Longtemps à la traîne et hésitant, le pouvoir Ouattara décide enfin d'engager ses hommes, les Frci sur le redoutable front malien, dans le cadre de la Mission internationale de soutien au Mali(Misma). Là où les forces françaises et tchadiennes se battent corps et âme sur le terrain depuis plus de trois mois contre les islamistes dans les villes occupées puis dans le désert des montagnes des Ifoghas, avec des résultats probants. Les Ivoiriens à l'instar des autres pays déjà présents (Burkina, Bénin, Sénégal...) sur la zone, veulent aussi s'y déporter en spectateurs. «Dans le cadre de la transformation de la Misma, la Côte d'Ivoire sera présente sur deux axes. D'abord le bataillon logistique. Nous avons 225 hommes qui y seront et qui sont en train d'être préparés. Et plus tard nous allons envoyer un bataillon complet de près de 850 hommes. Le chef de l'Etat a accepté le principe que nous soyons présents. Je pense que c'est une opportunité pour nos hommes pour soutenir l'élan international qui est en cours pour la quête de la souveraineté complète du Mali. Dès la fin du mois de mars, la montée en puissance va se faire. Ils sont actuellement en formation avec nos partenaires de Licorne», a déclaré le ministre délégué à la Défense, sur les ondes de la Bbc, le 30 mars 2013. Sans toutefois omettre de faire une précision de taille. «Mais il faut le préciser, c'est un bataillon logistique. C'est à dire que ce n'est pas une unité combattante, il faut le préciser. Donc, nous allons avoir une compagnie d'à peu près 225 hommes qui vont servir d'appui en termes de ravitaillement, de transport, pour l'entretien du matériel. Nous allons renforcer l'effectif de nos hommes d'à peu près 800 hommes, pour appuyer les forces que l'Onu mettra en place», a-t-il précisé. Par cette décision inopinée, il faudra sûrement saluer la mouche qui a piqué le régime Ouattara pour enfin mais bien tardivement engager sa fameuse armée sur le front malien. Une décision qui reflète quelque peu le laxisme avec lequel la Cedeao traite et continue de traiter le problème malien. Et le comble dans tout ce manège digne d'une scène théâtrale orchestrée par les États de la sous-région, il y a plus de discours et de rencontres à des sommets à n'en point finir, qu'une présence dans le désert malien. Les Ivoiriens ne dérogent pas à ce état de fait, car le ministre a été on ne peut plus très explicite. «Ce n'est pas une unité combattante», dixit Paul koffi Koffi. Qui ne voudrait certainement pas livrer ses hommes aux embuscades des islamistes et la rigueur du climat désertique malien. Et pourtant, des forces non Cedeao payent de leur sang en lieu et place de celles qui devraient être en première ligne. Mais comme il s'agit de la Misma, il serait incongru de ne pas y voir une présence ivoirienne, étant entendu que Ouattara est l'actuel président de la Cedeao. Mais la parade à un engagement armé sur le terrain, confier aux forces ivoiriennes des tâches de ravitaillement et d'entretien, en somme des rôles de second plan. Cette volonté délibérée de les épargner de réels combats pourrait s'expliquer sans doute par le fait qu’on n’a pas confiance en ses hommes, et qu'il serait suicidaire de les engager sur une zone où ils seraient cueillis comme des pigeons. Ce qui va sans poser le cas de l'inefficacité des Frci qui sont pourtant vantées en qualité de forces très aguerries. L'occasion leur est donnée en international de le prouver comme le font actuellement les Français et les Tchadiens, les seuls aperçus sur le théâtre des combats. Et qui ont fait de cette guerre la leur. Des forces qui ne sont pas pour autant de la Cedeao. Certes le Mali est en voie de libération, mais au bout du compte la Cedeao n'aura pas combattu.
Marcel Dezogno
Marcel Dezogno