Le Patriote : Comment avez-vous accueilli la décision du non transfèrement de Simone Gbagbo à La Haye, prise hier en Conseil des ministres ?
Issiaka Diaby : Nous avons pris acte de cette décision du gouvernement. Pour nous, ce sera l’occasion pour la justice ivoirienne de rassurer les victimes et leurs parents qu’elle peut ?uvrer pour les rétablir dans leur droit fondamental reconnu par la Constitution ivoirienne : le droit à la justice. Cela doit aussi démontrer à la face du monde que la Côte d’Ivoire est assez mature pour traduire devant ses instances judiciaires tous les auteurs de crimes sans exception.
LP : Sortis de prison depuis quelques jours, des pro-Gbagbo, dont Affi N’Guessan, crient sur tous les toits leur innocence. Ces propos vous choquent-ils ?
ID : Avant toute réponse, je voudrais saluer la justice ivoirienne qui a permis à ces personnes d’être détenues de manière légale. Elles ont eu un traitement conforme aux lois nationales et internationales car aucun document attestant leur maltraitance n’a été produit. La liberté provisoire, qui leur est accordée, est également à saluer. C’est un droit pour toute personne en détention de bénéficier d’une liberté provisoire. Cela dit, il faut retenir que la procédure judiciaire suit son cours et les prévenus ne pourront être condamnés ou relaxés qu’après des débats contradictoires devant une juridiction. La justice n’a pas arrêté les poursuites à leur encontre puisqu’il y aura une audience où nous, en tant que victimes, allons nous réserver le droit de nous constituer partie civile. Quant aux propos qu’ils tiennent, cela ne nous étonne pas d’eux. En 2000, ils ont dit que le charnier était un montage, tout récemment, lors de la crise postélectorale, ils ont évoqué le ‘’complot du bissap’’ pour qualifier la mort des sept femmes martyres d’Abobo. Ces propos reflètent parfaitement leur nature criminelle. Les victimes et leurs parents signent et persistent qu’Affi N’Guessan et sa bande se retrouveront en face d’eux, devant la justice. Ils doivent savoir raison gardée et avoir de la compassion pour la mémoire de nos proches massacrés par des jeunes qu’ils ont armés. Affi N’Guessan et ses amis ont enlevé aux jeunes les stylos, les ardoises, les cahiers pour les remplacer par les kalachnikovs, les machettes. Ces instruments ont été à l’origine des crimes commis en Côte d’Ivoire à leur prise de pouvoir, durant leur exercice du pouvoir et pour se maintenir au pouvoir après l’élection présidentielle.
LP : Pour vous qui luttez contre l’impunité, comment expliquez-vous la décision du Président de la République de gracier 3000 prisonniers ?
ID : Une fois de plus, je voudrais prendre acte de cette décision. A notre connaissance, il s’agit de prisonniers de droit commun. En prenant cette décision, le Président de la République a ses raisons. La lecture que je peux faire est que beaucoup de jeunes gens ont été victimes de la mauvaise gestion de l’ex-pouvoir. N’oubliez pas qu’une génération a été sacrifiée et a été habituée au gain facile. Nous invitons le chef de l’Etat à se pencher sincèrement sur sa politique d’emplois. Nous l’invitons aussi à appuyer les jeunes entrepreneurs qui n’attendent qu’un geste fort de l’Etat pour reprendre ou démarrer leurs activités.
Recueillis par Thiery Latt
Issiaka Diaby : Nous avons pris acte de cette décision du gouvernement. Pour nous, ce sera l’occasion pour la justice ivoirienne de rassurer les victimes et leurs parents qu’elle peut ?uvrer pour les rétablir dans leur droit fondamental reconnu par la Constitution ivoirienne : le droit à la justice. Cela doit aussi démontrer à la face du monde que la Côte d’Ivoire est assez mature pour traduire devant ses instances judiciaires tous les auteurs de crimes sans exception.
LP : Sortis de prison depuis quelques jours, des pro-Gbagbo, dont Affi N’Guessan, crient sur tous les toits leur innocence. Ces propos vous choquent-ils ?
ID : Avant toute réponse, je voudrais saluer la justice ivoirienne qui a permis à ces personnes d’être détenues de manière légale. Elles ont eu un traitement conforme aux lois nationales et internationales car aucun document attestant leur maltraitance n’a été produit. La liberté provisoire, qui leur est accordée, est également à saluer. C’est un droit pour toute personne en détention de bénéficier d’une liberté provisoire. Cela dit, il faut retenir que la procédure judiciaire suit son cours et les prévenus ne pourront être condamnés ou relaxés qu’après des débats contradictoires devant une juridiction. La justice n’a pas arrêté les poursuites à leur encontre puisqu’il y aura une audience où nous, en tant que victimes, allons nous réserver le droit de nous constituer partie civile. Quant aux propos qu’ils tiennent, cela ne nous étonne pas d’eux. En 2000, ils ont dit que le charnier était un montage, tout récemment, lors de la crise postélectorale, ils ont évoqué le ‘’complot du bissap’’ pour qualifier la mort des sept femmes martyres d’Abobo. Ces propos reflètent parfaitement leur nature criminelle. Les victimes et leurs parents signent et persistent qu’Affi N’Guessan et sa bande se retrouveront en face d’eux, devant la justice. Ils doivent savoir raison gardée et avoir de la compassion pour la mémoire de nos proches massacrés par des jeunes qu’ils ont armés. Affi N’Guessan et ses amis ont enlevé aux jeunes les stylos, les ardoises, les cahiers pour les remplacer par les kalachnikovs, les machettes. Ces instruments ont été à l’origine des crimes commis en Côte d’Ivoire à leur prise de pouvoir, durant leur exercice du pouvoir et pour se maintenir au pouvoir après l’élection présidentielle.
LP : Pour vous qui luttez contre l’impunité, comment expliquez-vous la décision du Président de la République de gracier 3000 prisonniers ?
ID : Une fois de plus, je voudrais prendre acte de cette décision. A notre connaissance, il s’agit de prisonniers de droit commun. En prenant cette décision, le Président de la République a ses raisons. La lecture que je peux faire est que beaucoup de jeunes gens ont été victimes de la mauvaise gestion de l’ex-pouvoir. N’oubliez pas qu’une génération a été sacrifiée et a été habituée au gain facile. Nous invitons le chef de l’Etat à se pencher sincèrement sur sa politique d’emplois. Nous l’invitons aussi à appuyer les jeunes entrepreneurs qui n’attendent qu’un geste fort de l’Etat pour reprendre ou démarrer leurs activités.
Recueillis par Thiery Latt