L’idée est louable. Elle est une invite à sortir des sentiers battus. Elle inspire même une responsabilisation des opposants. Pas qu’ils ne le sont pas assez. Pas d’opposition voyou en Côte d’ Ivoire, semble-t-on dire. Mais qu’il est question de mettre chacun devant ses obligations et devant les risques qu’il encourt. L’opposition se porte volontaire pour être justiciable. Même si elle n’en avait pas le choix. Tant l’application de la loi ne dépend pas d’elle. Elle prend rendez-vous avec la loi, la justice. Comme dans d’autres pays sur le continent. Au Burkina Faso, par exemple, l’opposition a un statut adopté en avril 2009 par l’Assemblée nationale. Les adversaires de Blaise Compaoré ont un chef de file en la personne de Me Bénéwendé Stanislas Sankara, président de l’Union pour la Renaissance/Parti sankariste (Unir/Ps). Ils ont un siège et bénéficient d’un financement de la part de l’Etat. Qui sera le chef de l’opposition ivoirienne ? Il n’est pas trop tôt pour poser cette question. Puisque, déjà, une opinion provocatrice à souhait désigne par «faux leaders» les initiateurs de la Ligue des mouvements pour le progrès (Lmp). Une plate-forme dont la présidence tourne entre Gervais Coulibaly, Mel Eg Théodore, Kabran Appiah, Henriette Lagou et Bertine Tia Monné. Le Front populaire ivoirien (Fpi) avait même ouvert un front contre la Lmp, contestant à ses co-fondateurs l’utilisation du sigle LMP qui renvoie à l’ex-majorité présidentielle. Pour sûr, la guerre larvée du leadership couve. Elle va ressurgir même si Kabran Appiah et ses camarades de Lmp avaient d’emblée montré pattes blanches, en disant qu’ils ne revendiquent pas la «paternité» de quoi que ce soit. Tout se jouera au charisme (radical ou modéré), au poids et à l’influence des uns et des autres sur le dialogue politique. En attendant, la marche est longue. L’avant-projet de loi portant statut de l’opposition doit être discuté au sein du Cdp, puis passer en conseil des ministres avant d’être soumis à l’Assemblée nationale.
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