Le collectif des Avocats de Charles Blé Goudé, notamment Mes Bobré Félix, N’Dry Claver et Gouaméné, étaient face à la presse hier à Cocody-Angré 7e tranche. Ils se sont prononcés sur le mandat d’arrêt délivré par la Cour pénale internationale (Cpi) depuis le 21 décembre 2011, et rendu public le 30 septembre 2013. Pour Me N’Dry Claver, Avocat principal de Blé Goudé et conférencier du jour, ce mandat viole l’esprit du Statut de Rome, instituant la Cpi. En effet, le Statut de Rome stipule dans son préambule : «des crimes qui touchent l’ensemble de la communauté internationale ne sauraient rester impunis et que leur répression doit être effectivement assurée par des mesures prises dans le cadre national (…), déterminé à mettre un terme à l’impunité des auteurs de ces crimes et à concourir ainsi à la prévention de nouveaux crimes. Rappelant qu’il est du devoir de chaque Etat de soumettre à sa juridiction criminelle les responsables de crimes internationaux, … » Me N’Dry a expliqué que, comme on le voit, la Cpi ne déploie sa machine que lorsqu’une personne soupçonnée de crimes ci-dessus visés va échapper ou est susceptible d’échapper à la justice. Or en la matière, M. Blé Goudé «qui fait l’objet dudit mandat d’arrêt de la Cpi est déjà inculpé par la justice ivoirienne et est sous mandat de dépôt. Dans un tel contexte qui ne laisse pas de place à l’impunité, nous sommes en droit de ne pas comprendre ce mandat d’arrêt qui viole l’esprit du préambule de la Cpi. » C’est pourquoi, conclura Me N’Dry Claver, «Nous, Avocats de M. Charles Blé Goudé, demandons à l’Etat de Côte d’Ivoire, de la même façon qu’il a pris cette décision courageuse et salutaire concernant Simone Gbagbo, qu’il en prenne de même une autre concernant M. Charles Blé Goudé. Car il s’agit des mêmes faits. Et M. Charles Blé Goudé n’est pas un surhomme pour qu’on puisse dire qu’il transcende la justice ivoirienne.» Il a insisté dans la même veine qu’aucun des crimes évoqués par le mandat d’arrêt de la Cpi n’est rattaché directement à Blé Goudé. Aussi, s’est-il interrogé pourquoi avoir mis plus de deux ans avant de rendre ce mandat public, alors que Blé Goudé est soupçonné d’avoir commis des atrocités. Le conférencier a été constant que «de la même manière que la justice de Côte d’Ivoire peut juger Mme Simone Gbagbo, nous pensons que cette même justice peut juger M. Charles Blé Goudé. Nous demandons la même décision prise. Nous demandons par la suite que ses conditions de détention soient revues et qu’il soit mis dans les mêmes que les autres citoyens qui se trouvent placés sous mandats de dépôt.» Le collectif des Avocats de Blé Goudé fait ici allusion aux visites de sa famille et de ses Avocats qui depuis le 3 août 2013, n’ont plus de nouvelles de leur client, comme l’a précisé Me N’Dry. Par ailleurs, le conférencier a estimé que transférer Charles Blé Goudé dans l’état actuel des choses «c’est dire que nous n’avons pas de justice à même de juger les faits qui se déroulent sur le territoire ivoirien. C’est interpeller les investisseurs étrangers que dans le pays où ils veulent investir, il n’y a pas de justice. Or cette justice existe !» Aussi, le collectif a rappelé les «conditions de détention inhumaines» de son client qui dort, selon Me N’Dry, à même le sol dans la tenue d’Adam et prend son seul repas de la journée dans un sachet plastique de couleur noir. Blé Goudé ne voit la lueur du jour qu’au bon vouloir de ses geôliers, a ajouté son Avocat principal. Qui a salué le Doyen des juges d’instructions qui a hérité du dossier Blé Goudé, et donne force à la loi depuis.
Barthélemy Téhin
Barthélemy Téhin