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Politique Publié le mardi 2 avril 2013 | Notre Voie

Causes de la guerre en Côte d’Ivoire : Cissé Djiguiba accuse l’ivoirité

© Notre Voie Par Prisca
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Mercredi 28 juillet 2010. Abidjan. Photo: l`imam Cissé Djiguiba Abdallah, DG de la Radio al Bayane
«… Et la réconciliation est bien meilleur». C’est autour de ce thème tiré d’un verset du Saint Coran que l’imam Cissé Djiguiba, recteur de la mosquée «Salam» du Plateau, a animé la conférence publique initiée par la Ligue islamique des prédicateurs de Côte d’Ivoire (Lipci), samedi dernier, au carrefour jeunesse à Grand-Bassam. Au public composé pour les ¾ de la communauté musulmane, le conférencier a répété que le Saint Coran préconise la réconciliation entre les hommes comme meilleur moyen pour vivre ensemble. «La guerre n’est pas une fatalité. Elle est évitable», a-t-il indiqué. Avant de suggérer les solutions du Saint Coran, l’imam conférencier a défini «les causes de la guerre en Côte d’Ivoire et des conflits en particulier» et relevé les «conséquences» de la guerre.
Concernant la première partie (les causes), Cissé Djiguiba a précisé qu’il ne s’agit pas, pour lui, «de retourner le couteau dans la plaie. Mais d’identifier quelques causes… Les mêmes causes produisant les mêmes effets… faire en sorte que ces causes soient écartées définitivement…». La première cause, à l’en croire, est «le multipartisme en 1990 décidé par la conférence de la Baule», obligeant que «tout le monde s’aligne sous un dénominateur commun qu’on appelle la démocratie». Mais, pour le recteur de la mosquée du Plateau, «personne n’avait enseigné à la population les valeurs de la démocratie». Conséquence, il fait remarquer qu’ «en Côte d’Ivoire, il y a eu des conflits et Houphouet-Boigny, pour une fois dans sa vie, a été ébranlé».
Toujours au titre des causes, le conférencier a souligné que «la mort de Houphouet-Boigny a ouvert également le début d’une nouvelle ère, où la succession a posé de multiples questions… Il est né de surcroît un concept qui a été plusieurs fois interprété : l’ivoirité». Il a dénoncé que certains se sont saisis du concept pour en faire «une arme d’exclusion basée sur les classes tribales, régionales, ethniques». Cette crise, a-t-il estimé, a eu plusieurs manifestations. Notamment «la faillite de l’Etat de droit et du système judiciaire». Cette faillite de l’Etat est, au dire de l’imam, à l’origine de «l’impunité».
Poursuivant, il a indexé, au plan social, «le repli identitaire» en ces termes : «Chacun a créé un parti politique sur la base de son ethnie, de sa tribu». Au plan économique, il a fustigé «la corruption, les détournements à grande échelle… et l’enrichissement des banques des pays étrangers».
Cissé Djiguiba a aussi identifié des causes religieuses. Il a salué de prime abord tous les efforts faits par les hommes de Dieu. «Mais il n’en demeure pas moins que les bases de la religion n’ont pas été suffisantes pour éviter à la Côte d’Ivoire ce qu’elle a vécu», a-t-il déploré. Il a même comparé «ce conflit d’une rare violence» à la première et la seconde guerre mondiale. Il a fait allusion aux «fours crématoires où on mettait les gens pour les brûler et les réduire en cendres» et aux hommes brûlés en Côte d’Ivoire. «Ici, en pleine rue à Abidjan, les pneus ont servi pour brûler des êtres humains et d’autres applaudissaient. C’est le comble de la haine…», s’est-il indigné. Ayant vu cela, l’imam a interpellé les hommes et s’est aussi interpellé : «Nous interpellons, nous nous interpellons… sur le rôle des religieux dans cette crise». Puis il répond que «les religieux ont fait la politique. Ils étaient au bord des palais et à l’entrée des palais comme conseillers, faisant croire que quand le Christ (qui nous appartient tous et qui est l’un des plus grands musulmans que Dieu a envoyés à l’humanité) est dans une voie, elle n’est pas celle des musulmans». «D’aucuns se sont donné le quitus d’interférer dans la sphère politique, directement ou indirectement », a-t-il reconnu. C’est pourquoi il leur a demandé de «se ressaisir».
Après les causes et les conséquences, l’imam a réitéré au public ce que l’Islam enseigne comme solution aux conflits, à savoir la réconciliation. Dieu, a poursuivi Cissé Djiguiba, propose tout un programme en cas de conflits quelle qu’en soit la nature. Il s’agit de la prévention, la médiation… et la réconciliation. Ses affirmations ont été entérinées par le Cheick oul-Aîma Boikary Fofana, président du Conseil supérieur des imams (Cosim) et vice-président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (Cdvr), par ailleurs président de la cérémonie. Ce dernier a, en outre, souhaité que la Côte d’Ivoire tire profit de sa diversité. «Cette diversité doit être fécondée», a-t-il conseillé. Comme le conférencier, il a insisté en demandant aux hommes de mettre fin aux conflits au risque que les conflits finissent les hommes.
Les autorités coutumières politiques et administratives de Grand-Bassam étaient présentes à cette conférence marquant la fin de la première phase de la caravane de sensibilisation sur la réconciliation nationale initiée par la Lipci.

Armand Bohui
bohuiarmand@yahoo.fr
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