Les Ivoiriens continuent d’attendre les effets normalisants d’un processus pourtant lancé avec emphase par le pouvoir en place.
Pilier essentiel de la reconstruction du pays, la réconciliation en Côte d’Ivoire est victime de « ses » pas trop alourdis. Aucune avancée notable. Quoique, régulièrement, les discours en font leur objet phare, quelle que soit la nature des rencontres (économique, sociale, religieuse…). La preuve, en réalité, que ce processus cristallise les attentions et inspire espoir. Car, la réconciliation qui apporte la paix, aujourd’hui très convoitée en Côte d’Ivoire et dans plusieurs contrées du monde, offre de meilleures garanties de succès et de développement. Le premier président ivoirien, Félix Houphouet-Boigny, avait d’ailleurs une maxime sur cet état de fait, qu’il n’hésitait pas à transmettre à ses divers auditoires. « Le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu », est depuis plus d’une dizaine d’années, abondamment chantée. Les Ivoiriens sont aujourd’hui résolus à se rappeler cette pensée-force, chaque fois que l’occasion se présente. Parce que le besoin d’une paix réelle et durable, fruit d’une réconciliation réussie, s’impose à tous. Et dans cette optique, autorités gouvernementales, sécuritaires, religieuses, coutumières, jeunes, femmes, bref, les populations, dans leur immense majorité, ne peuvent se voiler la face. La réconciliation est un impératif pour ce pays qui s’est engagé dans un vaste programme de reconstruction. Mais l’attente paraît si longue qu’on se surprend souvent à penser l’impossible. Nommé le 13 juin dernier, le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr), Charles Konan Banny, n’a pu prendre à temps son bâton de pèlerin. Des problèmes de trésorerie ont été plusieurs fois invoqués. Ce qui, entres autres entraves, a retardé, pourrait-on dire, la mise en route des instruments de la Cdvr dont l’installation des commissions locales est maintenant en cours. Aussi, les discussions entre le gouvernement du régime Ouattara et l’opposition « radicale » qui n’ont pas connu « l’évolution et la rapidité escomptées », n’en sont pas moins un frein ? Le mentor de ce parti politique, Laurent Gbagbo, rappelons-le, attend impatiemment à La Haye, aux Pays-Bas, la confirmation ou l’infirmation des charges retenues contre lui par le bureau de la procureure de la Cour pénale internationale (Cpi), Fatou Bensouda. La réconciliation appelée de tous les vœux, demeure, cependant, un processus de longue haleine. Qui « commande » patience, courage et persévérance.
Opter pour du vrai!
La Côte d’Ivoire n’est pas le premier pays à s’engager dans un processus de réconciliation nationale. D’autres pays africains dont notamment le Rwanda, l’Afrique du Sud du prisonnier historique de l’apartheid, Nelson Mandela, ont été contraints de s’y soumettre pour retrouver une certaine paix. Il faut du temps, selon les spécialistes en la matière, mais également (selon) toutes celles et tous ceux qui s’y mettent. La députée d’Abengourou, Marguerite Tano n’en dit pas le contraire : « c’est un processus dont il ne faut pas attendre de résultats dans l’immédiat. Il faut se doter d’un grand courage et poursuivre les actions dans le sens de l’apaisement et de la cohésion des populations. Cela prendra le temps qu’il faudra, poursuit-elle, mais l’essentiel, c’est de parvenir à une véritable réconciliation entre populations ivoiriennes, mais aussi entre celles-ci et les frères et sœurs avec qui elles vivent en Côte d’Ivoire ».
Pas de salut… !
Pour les Ivoiriens, la réconciliation est un passage obligé. Le porte-parole du président de la Cdvr, Franck Kouassi, ne doute pas qu’ils « veuillent tous aller à la réconciliation ». A l’en croire, ils aspirent même « y arriver rapidement ». Mais, selon lui, « la réconciliation nationale, sans laquelle le salut est impensable, ne saurait s’obtenir sans des modalités contenues dans la mission que le président Alassane Ouattara a confiée à la Cdvr ». Car, pour Franck Kouassi, « les populations ivoiriennes dans leur ensemble sont conscientes que seule la paix leur permettra de retrouver une certaine quiétude ». Après avoir expérimenté des périodes différentes : celle d’avant 2000 et celle de ces dix dernières années. Elles ont envie de s’exprimer, de se libérer de leurs rancœurs et rancunes, et lors des tournées des délégations de la Cdvr, elles l’ont fait savoir. Le porte-parole du président de la Cdvr se félicite d’ailleurs que les Ivoiriens réalisent que la guerre n’apporte que désolation et souffrance. Cependant, relève-t-il, malgré ce constat, on ne peut contraindre les uns et les autres à penser et à vivre la réconciliation. Qui reste « une très longue attente ». M. Kouassi précise aussi que « Charles Konan Banny n’est qu’un auxiliaire de la réconciliation…Il n’y a pas un bouton magique à actionner pour que le processus aille à son terme. C’est l’affaire de tous. » Sinon, déclare-t-il, « la Cdvr travaille et veut mener sa mission jusqu’au bout, en dépit des maigres moyens et de l’environnement parfois moins propice » au retour d’une paix durable. Ainsi, la réconciliation est certes voulue par le chef de l’Etat, mais elle est une voie royale pour l’ensemble des populations auxquelles, elle profitera, immanquablement. Le porte-parole de M. Banny s’indigne, en pareilles circonstances, que des discours prennent le contre-pied d’une disposition des esprits et des élans (humains) à aller à la réconciliation. « Le raidissement des discours politiques, les regains de violence et autres comportements nuisent bien à une avancée salutaire du processus», condamne-t-il. Toutefois, il garde espoir que Dieu œuvrera à l’accomplissement de la volonté commune d’une réconciliation salvatrice en Côte d’Ivoire.
Parfait Tadjau
Pilier essentiel de la reconstruction du pays, la réconciliation en Côte d’Ivoire est victime de « ses » pas trop alourdis. Aucune avancée notable. Quoique, régulièrement, les discours en font leur objet phare, quelle que soit la nature des rencontres (économique, sociale, religieuse…). La preuve, en réalité, que ce processus cristallise les attentions et inspire espoir. Car, la réconciliation qui apporte la paix, aujourd’hui très convoitée en Côte d’Ivoire et dans plusieurs contrées du monde, offre de meilleures garanties de succès et de développement. Le premier président ivoirien, Félix Houphouet-Boigny, avait d’ailleurs une maxime sur cet état de fait, qu’il n’hésitait pas à transmettre à ses divers auditoires. « Le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu », est depuis plus d’une dizaine d’années, abondamment chantée. Les Ivoiriens sont aujourd’hui résolus à se rappeler cette pensée-force, chaque fois que l’occasion se présente. Parce que le besoin d’une paix réelle et durable, fruit d’une réconciliation réussie, s’impose à tous. Et dans cette optique, autorités gouvernementales, sécuritaires, religieuses, coutumières, jeunes, femmes, bref, les populations, dans leur immense majorité, ne peuvent se voiler la face. La réconciliation est un impératif pour ce pays qui s’est engagé dans un vaste programme de reconstruction. Mais l’attente paraît si longue qu’on se surprend souvent à penser l’impossible. Nommé le 13 juin dernier, le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr), Charles Konan Banny, n’a pu prendre à temps son bâton de pèlerin. Des problèmes de trésorerie ont été plusieurs fois invoqués. Ce qui, entres autres entraves, a retardé, pourrait-on dire, la mise en route des instruments de la Cdvr dont l’installation des commissions locales est maintenant en cours. Aussi, les discussions entre le gouvernement du régime Ouattara et l’opposition « radicale » qui n’ont pas connu « l’évolution et la rapidité escomptées », n’en sont pas moins un frein ? Le mentor de ce parti politique, Laurent Gbagbo, rappelons-le, attend impatiemment à La Haye, aux Pays-Bas, la confirmation ou l’infirmation des charges retenues contre lui par le bureau de la procureure de la Cour pénale internationale (Cpi), Fatou Bensouda. La réconciliation appelée de tous les vœux, demeure, cependant, un processus de longue haleine. Qui « commande » patience, courage et persévérance.
Opter pour du vrai!
La Côte d’Ivoire n’est pas le premier pays à s’engager dans un processus de réconciliation nationale. D’autres pays africains dont notamment le Rwanda, l’Afrique du Sud du prisonnier historique de l’apartheid, Nelson Mandela, ont été contraints de s’y soumettre pour retrouver une certaine paix. Il faut du temps, selon les spécialistes en la matière, mais également (selon) toutes celles et tous ceux qui s’y mettent. La députée d’Abengourou, Marguerite Tano n’en dit pas le contraire : « c’est un processus dont il ne faut pas attendre de résultats dans l’immédiat. Il faut se doter d’un grand courage et poursuivre les actions dans le sens de l’apaisement et de la cohésion des populations. Cela prendra le temps qu’il faudra, poursuit-elle, mais l’essentiel, c’est de parvenir à une véritable réconciliation entre populations ivoiriennes, mais aussi entre celles-ci et les frères et sœurs avec qui elles vivent en Côte d’Ivoire ».
Pas de salut… !
Pour les Ivoiriens, la réconciliation est un passage obligé. Le porte-parole du président de la Cdvr, Franck Kouassi, ne doute pas qu’ils « veuillent tous aller à la réconciliation ». A l’en croire, ils aspirent même « y arriver rapidement ». Mais, selon lui, « la réconciliation nationale, sans laquelle le salut est impensable, ne saurait s’obtenir sans des modalités contenues dans la mission que le président Alassane Ouattara a confiée à la Cdvr ». Car, pour Franck Kouassi, « les populations ivoiriennes dans leur ensemble sont conscientes que seule la paix leur permettra de retrouver une certaine quiétude ». Après avoir expérimenté des périodes différentes : celle d’avant 2000 et celle de ces dix dernières années. Elles ont envie de s’exprimer, de se libérer de leurs rancœurs et rancunes, et lors des tournées des délégations de la Cdvr, elles l’ont fait savoir. Le porte-parole du président de la Cdvr se félicite d’ailleurs que les Ivoiriens réalisent que la guerre n’apporte que désolation et souffrance. Cependant, relève-t-il, malgré ce constat, on ne peut contraindre les uns et les autres à penser et à vivre la réconciliation. Qui reste « une très longue attente ». M. Kouassi précise aussi que « Charles Konan Banny n’est qu’un auxiliaire de la réconciliation…Il n’y a pas un bouton magique à actionner pour que le processus aille à son terme. C’est l’affaire de tous. » Sinon, déclare-t-il, « la Cdvr travaille et veut mener sa mission jusqu’au bout, en dépit des maigres moyens et de l’environnement parfois moins propice » au retour d’une paix durable. Ainsi, la réconciliation est certes voulue par le chef de l’Etat, mais elle est une voie royale pour l’ensemble des populations auxquelles, elle profitera, immanquablement. Le porte-parole de M. Banny s’indigne, en pareilles circonstances, que des discours prennent le contre-pied d’une disposition des esprits et des élans (humains) à aller à la réconciliation. « Le raidissement des discours politiques, les regains de violence et autres comportements nuisent bien à une avancée salutaire du processus», condamne-t-il. Toutefois, il garde espoir que Dieu œuvrera à l’accomplissement de la volonté commune d’une réconciliation salvatrice en Côte d’Ivoire.
Parfait Tadjau