Tant que le ballon se trouve dans le camp et les pieds adverses, il est difficile de juger de la valeur réelle de l’équipe d’en face. Depuis la fin de la crise postélectorale, le parti de Laurent Gbagbo, volontairement retranché dans son camp, refuse de prendre part au match de la réconciliation. L’argument principal avancé n’est autre que la détention de certains de leurs cadres et dirigeants. Leur libération, les frontistes en ont fait un moyen de chantage. S’ils n’y ont pas trouvé un pseudo argument pour saborder toutes les actions de réconciliation entreprises ça et là. Aujourd’hui, le ballon a changé de camp et de pieds. Par une décision de justice hier, le Procureur de la République a décidé de la mise en liberté provisoire de 14 pro-Gbagbo. Une nouvelle qui a fait le tour du Globe et qui a été interprétée par tous comme un levain capable de booster le retour définitif de la paix et de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire. Désormais, tous les regards sont tournés vers l’ex-parti au pouvoir. Car, de toute évidence, cette décision de justice vient enlever aux refondateurs un argument de taille dans leur refus d’aller à la réconciliation. Depuis hier donc, le ballon, qui n’en finissait pas de rouler sans franchir le rond-point central, à cause d’une pelouse rendue impraticable par les nombreux actes anti-jeu du FPI, se trouve brusquement et résolument dans le camp de ce parti. Ses dirigeants incarcérés après la crise postélectorale ont été mis en liberté provisoire. Une décision de justice qui vient, il faut le reconnaitre, donner un intéressant coup de pouce à la réconciliation tant recherchée en Côte d’Ivoire. En effet, l’ex-parti au pouvoir, le FPI, a toujours fait de l’incarcération de ses membres son principal argument pour faire avorter toutes les tentatives entreprises par le Premier ministre, Daniel Kablan Duncan et le gouvernement pour décrisper l’environnement politico-social afin de permettre à la Côte d’Ivoire d’entrevoir la réconciliation avec plus de sérénité. Le parti à la rose avait poussé le pion jusqu’à boycotter les élections législatives, régionales et municipales parce qu’il trouvait que rien ne pouvait être rose, pour lui, tant que leurs camarades restaient en détention. Aujourd’hui, la justice ivoirienne a poussé un pion important. Même s’il s’agit d’une liberté provisoire, cette décision permet aux Affi N’Guessan, Bro Grébé, Kuyo Téa Narcisse, Michel Gbagbo et autre de humer l’air frais de la liberté. Le FPI va-t-il saisir cette perche pour mettre fin à son arrogance et s’engager avec honnêteté dans le processus de réconciliation ? Le parti de l’ex-président, Laurent Gbagbo, saura-t-il se montrer à son tour conciliant en prenant résolument sa place autour de la table de négociations avec le pouvoir pour, ensemble, redessiner la carte d’une Côte d’Ivoire apaisée et réconciliée avec toutes ses filles et fils et avec elle-même ? C’est certainement le secret espoir que nourrissent tous les observateurs de la crise ivoirienne. Mais, en réalité, seul le FPI peut répondre à cette question. La balle est donc dans son camp et c’est à lui de jouer.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara