Depuis quelques semaines, une controverse surgit, à nouveau, sur des questions d’enjeu national et d’intérêt sans doute international ; il s’agit des sempiternelles questions portant sur le foncier rural et la nationalité. J’ai lu sans comprendre les différentes interventions suscitées par ces questions, et j’avoue ne pas saisir les motivations qui sous-tendent les points de vue ou allégations, parfois, provoquées. Sans doute, mes connaissances très limitées en matière de droit constitutionnel et, surtout, de droit foncier, ne m’aident pas à lire les aspérités liées à ces questions et donc à saisir le substrat ou la trame du débat.
Au risque de passer aux yeux de tous pour un oiseau de mauvais augure, l’on peut y déceler un schéma bien échafaudé, avec un timing adapté, de réveiller les vieux démons de la division, de la marginalisation, l’exclusion ou la stratification, à tout crin, ce que les anglo-saxons appellent le « drop out » entre les Ivoiriens et ceux qui ont pris l’option définitive de vivre sur la belle terre de Côte d’Ivoire, « Terre d’espérance – Pays de l’hospitalité ».
De la question du foncier rural
Suffisamment instruit par les effets de nos contradictions, je m’étonne qu’il existe encore des individus ou groupuscules politiques dont la passion du moment est d’attiser les tensions sociales sur le problème du foncier rural.
Sur la question foncière, je n’arrive toujours pas à me faire à l’idée que des individus ou des groupes de personnes se donnent des droits ancestraux illimités dans le temps sur la terre que seul le bon Dieu a eu à créer. Ceux qui croient ou lisent aux saintes écritures peuvent l’attester. C’est Dieu qui a créé la Terre et non nos ancêtres. Ceci étant dit, il est vrai qu’à un moment donné de l’évolution de l’espèce humaine, des groupes de personnes se sont établies, pour des besoins de subsistance sur des terres, qu’ils considèrent comme leurs propriétés. Les différentes conquêtes à travers l’histoire en sont des témoignages. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de faire des conquêtes pour s’approprier des terres ; il s’agit plutôt d’en faire autre chose par la mise en valeur de ce patrimoine, ce capital.
Récemment, séjournant à Kouto, dans le Nord du pays, à la faveur de la visite que le Chef de l’Etat a effectué dans le District des Savanes, nous avons fait le constat agréable que les broussailles et autres bosquets qui obstruaient la voie, sur les axes d’Abidjan-Kouto, tout au long de la route, ont disparu. De petites parcelles mises en plantation donnaient l’impression que, dans ce pays dont l’économie repose sur l’agriculture, tout reste à faire pour mettre en valeur nos terres pourtant fertiles.
Il en est de même si l’on prend l’axe Abidjan-Odienné, en passant par Yamoussoukro, Daloa, Man et Touba. Tout n’est que brousse. Ce même spectacle est général sur l’ensemble du territoire. Même les périmètres agricoles aménagés à coup de dizaines de milliards de francs CFA par l’Etat ivoirien, au temps du Président Félix Houphouët-Boigny sont abandonnés. Malgré l’abandon de nos terres, malgré le fait que ce ne sont que moins de 5% des terres ivoiriennes qui sont mises en valeur, il se trouve des personnes pour parler de problème de foncier en Côte d’Ivoire. Mais, enfin, de quel problème foncier parle-t-on ?
Peut-on s’imaginer qu’une terre mise en valeur, donc procurant à son propriétaire des revenus substantiels, soit cédée pour devenir par la suite sujet ou objet de conflit ? Je ne le crois pas. Pour ceux qui ont la chance de faire un tour en Europe et aux Etats Unis, ils constateront qu’il n’existe aucun lopin de terre qui ne soit mis en valeur. Tous les espaces sont utilisés, soit pour l’agriculture et l’élevage, soit pour la sylviculture… La question qui se pose (et cela est du domaine du bons sens), c’est notre incapacité à mettre en valeur chaque hectare de notre territoire qui constitue le véritable problème et la source de tous les conflits auxquels nous assistons.
Quand des cadres d’une région sont dans l’incapacité de mettre au travail leurs parents et leurs jeunes frères restés au village, à travers une bonne occupation des terres dont ils disent être des propriétaires ancestraux, il ne faut pas s’étonner que les problèmes surviennent, surtout lorsque d’autres communautés plus industrieuses, à la recherche de terres cultivables, prennent les initiatives pour s’en approprier, toute proportion considérée.
Au total, sans se laisser aller, il est bienséant de souligner que l’on relativiserait sur les malentendus ou quiproquo ayant engendré hélas des conflits fonciers que lorsque nous affirmerons notre détermination à rentabiliser efficacement notre patrimoine, par une mise en valeur rationnelle et intelligente. Car, il n’y a que par cela que nous tuerons en nous ce goût prononcé pour le lucre et qui nous fait brader, à peu de frais, ce qui constitue le bien commun, la richesse nationale. Tel doit être perçu l’un des angles du débat. Arrêtons de vendre nos terres, servons-nous de nos terres pour créer de la richesse et de l’emploi.
De la question de la nationalité
Là encore, le débat emprunte au langage fourchu, au discours double avec, parfois, des accents populistes et démagogiques à couper le souffle. Il est une inconséquence flagrante de la part d’une intelligentsia petite bourgeoise qui, une fois installée pour un moment donné sur les bords de la Seine, en France, prétend aspirer à la nationalité française, dans les meilleurs délais, et que concernant le cas ivoirien, elle déclare s’opposer à ce que ceux qui vivent en Côte d’Ivoire, depuis leur naissance, parce que issus d’ascendants étrangers, puissent bénéficier de la nationalité ivoirienne.
Comment comprendre qu’un Sidibé, Diallo, Camara, etc, dont les parents ont immigré en Côte d’Ivoire avant l’indépendance, nés sur le sol ivoirien, ne puissent pas jouir de facto de la nationalité ivoirienne ? Nous tirons tous fierté de l’avènement Barack Hussein Obama Jr, dont le géniteur est d’origine kényane, à la tête de l’Exécutif américain, du plus puissant pays du monde, les Etats-Unis. Il a pu l’être, parce que la loi de son pays fait de lui un citoyen américain, car né sur le sol américain.
Au Ghana, plus près de nous, la savante combinaison entre droit de sol et droit de sang a permis d’éviter les problèmes d’apatridie que nous connaissons chez nous. C’est vrai que la classe politique est souvent encline à gloser sur le concept pour se mettre en évidence au niveau de la psychologie électorale, mais il y a fort à parier que le jour où la compétition électorale, en Côte d’Ivoire, se fera essentiellement sur la base des programmes et projet de société, et non sur des origines supposées, le déclic ou tocsin du développement sonnera… Le pays a tant à y gagner !
Comme pour paraphraser le politologue et chroniqueur Amin Maalouf, « les identités et les nationalismes étriqués sont parfois source de déflagrations sociales, meurtrières, et non de progrès social, de tolérance et de compréhension des enjeux de développement de demain ».
Joël N’GUESSAN
Porte-parole Principal du RDR
Au risque de passer aux yeux de tous pour un oiseau de mauvais augure, l’on peut y déceler un schéma bien échafaudé, avec un timing adapté, de réveiller les vieux démons de la division, de la marginalisation, l’exclusion ou la stratification, à tout crin, ce que les anglo-saxons appellent le « drop out » entre les Ivoiriens et ceux qui ont pris l’option définitive de vivre sur la belle terre de Côte d’Ivoire, « Terre d’espérance – Pays de l’hospitalité ».
De la question du foncier rural
Suffisamment instruit par les effets de nos contradictions, je m’étonne qu’il existe encore des individus ou groupuscules politiques dont la passion du moment est d’attiser les tensions sociales sur le problème du foncier rural.
Sur la question foncière, je n’arrive toujours pas à me faire à l’idée que des individus ou des groupes de personnes se donnent des droits ancestraux illimités dans le temps sur la terre que seul le bon Dieu a eu à créer. Ceux qui croient ou lisent aux saintes écritures peuvent l’attester. C’est Dieu qui a créé la Terre et non nos ancêtres. Ceci étant dit, il est vrai qu’à un moment donné de l’évolution de l’espèce humaine, des groupes de personnes se sont établies, pour des besoins de subsistance sur des terres, qu’ils considèrent comme leurs propriétés. Les différentes conquêtes à travers l’histoire en sont des témoignages. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de faire des conquêtes pour s’approprier des terres ; il s’agit plutôt d’en faire autre chose par la mise en valeur de ce patrimoine, ce capital.
Récemment, séjournant à Kouto, dans le Nord du pays, à la faveur de la visite que le Chef de l’Etat a effectué dans le District des Savanes, nous avons fait le constat agréable que les broussailles et autres bosquets qui obstruaient la voie, sur les axes d’Abidjan-Kouto, tout au long de la route, ont disparu. De petites parcelles mises en plantation donnaient l’impression que, dans ce pays dont l’économie repose sur l’agriculture, tout reste à faire pour mettre en valeur nos terres pourtant fertiles.
Il en est de même si l’on prend l’axe Abidjan-Odienné, en passant par Yamoussoukro, Daloa, Man et Touba. Tout n’est que brousse. Ce même spectacle est général sur l’ensemble du territoire. Même les périmètres agricoles aménagés à coup de dizaines de milliards de francs CFA par l’Etat ivoirien, au temps du Président Félix Houphouët-Boigny sont abandonnés. Malgré l’abandon de nos terres, malgré le fait que ce ne sont que moins de 5% des terres ivoiriennes qui sont mises en valeur, il se trouve des personnes pour parler de problème de foncier en Côte d’Ivoire. Mais, enfin, de quel problème foncier parle-t-on ?
Peut-on s’imaginer qu’une terre mise en valeur, donc procurant à son propriétaire des revenus substantiels, soit cédée pour devenir par la suite sujet ou objet de conflit ? Je ne le crois pas. Pour ceux qui ont la chance de faire un tour en Europe et aux Etats Unis, ils constateront qu’il n’existe aucun lopin de terre qui ne soit mis en valeur. Tous les espaces sont utilisés, soit pour l’agriculture et l’élevage, soit pour la sylviculture… La question qui se pose (et cela est du domaine du bons sens), c’est notre incapacité à mettre en valeur chaque hectare de notre territoire qui constitue le véritable problème et la source de tous les conflits auxquels nous assistons.
Quand des cadres d’une région sont dans l’incapacité de mettre au travail leurs parents et leurs jeunes frères restés au village, à travers une bonne occupation des terres dont ils disent être des propriétaires ancestraux, il ne faut pas s’étonner que les problèmes surviennent, surtout lorsque d’autres communautés plus industrieuses, à la recherche de terres cultivables, prennent les initiatives pour s’en approprier, toute proportion considérée.
Au total, sans se laisser aller, il est bienséant de souligner que l’on relativiserait sur les malentendus ou quiproquo ayant engendré hélas des conflits fonciers que lorsque nous affirmerons notre détermination à rentabiliser efficacement notre patrimoine, par une mise en valeur rationnelle et intelligente. Car, il n’y a que par cela que nous tuerons en nous ce goût prononcé pour le lucre et qui nous fait brader, à peu de frais, ce qui constitue le bien commun, la richesse nationale. Tel doit être perçu l’un des angles du débat. Arrêtons de vendre nos terres, servons-nous de nos terres pour créer de la richesse et de l’emploi.
De la question de la nationalité
Là encore, le débat emprunte au langage fourchu, au discours double avec, parfois, des accents populistes et démagogiques à couper le souffle. Il est une inconséquence flagrante de la part d’une intelligentsia petite bourgeoise qui, une fois installée pour un moment donné sur les bords de la Seine, en France, prétend aspirer à la nationalité française, dans les meilleurs délais, et que concernant le cas ivoirien, elle déclare s’opposer à ce que ceux qui vivent en Côte d’Ivoire, depuis leur naissance, parce que issus d’ascendants étrangers, puissent bénéficier de la nationalité ivoirienne.
Comment comprendre qu’un Sidibé, Diallo, Camara, etc, dont les parents ont immigré en Côte d’Ivoire avant l’indépendance, nés sur le sol ivoirien, ne puissent pas jouir de facto de la nationalité ivoirienne ? Nous tirons tous fierté de l’avènement Barack Hussein Obama Jr, dont le géniteur est d’origine kényane, à la tête de l’Exécutif américain, du plus puissant pays du monde, les Etats-Unis. Il a pu l’être, parce que la loi de son pays fait de lui un citoyen américain, car né sur le sol américain.
Au Ghana, plus près de nous, la savante combinaison entre droit de sol et droit de sang a permis d’éviter les problèmes d’apatridie que nous connaissons chez nous. C’est vrai que la classe politique est souvent encline à gloser sur le concept pour se mettre en évidence au niveau de la psychologie électorale, mais il y a fort à parier que le jour où la compétition électorale, en Côte d’Ivoire, se fera essentiellement sur la base des programmes et projet de société, et non sur des origines supposées, le déclic ou tocsin du développement sonnera… Le pays a tant à y gagner !
Comme pour paraphraser le politologue et chroniqueur Amin Maalouf, « les identités et les nationalismes étriqués sont parfois source de déflagrations sociales, meurtrières, et non de progrès social, de tolérance et de compréhension des enjeux de développement de demain ».
Joël N’GUESSAN
Porte-parole Principal du RDR