Vu l’excellente réputation de du lycée Sainte –Marie, nous avons rencontré, madame ………, proviseur du lycée, afin qu’elle nous explique les raisons de cette réussite qui dure depuis plusieurs décennies. Car, il est de notoriété publique que bon nombre des femmes qui comptent aujourd’hui en Côte d‘Ivoire « sortent « des rangs du lycée Sainte –Marie
Scrib magazine : Madame, comment le lycée Ste Marie fait-il pour rester une école d’excellence ?
Madame le proviseur : je pense qu’il faut parler de l’origine de la structure. Cette école a été créée en 1962 par une communauté de religieuses sur recommandation du cardinal Bernard Yago, le président Félix Houphouët Boigny a autorisé que cette communauté religieuse vienne implanter leur projet éducatif en Côte d’ivoire. Avec l’indépendance, ce projet consistait à former la jeune fille de façon intégrale. C’est peut-être à ce niveau qu’on peut parler de secret. Il ne s’agit pas seulement de donner du savoir, de la culture ou des connaissances à la jeune fille. Il s’agit aussi de modeler celle-ci dans toute sa dimension : intellectuelle, spirituelle, morale, affective.
Au niveau du travail intellectuel, ce qui est visé, c’est d’amener la jeune fille à avoir une grande ouverture d’esprit. C’est de l’amener à utiliser toutes ses capacités et aller juste qu’au bout de tout ce qu’elle est capable de faire, de ne pas s’arrêter en chemin, de viser toujours haut dans l’apprentissage du point de vue des connaissance à acquérir et surtout dans la conduite de ses réflexions. Pour cela on lui demande d’être rigoureuse avec elle-même, d’être dans la vérité, de développer le sens de la vérité et de porter un regard sur le monde. Il s’agit de l’amener à apprendre pour servir l’autre. Pour pouvoir bien servir l’autre, il faut bien apprendre. C’est tous ces éléments réunis qui permettent à la jeune fille de produire de bons résultats pour servir son pays. Voilà donc les fondements de l’excellence du Lycée Ste Marie de Cocody.
Scrib magazine : Mais ce qui est assez remarquable ,c’est que cela fait 50 ans que vous existez et c’est aussi 50 ans d’excellence. Il est rare de voir les structures scolaires perdurer ainsi dans l’excellence. Comment expliquez-vous cela ?
Madame le proviseur : comme je vous l’ai dit, l’éducation ici, c’est la formation intellectuelle et la formation intégrale. Lorsque vous prenez un enfant dans toute sa dimension et que vous lui inculquez certaines valeurs d’intégrité, de probité et du travail bien fait, les résultats forcément suivent. Si vous mettez l’accent sur les résultats, au bout d’un certain temps, la structure va s’effondrer. Si c’est l’être dans son ensemble que vous formez, le cap est maintenu pour avoir de bons résultats en permanence. Voilà pourquoi Ste Marie depuis plusieurs années produit de bons résultats et reste une école d’excellence. On travaille l’esprit. Il y a l’esprit du travail bien fait, un esprit de rigueur, un esprit de partage, le sens de la responsabilité, le fait de mener des réflexions utiles pour soi et pour la société. Lorsque vous mettez l’accent sur ces valeurs, les résultats suivent et c’est naturel. Mais si vous faites l’inverse, à la longue la structure s’essouffle. Il faut pouvoir former l’individu et en toute responsabilité celui-ci opère ses choix.
Pour réussir cela, il faut que tous les acteurs du système s’engagent. Il faut qu’ils aient le même langage. S’entendre sur le minimum avec les parents et puis l’on accompagne tous l’enfant dans sa réussite. L’enfant doit être au centre de tout ce qui se décide, tout doit se faire pour son intérêt pour sa réussite à court et moyen terme et son épanouissement total à long terme. Et cela j’insiste sur ce fait avec les parents. C’est la raison pour laquelle, nos relations avec les parents sont des relations privilégiées.
Scrib magazine : Pour l’année scolaire 2011- 2012, Ste Marie a fait 100% au Bac. Combien cela est-il arrivé dans l’histoire de l’école ?
Madame le proviseur : si je me fie aux documents de l’école, la première promotion de bachelières en 1970 a fait 100%. Et l’an dernier nous avons réédité l’exploit.
Scrib magazine : en moyenne, quels sont les scores au BAC et au BEPC ?
Madame le proviseur : en moyenne, nous sommes au-delà des 90% au bac et entre 85 et 90% au BEPC.
Scrib magazine : l’on entend dire très souvent que Ste Marie c’est l’école des privilégiés sociaux, des nantis, des enfants de ministres …
Madame le proviseur : Vous savez ce genre de discours, on l’entend tout le temps. Ce n’est pas juste d’autant plus qu’à l’origine de cette structure, la question a été résolue. Cette communauté religieuse qui a fondé Ste Marie a les mêmes structures en Europe et là bas ce sont des structures privées. Et le Président Houphouët a voulu que toutes les filles de Côte d’Ivoire quelque soit leur statut social profite de ce projet éducatif. Voilà pourquoi c’est une structure publique. Nous recevons donc les enfants de toutes les couches sociales. Elles viennent de partout : des villages, des sous-préfectures, de l’intérieur du pays. Ce ne sont pas des enfants de privilégiés. Non. Je pense que les privilégiés s’adressent aux structures beaucoup plus chères.
Scrib magazine : Mais vous bénéficiez de moyens spéciaux quand même.
Madame le proviseur : Non. Nous sommes un établissement public. Et nous fonctionnons avec la même proportion de budget alloué par l’Etat. Le seul avantage que nous avons sans doute que toutes les écoles n’ont pas mais que certaines quand même ont c’est l’internat. Vous savez, l’internat participe à nos résultats scolaires.
Scrib magazine : Comment ?
Madame le proviseur : Maintenir les enfants sur place, leur éviter les nombreux déplacements, les soustraire des nombreuses contraintes familiales, leur offrir un cadre serein de travail, c’est aussi garantir un bon rendement. Je vous l’assure l’internat aide beaucoup. L’internat est quand même un cadre idéal d’apprentissage. Ici, nous avons un internat d’une capacité de 412 places. Mais depuis un certain nombre d’années les parents ne nous amènent pas leurs enfants. Actuellement le nombre de pensionnaires de l’internat tourne autour de 300 à 360 élèves. Pour les parents qui sont à l’intérieur du pays, l’internat évite les problèmes de tuteurs et de déplacements intempestifs en maintenant les enfants dans de bonnes conditions de vie et d’étude. C’est donc un atout pour nous.
Scrib magazine : Le secret de la réussite de Lycée Sainte Marie ne réside t-il pas dans le fait que vous avez tout à votre disposition et que vous n’avez pas de problèmes ?
Madame le proviseur : Non. Les problèmes on les a. De l’extérieur, l’on pense que notre institution ne souffre de rien. C’est faux.
Scrib magazine : quels sont donc vos problèmes ?
Madame le proviseur : je ne ferai pas le tour de toutes nos difficultés mais actuellement, le problème que nous avons est celui des effectifs de classes de 6ème et des classes de 2nde. Même les classes de 5ème et de 4ème. Tout le monde veut inscrire son enfant à Ste Marie. Je pense que c’est légitime. Malheureusement, notre capacité d’accueil ne peut pas satisfaire toutes les demandes. Donc on essaie de gérer avec la hiérarchie.
Lorsque les effectifs de classes sont élevés, cela influence la qualité de l’enseignement et l’encadrement prend un coup.
Scrib magazine : et les effectifs sont en moyenne à combien ?
Madame le proviseur : au 1er cycle c’est entre 50 et 60 élèves par classe. Il y a certaines classes qui vont au-delà de 60 élèves. Et ça, je vous l’avoue ce n’est pas fait pour arranger les choses. Mais on essaie de comprendre la situation puisqu’il n’y a pas suffisamment d’établissements de filles sur Abidjan et même en Côte d’Ivoire. Ce sont des problèmes du pays, notre mission est aussi de trouver des solutions en internes à ces problèmes.
Et il faudrait que notre hiérarchie songe à créer des établissements scolaires destinés aux filles car aujourd’hui, notre génération de parents, avons pris conscience qu’il faut scolariser la jeune fille. Les besoins sont en réalité énormes.
Dans notre société a nous, on a toujours éduqué la jeune fille à part. Si l’on veut augmenter le taux de scolarisation des jeunes filles, je pense qu’il faut augmenter les écoles de jeunes filles.
Scrib magazine : Madame le proviseur, dites-nous le personnel ici - surtout le personnel enseignant - d’où provient-il?
Madame le proviseur : les enseignants que nous avons sont des enseignants qui nous viennent de partout. Ce sont des enseignants qui ont été formés dans les mêmes conditions que les autres à l’École Normale Supérieure (ENS). Ils ne sont pas formés spécialement.
J’avoue que c’est l’esprit et l’atmosphère qui incitent au travail bien fait. C’est un esprit de famille et de responsabilité. Et puis face à ces jeunes filles, ces petits êtres fragiles qui aspirent à la formation, on ne peut qu’être émerveillé, on ne peut qu’être déterminé. C’est quand même un privilège de participer à la formation à l’éducation d’un être humain. Je pense que c’est ça qui fait la force du lycée. Ce n’est pas du tout une formation spéciale que le personnel reçoit, c’est la mission qui est tellement exaltante qui nous pousse à tout donner.
Scrib magazine : les élèves sont-ils confinés purement dans les études ?
Madame le proviseur : Non ! Pas du tout.
Scrib magazine : Alors, comment le volet extra-scolaire est-il géré ici ?
Madame le proviseur : dans les programmes de gestion de la vie éducative sont intégrés des activités de réflexions, des activités manuelles, culturelles et autres. Par exemple, nous avons les cours d’environnement que nous donnons qui sont intégrés dans les emplois du temps dans les classes de 6ème, 5ème et 4ème. À ces cours là, l’enfant découvre la nature, il apprend à le respecter et à l’entretenir de sorte à avoir un environnement sain. Ils sont initiés aux techniques agricoles. En dehors de ça, nous avons aussi au niveau de la littérature des activités telles que les cafés littéraires où nous faisons venir des auteurs. Avant que ceux-ci n’arrivent ont les incitent à lire les ouvrages de ces auteurs et à leurs arrivées les échanges se font. Nous avons aussi les conférences sur les thèmes d’actualités tels que le développement durable, sur la gestion du temps…
On a à l’intérieur des emplois du temps une heure spéciale réservée à ce que nous appelons les avis. Pendant cette heure, les responsables de divisions, chargées du suivi personnalisé des enfants, les entretiennent chaque jour sur différents thèmes de la société. Il y a beaucoup d’autres composantes en ce qui concerne l’extra-scolaire.
Donc on ne peut pas faire de l’éducation en faisant seulement les mathématiques, les cours ou que les études. Tout est intégré.
Scrib magazine : les élèves affectés ici sont-ils parmi les meilleurs de la Côte d’Ivoire ?
Madame le proviseur : Oui. Et c’est bien une volonté politique de mettre en place des établissements d’excellence et d’élites. Je pense que c’est une bonne chose. D’ailleurs cela se fait partout dans le monde. Et pour tout pays qui aspire au développement.On nous envoie les meilleures élèves. Mais pas toutes les meilleures de Côte d’Ivoire car notre capacité d’accueil ne peut pas contenir toutes les meilleures de Côte d’Ivoire. Mais celles que nous recevons possèdent un minimum. Nous essayons de travailler sur ce minimum pour en faire des élites.
Scrib magazine : Avez-vous des conseils à donner pour tout établissement qui aspire à devenir une école d’excellence comme Ste Marie?
Madame le proviseur : (hésitation et sourire) C’est difficile. (Un moment de silence). Devenir comme Ste Marie.
Il faut travailler en fonction du substrat que vous avez. On vous confie des enfants, qu’est ce que vous en faites ? Quels sont vos objectifs ? Cela fait la différence. On ne peut pas demander à quelqu’un fait comme Ste Marie s‘il n’a pas les mêmes infrastructures que Ste Marie, s’il n’a pas la même histoire que Ste Marie. On peut essayer d’adapter.
Mais l’essentiel dans tout ça c’est la rigueur. Vous faites des choix et vous restez rigoureux.
Scrib magazine : Madame, comment le lycée Ste Marie fait-il pour rester une école d’excellence ?
Madame le proviseur : je pense qu’il faut parler de l’origine de la structure. Cette école a été créée en 1962 par une communauté de religieuses sur recommandation du cardinal Bernard Yago, le président Félix Houphouët Boigny a autorisé que cette communauté religieuse vienne implanter leur projet éducatif en Côte d’ivoire. Avec l’indépendance, ce projet consistait à former la jeune fille de façon intégrale. C’est peut-être à ce niveau qu’on peut parler de secret. Il ne s’agit pas seulement de donner du savoir, de la culture ou des connaissances à la jeune fille. Il s’agit aussi de modeler celle-ci dans toute sa dimension : intellectuelle, spirituelle, morale, affective.
Au niveau du travail intellectuel, ce qui est visé, c’est d’amener la jeune fille à avoir une grande ouverture d’esprit. C’est de l’amener à utiliser toutes ses capacités et aller juste qu’au bout de tout ce qu’elle est capable de faire, de ne pas s’arrêter en chemin, de viser toujours haut dans l’apprentissage du point de vue des connaissance à acquérir et surtout dans la conduite de ses réflexions. Pour cela on lui demande d’être rigoureuse avec elle-même, d’être dans la vérité, de développer le sens de la vérité et de porter un regard sur le monde. Il s’agit de l’amener à apprendre pour servir l’autre. Pour pouvoir bien servir l’autre, il faut bien apprendre. C’est tous ces éléments réunis qui permettent à la jeune fille de produire de bons résultats pour servir son pays. Voilà donc les fondements de l’excellence du Lycée Ste Marie de Cocody.
Scrib magazine : Mais ce qui est assez remarquable ,c’est que cela fait 50 ans que vous existez et c’est aussi 50 ans d’excellence. Il est rare de voir les structures scolaires perdurer ainsi dans l’excellence. Comment expliquez-vous cela ?
Madame le proviseur : comme je vous l’ai dit, l’éducation ici, c’est la formation intellectuelle et la formation intégrale. Lorsque vous prenez un enfant dans toute sa dimension et que vous lui inculquez certaines valeurs d’intégrité, de probité et du travail bien fait, les résultats forcément suivent. Si vous mettez l’accent sur les résultats, au bout d’un certain temps, la structure va s’effondrer. Si c’est l’être dans son ensemble que vous formez, le cap est maintenu pour avoir de bons résultats en permanence. Voilà pourquoi Ste Marie depuis plusieurs années produit de bons résultats et reste une école d’excellence. On travaille l’esprit. Il y a l’esprit du travail bien fait, un esprit de rigueur, un esprit de partage, le sens de la responsabilité, le fait de mener des réflexions utiles pour soi et pour la société. Lorsque vous mettez l’accent sur ces valeurs, les résultats suivent et c’est naturel. Mais si vous faites l’inverse, à la longue la structure s’essouffle. Il faut pouvoir former l’individu et en toute responsabilité celui-ci opère ses choix.
Pour réussir cela, il faut que tous les acteurs du système s’engagent. Il faut qu’ils aient le même langage. S’entendre sur le minimum avec les parents et puis l’on accompagne tous l’enfant dans sa réussite. L’enfant doit être au centre de tout ce qui se décide, tout doit se faire pour son intérêt pour sa réussite à court et moyen terme et son épanouissement total à long terme. Et cela j’insiste sur ce fait avec les parents. C’est la raison pour laquelle, nos relations avec les parents sont des relations privilégiées.
Scrib magazine : Pour l’année scolaire 2011- 2012, Ste Marie a fait 100% au Bac. Combien cela est-il arrivé dans l’histoire de l’école ?
Madame le proviseur : si je me fie aux documents de l’école, la première promotion de bachelières en 1970 a fait 100%. Et l’an dernier nous avons réédité l’exploit.
Scrib magazine : en moyenne, quels sont les scores au BAC et au BEPC ?
Madame le proviseur : en moyenne, nous sommes au-delà des 90% au bac et entre 85 et 90% au BEPC.
Scrib magazine : l’on entend dire très souvent que Ste Marie c’est l’école des privilégiés sociaux, des nantis, des enfants de ministres …
Madame le proviseur : Vous savez ce genre de discours, on l’entend tout le temps. Ce n’est pas juste d’autant plus qu’à l’origine de cette structure, la question a été résolue. Cette communauté religieuse qui a fondé Ste Marie a les mêmes structures en Europe et là bas ce sont des structures privées. Et le Président Houphouët a voulu que toutes les filles de Côte d’Ivoire quelque soit leur statut social profite de ce projet éducatif. Voilà pourquoi c’est une structure publique. Nous recevons donc les enfants de toutes les couches sociales. Elles viennent de partout : des villages, des sous-préfectures, de l’intérieur du pays. Ce ne sont pas des enfants de privilégiés. Non. Je pense que les privilégiés s’adressent aux structures beaucoup plus chères.
Scrib magazine : Mais vous bénéficiez de moyens spéciaux quand même.
Madame le proviseur : Non. Nous sommes un établissement public. Et nous fonctionnons avec la même proportion de budget alloué par l’Etat. Le seul avantage que nous avons sans doute que toutes les écoles n’ont pas mais que certaines quand même ont c’est l’internat. Vous savez, l’internat participe à nos résultats scolaires.
Scrib magazine : Comment ?
Madame le proviseur : Maintenir les enfants sur place, leur éviter les nombreux déplacements, les soustraire des nombreuses contraintes familiales, leur offrir un cadre serein de travail, c’est aussi garantir un bon rendement. Je vous l’assure l’internat aide beaucoup. L’internat est quand même un cadre idéal d’apprentissage. Ici, nous avons un internat d’une capacité de 412 places. Mais depuis un certain nombre d’années les parents ne nous amènent pas leurs enfants. Actuellement le nombre de pensionnaires de l’internat tourne autour de 300 à 360 élèves. Pour les parents qui sont à l’intérieur du pays, l’internat évite les problèmes de tuteurs et de déplacements intempestifs en maintenant les enfants dans de bonnes conditions de vie et d’étude. C’est donc un atout pour nous.
Scrib magazine : Le secret de la réussite de Lycée Sainte Marie ne réside t-il pas dans le fait que vous avez tout à votre disposition et que vous n’avez pas de problèmes ?
Madame le proviseur : Non. Les problèmes on les a. De l’extérieur, l’on pense que notre institution ne souffre de rien. C’est faux.
Scrib magazine : quels sont donc vos problèmes ?
Madame le proviseur : je ne ferai pas le tour de toutes nos difficultés mais actuellement, le problème que nous avons est celui des effectifs de classes de 6ème et des classes de 2nde. Même les classes de 5ème et de 4ème. Tout le monde veut inscrire son enfant à Ste Marie. Je pense que c’est légitime. Malheureusement, notre capacité d’accueil ne peut pas satisfaire toutes les demandes. Donc on essaie de gérer avec la hiérarchie.
Lorsque les effectifs de classes sont élevés, cela influence la qualité de l’enseignement et l’encadrement prend un coup.
Scrib magazine : et les effectifs sont en moyenne à combien ?
Madame le proviseur : au 1er cycle c’est entre 50 et 60 élèves par classe. Il y a certaines classes qui vont au-delà de 60 élèves. Et ça, je vous l’avoue ce n’est pas fait pour arranger les choses. Mais on essaie de comprendre la situation puisqu’il n’y a pas suffisamment d’établissements de filles sur Abidjan et même en Côte d’Ivoire. Ce sont des problèmes du pays, notre mission est aussi de trouver des solutions en internes à ces problèmes.
Et il faudrait que notre hiérarchie songe à créer des établissements scolaires destinés aux filles car aujourd’hui, notre génération de parents, avons pris conscience qu’il faut scolariser la jeune fille. Les besoins sont en réalité énormes.
Dans notre société a nous, on a toujours éduqué la jeune fille à part. Si l’on veut augmenter le taux de scolarisation des jeunes filles, je pense qu’il faut augmenter les écoles de jeunes filles.
Scrib magazine : Madame le proviseur, dites-nous le personnel ici - surtout le personnel enseignant - d’où provient-il?
Madame le proviseur : les enseignants que nous avons sont des enseignants qui nous viennent de partout. Ce sont des enseignants qui ont été formés dans les mêmes conditions que les autres à l’École Normale Supérieure (ENS). Ils ne sont pas formés spécialement.
J’avoue que c’est l’esprit et l’atmosphère qui incitent au travail bien fait. C’est un esprit de famille et de responsabilité. Et puis face à ces jeunes filles, ces petits êtres fragiles qui aspirent à la formation, on ne peut qu’être émerveillé, on ne peut qu’être déterminé. C’est quand même un privilège de participer à la formation à l’éducation d’un être humain. Je pense que c’est ça qui fait la force du lycée. Ce n’est pas du tout une formation spéciale que le personnel reçoit, c’est la mission qui est tellement exaltante qui nous pousse à tout donner.
Scrib magazine : les élèves sont-ils confinés purement dans les études ?
Madame le proviseur : Non ! Pas du tout.
Scrib magazine : Alors, comment le volet extra-scolaire est-il géré ici ?
Madame le proviseur : dans les programmes de gestion de la vie éducative sont intégrés des activités de réflexions, des activités manuelles, culturelles et autres. Par exemple, nous avons les cours d’environnement que nous donnons qui sont intégrés dans les emplois du temps dans les classes de 6ème, 5ème et 4ème. À ces cours là, l’enfant découvre la nature, il apprend à le respecter et à l’entretenir de sorte à avoir un environnement sain. Ils sont initiés aux techniques agricoles. En dehors de ça, nous avons aussi au niveau de la littérature des activités telles que les cafés littéraires où nous faisons venir des auteurs. Avant que ceux-ci n’arrivent ont les incitent à lire les ouvrages de ces auteurs et à leurs arrivées les échanges se font. Nous avons aussi les conférences sur les thèmes d’actualités tels que le développement durable, sur la gestion du temps…
On a à l’intérieur des emplois du temps une heure spéciale réservée à ce que nous appelons les avis. Pendant cette heure, les responsables de divisions, chargées du suivi personnalisé des enfants, les entretiennent chaque jour sur différents thèmes de la société. Il y a beaucoup d’autres composantes en ce qui concerne l’extra-scolaire.
Donc on ne peut pas faire de l’éducation en faisant seulement les mathématiques, les cours ou que les études. Tout est intégré.
Scrib magazine : les élèves affectés ici sont-ils parmi les meilleurs de la Côte d’Ivoire ?
Madame le proviseur : Oui. Et c’est bien une volonté politique de mettre en place des établissements d’excellence et d’élites. Je pense que c’est une bonne chose. D’ailleurs cela se fait partout dans le monde. Et pour tout pays qui aspire au développement.On nous envoie les meilleures élèves. Mais pas toutes les meilleures de Côte d’Ivoire car notre capacité d’accueil ne peut pas contenir toutes les meilleures de Côte d’Ivoire. Mais celles que nous recevons possèdent un minimum. Nous essayons de travailler sur ce minimum pour en faire des élites.
Scrib magazine : Avez-vous des conseils à donner pour tout établissement qui aspire à devenir une école d’excellence comme Ste Marie?
Madame le proviseur : (hésitation et sourire) C’est difficile. (Un moment de silence). Devenir comme Ste Marie.
Il faut travailler en fonction du substrat que vous avez. On vous confie des enfants, qu’est ce que vous en faites ? Quels sont vos objectifs ? Cela fait la différence. On ne peut pas demander à quelqu’un fait comme Ste Marie s‘il n’a pas les mêmes infrastructures que Ste Marie, s’il n’a pas la même histoire que Ste Marie. On peut essayer d’adapter.
Mais l’essentiel dans tout ça c’est la rigueur. Vous faites des choix et vous restez rigoureux.