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Politique Publié le vendredi 16 août 2013 | Nord-Sud

Soro, hier à son arrivée : «Je suis bel et bien là»

Malgré l’appel au boycott lancé par certains cadres de l’ancien régime frontiste, c’est sur un air de victoire que Guillaume Soro a débuté, hier, sa visite de trois jours dans le département de Gagnoa, fief de l’ancien président, Laurent Gbagbo.

Le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro est bien arrivé sous le Fromager. « Messieurs les journalistes, vous voyez que je suis bel et bien là», a ironisé l’ancien Premier ministre, en descendant de son véhicule de commandement, dans la cour de la nouvelle préfecture de Gagnoa. Guillaume Soro ne croyait pas si bien dire puisqu’en réalité, au-delà de sa présence, le tout Gagnoa était là pour l’accueillir. Et au nombre des personnes venues souhaiter le traditionnel Nisrè (bienvenue en langue locale) au député de Ferké, il y avait plusieurs élus (maires, députés, présidents de conseils régionaux) mais également de nombreux barons de l’ancien régime, notamment l’ambassadeur Eugène Allou. Ce n’est pas tout. Des têtes couronnées de toutes les régions du pays et le frère aîné de Charles Blé Goudé étaient aussi là. D’ailleurs quand M. Soro aperçoit dans la foule, Gnépo Dédi, le frère de l’ancien leader de la ‘’galaxie patriotique’’, il ne peut s’empêcher de lui faire une chaude accolade, signe de la solidité des liens d’amitié entre eux. « Eh ! Dis donc, tu es là ? Il faut qu’on se voit tout à l’heure », lâche Guillaume Soro, avant de franchir le seuil de la salle de réunion où l’attendaient les élus, des cadres et des responsables autres de collectivités locales. « J’ai tout apprêté pour accueillir le président Guillaume Soro au village. Il y fera une entrée en fanfare et les populations vont l’accueillir dans la liesse. Il y sera tellement bien reçu qu’il se sentira chez lui », annonce Léopold Gnépo Dédi. « J’avais déjà dit que même à Gagnoa, il bénéficiera d’un accueil chaleureux parce que les gens ne doivent pas se tromper. Celui qui est là, c’est bien le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire », ajoute-t-il, avant de lever un coin du voile sur le menu des discussions qu’il doit avoir avec l’ami de son frère cadet. « Je suis content de le retrouver. Il m’a dit qu’il me recevra tout à l’heure ; j’attends donc mon tour d’être reçu. Je suis persuadé que si nous arrivons à convaincre Guillaume Soro, s’il donne sa parole, Goudé (Blé Goudé, ndlr) sera libéré parce qu’il est la deuxième personnalité de l’Etat », poursuit Gnépo Dédi. Guillaume Soro, en mission de réconciliation dans la région du Gôh, en attendant de recevoir ce vieil ami, s’est évertué à prêcher la paix et la cohésion à tous les interlocuteurs, à la salle de réunion de la nouvelle préfecture de Gagnoa. A ces interlocuteurs, il a recommandé d’aller vers les populations, transmettre le message du chef du Parlement ivoirien, les invitant à tourner la page de la crise de ces dernières années. Pour donner l’exemple, dès l’après-midi, il a pris la route de la sous-préfecture de Gnangbodougnoua où il a animé un meeting. Dans ce fief du peuple Guébié d’où est originaire Kragbé Gnagbé, une des figures emblématiques de la région, Guillaume Soro a appelé au pardon et à la réconciliation. Ce qui ne l’a pourtant pas empêché de dire quelques vérités, notamment sur les responsables de l’ancien régime frontiste qui auront tout fait, en vain, pour saboter sa visite dans la région. « Arrêtez de suivre des gens qui vous demandent de résister parce que, si nous ne venons pas voir l’état de vos routes, comment vont-elles être réhabilitées ? N’écoutez pas ceux qui vous disent ; résistez parce que bientôt, nous allons faire tomber Alassane Ouattara. C’est un beau rêve, mais n’oubliez pas que ce rêve peut durer vingt ans. Pendant ce temps, qu’est-ce que vous devenez ? », a interrogé Guillaume Soro. Puis de révéler : « certains de mes amis de la Fesci sont là et ils peuvent témoigner. Je suis allé en prison plus de cinq fois et chaque fois que j’y allais, c’était pour ou à cause de Gbagbo. Arrêtez donc le tribalisme ; arrêtons le tribalisme. Et, ce n’est pas en nous dressant les uns contre les autres que nous allons régler tous nos problèmes. ». Et d’ajouter : «C’est pour cela que je pense qu’il faut encourager le président de la République qui s’appelle Alassane Ouattara; je ne vous demande pas de l’aimer, mais de le respecter. Demain, quand un autre président sera là, nous nous mettrons à sa disposition parce que ceux qui, depuis Abidjan, vous disent de ne pas aller à la réconciliation, sont contre vous». Pour encourager le peuple Guébié à s’engager sur le chemin de la réconciliation, Guillaume Soro, fait fils de la sous-préfecture a, sur-le-champ, donné suite à une doléance présentée par les populations. Séance tenante, il a remis la somme de 15 millions FCfa, pour la réhabilitation et ou la reconstruction de l’école de Gnanbodougnoua, construite en 1958. La facture de la reconstruction présentée au chef du Parlement, s’élevait à 30 millions FCfa. Le geste n’a pas laissé les populations de Gnanbodougnoa indifférentes. Particulièrement mobilisées pour accueillir leur hôte, elles étaient débordantes de joie quand Guillaume Soro a posé son acte de portée sociale et de développement. Aujourd’hui, le chef du Parlement est attendu dans les villages de Kpogrobré (celui de Blé Goudé), De Mama (celui de Laurent Gbagbo) et de Gnalépa (celui de la mère de Gbagbo) où il devrait se prononcer sur leur sort.

Marc Dossa, envoyé spécial
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