Vous êtes le président du Haut conseil des Nigériens de Côte d’Ivoire. Pouvez-vous nous présenter votre organisation ?
Le Haut conseil est une organisation créée par le gouvernement nigérien depuis la conférence nationale pour organiser la communauté nigérienne vivant à l’extérieur. Cette structure a pour objectifs d’aider la communauté nigérienne vivant à l’extérieur à s’organiser ; à se prendre en charge ; à résoudre ses problèmes par des consensus ; à éviter qu’elle soit livrée à elle-même.
Comment êtes-vous organisés en Côte d’Ivoire?
En Côte d’Ivoire, nous avons un bureau dans chaque commune. Le nombre de membres de chaque bureau varie entre six et vingt, selon la taille de la commune. Le bureau du Haut conseil est composé des délégués de chaque commune.
A combien peut-on estimer le nombre de Nigériens vivant en Côte d’Ivoire?
C’est difficile de répondre à cette question. Parce que la majorité de nos compatriotes ne sont malheureusement pas immatriculés à l’ambassade. Par conséquent, l’ambassade n’est pas en mesure de connaître leur nombre exact. Quant à ceux qui sont immatriculés, leur nombre se situe entre 150 et 200 mille personnes.
On sait que votre pays compte plusieurs tribus. Quelles sont celles qui sont les plus présentes sur le sol ivoirien ?
En ma connaissance, on trouve les Haoussas, les Zarma, les Tamasheq, c’est-à-dire les Bella, les Béribéris ou Kanouri, les Arabes.
Dans quels secteurs d’activités trouve-t-on les Nigériens?
Les Nigériens sont dans diverses activités. Que ça soit le bâtiment, la vente de produits de crue, entendez les légumes, les fruits, la vente de bétail et ses dérivés, les friperies, les tissus. Mais le plus grand contingent est dans le bâtiment. Quand je dis le bâtiment, cela englobe tout ce qu’on peut utiliser pour faire un bâtiment.
Qu’est-ce qui explique la présence massive des Haoussas dans le commerce de bois? Est-ce une activité réservée aux seuls Haoussas ?
Absolument pas ! Le commerce du bois demande de la patience. Sous Houphouet-Boigny, le gouvernement ivoirien avait remis de l’argent à des Ivoiriens pour vendre le bois. Mais voilà des gens à qui on a prêté dix millions F Cfa ; et qui dépensent dix à quinze mille F Cfa par jour pendant un mois, que va-t-il leur en rester ? Alors que les Nigériens consomment entre 200 et 300f/j ; pendant que les Ivoiriens font la belle vie. Et au bout de trois mois, tout l’argent que le gouvernement ivoirien a donné a complètement disparu. Voyez-vous, quand l’Ivoirien va acheter des tôles, ce sont les Nigériens qui vont les décharger. S’il va acheter du bois, ce sont toujours les Nigériens qui sont commis à cette tâche...
Et le garba, (l’attiéké au poisson thon) ? Là encore ce sont vos compatriotes qui contrôlent ce commerce…
Ils sont effectivement nombreux les Nigériens qui font ce commerce. Mais si nos compatriotes sont actifs dans ce secteur, cela s’explique : les Nigériens interviennent dans tous les maillons de la filière garba. D’abord ils donnent de l’argent aux coopératives pour produire le manioc; ensuite pour fabriquer l’attiéké et enfin pour le livrer aux vendeurs de garba à Abidjan.
Quelle est l’origine du mot ‘’garba’’ qui désigne l’attiéké ?
C’est un jeune nigérien qui vendait de l’attiéké à l’université de Cocody (actuelle université Félix Houphouet-Boigny, ndlr). Ce dernier s’appelait Garba. Et les étudiants, pour aller manger de l’attiéké, disaient : «allons chez Garba». Au fil du temps, ce qui était le nom du vendeur au départ s’est substitué à l’activité qu’il menait. Garba est l’équivalent du nom Aboubacar en Haoussa.
Quels sont vos rapports avec les Ivoiriens ?
Vraiment nous n’avons pas de problèmes avec les Ivoiriens. Parmi nous beaucoup ont épousé des Ivoiriennes. On se sent bien ici. Quand nous avons des problèmes, on trouve toujours des moyens pacifiques pour les résoudre. Aujourd’hui dans ce pays, celui qui veut faire du mal à un étranger risque de le faire à son propre parent, car il y a un brassage des peuples en Côte d’Ivoire.
Comment avez-vous vécu la crise postélectorale ?
Comme tout le monde, avec beaucoup de difficultés. Etant donné que nous portons tous des noms musulmans, nous avons beaucoup été assimilés aux Ivoiriens du Nord de la Côte d’Ivoire. Compte tenu aussi de l’organisation de notre communauté. Tous les Nigériens qui exercent une même activité se retrouvent à un même endroit. Et quand c’est comme cela, il est facile de mettre la main sur eux. La guerre n’épargne personne. On a perdu des proches et des biens aussi. Vraiment nous ne souhaitons pas qu’un autre pays vive ce qui s’est passé ici.
DM (stagiaire)
Le Haut conseil est une organisation créée par le gouvernement nigérien depuis la conférence nationale pour organiser la communauté nigérienne vivant à l’extérieur. Cette structure a pour objectifs d’aider la communauté nigérienne vivant à l’extérieur à s’organiser ; à se prendre en charge ; à résoudre ses problèmes par des consensus ; à éviter qu’elle soit livrée à elle-même.
Comment êtes-vous organisés en Côte d’Ivoire?
En Côte d’Ivoire, nous avons un bureau dans chaque commune. Le nombre de membres de chaque bureau varie entre six et vingt, selon la taille de la commune. Le bureau du Haut conseil est composé des délégués de chaque commune.
A combien peut-on estimer le nombre de Nigériens vivant en Côte d’Ivoire?
C’est difficile de répondre à cette question. Parce que la majorité de nos compatriotes ne sont malheureusement pas immatriculés à l’ambassade. Par conséquent, l’ambassade n’est pas en mesure de connaître leur nombre exact. Quant à ceux qui sont immatriculés, leur nombre se situe entre 150 et 200 mille personnes.
On sait que votre pays compte plusieurs tribus. Quelles sont celles qui sont les plus présentes sur le sol ivoirien ?
En ma connaissance, on trouve les Haoussas, les Zarma, les Tamasheq, c’est-à-dire les Bella, les Béribéris ou Kanouri, les Arabes.
Dans quels secteurs d’activités trouve-t-on les Nigériens?
Les Nigériens sont dans diverses activités. Que ça soit le bâtiment, la vente de produits de crue, entendez les légumes, les fruits, la vente de bétail et ses dérivés, les friperies, les tissus. Mais le plus grand contingent est dans le bâtiment. Quand je dis le bâtiment, cela englobe tout ce qu’on peut utiliser pour faire un bâtiment.
Qu’est-ce qui explique la présence massive des Haoussas dans le commerce de bois? Est-ce une activité réservée aux seuls Haoussas ?
Absolument pas ! Le commerce du bois demande de la patience. Sous Houphouet-Boigny, le gouvernement ivoirien avait remis de l’argent à des Ivoiriens pour vendre le bois. Mais voilà des gens à qui on a prêté dix millions F Cfa ; et qui dépensent dix à quinze mille F Cfa par jour pendant un mois, que va-t-il leur en rester ? Alors que les Nigériens consomment entre 200 et 300f/j ; pendant que les Ivoiriens font la belle vie. Et au bout de trois mois, tout l’argent que le gouvernement ivoirien a donné a complètement disparu. Voyez-vous, quand l’Ivoirien va acheter des tôles, ce sont les Nigériens qui vont les décharger. S’il va acheter du bois, ce sont toujours les Nigériens qui sont commis à cette tâche...
Et le garba, (l’attiéké au poisson thon) ? Là encore ce sont vos compatriotes qui contrôlent ce commerce…
Ils sont effectivement nombreux les Nigériens qui font ce commerce. Mais si nos compatriotes sont actifs dans ce secteur, cela s’explique : les Nigériens interviennent dans tous les maillons de la filière garba. D’abord ils donnent de l’argent aux coopératives pour produire le manioc; ensuite pour fabriquer l’attiéké et enfin pour le livrer aux vendeurs de garba à Abidjan.
Quelle est l’origine du mot ‘’garba’’ qui désigne l’attiéké ?
C’est un jeune nigérien qui vendait de l’attiéké à l’université de Cocody (actuelle université Félix Houphouet-Boigny, ndlr). Ce dernier s’appelait Garba. Et les étudiants, pour aller manger de l’attiéké, disaient : «allons chez Garba». Au fil du temps, ce qui était le nom du vendeur au départ s’est substitué à l’activité qu’il menait. Garba est l’équivalent du nom Aboubacar en Haoussa.
Quels sont vos rapports avec les Ivoiriens ?
Vraiment nous n’avons pas de problèmes avec les Ivoiriens. Parmi nous beaucoup ont épousé des Ivoiriennes. On se sent bien ici. Quand nous avons des problèmes, on trouve toujours des moyens pacifiques pour les résoudre. Aujourd’hui dans ce pays, celui qui veut faire du mal à un étranger risque de le faire à son propre parent, car il y a un brassage des peuples en Côte d’Ivoire.
Comment avez-vous vécu la crise postélectorale ?
Comme tout le monde, avec beaucoup de difficultés. Etant donné que nous portons tous des noms musulmans, nous avons beaucoup été assimilés aux Ivoiriens du Nord de la Côte d’Ivoire. Compte tenu aussi de l’organisation de notre communauté. Tous les Nigériens qui exercent une même activité se retrouvent à un même endroit. Et quand c’est comme cela, il est facile de mettre la main sur eux. La guerre n’épargne personne. On a perdu des proches et des biens aussi. Vraiment nous ne souhaitons pas qu’un autre pays vive ce qui s’est passé ici.
DM (stagiaire)