Après le succès de son ouvrage « Lougah, coulisse d’un artiste » paru aux éditions Harmattan, l’écrivain-journaliste ivoirien, Lébry Léon Francis, prépare une soirée dédicace à Paris en la mémoire de François Lougah le 25 octobre prochain.
Pourquoi le choix de Lougah François qu’un autre artiste pour votre biographie ?
Mon choix relève de l’histoire et du symbole d’une part. De l’histoire parce que j’ai pensé que sur les pionniers de la musique moderne en Côte d’Ivoire, il n’y avait pas d’écrits sous la forme d’un livre. A partir de ce constat, je me suis dit que l’un de ceux qui serait un sujet intéressant pour une biographie, ce serait Lougah François. De mon point de vue, et j’en donne d’ailleurs des arguments dans le livre, il était celui qui, au début des années 70, a introduit la musique moderne en Côte d’Ivoire. Avant son arrivée, bien sûr, il existait une musique traditionnelle qui était incarnée à cette époque à la fois par des chansonniers mais aussi par un Grand qu’on appelait Amédée Pierre. Ce dernier faisait de la musique traditionnelle sur des instruments certes modernes, mais, ce n’était pas vraiment cela la musique moderne. Indiscutablement, Lougah a été le premier à introduire la musique moderne dans notre pays et sur des rythmes à la mode de l’époque. D’autre part, Lougah est pour moi un sujet sur lequel il y a beaucoup plus à dire que d’autres parce qu’il a véritablement marqué son temps. Il a eu un parcours qui était différent des autres. Il était le seul musicien ivoirien à cette époque, qui avait appris la chanson, la musique dans des écoles auprès de ceux qui étaient considérés comme les plus grands en particulier en France. Il avait tout de suite attiré l’attention du président Félix Houphouët-Boigny. Le chef de l’Etat ivoirien lui avait donné, je dirai, certaines lettres de noblesse en l’invitant systématiquement à des spectacles auxquels participaient des chefs d’Etat étrangers. Ce qui lui a valu sa notoriété en Côte d’Ivoire et en Afrique.
Comment l’héritage musical de l’artiste est-il géré depuis sa mort en 1997 ?
Je dirai qu’il y a deux aspects de l’héritage musical de Lougah François. Il y a un aspect de passage de flambeau que, lui-même, a fait de son vivant à l’artiste Andy Aby à l’occasion d’un duo avec lui. Il y a ensuite l’héritage en termes de discographie qui est géré par le Burida, le Bureau ivoirien des Droits d’auteur. En principe, les artistes ont des droits qu’ils peuvent faire bénéficier à leurs ayant-droits désignés. En termes de rentabilité, de toute évidence, la vente des œuvres de François Lougah a dû chuter du fait que l’artiste n’est plus. Il reste qu’après sa mort, il a été organisé quelques concerts en sa mémoire. L’un en Côte d’Ivoire et l’autre en France à ma connaissance. Depuis, rien du tout. Cependant, lorsque la tombe de Lougah a été refaite à Lakota, cela a été l’occasion pour l’ancien patron du Burida d’organiser un spectacle à Abidjan. Il y a même eu des ventes aux enchères. Il y a donc un héritage financier que sa famille a dû en bénéficier. L’autre héritage, est sa mémoire. Il s’agit pour ses proches et tous ceux qui l’ont aimé de faire en sorte qu’on ne l’oublie pas. L’on doit saisir toutes les occasions de le célébrer. S’agissant des recettes provenant de la vente du livre et des dédicaces, elle est versée directement à l’éditeur. Au départ de ce projet, il n’avait pas été convenu de reverser de l’argent à quiconque. Quitte à l’éditeur de les reverser à qui il veut.
Où en êtes-vous avec les préparatifs de la soirée d’hommage du 25 octobre 2013 en la mémoire de Lougah François ?
En effet, dans le prolongement de la biographie et des dédicaces littéraires que j’ai faites, j’ai pensé qu’il était bon d’organiser une soirée d’hommage à l’artiste. C’est certes une initiative personnelle, mais j’ai pris soin d’informer la famille de Lougah François comme je l’ai fait pour le projet du livre. A chacune des étapes, elle est tenue informée. D’ailleurs, elle n’a de cesse de m’exprimer toute sa reconnaissance. Cette soirée aura bel et bien lieu le vendredi 25 octobre 2013 à l’Espace Noisy le Sec en banlieue parisienne. Quelques artistes ivoiriens de la génération de Lougah François que j’ai approchés ont donné leur accord pour être présents. Idem pour les autres artistes que j’ai invités. Je convie les Ivoiriens et les Africains à venir très nombreux à cette soirée d’hommage pour montrer que François Lougah demeure dans le cœur de tous.
Vous avez à votre actif plusieurs ouvrages écrits sur des thématiques plutôt religieuses. A l’instar de vos confrères écrivains-journalistes, serez-vous tenté de publier un ouvrage engagé sur la politique ivoirienne ?
En principe, je suis un acteur privilégié comme d’autres. Etant journaliste, j’ai été témoin de ce qui s’est passé dans mon pays. Ce n’est pas que je ne m’intéresse pas à ce sujet. A mon avis, un journaliste ne devrait pas écrire des livres engagés. Un journaliste écrit, raconte, relate l’actualité, donne son point de vue et de repère mais n’est pas engagé. Je ne sais pas s’il faut écrire des livres engagés. Si tel est le cas, le journaliste doit-il être engagé vis-à-vis d’une politique, d’un régime (…) Je ne dénie à personne le droit de le faire. Je dis simplement que normalement, un journaliste relate les faits. De ce point de vue, il n’est pas engagé dans ses écrits. Personnellement, je ne sais pas si je ferai un jour ce genre d’expérience. Je ne sais pas si je dois m’engager politiquement dans mes écrits ou non. Je peux avoir de l’admiration pour un tel ou tel leader politique mais cela ne m’autorise pas à écrire par exemple qu’il est le plus beau du monde. Je pense que je n’ai pas assez de recul pour faire ce genre d’affirmation. Je n’exclus rien, peut-être qu’à l’avenir, j’en aurai l’envie. Mais si d’aventure je devrais le faire, je tâcherai d’être le plus objectif possible. Cela dit, je ne me considère pas comme un journaliste engagé.
Propos recueillis par Clément Yao
Pour Diasporas-News
Pourquoi le choix de Lougah François qu’un autre artiste pour votre biographie ?
Mon choix relève de l’histoire et du symbole d’une part. De l’histoire parce que j’ai pensé que sur les pionniers de la musique moderne en Côte d’Ivoire, il n’y avait pas d’écrits sous la forme d’un livre. A partir de ce constat, je me suis dit que l’un de ceux qui serait un sujet intéressant pour une biographie, ce serait Lougah François. De mon point de vue, et j’en donne d’ailleurs des arguments dans le livre, il était celui qui, au début des années 70, a introduit la musique moderne en Côte d’Ivoire. Avant son arrivée, bien sûr, il existait une musique traditionnelle qui était incarnée à cette époque à la fois par des chansonniers mais aussi par un Grand qu’on appelait Amédée Pierre. Ce dernier faisait de la musique traditionnelle sur des instruments certes modernes, mais, ce n’était pas vraiment cela la musique moderne. Indiscutablement, Lougah a été le premier à introduire la musique moderne dans notre pays et sur des rythmes à la mode de l’époque. D’autre part, Lougah est pour moi un sujet sur lequel il y a beaucoup plus à dire que d’autres parce qu’il a véritablement marqué son temps. Il a eu un parcours qui était différent des autres. Il était le seul musicien ivoirien à cette époque, qui avait appris la chanson, la musique dans des écoles auprès de ceux qui étaient considérés comme les plus grands en particulier en France. Il avait tout de suite attiré l’attention du président Félix Houphouët-Boigny. Le chef de l’Etat ivoirien lui avait donné, je dirai, certaines lettres de noblesse en l’invitant systématiquement à des spectacles auxquels participaient des chefs d’Etat étrangers. Ce qui lui a valu sa notoriété en Côte d’Ivoire et en Afrique.
Comment l’héritage musical de l’artiste est-il géré depuis sa mort en 1997 ?
Je dirai qu’il y a deux aspects de l’héritage musical de Lougah François. Il y a un aspect de passage de flambeau que, lui-même, a fait de son vivant à l’artiste Andy Aby à l’occasion d’un duo avec lui. Il y a ensuite l’héritage en termes de discographie qui est géré par le Burida, le Bureau ivoirien des Droits d’auteur. En principe, les artistes ont des droits qu’ils peuvent faire bénéficier à leurs ayant-droits désignés. En termes de rentabilité, de toute évidence, la vente des œuvres de François Lougah a dû chuter du fait que l’artiste n’est plus. Il reste qu’après sa mort, il a été organisé quelques concerts en sa mémoire. L’un en Côte d’Ivoire et l’autre en France à ma connaissance. Depuis, rien du tout. Cependant, lorsque la tombe de Lougah a été refaite à Lakota, cela a été l’occasion pour l’ancien patron du Burida d’organiser un spectacle à Abidjan. Il y a même eu des ventes aux enchères. Il y a donc un héritage financier que sa famille a dû en bénéficier. L’autre héritage, est sa mémoire. Il s’agit pour ses proches et tous ceux qui l’ont aimé de faire en sorte qu’on ne l’oublie pas. L’on doit saisir toutes les occasions de le célébrer. S’agissant des recettes provenant de la vente du livre et des dédicaces, elle est versée directement à l’éditeur. Au départ de ce projet, il n’avait pas été convenu de reverser de l’argent à quiconque. Quitte à l’éditeur de les reverser à qui il veut.
Où en êtes-vous avec les préparatifs de la soirée d’hommage du 25 octobre 2013 en la mémoire de Lougah François ?
En effet, dans le prolongement de la biographie et des dédicaces littéraires que j’ai faites, j’ai pensé qu’il était bon d’organiser une soirée d’hommage à l’artiste. C’est certes une initiative personnelle, mais j’ai pris soin d’informer la famille de Lougah François comme je l’ai fait pour le projet du livre. A chacune des étapes, elle est tenue informée. D’ailleurs, elle n’a de cesse de m’exprimer toute sa reconnaissance. Cette soirée aura bel et bien lieu le vendredi 25 octobre 2013 à l’Espace Noisy le Sec en banlieue parisienne. Quelques artistes ivoiriens de la génération de Lougah François que j’ai approchés ont donné leur accord pour être présents. Idem pour les autres artistes que j’ai invités. Je convie les Ivoiriens et les Africains à venir très nombreux à cette soirée d’hommage pour montrer que François Lougah demeure dans le cœur de tous.
Vous avez à votre actif plusieurs ouvrages écrits sur des thématiques plutôt religieuses. A l’instar de vos confrères écrivains-journalistes, serez-vous tenté de publier un ouvrage engagé sur la politique ivoirienne ?
En principe, je suis un acteur privilégié comme d’autres. Etant journaliste, j’ai été témoin de ce qui s’est passé dans mon pays. Ce n’est pas que je ne m’intéresse pas à ce sujet. A mon avis, un journaliste ne devrait pas écrire des livres engagés. Un journaliste écrit, raconte, relate l’actualité, donne son point de vue et de repère mais n’est pas engagé. Je ne sais pas s’il faut écrire des livres engagés. Si tel est le cas, le journaliste doit-il être engagé vis-à-vis d’une politique, d’un régime (…) Je ne dénie à personne le droit de le faire. Je dis simplement que normalement, un journaliste relate les faits. De ce point de vue, il n’est pas engagé dans ses écrits. Personnellement, je ne sais pas si je ferai un jour ce genre d’expérience. Je ne sais pas si je dois m’engager politiquement dans mes écrits ou non. Je peux avoir de l’admiration pour un tel ou tel leader politique mais cela ne m’autorise pas à écrire par exemple qu’il est le plus beau du monde. Je pense que je n’ai pas assez de recul pour faire ce genre d’affirmation. Je n’exclus rien, peut-être qu’à l’avenir, j’en aurai l’envie. Mais si d’aventure je devrais le faire, je tâcherai d’être le plus objectif possible. Cela dit, je ne me considère pas comme un journaliste engagé.
Propos recueillis par Clément Yao
Pour Diasporas-News