Le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Kigbafori Soro a effectué une visite à Abengourou, capitale de l’Indénié-Djuablin du 8 au 9 mars 2013. Comme pour ne pas déroger à la coutume et aux règles de l’art en pareilles circonstances, revêtu de son costume de N°2 de l’Etat, Guillaume Soro s’est occupé à passer au peigne fin les faits brûlants de l’actualité ivoirienne. Ainsi à la faveur d’une allocution prononcée face à un auditoire composé du roi Nanan Boua Kouassi III et de sa notabilité, le président des parlementaires se faisant passer pour le porte-voix d’un engagement de tous en faveur de la réconciliation, n’a pas manqué de jeter le pavé dans la mare de ceux qui ont précipitamment quitté le pays contre leur gré depuis 2011, pour échapper à la vindicte du pouvoir Ouattara. «… Le deuxième message, vous êtes sur l’une de nos grandes frontières avec le Ghana. La paix doit être au sein de l’Indénié. Mais vous avez la responsabilité de construire la paix avec nos voisins du Ghana. Que ceux de nos frères qui sont allés au Ghana reviennent, parce que ça ne sert à rien d’aller souffrir en exil », a déclaré Soro Guillaume, face aux populations locales. Certainement pour marquer son intention de faire de la réconciliation qu’il est allé localement prêcher, une volonté mise en avant par le pouvoir. Qu’à cela ne tienne. Mais que vaut de telles sorties quand la réalité du terrain nous offre plutôt des ferments de terreur jetés sur ceux à qui on lance des invites au retour à la mère patrie. Et qui vivent dans leurs lieux de retranchement ghanéen, les pires misères morales existentielles. Surtout que le pouvoir en a déjà fait une démonstration éloquente. Les extraditions manu militari de Blé Goudé le jeudi 17 janvier 2013, du Commandant Abéhi et de Jean Yves Dibopieu le mercredi 6 février 2013, pendant qu’on chante la réconciliation à tout venant, trahissent les intentions politiques de Soro qui fait mime de s’apitoyer sur le sort des exilés. Et de cette rocambolesque prêche pour le retour au pays «Ça ne sert à rien d’aller souffrir l’exil», il faut y déceler la mauvaise foi d’une parole qui souffle le froid pour récolter le chaud. Loin d’être dupes d’une telle envolée lyriquement politique que Soro croit avoir distillée pour sa bonne gouverne, les exilés ne se laisseront certainement pas mordre à de tels hameçons dont l’appât est recouvert et imbibé de duperie à revendre.
Marcel Dezogno
Marcel Dezogno