Un premier groupe de soldats tchadiens partis combattre au Tchad, est rentré hier au bercail. Le reste suivra dans les prochaines semaines. Les raisons d’un retour précipité.
Ils étaient 700 soldats des Forces armées tchadiennes en intervention au Mali, (Fatim) à regagner leur pays hier lundi 13 mai. L’accueil était à la hauteur de la bravoure de ces hommes qui ont combattu au Nord Mali, les éléments les plus déterminés d’Aqmi, (Al Qaida au Maghreb islamique). Avec 38 soldats tombés au front contre 6 pour les Français, ils ont certainement payé le plus lord tribut. Le président malien par intérim Dioncounda Traoré s’est personnellement déplacé au Tchad pour féliciter ces soldats dont l’un de leurs chefs, le Général Mahamat Idriss Déby Itno, qui n’est autre que le fils du président tchadien, a été décoré. A N’Djamena où ils étaient arrivés hier, c’est un véritable triomphe que les populations de la capitale ont fait à leurs «héros» en ce jour déclaré chômé et férié pour la circonstance. Mais pourquoi Idriss Déby Itno ordonne le retrait des «Fatim» alors que la guerre n’est pas encore totalement finie au Mali? La première raison est d’ordre économique. La guerre au Nord Mali coûte cher. Si le Tchad a pu se payer le luxe d’envoyer ses soldats combattre hors des frontières du pays, c’est surtout grâce aux revenus du pétrole. La manne de l’or noir a permis au Tchad d’équiper lourdement son armée. Cette puissance de feu de l’armée tchadienne qui fait aujourd’hui la fierté du président Déby a un coût. Contrairement au Tchad, la France communique sur ses dépenses au Mali. En effet, environ 200 millions d’euros, (131 milliards de Fcfa) ont été dépensés depuis le 11 janvier 2013, date du lancement de l’opération Serval. Les contribuables tchadiens, l’opposition en tête, commencent à accuser Déby de gaspiller les revenus du pétrole qui devraient plutôt servir à réduire la pauvreté chronique dans ce pays catalogué parmi les plus pauvres du monde. Les pertes en vies humaines enregistrées dans les rangs des «Fatim» avaient poussé, il y a deux mois, les députés tchadiens à demander d’abord que le Tchad ne soit pas le seul à payer la note, ensuite que les soldats retournent au pays. La seconde raison est liée à la sécurité du régime Déby. Il y a quelques semaines, le président tchadien a fait arrêter un certains nombre de personnes dont des militaires accusés de préparer un coup de force. L’intervention musclée qui a permis de tuer ce «putsch» dans l’oeuf, a fait trois morts. Peu de temps avant, Idriss Déby a directement accusé les autorités libyennes d’héberger sur leur sol des hommes qui préparaient la déstabilisation de son pays. Accusation bien sûr rejetée par Tripoli. Le rappel précipité des 700 soldats sur les quelque 2000 qui opèrent au Mali, est le signe que Déby sent une sérieuse menace planer sur son régime. L’explosion sociale qui pourrait résulter de cette extrême pauvreté, est le danger qui guette le plus Déby. Or si la grogne sociale s’amplifie, cette situation peut réveiller l’une des multiples rébellions qui n’attendent que le moment favorable pour se mettre en branle. Pour ces différentes raisons, «IDI», (Idriss Déby Itno» veut avoir ses éléments au pays, prêts à défendre son régime en cas de troubles graves. Enfin, ce rappel des troupes peut être aussi une pression que le président tchadien veut exercer sur la France, afin qu’elle appui plus concrètement son désir de commander la future Force onusienne de paix qui va remplacer les forces présentes actuellement sur le sol malien. Un dossier que l’Hexagone ne semble pas pour le moment défendre avec beaucoup d’entrain aux yeux de N’Djamena.
Charles d’Almeida
Ils étaient 700 soldats des Forces armées tchadiennes en intervention au Mali, (Fatim) à regagner leur pays hier lundi 13 mai. L’accueil était à la hauteur de la bravoure de ces hommes qui ont combattu au Nord Mali, les éléments les plus déterminés d’Aqmi, (Al Qaida au Maghreb islamique). Avec 38 soldats tombés au front contre 6 pour les Français, ils ont certainement payé le plus lord tribut. Le président malien par intérim Dioncounda Traoré s’est personnellement déplacé au Tchad pour féliciter ces soldats dont l’un de leurs chefs, le Général Mahamat Idriss Déby Itno, qui n’est autre que le fils du président tchadien, a été décoré. A N’Djamena où ils étaient arrivés hier, c’est un véritable triomphe que les populations de la capitale ont fait à leurs «héros» en ce jour déclaré chômé et férié pour la circonstance. Mais pourquoi Idriss Déby Itno ordonne le retrait des «Fatim» alors que la guerre n’est pas encore totalement finie au Mali? La première raison est d’ordre économique. La guerre au Nord Mali coûte cher. Si le Tchad a pu se payer le luxe d’envoyer ses soldats combattre hors des frontières du pays, c’est surtout grâce aux revenus du pétrole. La manne de l’or noir a permis au Tchad d’équiper lourdement son armée. Cette puissance de feu de l’armée tchadienne qui fait aujourd’hui la fierté du président Déby a un coût. Contrairement au Tchad, la France communique sur ses dépenses au Mali. En effet, environ 200 millions d’euros, (131 milliards de Fcfa) ont été dépensés depuis le 11 janvier 2013, date du lancement de l’opération Serval. Les contribuables tchadiens, l’opposition en tête, commencent à accuser Déby de gaspiller les revenus du pétrole qui devraient plutôt servir à réduire la pauvreté chronique dans ce pays catalogué parmi les plus pauvres du monde. Les pertes en vies humaines enregistrées dans les rangs des «Fatim» avaient poussé, il y a deux mois, les députés tchadiens à demander d’abord que le Tchad ne soit pas le seul à payer la note, ensuite que les soldats retournent au pays. La seconde raison est liée à la sécurité du régime Déby. Il y a quelques semaines, le président tchadien a fait arrêter un certains nombre de personnes dont des militaires accusés de préparer un coup de force. L’intervention musclée qui a permis de tuer ce «putsch» dans l’oeuf, a fait trois morts. Peu de temps avant, Idriss Déby a directement accusé les autorités libyennes d’héberger sur leur sol des hommes qui préparaient la déstabilisation de son pays. Accusation bien sûr rejetée par Tripoli. Le rappel précipité des 700 soldats sur les quelque 2000 qui opèrent au Mali, est le signe que Déby sent une sérieuse menace planer sur son régime. L’explosion sociale qui pourrait résulter de cette extrême pauvreté, est le danger qui guette le plus Déby. Or si la grogne sociale s’amplifie, cette situation peut réveiller l’une des multiples rébellions qui n’attendent que le moment favorable pour se mettre en branle. Pour ces différentes raisons, «IDI», (Idriss Déby Itno» veut avoir ses éléments au pays, prêts à défendre son régime en cas de troubles graves. Enfin, ce rappel des troupes peut être aussi une pression que le président tchadien veut exercer sur la France, afin qu’elle appui plus concrètement son désir de commander la future Force onusienne de paix qui va remplacer les forces présentes actuellement sur le sol malien. Un dossier que l’Hexagone ne semble pas pour le moment défendre avec beaucoup d’entrain aux yeux de N’Djamena.
Charles d’Almeida