l’Udcy de Théodore Mel Eg, l’Udp présidée par Irié Bi Irié, l’Urd de Danielle Bony Claverie, le Rpp de Laurent Dona Fologo, l’Udt-Ci avec Bertine Tia Monné, Mnc Alternative d’Appiah Kabran, Rpci de Jerôme Climanlo et le Rpc d’Henriette Lagou. Leur prétexte n’est pas seulement d’innover, tant ils parlent aussi de valorisation de l’opposition et de l’opposant. «En effet, faute d’un statut clair de l’opposition, l’opposant est perçu et traité comme un apatride qu’il faut mettre hors d’état de nuire en le réduisant au silence et à la réclusion sinon, en l’éliminant», signent-ils. Un exposé de motifs est explicite sur les motivations des suggestions faites au gouvernement. Ils n’excluent pas d’entrer au gouvernement, selon le chapitre IV, article 21 de l’avant-projet de loi qu’ils ont élaboré à cet effet, lors d’un séminaire en septembre à Grand-Bassam. «Dans le cadre du processus de réconciliation nationale et ce, jusqu’à la prochaine élection présidentielle prévue pour 2015, les partis ou groupements politiques de l’opposition peuvent, tout en conservant leur statut, collaborer avec l’exécutif ou le président de la République dans un gouvernement d’union nationale ou toute autre forme de soutien de l’action gouvernementale», stipule cet article. Pour bien faire leurs actions, les opposants demandent une immunité au pouvoir. Dans le chapitre II, article 15, consacré aux droits et obligations des partis et groupements politiques, on peut lire ceci : «Nul responsable ou militant de l’opposition politique jouissant de ses droits civils et politiques ne peut être l’objet de sanctions et de discriminations d’aucune sorte concernant l’accès aux fonctions publiques autres que politiques, motivées par son appartenance à l’opposition politique ou par ses opinions politiques. Aucune atteinte ne peut être portée à la liberté d’aller et de venir d’un responsable ou d’un militant de l’opposition politique, sauf pour des raisons prévues par les lois en vigueur». Ces idées sont à améliorer parce qu’une commission y travaille. Elles seront discutées dans le Cadre de dialogue permanent (Cdp). Un espace d’échanges qu’a mis en place le gouvernement en avril, en vue du suivi et de la régulation du dialogue républicain.
Les signataires - tous les douze partis - disent vouloir être sincères dans le jeu qu’est l’adversité auquel ils sont novices, à l’exception du Fpi, puisqu’ils étaient à l’époque au pouvoir ou avec le pouvoir. Leur reconnaître un statut qui précise leurs droits et devoirs reviendrait en quelque sorte, selon eux, à épargner aux Ivoiriens de transformer les joutes électorales en pugilat et les périodes postélectorales en période de tension. Car, ne pas le leur concéder «ne permet ni l’expression plurielle des opinions ni l’émission de propositions ni la réalisation d’actions promotrices de la bonne gouvernance». L’objectif principal n’est autre que l’exercice pacifique et responsable de la politique telle qu’édictée par les principes démocratiques. «Il faut que majorité et opposition intègrent à leurs comportements les valeurs démocratiques fondées sur la tolérance et le respect de l’autre, le droit à la différence et l’acceptation de la critique.» A cette invite, ils entendent associer le gouvernement à apporter sa caution à la «normalisation» de la scène politique nationale par la validation dudit statut (Voir ci-contre).
Bidi Ignace