Nommé le 27 décembre 2010 par le Président de la République Alpha Condé, au poste de Gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée, Louncény Nabé est un économiste d’expérience qui a fait ses preuves dans les secteurs clés de l’économie guinéenne. Né à Banko (Dabola), l’ancien ministre des Mines et de la Géologie est titulaire d’un doctorat en sciences économiques, obtenu à la Faculté des Sciences Economiques de l’Ecole Supérieure des Mines d’Ostrava (Tchécoslovaquie). Lors de notre séjour en Guinée à la faveur des élections législatives du samedi 28 septembre 2013, Louncény Nabé s’était prêté aux questions de L’Intelligent d’Abidjan.
Comment se porte le franc Guinéen aujourd’hui ?
Merci de m’avoir donné cette opportunité de rencontrer L’Intelligent d’Abidjan qui est un organe de grande notoriété en Côte d’Ivoire, dans la sous-région et au niveau international. Aujourd’hui, le franc Guinéen se porte plutôt bien, en raison de toutes les réformes que nous avons menées depuis que nous avons en charge les destinées de la Banque Centrale, et aussi de la discipline que l’Etat a instaurée au sein de la gestion budgétaire. Donc je peux vous dire que le franc Guinéen se porte beaucoup mieux qu’il y a quelques années, et qu’il ne peut se porter que de mieux en mieux.
Quel est le poids de cette monnaie dans la sous-région ouest-africaine ?
Le franc Guinéen est une monnaie nationale, même s’il arrive quelquefois qu’il soit utilisé dans la sous-région, comme en Sierra Léone ou au Liberia. Nous sommes engagés dans un processus régional d’intégration économique. Avant que ce processus n’aboutisse à une zone monétaire unique, il faut dire que pour l’instant le franc Guinéen est une monnaie purement nationale, utilisée seulement dans les transactions à l’intérieur des frontières de la Guinée.
Monsieur le Gouverneur, depuis votre arrivée à la tête de la plus grande institution financière de la Guinée, peut-on savoir les réformes et les grands chantiers qui portent votre touche ?
En ce qui concerne les réformes, il y a d’abord la mise en place d’un marché interbancaire des changes que nous avons mis en place dès notre prise de fonction à la tête de la Banque Centrale. Autrement dit, nous avons créé à la Banque Centrale un marché officiel des changes où les banques commerciales viennent acquérir des devises pour le compte de leur clientèle, en vue de financier notamment les activités d’importation de ces derniers. Ce qui a eu pour conséquence que l’étau a été desserré autour de l’autre compartiment du marché des changes qui est le marché parallèle, de sorte que finalement, le cours du franc Guinéen s’est trouvé consolidé. Et aujourd’hui, on peut sans risque de se tromper, dire que le franc Guinéen est relativement stable par rapport aux principales devises. L’autre réforme a consisté, en raison des liquidités qui ont été injectées dans l’économie pendant les années 2009 et 2010, à revoir à la hausse le taux directeur de la Banque Centrale et le coefficient des réserves obligatoires, en vue de stériliser ces liquidités, de réunir les conditions susceptibles d’aider à enregistrer des succès tangibles sur le front de la lutte contre l’inflation. Il y a eu en plus de réformes en matière de politique monétaire de change pures, celles qui ont été introduites dans le cadre de la gestion de la Banque Centrale et sur lesquelles nous aurons peut-être l’occasion de revenir.
Aujourd’hui, il est question de créer une monnaie commune africaine, à l’image de l’Euro. En votre qualité de Gouverneur de Banque Centrale, ne craignez-vous pas d’inconvénients ?
Ecoutez, une monnaie à l’échelle africaine, oui. Mais, nous nous réunissions souvent entre gouverneurs de Banques Centrales, lors de la réunion annuelle de l’Association des Banques Centrales Africaines. Il y a également des programmes sous-régionaux un peu plus réduit, au niveau de la deuxième zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest, qui regroupe, en plus de la Guinée, des pays anglophones de l’Afrique de l’Ouest (Nigeria, Ghana, Libéria, Sierra-Léone et la Gambie). Et il y a un institut monétaire qui est créé dans ce sens-là (l’IMAO) qui est en quelque sorte l’embryon de la Banque Centrale de cette zone. La zone qui compte mettre en circulation une monnaie unique à l’horizon 2015. Il faut dire que cette zone aussi collabore avec l’Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest, laquelle fédère toutes les Banques Centrales des pays de la CEDEAO, y compris dans ces conditions, la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Donc, au niveau de cette AMAO, il existe un programme de coopération monétaire qui prévoit une monnaie unique à l’échelle CEDEAO à l’horizon 2020. Ce sont probablement des étapes dans le cadre de la réalisation de la monnaie unique africaine. Si vous me demandez si je crois à cette monnaie unique, je vous répondrai que les gouverneurs des Banques Centrales sont des techniciens qui appliquent les décisions prises par les politiques au plus haut niveau, c’est-à-dire des chefs d’Etat, qui ont décidé que nos régions s’intègrent, que notre continent s’intègre. Il nous appartient de travailler dans ce sens, de faire en sorte que les intentions exprimées par les chefs d’Etat soient une réalité. Autrement dit, de traduire en actes concrets les engagements que les chefs d’Etat ont pris au cours de leurs différents sommets aussi bien au niveau de la sous-région qu’au niveau continental. Je dois d’ailleurs préciser, qu’au niveau africain, les travaux de l’association des Banques Centrales Africaines sont suivis de très près par l’Union Africaine elle-même. Toutes les réunions connaissent la participation de fortes délégations de l’Union Africaine. Pour dire que la volonté politique est là, et que le travail technique est en cours. Et que par conséquent, il n’y a pas de raison que dans un horizon qui peut être un peu lointain peut-être, mais prévisible, on ne puisse aller vers cette intégration monétaire. D’abord à l’échelle sous-régionale, et plus tard à l’échelle du Continent.
A vous entendre, la Guinée serait prête à entrer dans ce nouveau cycle, mais aujourd’hui, quel est le niveau des discussions entre vous ?
Si vous voulez parler de l’engagement et la volonté politique de la Guinée, cela a été déjà exprimé. Et la Guinée participe à toutes les réunions de la ZMAO, qui se tiennent tous les six mois comme celles de l’AMAO. D’ailleurs, ce sont des réunions couplées. La Zone Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) et l’Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (AMAO) font des réunions couplées qui se tiennent alternativement dans une capitale des pays concernés. La dernière réunion a eu lieu à Accra. La prochaine, c’est dans quelques mois. La Guinée participe aux discussions de façon très constructive. Quant à la mesure dans laquelle l’économie guinéenne est prête, les critères de convergences vont nous le dire. Je dois dire simplement que pour l’instant, l’état de réalisation des critères de convergences évolue un petit peu en dent de scie. Mais, je pense que dans les deux à trois années à venir, nous serons à même d’établir une certaine constante dans l’atteinte des résultats fixés par les critères de convergence.
De plus en plus en Afrique, des experts parlent de recul de la croissance en 2014, avez-vous quelque chose à dire sur ces questions?
C’est vrai qu’il s’agit des prévisions. Mais, je dois dire qu’en ce qui concerne la Guinée, nous pensons insuffler à la croissance un rythme plus fort dans le courant de l’année 2014. Malgré toutes les convulsions que le pays a connues en 2013, on a assisté à une croissance assez appréciable par exemple dans le secteur de l’agriculture. C’est vrai que le secteur minier a été victime de ces soubresauts, et la croissance du secteur s’est trouvée complètement influencée, ce qui a influé aussi sur le taux global de croissance. Mais, j’espère que d’ici peu, ces soubresauts, nous les aurons derrière nous, avec la finalisation du processus de transition, et je pense que 2014 sera pour nous, l’année à laquelle la Guinée va véritablement amorcer son processus de décollage. En tous les cas, nous l’espérons très fortement et nous travaillerons d’arrache-pied dans ce sens.
Croyez-vous Monsieur le Gouverneur à l’émergence de la Guinée ?
Ecoutez, c’est ça l’objectif du Gouvernement du Pr Alpha Condé, de faire de la Guinée un pays émergeant à brève échéance. J’y crois et j’essaie d’apporter ma contribution à la réalisation de cet objectif. Ça ne sera nécessairement pas facile, ça ne sera peut-être pas aussi rapide que nous le souhaiterions, mais la Guinée dispose de tous les atouts pour être un pays émergent dans un horizon prévisible. Je peux vous dire très franchement en toute connaissance de cause, que le gouvernement du Pr Alpha Condé travaille ardemment pour l’avènement d’une telle réalité.
La Guinée a atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE. Depuis que le Pr Alpha Condé est au pouvoir, quelles sont les répercussions de cette initiative sur l’économie guinéenne ?
Écoutez, les répercussions de l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE sur l’économie guinéenne sont là. Le service de la dette a été fortement influencé. Le stock de la dette d’abord, a fortement baissé, et naturellement, les ressources qui étaient consacrées au règlement de la dette sont réorientées à d’autres secteurs. C’est vrai que ce n’est pas encore complètement visible. Mais, il y a quand même des avancées significatives que l’on peut constater dès maintenant dans le cadre de la production agricole, et je crois que 2013 est la première année pendant laquelle, au moment de la période de soudure, le prix du riz n’a pas connu une hausse significative. D’ailleurs, dans certaines régions, on a assisté à une baisse du prix du riz. Bien sûr, on parle aussi du panier de la ménagère. Les gens n’ont pas l’impression que l’initiative PPTE leur apporte quelque chose de concret en ce qui concerne leur vie quotidienne. Il ne s’agit là que d’une analyse superficielle. En effet, en voyant la question de très près, on se rend compte que les prix ont considérablement baissé. En tout cas l’inflation a été stoppée. Il y a bien sûr le problème général des infrastructures d’eau, d’électricité, et de routes. Mais, je peux vous dire avec certitude que dans ces domaines aussi de gros efforts ont été fournis. Le barrage de Kaleta a été engagé, et en 2015 la construction de ce barrage sera terminée et les problèmes immédiats d’électricité en Guinée seront résolus. Même avant Kaleta, des investissements ont été déjà faits dans le thermique qui produiront leurs effets très bientôt. Malheureusement les travaux concernant les routes n’ont pas pu être réalisés à cause de la saison des pluies. Parce que la pluviométrie est très abondante en Guinée, et il faut attendre la fin des grandes pluies pour commencer les travaux sur les routes. Je pense que vous reviendrez à la fin de l’année, et que vous verrez ce qui va être réalisé et fait dans le domaine des voies de communication.
Mais, les populations guinéennes s’attendaient à autres choses, M. le Gouverneur ?
Enfin, elles s’attendaient à tout ce que je vous ai dit qu’ils n’ont pas vu ou qu’ils n’ont pas encore vu complètement, parce que c’est vrai qu’en matière économique, ce que vous obtenez est déjà un acquis que vous ne comptez plus et vous pensez à ce qui va venir. Et je vous l’ai dit tout à l’heure, à l’image du franc Guinéen, l’économie guinéenne va se porter de mieux en mieux. Et c’est un fait : les efforts en cours autorisent que l’on ait beaucoup d’espoir pour l’avenir immédiat et plus lointain.
Aujourd’hui, quel bilan faites-vous de l’opération de retrait du marché des billets, notamment, les coupures de 10.000 francs ?
Ecoutez, la situation relative aux coupures de 10.000 francs concerne un échange de billets. On a retiré une coupure toute entière pour la remplacer par la même dénomination, mais sous une nouvelle présentation, en renforçant les éléments de sécurité, en faisant en sorte que toute contrefaçon soit détectable très rapidement. C’est vrai qu’il y avait beaucoup de confusions qui tournaient autour de l’ancienne coupure. L’opération a été engagée à la mi-2012 et elle s’est très bien déroulée. Contrairement à ce que nous avons craint, au lieu d’avoir un excédent de billets par rapport à ce qui a été émis, on a constaté que tout ce qui a été émis n’était pas rentré. De sorte que finalement l’opération s’est soldée à la fin par un gain net pour la Banque Centrale.
A vous entendre, ce nouveau billet est-il infalsifiable ?
Aucun billet n’est infalsifiable dans le monde. Ce que je peux vous dire, c’est que le travail des contrefacteurs se trouve compliqué. Parce qu’en essayant de le faire, tout observateur averti peut se rendre compte qu’il s’agit de billets falsifiés. Récemment, la police a arrêté des malfrats qui prenaient du plaisir à contrefaire des billets, pas seulement le franc Guinéen, mais aussi de franc Cfa, de dollar et d’euro. C’est très simple, il y a des machines qui sont sur le marché aujourd’hui qui peuvent faire des photocopies très proches de la réalité, mais qui ne peuvent jamais l’atteindre. Parce que la photocopie reste la photocopie. Les contrefacteurs ne peuvent pas imaginer les éléments de sécurité incorporés de sorte que même au toucher, on reconnait des billets contrefaits. C’est vrai qu’ils peuvent abuser de la crédulité de certaines personnes, surtout en milieu rural. Mais je peux vous dire que les éléments de sécurité qui sont sur le nouveau billet de 10.000 francs font que sa falsification est devenue très difficile. Et si des gens se hasardaient à le faire, ils seraient démasqués rapidement.
En février 2012 la BCRG tire la sonnette d’alarme sur la situation de détresse de la BADAM (Banque Africaine pour le Développement Agricole et Minier), une banque privée qui investit dans l’agriculture et les mines qui sont une des sources de devises de la Guinée. Mais pendant ce temps, le Directeur Moriba Keita emprisonné et qui clame son innocence parle plutôt d’un complot contre lui…
Je ne sais pas de quel complot, il peut s’agir. C’est vrai que ce qui existe entre les actionnaires et le management de la banque peut être interprété de la manière que chacune des parties prenantes peut vouloir à un moment donné, prêter des intentions à l’autre. Mais, moi je dis tout simplement que la Banque Centrale a examiné la BADAM à l’aune de ses prérogatives dans ce domaine-là. En effet, la loi confère à la Banque Centrale, la prérogative exclusive de la supervision des banques de second rang en matière de ratios qui mesurent un rapport entre les fonds propres de la banque et certains aspects de sa gestion. Ça peut être la liquidité, la solvabilité, la division de la concentration des risques, ça peut être la liquidité en devises. Nous nous assurons que les critères fixés dans ce domaine soient atteints et approchés par les banques, et nous essayons d’expliquer les causes de différents écarts éventuels que l’on peut constater. Mais, si la situation d’une banque se dégrade sur la durée, d’une manière aussi inquiétante comme vous l’avez dit, il est de notre devoir de tirer la sonnette d’alarme. De demander aux actionnaires de faire les apports nécessaires pour que la banque redevienne saine. Maintenant, si les actionnaires, pour quelque raison que ce soit, n’ont pas les possibilités de procéder à la recapitalisation susceptible d’amener la banque à atteindre les ratios en question, alors nous tirons toutes les conséquences. Pour la BADAM, c’est ce que nous avons fait, et nous avons retiré l’agrément. Le retrait de l’agrément est généralement suivi du placement de l’institution en question sous administration provisoire. L’administration provisoire prépare ou la recapitalisation de la banque ou sa liquidation.
La Banque Centrale prête aux autres banques, à ce sujet quel est aujourd’hui votre plan pour redresser la BADAM, débitrice sur les livres de la BCRG ?
Vous avez raison, la Banque Centrale prête aux banques, et c’est en cela aussi qu’elle est la banque des banques. Mais, en ce qui concerne la position de la BADAM sur les livres de la Banque Centrale, avec la décision qui a été prise par le gouvernement de liquider la banque, des moyens doivent être trouvés par l’Etat en ce moment pour essayer d’apurer ce qui peut être apuré au niveau du passif. C’est-à-dire de rembourser les petits déposants et de rembourser aussi les avances que la Banque centrale a dû convertir avant que la BADAM ne soit liquidée. Pour ne pas affoler le système, l’on a été amené à l’époque à prendre certains chèques de la BADAM, et payer des salaires jusqu’à un certain niveau, en accord avec le gouvernement. Tout ceci à fait qu’effectivement, la BADAM traîne une situation débitrice sur les livres de la Banque Centrale. Mais cette situation va être apurée dans le cadre de la liquidation qui va bientôt entrer dans sa phase active.
Vous êtes Gouverneur, mais quelle lecture faites-vous de la situation sociopolitique de la Guinée ?
Ecoutez, la situation sociopolitique de la Guinée, je crois que vous l’avez suivie depuis le décès du président Conté, l’intervention nouvelle de l’armée dans la vie politique, avec les deux années de la transition. Je voulais dire que seulement, à partir de fin 2010, il y a eu une élection transparente, crédible, démocratique, au terme de laquelle, le Pr Alpha Condé a été élu à la magistrature suprême du pays. Et il s’est immédiatement mis à la tâche avec le gouvernement qu’il a constitué. Il a eu beaucoup de réussite et de succès dans le cadre des réformes qui ont été entreprises. Malgré l’atmosphère de suspicion qui a été créée par les partis d’opposition, les Guinéens ont voté massivement le 28 septembre dernier pour élire leurs députés, dans le but de compléter notre arsenal institutionnel.
Pensez-vous, M. le Gouverneur, que le Président Alpha Condé, trois ans après son arrivée au pouvoir, reste le messie que les Guinéens attendaient ?
Je pense que les Guinéens n’ont jamais prétendu attendre un messie. Les Guinéens ont fait des prières dans tous les lieux de cultes pour avoir comme chef d’Etat celui qui sera le mieux à même d’assurer le démarrage économique de ce pays et de créer les conditions les meilleures pour l’amélioration de la vie des populations. Ces prières ont été exaucées, et nous avons eu le président Alpha Condé, un homme de vision qui a déjà montré sa capacité à transcender les difficultés qui peuvent se poser. Il a montré ses qualités d’homme de dialogue, de consensus depuis son arrivée au pouvoir. Je pense que c’est dans le dialogue et le consensus que nous allons réussir à bâtir ce pays.
Pourquoi donc la croissance économique de la Guinée ne décolle pas ?
En 2011, le pays a enregistré un taux de croissance appréciable. Ce taux aurait dû aller crescendo. Mais, vous avez vu que ce mouvement a été stoppé par de forts soubresauts d’ordre politique et social en 2013. Et c’est pourquoi, je vous dis qu’au sortir de ces législatives, le mouvement qui a été interrompu en 2013 va reprendre son cours normal, et que la croissance va de nouveau revenir.
En somme, que peut-on retenir de la politique économique de la Guinée ?
Comme vous l’avez déjà constaté, le gouvernement est déterminé à créer les conditions, d’abord d’une véritable stabilisation macro-économique. La preuve, c’est la réussite de la conduite avec succès de programme de facilité élargie de crédit conclu avec le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale. Et dont le couronnement a été l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE. Cette stabilisation étant assurée, la capacité du gouvernement à conduire un programme économique est établie. A présent peuvent être engagés des programmes visant la croissance, en agissant sur les différents secteurs moteurs de croissance : qu’il s’agisse de l’agriculture qui a connu un véritable progrès et sur lequel le travail d’approfondissement continue, ou du secteur des mines sur lequel le gouvernement a entrepris un travail en profondeur, avec comme ligne de conduite la sauvegarde des intérêts supérieurs de la Guinée vis-à-vis de certaines compagnies minières qui ont, à un moment donné, cherché à réaliser des profits faramineux sur le dos du peuple de Guinée.
Réalisée par Dosso Villard
Comment se porte le franc Guinéen aujourd’hui ?
Merci de m’avoir donné cette opportunité de rencontrer L’Intelligent d’Abidjan qui est un organe de grande notoriété en Côte d’Ivoire, dans la sous-région et au niveau international. Aujourd’hui, le franc Guinéen se porte plutôt bien, en raison de toutes les réformes que nous avons menées depuis que nous avons en charge les destinées de la Banque Centrale, et aussi de la discipline que l’Etat a instaurée au sein de la gestion budgétaire. Donc je peux vous dire que le franc Guinéen se porte beaucoup mieux qu’il y a quelques années, et qu’il ne peut se porter que de mieux en mieux.
Quel est le poids de cette monnaie dans la sous-région ouest-africaine ?
Le franc Guinéen est une monnaie nationale, même s’il arrive quelquefois qu’il soit utilisé dans la sous-région, comme en Sierra Léone ou au Liberia. Nous sommes engagés dans un processus régional d’intégration économique. Avant que ce processus n’aboutisse à une zone monétaire unique, il faut dire que pour l’instant le franc Guinéen est une monnaie purement nationale, utilisée seulement dans les transactions à l’intérieur des frontières de la Guinée.
Monsieur le Gouverneur, depuis votre arrivée à la tête de la plus grande institution financière de la Guinée, peut-on savoir les réformes et les grands chantiers qui portent votre touche ?
En ce qui concerne les réformes, il y a d’abord la mise en place d’un marché interbancaire des changes que nous avons mis en place dès notre prise de fonction à la tête de la Banque Centrale. Autrement dit, nous avons créé à la Banque Centrale un marché officiel des changes où les banques commerciales viennent acquérir des devises pour le compte de leur clientèle, en vue de financier notamment les activités d’importation de ces derniers. Ce qui a eu pour conséquence que l’étau a été desserré autour de l’autre compartiment du marché des changes qui est le marché parallèle, de sorte que finalement, le cours du franc Guinéen s’est trouvé consolidé. Et aujourd’hui, on peut sans risque de se tromper, dire que le franc Guinéen est relativement stable par rapport aux principales devises. L’autre réforme a consisté, en raison des liquidités qui ont été injectées dans l’économie pendant les années 2009 et 2010, à revoir à la hausse le taux directeur de la Banque Centrale et le coefficient des réserves obligatoires, en vue de stériliser ces liquidités, de réunir les conditions susceptibles d’aider à enregistrer des succès tangibles sur le front de la lutte contre l’inflation. Il y a eu en plus de réformes en matière de politique monétaire de change pures, celles qui ont été introduites dans le cadre de la gestion de la Banque Centrale et sur lesquelles nous aurons peut-être l’occasion de revenir.
Aujourd’hui, il est question de créer une monnaie commune africaine, à l’image de l’Euro. En votre qualité de Gouverneur de Banque Centrale, ne craignez-vous pas d’inconvénients ?
Ecoutez, une monnaie à l’échelle africaine, oui. Mais, nous nous réunissions souvent entre gouverneurs de Banques Centrales, lors de la réunion annuelle de l’Association des Banques Centrales Africaines. Il y a également des programmes sous-régionaux un peu plus réduit, au niveau de la deuxième zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest, qui regroupe, en plus de la Guinée, des pays anglophones de l’Afrique de l’Ouest (Nigeria, Ghana, Libéria, Sierra-Léone et la Gambie). Et il y a un institut monétaire qui est créé dans ce sens-là (l’IMAO) qui est en quelque sorte l’embryon de la Banque Centrale de cette zone. La zone qui compte mettre en circulation une monnaie unique à l’horizon 2015. Il faut dire que cette zone aussi collabore avec l’Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest, laquelle fédère toutes les Banques Centrales des pays de la CEDEAO, y compris dans ces conditions, la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Donc, au niveau de cette AMAO, il existe un programme de coopération monétaire qui prévoit une monnaie unique à l’échelle CEDEAO à l’horizon 2020. Ce sont probablement des étapes dans le cadre de la réalisation de la monnaie unique africaine. Si vous me demandez si je crois à cette monnaie unique, je vous répondrai que les gouverneurs des Banques Centrales sont des techniciens qui appliquent les décisions prises par les politiques au plus haut niveau, c’est-à-dire des chefs d’Etat, qui ont décidé que nos régions s’intègrent, que notre continent s’intègre. Il nous appartient de travailler dans ce sens, de faire en sorte que les intentions exprimées par les chefs d’Etat soient une réalité. Autrement dit, de traduire en actes concrets les engagements que les chefs d’Etat ont pris au cours de leurs différents sommets aussi bien au niveau de la sous-région qu’au niveau continental. Je dois d’ailleurs préciser, qu’au niveau africain, les travaux de l’association des Banques Centrales Africaines sont suivis de très près par l’Union Africaine elle-même. Toutes les réunions connaissent la participation de fortes délégations de l’Union Africaine. Pour dire que la volonté politique est là, et que le travail technique est en cours. Et que par conséquent, il n’y a pas de raison que dans un horizon qui peut être un peu lointain peut-être, mais prévisible, on ne puisse aller vers cette intégration monétaire. D’abord à l’échelle sous-régionale, et plus tard à l’échelle du Continent.
A vous entendre, la Guinée serait prête à entrer dans ce nouveau cycle, mais aujourd’hui, quel est le niveau des discussions entre vous ?
Si vous voulez parler de l’engagement et la volonté politique de la Guinée, cela a été déjà exprimé. Et la Guinée participe à toutes les réunions de la ZMAO, qui se tiennent tous les six mois comme celles de l’AMAO. D’ailleurs, ce sont des réunions couplées. La Zone Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) et l’Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (AMAO) font des réunions couplées qui se tiennent alternativement dans une capitale des pays concernés. La dernière réunion a eu lieu à Accra. La prochaine, c’est dans quelques mois. La Guinée participe aux discussions de façon très constructive. Quant à la mesure dans laquelle l’économie guinéenne est prête, les critères de convergences vont nous le dire. Je dois dire simplement que pour l’instant, l’état de réalisation des critères de convergences évolue un petit peu en dent de scie. Mais, je pense que dans les deux à trois années à venir, nous serons à même d’établir une certaine constante dans l’atteinte des résultats fixés par les critères de convergence.
De plus en plus en Afrique, des experts parlent de recul de la croissance en 2014, avez-vous quelque chose à dire sur ces questions?
C’est vrai qu’il s’agit des prévisions. Mais, je dois dire qu’en ce qui concerne la Guinée, nous pensons insuffler à la croissance un rythme plus fort dans le courant de l’année 2014. Malgré toutes les convulsions que le pays a connues en 2013, on a assisté à une croissance assez appréciable par exemple dans le secteur de l’agriculture. C’est vrai que le secteur minier a été victime de ces soubresauts, et la croissance du secteur s’est trouvée complètement influencée, ce qui a influé aussi sur le taux global de croissance. Mais, j’espère que d’ici peu, ces soubresauts, nous les aurons derrière nous, avec la finalisation du processus de transition, et je pense que 2014 sera pour nous, l’année à laquelle la Guinée va véritablement amorcer son processus de décollage. En tous les cas, nous l’espérons très fortement et nous travaillerons d’arrache-pied dans ce sens.
Croyez-vous Monsieur le Gouverneur à l’émergence de la Guinée ?
Ecoutez, c’est ça l’objectif du Gouvernement du Pr Alpha Condé, de faire de la Guinée un pays émergeant à brève échéance. J’y crois et j’essaie d’apporter ma contribution à la réalisation de cet objectif. Ça ne sera nécessairement pas facile, ça ne sera peut-être pas aussi rapide que nous le souhaiterions, mais la Guinée dispose de tous les atouts pour être un pays émergent dans un horizon prévisible. Je peux vous dire très franchement en toute connaissance de cause, que le gouvernement du Pr Alpha Condé travaille ardemment pour l’avènement d’une telle réalité.
La Guinée a atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE. Depuis que le Pr Alpha Condé est au pouvoir, quelles sont les répercussions de cette initiative sur l’économie guinéenne ?
Écoutez, les répercussions de l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE sur l’économie guinéenne sont là. Le service de la dette a été fortement influencé. Le stock de la dette d’abord, a fortement baissé, et naturellement, les ressources qui étaient consacrées au règlement de la dette sont réorientées à d’autres secteurs. C’est vrai que ce n’est pas encore complètement visible. Mais, il y a quand même des avancées significatives que l’on peut constater dès maintenant dans le cadre de la production agricole, et je crois que 2013 est la première année pendant laquelle, au moment de la période de soudure, le prix du riz n’a pas connu une hausse significative. D’ailleurs, dans certaines régions, on a assisté à une baisse du prix du riz. Bien sûr, on parle aussi du panier de la ménagère. Les gens n’ont pas l’impression que l’initiative PPTE leur apporte quelque chose de concret en ce qui concerne leur vie quotidienne. Il ne s’agit là que d’une analyse superficielle. En effet, en voyant la question de très près, on se rend compte que les prix ont considérablement baissé. En tout cas l’inflation a été stoppée. Il y a bien sûr le problème général des infrastructures d’eau, d’électricité, et de routes. Mais, je peux vous dire avec certitude que dans ces domaines aussi de gros efforts ont été fournis. Le barrage de Kaleta a été engagé, et en 2015 la construction de ce barrage sera terminée et les problèmes immédiats d’électricité en Guinée seront résolus. Même avant Kaleta, des investissements ont été déjà faits dans le thermique qui produiront leurs effets très bientôt. Malheureusement les travaux concernant les routes n’ont pas pu être réalisés à cause de la saison des pluies. Parce que la pluviométrie est très abondante en Guinée, et il faut attendre la fin des grandes pluies pour commencer les travaux sur les routes. Je pense que vous reviendrez à la fin de l’année, et que vous verrez ce qui va être réalisé et fait dans le domaine des voies de communication.
Mais, les populations guinéennes s’attendaient à autres choses, M. le Gouverneur ?
Enfin, elles s’attendaient à tout ce que je vous ai dit qu’ils n’ont pas vu ou qu’ils n’ont pas encore vu complètement, parce que c’est vrai qu’en matière économique, ce que vous obtenez est déjà un acquis que vous ne comptez plus et vous pensez à ce qui va venir. Et je vous l’ai dit tout à l’heure, à l’image du franc Guinéen, l’économie guinéenne va se porter de mieux en mieux. Et c’est un fait : les efforts en cours autorisent que l’on ait beaucoup d’espoir pour l’avenir immédiat et plus lointain.
Aujourd’hui, quel bilan faites-vous de l’opération de retrait du marché des billets, notamment, les coupures de 10.000 francs ?
Ecoutez, la situation relative aux coupures de 10.000 francs concerne un échange de billets. On a retiré une coupure toute entière pour la remplacer par la même dénomination, mais sous une nouvelle présentation, en renforçant les éléments de sécurité, en faisant en sorte que toute contrefaçon soit détectable très rapidement. C’est vrai qu’il y avait beaucoup de confusions qui tournaient autour de l’ancienne coupure. L’opération a été engagée à la mi-2012 et elle s’est très bien déroulée. Contrairement à ce que nous avons craint, au lieu d’avoir un excédent de billets par rapport à ce qui a été émis, on a constaté que tout ce qui a été émis n’était pas rentré. De sorte que finalement l’opération s’est soldée à la fin par un gain net pour la Banque Centrale.
A vous entendre, ce nouveau billet est-il infalsifiable ?
Aucun billet n’est infalsifiable dans le monde. Ce que je peux vous dire, c’est que le travail des contrefacteurs se trouve compliqué. Parce qu’en essayant de le faire, tout observateur averti peut se rendre compte qu’il s’agit de billets falsifiés. Récemment, la police a arrêté des malfrats qui prenaient du plaisir à contrefaire des billets, pas seulement le franc Guinéen, mais aussi de franc Cfa, de dollar et d’euro. C’est très simple, il y a des machines qui sont sur le marché aujourd’hui qui peuvent faire des photocopies très proches de la réalité, mais qui ne peuvent jamais l’atteindre. Parce que la photocopie reste la photocopie. Les contrefacteurs ne peuvent pas imaginer les éléments de sécurité incorporés de sorte que même au toucher, on reconnait des billets contrefaits. C’est vrai qu’ils peuvent abuser de la crédulité de certaines personnes, surtout en milieu rural. Mais je peux vous dire que les éléments de sécurité qui sont sur le nouveau billet de 10.000 francs font que sa falsification est devenue très difficile. Et si des gens se hasardaient à le faire, ils seraient démasqués rapidement.
En février 2012 la BCRG tire la sonnette d’alarme sur la situation de détresse de la BADAM (Banque Africaine pour le Développement Agricole et Minier), une banque privée qui investit dans l’agriculture et les mines qui sont une des sources de devises de la Guinée. Mais pendant ce temps, le Directeur Moriba Keita emprisonné et qui clame son innocence parle plutôt d’un complot contre lui…
Je ne sais pas de quel complot, il peut s’agir. C’est vrai que ce qui existe entre les actionnaires et le management de la banque peut être interprété de la manière que chacune des parties prenantes peut vouloir à un moment donné, prêter des intentions à l’autre. Mais, moi je dis tout simplement que la Banque Centrale a examiné la BADAM à l’aune de ses prérogatives dans ce domaine-là. En effet, la loi confère à la Banque Centrale, la prérogative exclusive de la supervision des banques de second rang en matière de ratios qui mesurent un rapport entre les fonds propres de la banque et certains aspects de sa gestion. Ça peut être la liquidité, la solvabilité, la division de la concentration des risques, ça peut être la liquidité en devises. Nous nous assurons que les critères fixés dans ce domaine soient atteints et approchés par les banques, et nous essayons d’expliquer les causes de différents écarts éventuels que l’on peut constater. Mais, si la situation d’une banque se dégrade sur la durée, d’une manière aussi inquiétante comme vous l’avez dit, il est de notre devoir de tirer la sonnette d’alarme. De demander aux actionnaires de faire les apports nécessaires pour que la banque redevienne saine. Maintenant, si les actionnaires, pour quelque raison que ce soit, n’ont pas les possibilités de procéder à la recapitalisation susceptible d’amener la banque à atteindre les ratios en question, alors nous tirons toutes les conséquences. Pour la BADAM, c’est ce que nous avons fait, et nous avons retiré l’agrément. Le retrait de l’agrément est généralement suivi du placement de l’institution en question sous administration provisoire. L’administration provisoire prépare ou la recapitalisation de la banque ou sa liquidation.
La Banque Centrale prête aux autres banques, à ce sujet quel est aujourd’hui votre plan pour redresser la BADAM, débitrice sur les livres de la BCRG ?
Vous avez raison, la Banque Centrale prête aux banques, et c’est en cela aussi qu’elle est la banque des banques. Mais, en ce qui concerne la position de la BADAM sur les livres de la Banque Centrale, avec la décision qui a été prise par le gouvernement de liquider la banque, des moyens doivent être trouvés par l’Etat en ce moment pour essayer d’apurer ce qui peut être apuré au niveau du passif. C’est-à-dire de rembourser les petits déposants et de rembourser aussi les avances que la Banque centrale a dû convertir avant que la BADAM ne soit liquidée. Pour ne pas affoler le système, l’on a été amené à l’époque à prendre certains chèques de la BADAM, et payer des salaires jusqu’à un certain niveau, en accord avec le gouvernement. Tout ceci à fait qu’effectivement, la BADAM traîne une situation débitrice sur les livres de la Banque Centrale. Mais cette situation va être apurée dans le cadre de la liquidation qui va bientôt entrer dans sa phase active.
Vous êtes Gouverneur, mais quelle lecture faites-vous de la situation sociopolitique de la Guinée ?
Ecoutez, la situation sociopolitique de la Guinée, je crois que vous l’avez suivie depuis le décès du président Conté, l’intervention nouvelle de l’armée dans la vie politique, avec les deux années de la transition. Je voulais dire que seulement, à partir de fin 2010, il y a eu une élection transparente, crédible, démocratique, au terme de laquelle, le Pr Alpha Condé a été élu à la magistrature suprême du pays. Et il s’est immédiatement mis à la tâche avec le gouvernement qu’il a constitué. Il a eu beaucoup de réussite et de succès dans le cadre des réformes qui ont été entreprises. Malgré l’atmosphère de suspicion qui a été créée par les partis d’opposition, les Guinéens ont voté massivement le 28 septembre dernier pour élire leurs députés, dans le but de compléter notre arsenal institutionnel.
Pensez-vous, M. le Gouverneur, que le Président Alpha Condé, trois ans après son arrivée au pouvoir, reste le messie que les Guinéens attendaient ?
Je pense que les Guinéens n’ont jamais prétendu attendre un messie. Les Guinéens ont fait des prières dans tous les lieux de cultes pour avoir comme chef d’Etat celui qui sera le mieux à même d’assurer le démarrage économique de ce pays et de créer les conditions les meilleures pour l’amélioration de la vie des populations. Ces prières ont été exaucées, et nous avons eu le président Alpha Condé, un homme de vision qui a déjà montré sa capacité à transcender les difficultés qui peuvent se poser. Il a montré ses qualités d’homme de dialogue, de consensus depuis son arrivée au pouvoir. Je pense que c’est dans le dialogue et le consensus que nous allons réussir à bâtir ce pays.
Pourquoi donc la croissance économique de la Guinée ne décolle pas ?
En 2011, le pays a enregistré un taux de croissance appréciable. Ce taux aurait dû aller crescendo. Mais, vous avez vu que ce mouvement a été stoppé par de forts soubresauts d’ordre politique et social en 2013. Et c’est pourquoi, je vous dis qu’au sortir de ces législatives, le mouvement qui a été interrompu en 2013 va reprendre son cours normal, et que la croissance va de nouveau revenir.
En somme, que peut-on retenir de la politique économique de la Guinée ?
Comme vous l’avez déjà constaté, le gouvernement est déterminé à créer les conditions, d’abord d’une véritable stabilisation macro-économique. La preuve, c’est la réussite de la conduite avec succès de programme de facilité élargie de crédit conclu avec le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale. Et dont le couronnement a été l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE. Cette stabilisation étant assurée, la capacité du gouvernement à conduire un programme économique est établie. A présent peuvent être engagés des programmes visant la croissance, en agissant sur les différents secteurs moteurs de croissance : qu’il s’agisse de l’agriculture qui a connu un véritable progrès et sur lequel le travail d’approfondissement continue, ou du secteur des mines sur lequel le gouvernement a entrepris un travail en profondeur, avec comme ligne de conduite la sauvegarde des intérêts supérieurs de la Guinée vis-à-vis de certaines compagnies minières qui ont, à un moment donné, cherché à réaliser des profits faramineux sur le dos du peuple de Guinée.
Réalisée par Dosso Villard