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Art et Culture Publié le mardi 18 décembre 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Education nationale / Cepe, Bepc, Bac de 1960 à 2012 : Pourquoi les parents d’élèves dépensent pour rien

© L’intelligent d’Abidjan Par Atapointe
Education/ formation: Kandia Kamissoko Camara en négociation avec les responsables syndicaux du secteur.
Lundi 17 décembre 2012. Abidjan.La ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement technique échange avec le forum des confessions religieuses, des chefs traditionnels et des associations de parents d’élèves pour le règlement de la crise à l’Ecole
Ce sont environ plus de 16 millions de candidats qui se sont présentés au Bac (baccalauréat), Bepc (brevet d’études du premier cycle) et Cepe (certificat d’études primaires et élémentaires) de 1960 à 2012. Après 52 années de l’accession à la souveraineté nationale et internationale de la Côte d’Ivoire, l’Ecole ivoirienne continue de glaner de mauvais résultats. De facto, elle fait beaucoup de gâchis malgré les réformes aussi diverses que variées. L’Ecole ne répond toujours pas aux attentes réelles des entreprises locales. Pour trouver les vraies raisons de ce ‘’ naufrage’’ collectif, nous avons jeté un regard profondément rétrospectif dans les annales des résultats du Cepe, Bepc et Baccalauréat organisés par le ministre de l’Education nationale depuis 1960 jusqu’à 2012.

Selon les historiens, c’est à Elima dans la région d’Assinie que la première Ecole de Côte d’Ivoire a été implantée en 1886 par le colonisateur français. De cette période à l’indépendance, l’Ecole a fait du chemin et beaucoup de cadres ont été formés. Pêle-mêle, l’on peut citer feu Félix Houphouët-Boigny, Alphonse Bony (ancien président de la Cour suprême), Mamadou Coulibaly (ancien président du Conseil économique et social), Ouattara Thomas d’Aquin (ancien chef d’Etat -major), Jean-Baptiste Mockey (ministre de la Santé publique), Yacé Philippe (ancien président de l’Assemblée nationale), Henri Konan Bédié (ancien Président de la République), feu Guéï Robert, Gbagbo Laurent (ex-Président de la République), Alassane Ouattara (actuel Président de la République) pour ne citer que ces quelques figures de proue ayant marqué la vie de la Côte d’Ivoire indépendante. Depuis l’accession de la Côte d’Ivoire à l’indépendance, dix-sept (17) personnalités se sont succédé à la tête du ministère de l’Education nationale, mais avec des fortunes diverses. Ce sont respectivement Joachim Bony (30 avril1 959-15 fév. 1963), Lambert Amon Tanoh (15 fév.1963-5 janvier 1970), Lorougnon Guedé(5 janv.1970-8 juin 1971), Félix Houphouët-Boigny (8 juin1971-1er déc.1971), Paul Akoto Yao(1er Déc. 1971- nov.1983), Pascal N. Dikébié (03 mars 1976-18 nov. 1983), Balla Kéita (18 nov.1983-20 fév.1990 ), Mme Odette Kouamé N’ Guessan (juillet 1986-30 nov.1990), Alassane Salif N’Diaye (20 fév.1990-30 nov.1990), Bamba Vamoussa (30 nov.1990-19 juin 1993), Salif Touré (19 juin 1993-15 déc. 1993), Pierre Kipré (15 déc. 1993- 10 août 1999), Norbert Anet Kablan(10août1999-24 déc. 1999), Michel Amani N’Guessan (04 janv. 2000-07 avril 2007), Gilbert Bleu-Lainé (07 avril 2007- déc. 2010). Puis, est venue Mme Kandia Camara le 1er juin2011. Félix Houphouët-Boigny, premier Président de Côte d’Ivoire, avait l’habitude de dire que l’Education absorbait 42% du budget de l’Etat. C’est cet homme d’Etat qui a donné à son pays, la Côte d’Ivoire, les fondamentaux de son développement. Car, il disait attacher beaucoup de prix à l’éducation et à la formation. A preuve, c’est lui qui a envoyé en 1946, des jeunes ivoiriens en France pour étudier après la fin de leurs études primaires (compagnons de l’aventure 1946). Dans sa politique éducative, ses successeurs tels Henri Konan Bédié (7déc.1993-24déc.1999), Guéï Robert (24déc1999-22oct.2000), Gbagbo Laurent (22oct. 2000-11avril2011) sont restés dans ses sillons, savamment tracés. Alassane Ouattara arrive en 2011 et décide de procéder à des réformes profondes par l’entremise de Mme Kandia Camara, ministre de l’Education nationale.

Etats des lieux
Depuis des lustres, tout le monde s’accorde à reconnaître que le système éducatif ivoirien a du plomb dans l’aile. Quelles sont les raisons qui sous-tendent cette catastrophe? Selon les statistiques des résultats des examens à grands tirages du ministère de l’Education nationale, le Cepe (certificat d’études primaires et élémentaires), Bepc (brevet d’études du premier cycle) et le Baccalauréat ont connu de 1960 à 2012, une courbe en dents de scie avec des baisses ahurissantes (voir graphique). Pour constituer les besoins de l’Etat de Côte d’Ivoire en cadres pour l’administration, Houphouët-Boigny, Président de République d’alors, était obligé d’accélérer la formation. En 1960, le taux d’admissibilité au Cepe était de 46,6%, 51,28% pour le Bepc et 69, 84% pour le Baccalauréat. En 1961, les candidats plient l’échine 41,93% pour le Cepe, 45,74% pour le Bepc et 54,63% pour le Bac. En 1962, la baisse continue avec 33,77% pour le Cepe, 58,06% pour le Bepc et 54,62% pour le Bac. La chute libre perdure en 1963 avec 31,34% pour le certificat d’études primaires, 45,08% pour le brevet d’études du premier cycle et 63,98% pour le baccalauréat. En 1964, il y a eu un semblant d’équilibre avec 33,79% pour les candidats au Cepe, 39,79% pour ceux du Bepc et 65,13% pour ceux du Bac. La descente aux enfers reprend en 1965 avec 30,52% pour les élèves de Cm2, 45,93% pour ceux des classes de 3è et 53,47% pour les Terminales. En 1966, les candidats restent dans la catastrophe avec 31,44% pour le Cepe, 42,08% pour le Bepc et 31,86% pour le Bac. Les résultats plongent dans les profondeurs abyssales en 1967, avec 29,29% au Cepe, 37,07% au Bepc et 35,7% au Bac. C’était la première vraie catastrophe parce que l’université de Cocody, la toute première de Côte d’Ivoire venait d’être créée en 1964 avec une capacité d’accueil de 6000 étudiants. En 1968, les résultats redressent un peu la tête avec 46,02% pour le Bepc et 45,78% pour le Bac quand ceux du Cepe s’enfoncent avec 28,21%. En 1969, les candidats au Bac cartonnent avec 72,53% d’admis sur les 970 inscrits quand ceux du Cepe et du Bepc jouent à l’équilibriste avec respectivement 26,59% et 46,99%. En 1970, les 10 500 candidats au Bepc frappent fort avec 55,11% quand 47 380 soupirants au Cepe stagnent avec 26,56% et les 1127 conquérants du Bac plongent à 70,41%. En 1971, c’est la plongée générale pour tous : le Cepe 24,22%, 50,07% pour le Bepc et 62,09% pour le Bac. Les candidats en 1972 ont obtenu 20,59% au Cepe 47,24% au Bepc et 56,03% au Bac ; quand ceux de la cuvée 1973 stagnaient respectivement à 18,05% au Cepe, 45,24% au Bepc et 56,73% au Bac. En 1974, c’est le naufrage général avec 16,05% pour le Cepe, 39,92% pour le Bepc et 47,88% pour le Bac. Les candidats de 1975 sont restés dans l’abîme avec 16,6% au Cepe, 47,34% au Bepc et 45,93% au Bac. En 1976, 14,27% d’admis au Cepe, 50,84% au Bepc et 47,19%. De pleins pieds dans ‘’le miracle ivoirien’’, les candidats en 1977 obtiennent 15,58% au Cepe, 54,16% Bepc et 49,89% au Bac. En 1978, les résultats donnent 15,12% au Cepe, 56,87% au Bepc et 47,09% au Bac quand en 1979, les tout-petits engrangent 15,96%, 49,09% pour leurs aînés et 49,02% pour les plus grands. En 1980, le Cepe livre ses secrets 15,35% d’admis, 53,58% au Bepc et 38,32% au Bac. La conjoncture arrive en 1981. Cela change toutes les donnes tant économiques que politiques et le système éducatif n’est pas épargné.

Bac probatoire et suppression de l’oral au Bepc
Pour ‘’tamiser’’ le flux des admis aux examens à grands tirages, des barrières difficilement franchissables sont mises en place pour tous les élèves des classes de Première (1ère) qui doivent être soumis à un examen appelé le ‘’Bac probatoire’’. C’était l’hécatombe scolaire. Cette évaluation donnait accès aux classes de Terminale selon les séries pour les admis. Mais, hélas ! Le probatoire a fait beaucoup de ‘’gâchis’. Car, cet examen artificiel a sonné précocement le glas du cursus scolaire de beaucoup d’enfants de Côte d’Ivoire, et pourtant, brillants. Après leur échec, les élèves dont les parents avaient un peu de moyens ont envoyé leurs enfants faire directement le Baccalauréat dans les pays francophones de la sous-région notamment à Bobo-Dioulasso et Ouagadougou (Burkina-Faso). Ainsi, beaucoup de personnalités de Côte d’Ivoire ont obtenu leur Bac sur les bancs du pays ‘’des hommes intègres’’. Les cas sont légion. Pour le Bepc, il existait avant 1982, une session de rattrapage, après la proclamation des résultats, dénommée l’oral pour ceux qui n’étaient pas loin de la moyenne requise pour l’admissibilité. Donc, les résultats en 1981 donnent 16,3% au Cepe, 52,78% Bepc et 47,12% au Bac contre respectivement en 1982, 15,48% au Cepe, 41% au Bepc et 44,56% au Bac. En 1983, le nouveau ‘’dispositif’’ fait pour les classes de Cm2 15,13%, 31,04% pour les 3è et 68,31% pour les Terminales. Les tout-petits font en 1984, les frais avec 15,87%, les moins grands 43,55% et les plus grands 58,63%. En 1985, les choses se compliquent pour tous les candidats au Cepe 14,75%, Bepc 16,12% et Bac 55,77%. Un léger frémissement se fait sentir en 1986 au Cepe 15,74%, au Bepc 25,63% et 51,43% au Bac. Patatras ! Tout s’effondre en 1987, avec des résultats alarmants de 16,35% pour les candidats au Cepe, 13,08% pour ceux du Bepc et 66,9% pour ceux du Bac. Le chemin de croix commence en 1988 avec le Bac qui fait 36,12% d’admis, 17,53% pour le Cepe et 28,88% pour le Bepc. En 1989, les choses ont été équilibrées et le Cepe glane 20,42%, le Bepc glapie 29,65% et le Bac s’équilibre avec 38,2% dans une atmosphère revendicative de remous sociaux généralisés. En 1990, les résultats au Cepe sont 20,15%, 42,48% pour le Bepc et 52,14% pour le bac.

L’avènement du multipartisme en 1990
La physionomie de l’Ecole change à cause des grèves à répétition des élèves et étudiants puis, les Réformes seront en cours. Le Meeci (Mouvement des Elèves et Etudiants de Côte d’Ivoire) inféodé au Pdci d’Houphouët-Boigny, meurt sous le président Aboubacar Kéita. Puis, naît la Fesci (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire) avec son Secrétaire général, Ahipaud Martial, attelée aux crochets du Fpi. En 1991, l’affaire de Thierry Zébié (assassiné en mars par ses camarades étudiants) secoue l’Ecole. Les activités de la Fesci sont suspendues par le gouvernement et l’organisation entre dans la clandestinité. Les résultats, cette année-là, ont été 20,15% pour le Cepe, 42,48% pour le Bepc et 52,14% pour le Bac. En 1992, l’environnement politique est tendue avec l’arrestation des ‘’casseurs’’ (Laurent Gbagbo et les siens) du 18 février, suite à une marche dénommée ‘’l’assaut final’’ pour protester contre les résultats de l’enquête des événements (barbaries) de la cité universitaire de Yopougon. Les résultats périclitent avec 24,25% au Bac, 25,63% au Bepc et 21,15% Cepe. En 1993, le Cepe donne 25,7%, le Bepc s’arroge les 26,64% et 30,24% pour le Bac.

Cumul de l’Entrée en 6è avec l’examen du Cepe

En 1994, le Cepe fait 37,34%, le Bepc et le Bac plient tous, l’échine avec respectivement 7,85% et 13,39%. En 1995, la première élection après le décès d’Houphouët doit avoir lieu dans un contexte de boycott actif des partis de l’opposition (Fpi de Laurent Gbagbo et Rdr de Djény Kobenan). Le Cepe, le Bepc et le Bac glapissent respectivement avec 40,27% ; 22,61% et 24,68%. Pour l’année 1996, nous n’avons pu avoir que les résultats du Bepc et du Bac qui donnent 29,05% pour le Bepc et 25% pour le Bac. En 1997, les résultats s’équilibrent avec 33,74% pour le Cepe 24,77% pour le Bepc et 29,34% pour le Bac. Ils sont confirmés en 1998, avec 50,37% pour les plus petits, 35,61% pour leurs aînés et 35,96% pour les plus grands. en 1999, tout chute. Le Cepe fait 35,02%, quand les candidats au bac obtiennent 30,09% et ceux du Bepc 24,49%. Le 24 décembre 1999, un coup d’état militaire survient. Le Général Guéï Robert et le CNSP (comité national de salut public) prennent les rênes du pouvoir jusqu’à l’élection présidentielle du 24 décembre 1999.

Les réformes sous la refondation

En octobre 2000, Laurent Gbagbo devient Président de la République. Il engage des réformes dans l’Ecole. Son action a fait effet : Cepe 54,4%, Bepc 26,28% et Bac 36,61%. Ces chiffres se confirment en 2001, avec 53,34% au Cepe, 28,6% au Bepc et 38,16% au Bac. En 2002, les candidats réaffirment les résultats au Cepe avec que 30,22%. Le 19 septembre, le coup d’Etat contre Gbagbo échoue et se mue en rébellion. Le pays est divisé entre deux parties par une force d’interposition. Arrivent les examens de 2003. Les candidats ont reculé avec 60,58% au Cepe 32,92% au Bepc et 32,52% au Bac, dit-on à cause de la crise militaro-politique. En 2004, le Cepe tient la dragée haute avec 80,43%, quand le Bepc bondit à 39,16% et le Bac surprend agréablement avec 43,86%. en 2005, les choses s’effritent avec 70,44% au Cepe, 23,31% au Bepc et 27,92% au Bac. Les candidats aux examens de 2006 obtiennent 76,36% au Cepe, 34,98% au Bepc et 40,09% au Bac. En 2007, 76,36% au Cepe, 45,34% au Bepc et 25,56% au Bac. Le Cepe recule en 2008 avec 72,09% quand le Bepc crie plus fort à 34,58% et le Bac reste à l’équilibre avec 26,87%. En 2009, seuls les tout-petits cartonnent avec 74,51% et les candidats au Bepc et au Bac se contentent respectivement de 23,4% et 20,12%. En 2010, la Côte d’Ivoire prépare l’élection présidentielle dite de sortie de Crise pour le 30 octobre. Les choses se muent en violence postélectorale et l’Ecole est profondément touchée dans sa moelle épinière. Cependant, les résultats au Cepe ont été de 68,90% au Bepc 31,40% et 23,71%. En outre, le Bac 2012 donne 25,22% contre 20,59% en 2011 et 23,71% en 2010. Sous la refondation, une réforme tendant à supprimer le concours d’entrée en 6è avait alimenté les débats. La dictée, considérée comme la bête noire des écoliers, devrait être de facto supprimée au Cepe. Mais, une levée de boucliers des associations des parents d’élèves a fait reculer les initiateurs de la réforme, jugée de mauvaise. Quant aux coefficients des matières comme les Mathématiques, Français (composition française, dictée-questions), Anglais, Sciences physiques, Sciences de vie et de la terre (Svt) ont tous été ramenés à 1(un) au lieu d’un coefficient 2 ; 3 ou 4.

Les Ambitions de Kandia

Au commencement était la parole. Mme Kandia Camara, dès sa prise de fonction en tant que ministre de l’Education nationale a, le 1er août 2011, rencontré toute la presse nationale et internationale pour leur faire part de ses ambitions pour l’Ecole ivoirienne qu’elle voudrait nouvelle avec de grandes ambitions dans le respect des normes internationales. Ainsi, elle va déclarer à haute et intelligible voix que ses chevaux de bataille sont la lutte contre la fraude et la tricherie. Dans l’urgence, elle expérimente l’inscription en ligne pour maîtriser les effectifs dans les classes voire établissements. Un an après, elle a vu la dure réalité avec les mauvais résultats aux examens de fin d’année. C’est pourquoi, elle a initié plusieurs séminaires de renforcement de capacités pour enclencher des réformes et renverser la tendance. «Pour satisfaire les besoins en enseignants, 3 000 diplômés contractuels ont été recrutés en avril 2012, formés et affectés dans les établissements d’enseignement secondaire sur la base des déficits exprimés. Ils reçoivent présentement une formation complémentaire soutenue de 30 jours. En plus des 2 500 instituteurs adjoints recrutés en 2012, un effort supplémentaire a été fait pour le recrutement de 2 500 instituteurs ordinaires actuellement en formation dans les centres d’animation et de formation pédagogique. Au total, ce sont 5 000 instituteurs qui iront combler les déficits identifiés.»,a souligné Mme Kandia. Dans sa lancée lors de la traditionnelle réunion de rentrée 2012-2013, Mme Kandia a révélé que le démarrage de la construction et l’équipement des infrastructures scolaires est effectif pour 1 500 salles de classe du primaire, 143 du préscolaire, ainsi que 100 logements d’instituteurs. Ce sont, selon elle, 25 000 salles de classe qui sont visées d’ici 2015 par le programme Présidentiel d’urgence. Pour l’équipement de 127 établissements du secondaire en matériels scientifiques, Mme Kandia annonce que le Programme présidentiel vient d’octroyer 5 milliards de FCFA à son département. Au titre de la rentrée scolaire, la ministre affirme que 1800 salles de classe du primaire sont disponibles pour cette rentrée 2012-2013 avec les 1500 classes prises en compte par le Programme présidentiel, soit un total de 3300 classes qui seront livrées pour cette rentrée scolaire. Pour l’enseignement secondaire, le ministre déclare que 8 nouveaux collèges vont accueillir des élèves et les travaux de cinq (5) collèges sont achevés dans le cadre du Projet d’Appui au Secteur Education/Formation (PASEF), puis, 11collèges de proximité dont les travaux de construction ont déjà commencé seront disponibles cette année. Les ambitions du ministre prennent en compte la réhabilitation de 21 classes du primaire à Agboville, Bloléquin, Duékoué et Guiglo, ainsi que quinze lycées d’excellence, le lycée moderne d’Abobo, et le collège moderne de Cocody, sans oublier les bâtiments administratifs. «Au plan pédagogique, les programmes scolaires recadrés selon l’approche par les compétences ont été validés et sont disponibles pour cette rentrée. En outre, deux nouvelles disciplines d’enseignement ont été instituées par décrets pris le mercredi 12 septembre 2012. Ce sont : l’Education aux Droits Humains et à la Citoyenneté (EDHC) et les Technologie de l’Information et de la Communication(TIC) à l’école. Fort à propos, dans le cadre de l’introduction des TIC à l’école, le Lycée des Jeunes Filles de Yopougon a été doté d’équipement adéquat pour servir de site pilote. Dans la même veine, 50 sites pilotes ont été retenus pour expérimenter les TIC à l’école. Le renforcement des capacités d’un pool d’encadreurs pour cette expérimentation est engagé», a-t-elle fait connaître. Au plan international, le ministre Kandia indique que le Projet d’appui institutionnel et multisectoriel à la sortie de crise (PAIMSC) a pu réhabiliter 672 salles de classe et donner une formation pédagogique à plus de 4 000 enseignants bénévoles. D’autres opportunités se précisent avec le Contrat Désendettement et Développement (C2D) et la KFW dans le domaine de l’accroissement des structures d’accueil nécessaires au relèvement du taux de scolarisation en Côte d’Ivoire. La numérisation du Service des archives de la Direction des examens et concours a été effective grâce à la coopération japonaise sur requête de l’UNESCO. Il convient de rappeler également le don de 21,4 milliards de FCFA du Partenariat mondial pour l’Education à la Côte d’Ivoire afin de financer certaines réformes. Dans le cadre de la mise en œuvre de la gratuité de l’école, 2 400 000 kits scolaires ont été distribués en 2012 et 2 500 000 autres sont prévus pour cette année 2013. «En termes d’équité, il a été élaboré un arrêté portant fixation de nouveaux critères d’attribution des bourses en vue d’un meilleur ciblage des bénéficiaires.», a lancé Mme Kandia.

Pourquoi tant d’échec

Selon Ibrahima Kourouma, inspecteur général, coordonnateur général de l’Inspection générale du ministre de l’Education nationale, «Les faibles résultats aux examens scolaires indiquent que le système connaît des difficultés liées surtout à l’encadrement de nos élèves. En effet, les enseignants malgré leur compétence et leur bonne volonté ne peuvent pas produire de bons résultats face à des effectifs pléthoriques dans les classes. Or, ces effectifs sont grossis par des recrutements illicites, dits recrutements parallèles. Tout cela fragilise le système et altère les résultats des examens que nous organisons, puisqu’il contribue à augmenter naturellement le nombre des candidats qui vont naturellement échouer. C’est quand nous allons entamer les réformes que nous aurons dans deux à trois ans de bons résultats.» L’environnement y est avant tout pour quelque chose. Les gouvernements successivement ont taillé l’entonnoir du taux de réussite pour mieux maîtriser le pouvoir. en 2012, l’on est en droit de s’interroger pourquoi tant d’échec. Ce sont les enseignants mal formés qui ne savent pas donner avec pédagogie la connaissance aux apprenants ou ce sont les apprenants qui ne sont pas épris de connaissances ? En d’autres termes, faut-il s’interroger si l’environnement politico-socio-économique est propice à l’éclosion de l’apprentissage. Selon les enseignants, les coefficients disparaissent au cours de l’année de la 6è à la 3è et réapparaissaient brusquement au Bepc. Cela est pour les enseignants, l’une des raisons profondes des mauvais résultats. C’est pourquoi, ils demandent que ces coefficients reviennent comme, ils étaient de la 6è à la 3è En 1960, le nombre global des candidats aux examens Cepe(7549), Bepc (non connu) et Bac(133) n’atteignait pas 15 000 candidats.

Etats généraux de l’école pour une thérapie de choc

De 1960 à 2012, ce sont environ 16 820 000 candidats qui se sont présentés au Cepe, Bepc et Bac pour un taux de réussite de 26,90% environ. Le Bepc a fait un taux de réussite de 37,87%, le Cepe 34,61% quand le Bac glapie à 42,80%. Tous les acteurs de l’Ecole, associations de parents d’élèves, enseignants, personnels administratifs, apprenants, partenaires, Unesco, ministère de l’Education nationale doivent s’asseoir et réfléchir sur la thérapie de choc qui peut ‘’guérir’’. Pour ce faire, il faut une rétrospection du chemin parcouru depuis 1960 afin de dégager avec certitude, les reformes adaptées aux réalités actuelles et aux défis du futur. Selon les enseignants, la problématique de l’adéquation-emploi est le talon d’Achille du système éducatif ivoirien. Combien sont les élèves qui, sans avoir terminé leurs cursus scolaires, sont sans qualification professionnelle? Est-ce que ceux qui ont fini leurs études dans l’enseignement général sont-ils aptes à travailler dans une entreprise ? A ces questions fondamentales, les Ivoiriens dans leur grande majorité sont unanimes à reconnaitre que le système éducatif ivoirien est mauvais. Aussi, disent-ils, le système n’a pas prévu l’adéquation formation-emploi. Selon des chefs d’entreprises qui ont requis l’anonymat, il faut repenser les méthodes de formation de telle sorte qu’hormis la théorie enseignée de la 6è à la Terminale, la pratique puisse être de mise. La Côte d’Ivoire émergente est à ce prix.

Réalisé par M.Ouattara
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