Il n’y a plus personne à la résidence Affi située à la Riviera 3, un quartier huppé à l’Est d’Abidjan. Les derniers occupants ont plié leurs bagages hier comme l’avait souhaité la veille le propriétaire des lieux, Pascal Affi N’guessan. Un véhicule militaire que nous avons trouvé dans la cour dans la mi-journée du vendredi 9 août 2013, rempli des dernières affaires des anciens ‘’locataires’’. L’un d’eux que nous approchons affirme sans détour : ‘’voilà comme vous pouvez le constater, nous sommes en train de partir. Depuis longtemps, nos chefs avaient donné l’ordre de quitter les lieux. Hier, le patron (Ndlr : Affi N’Guessan) lui-même est arrivé ici et a demandé que nous partions. Il n’y avait pas à discuter puisque nous avions reçu l’ordre avant son arrivée’’. Toutes les chambres et tous les appartements ont été libérés. Une longue randonnée permet de nous en rendre compte. Tout le monde s’en va mais dans la résidence de l’ancien Premier ministre et actuel président du Fpi, il ne reste plus rien. Sauf les murs qui commencent à moisir, des bris de verre et de la paperasse. Un vrai désert. Les portes, les prises d’électricité, les interrupteurs, les câbles électriques, les luminaires… tout a été emporté dans ce triplex aux pièces innombrables. Les occupants s’en vont, laissant derrière eux un palace gigantesque aujourd’hui l’ombre de lui-même. Tout y est à refaire. Et comme si cette détresse ne suffisait pas, les derniers vestiges qui peuvent encore être utiles à quelque chose subissaient encore un pillage de la part de jeunes gens du quartier. L’un d’eux s’est même offert un fauteuil de bureau. Cette résidence qui faisait autrefois la fierté de Pascal Affi N’guessan et qui servait même de lieu de réunions décisives et stratégiques du Fpi est aujourd’hui perdu au milieu de hautes herbes. Les roseaux ont remplacé les bougainvilliers et autres hibiscus. La piscine n’est qu’une marre aux grenouilles. Au sujet de l’entretien, voici ce que nous explique la femme d’un militaire des Frci : ‘’Au moment où nous arrivions, tout était pillé. Nous sommes venus là parce qu’on avait nulle part où aller. Nous avons nous-mêmes dû faire des réhabilitations (elle montre des fenêtres et portes taillées dans du contre-plaqué). On coupait les herbes mais depuis qu’on a dit qu’on va partir, on a arrêté de le faire’’.
Découverte
Dans un amas de papiers disséminés sur le plancher d’un salon, quelques documents attirent notre regard. Le premier document est le discours d’un peu plus de 20 pages du président Laurent Gbagbo au sommet extraordinaire de la Cédéao à Abuja le 6 octobre 2006. Le deuxième document est une lettre de protestation du professeur Plo Kouié Jeannot, ancien DG du Chu de Bouaké après sa suspension le 16 novembre 2007. Cette lettre est adressée au ministre de la Santé et de l’Hygiène publique. Une lettre qui met en lumière un conflit d’intérêt mettant aux prises la direction du Chu, le cabinet des Forces nouvelles et le ministère. A cette date le ministre de la Santé était Allah Kouadio Rémi. Le dernier document objet de notre curiosité porte sur le meurtrier contentieux électoral de 2010. Ledit document est une ‘’analyse objective des résultats issus du 2e tour de l’élection présidentielle 2010’’ dans les régions dites à problème. De toute évidence, cette analyse relève les irrégularités constatées par les experts du Fpi et qui ont alimenté la crise postélectorale. Passons. La résidence Affi est à refaire. Il ne sera pas étonnant que la facture de la réhabilitation s’élève à des dizaines de millions. Mais qui règle la note ?
S. Debailly
Découverte
Dans un amas de papiers disséminés sur le plancher d’un salon, quelques documents attirent notre regard. Le premier document est le discours d’un peu plus de 20 pages du président Laurent Gbagbo au sommet extraordinaire de la Cédéao à Abuja le 6 octobre 2006. Le deuxième document est une lettre de protestation du professeur Plo Kouié Jeannot, ancien DG du Chu de Bouaké après sa suspension le 16 novembre 2007. Cette lettre est adressée au ministre de la Santé et de l’Hygiène publique. Une lettre qui met en lumière un conflit d’intérêt mettant aux prises la direction du Chu, le cabinet des Forces nouvelles et le ministère. A cette date le ministre de la Santé était Allah Kouadio Rémi. Le dernier document objet de notre curiosité porte sur le meurtrier contentieux électoral de 2010. Ledit document est une ‘’analyse objective des résultats issus du 2e tour de l’élection présidentielle 2010’’ dans les régions dites à problème. De toute évidence, cette analyse relève les irrégularités constatées par les experts du Fpi et qui ont alimenté la crise postélectorale. Passons. La résidence Affi est à refaire. Il ne sera pas étonnant que la facture de la réhabilitation s’élève à des dizaines de millions. Mais qui règle la note ?
S. Debailly