Le président a été bien inspiré de déposer le projet de loi sur l’apatridie sur le bureau des députés. Par cette «procédure d’urgence», Alassane Ouattara veut rétablir dans leur droit 22 à 25.000 apatrides. Corriger un tort. Les chiffres, bien que variant (400. 000 et 900 000 selon certains députés), montrent qu’il y a urgence à agir. Le vote des parlementaires va ouvrir la voie à la nationalité ivoirienne par déclaration à des milliers de personnes. Selon le Président ivoirien, ces centaines de milliers de personnes nées en Côte d’Ivoire avant la modification du Code de la nationalité intervenue en 1972, sont en réalité des Ivoiriens. Mais il est politiquement incorrect de penser que ces personnes pourraient constituer un bétail électoral pour Alassane Ouattara dans la perspective de la présidentielle de 2015. Il est clair selon la loi que ce n’est que cinq ans après la réparation qu’elles pourront accomplir leur droit civique. Il ne faut pas oublier que ce chiffre n’est pas constitué que de personnes en âge de voter. Il y a les milliers de gamins qui doivent aller à l’école, et qui ont droit à la santé. Mais parce qu’ils n’ont pas d’existence juridique, ils sont privés de ces droits fondamentaux. Avec le vote de cette loi, les 25.000 apatrides, sinon plus, pourront également prétendre être des propriétaires terriens en Côte d’Ivoire. En traitant la question de l’apatridie, on trouve automatiquement une solution à celles de la nationalité et du foncier. Par ce courage politique, Alassane Ouattara tient une promesse électorale et permet aux représentants du peuple de débattre sereinement d’une question qui fâche. Les députés permettront ainsi de réparer une injustice. Le commun des observateurs sait que les questions de la nationalité, du foncier… sont les principales causes de la longue crise qui a marqué la Côte d’Ivoire ces dernières années. Les solutionner dans un climat apaisé ne peut que faire du bien à la Côte d’Ivoire.
Bakayoko Youssouf
Bakayoko Youssouf