« Avant que de passer au jeu de questions - réponses, permettez moi de saluer la mémoire d’un serviteur infatigable de la cause nationale qu’a été Me Fakhy KONATE, SG de l’Assemblée Nationale que la mort vient de nous arracher brutalement. Toutes nos prières l’accompagnent dans ce voyage ultime. » Alphonse SORO
Nouveau Réveil : Vous êtes l’un des rares députés qui, malgré les turbulences et les éclats de voix en août dernier à l’hémicycle, assurait que le Pdci et le Rdr finiraient par s’entendre sur le foncier et la nationalité. Avec du recul, comment expliquez-vous que les deux partis alliés soit allés aussi loin dans l’affrontement verbal ?
AS : Cela était bien entendu prévisible parce qu'à l'analyse, il n'y avait rien comme divergence fondamentale sur le fond entre le PDCI et le RDR sur la question. Je crois que certains se sont laissés aller en surfant sur la vague populaire qui elle-même était manipulée par l'opposition. Souvenons-nous que certains ont crié au bradage des terres ivoiriennes et à la grande distribution de la nationalité à des étrangers. Non, il n'en était rien du tout. Le fond de l'affaire est que sur le foncier, le Gouvernement nous a envoyé un texte tel qu’adopté par l'ex majorité PDCI au pouvoir en 1998. Je vous assure, le même texte, pas une virgule de moins, pas une virgule de plus. Il s'agissait ni plus, ni moins, de proroger l'application d'une loi du Président Bédié qui n'avait pas pu être appliquée du fait de la crise. Pour la nationalité, c'était pareil, il fallait mettre dans nos textes de lois, ce que nous avons convenu lors des accords politiques qui ont traités des raisons profondes du mal ivoirien qui nous avait plongés dans l'instabilité chronique et la guerre. Là encore, vous voyez, tous les partis politiques y compris le PDCI et le RDR sont signataires de ces accords ; où était donc le problème ? Passé le temps des débats intellectuels et démocratiques de compréhension et d'acceptation de cette réalité, on ne pouvait que s'entendre même si je pense que nos directions politiques ont failli en amont. Pour le reste, il n'y a jamais de limite au débat verbal pour peu qu'il reste responsable, objectif et encadré.
NR : Quand le président a voulu dissoudre le gouvernement à l’occasion du vote de la loi sur le mariage, un an plus tôt, certains ont crié à la dictature. Comment vous, vous avez compris ce message venant du chef de l’Etat ?
AS : Il n'y a pas deux compréhensions à avoir sur la dissolution du Gouvernement. Ceux qui ont crié à la dictature ne comprennent rien du fonctionnement des majorités au pouvoir. Nous avons une majorité Rhdp au pouvoir. Cette majorité a désigné un Premier Ministre pour diriger le Gouvernement. Dès lors que la même majorité conteste, rejette et désapprouve les actions du même Gouvernement, cela s'appelle un désaveu de ce dernier et de sa politique. En pareille situation, le Premier Ministre en général rend le tablier et n'attend même pas d'être remercié. Récemment en France, il a fallu que des Députés Socialistes lèvent la voix contre des actions du gouvernement socialiste, pour qu'on évoque déjà un remaniement de ce dernier.
NR : Ne croyez-vous pas que des réglages doivent être fait entre groupes parlementaire Pdci et Rdr si l’on veut garantir une meilleure solidarité parlementaire au bénéfice du gouvernement Rhdp ?
AS : Votre question en dit long sur ce qui ne va pas. "Réglages entre les Groupes Parlementaires PDCI et RDR au bénéfice du Gouvernement RHDP"… Et pourquoi pas un Groupe Parlementaire Rhdp ? Ce cafouillage est l'échec du plan de ceux qui se sont opposés à l'idée d'un Groupe Parlementaire Rhdp au départ. Autrement, on serait à l'abri de ces diatribes publiques entre alliés. Il faut ajouter que le non fonctionnement du Rhdp en tant qu'entité politique depuis la sortie du Golf est l'autre mal. Vous me parler de réglages, mais il y a réglages quand ça fonctionne, or ce n'est pas le cas pour l'instant. Voyez-vous, cette alliance ne tient finalement que par les leaders, les appareils politiques ne suivent pas et le RHDP est comme atteint d’une maladie sénile. Donc le premier réglage serait de faire fonctionner à nouveau la machine en tant que entité politique et le reste suivra. Je suis d'ailleurs pour qu'on aille au-delà des solidarités classiques et symboliques pour que, par exemple, des Élus et Cadres du PDCI apportent aussi la réplique à tous ceux qui s'attaquent au Président Ouattara et que cela ne relève pas que de personnes issues du RDR. Et je veux cette même détermination de la part de cadres RDR lorsque le Président Bédié est attaqué par qui que ce soit. Regardez le cas récent du congrès du PDCI. Vous nous avez vus répliquer vertement aux attaques personnelles contre le monument qu'est Henri Konan Bedié au point où certains des adversaires de Bédié disaient qu'ils avaient plus d'attaques venant du RDR que du PDCI lui-même. C'est cela une véritable alliance, pas le soutien partiel, occasionnel et sélectif.
NR : Au nord, dont vous êtes originaire, la question des conflits entre éleveurs et agriculteurs sont récurrents. Avez-vous une solution ?
AS: Le conflit entre éleveurs et agriculteurs est aussi vieux que le monde pas seulement au nord mais partout en Côte d'Ivoire et même ailleurs. On essaie en tant qu'Elu d'y apporter des solutions locales autant que faire se peut. Sauf que je suis désormais pour une véritable prise en main de la question par les Ministères concernés à savoir le Ministère de l'Agriculture et celui des Ressources animales. Il faut un séminaire conjoint sur la question pour identifier de manières exhaustives les causes en face desquelles on proposerait des solutions idoines et pérennes.
NR: Qu’est-ce que le député issu d’une circonscription du nord pense de la question spécifique des dozos ?
AS: D'abord, on n’a pas besoin d'être Député du nord pour donner une opinion sur la question des Dozos. J'observe ensuite que parlant de la question des Dozos, beaucoup de personnes restent dans le superficiel. Aujourd'hui autant on a des Dozos Malinkés, on a aussi des Dozos Guerés, des Dozos Baoulés et autres. Donc ce n'est plus un phénomène du nord mais plutôt de toute la Côte d'Ivoire qu'il faut regarder et traiter avec sang-froid. Cela dit, je réclame une identification des Dozos. Qui est Dozos? Il faut établir un fichier unique national des Dozos, les doter d'un identifiant et prendre un texte réglementaire de la confrérie.
NR: Comment résoudre la question des dozos quand tout le monde aujourd’hui se dit dozo ?
AS: Naturellement, le "Dozoya", il s'agit de ceux dont c'est une profession de chasse au Gibier et de veille sécuritaire. L'identification et la réglementation feront en sorte que plus personne ne paiera une tenue de Dozos au passage pour son plaisir ou pour aller effrayer son voisin.
NR: Comment expliquez-vous le phénomène de coupeurs de route dans le nord ?
AS: Encore une fois, les coupeurs de route, on en trouve aussi bien au nord que partout en Côte d'Ivoire. Voyez-vous, les gens sont trop exigeants vis-à-vis du pouvoir. Cher ami, ce phénomène est un corolaire inhérent à toute situation de guerre que connaît tout pays. Pendant la guerre, les armes circulent et après la guerre, il faut du temps pour les ramasser toutes et cela n'a jamais été aussi spontané que vous semblez le réclamer. Une chose est sûre, la situation est évolutive et cela se voit par la nette amélioration progressive de la situation sécuritaire avec l'indice qui est passe de 4 à 1 selon les organismes internationaux compétents qui trouvent d'ailleurs que la Côte d'Ivoire est meilleure élève en la matière. Je conclue que des efforts sont fait mais doit mieux faire.
NR: Comment expliquez-vous que la question du désarmement soit encore d’actualité après la délivrance des cartes d’identité et surtout après la tenue de l’élection présidentielle?
AS: Votre question m'étonne. Mais j’espère que vous êtes aussi choqué de savoir que le Libéria, la Sierra Leone et le Rwanda sont encore dans leurs processus de Désarmement plus de dix ans après leurs sortie de guerre par des élections comme nous? Attention, parce que là, vous emboucher une trompète déjà sifflée. Celle de personnes claquemurées qui ont maladroitement pris cela pour prétexte pour s'accrocher au pouvoir après leur défaite électorale, occasionnant plus de trois milles morts. Toutes les parties étaient d'accord sur un cantonnement sous surveillance onusienne pour aller aux élections et aussi sur la notion de Processus DDR c'est à dire désarmement progressif. J'ajoute qu'on n’ a pas entendu dire que des militaires avaient quitté leur site de cantonnement pour aller perturber un site d'identification ou un bureau de vote le jour du scrutin, attestant ainsi de ce qu'ils ont été à l'écart du processus électorale, du reste, le plus surveillé au monde.
NR: L’entité Forces nouvelles dont vous êtes issu, existe-elle toujours, en tant que groupement de lutte organisé porteur d’un idéal ? Ou a-t-elle cessé d’exister depuis avril 2011, date de l’arrestation de l’ancien président?
AS: Il n’y a plus de Forces Nouvelles. L'entité militaire et l'entité économique ont été officiellement dissoutes, quand à l'entité politique, elle a cessé d'exister depuis que chacun est retourné dans son parti politique initial pour se présenter aux élections locales. Aucun autre idéal n'était à l'ordre du jour que des cartes d'identité à tous les ivoiriens et des élections démocratiques et sans exclusion. Sans plus. Pour moi, il n'y a aucune ambiguïté encore moins aucun double jeu possible.
NR: La sortie de prison du président du Fpi Pascal Affi N’guessan n’a en rien décrispé le discours politique. Affi N’guessan parle même de « pouvoir sanguinaire » et met en cause la légitimité du président de la République. Le condamnez-vous ?
AS: Aujourd’hui, Affi N’guessan cherche à se faire passer pour un prophète inspiré, je m’en moque. Ces coups de lattes ne changeront rien à la réalité tangible et à la différence entre leur gouvernance pagaille d’hier et ce que le Président OUATTARA donne comme leçon de gouvernance aujourd’hui. Mais, personne ne doit s’opposer à ce qu’il joue pleinement son rôle d'opposant. Dans toutes les démocraties il faut bien que le pouvoir dirige et que l'opposition s'oppose. La seule chose que nous ne pouvons accepter de leur part, c'est la négation des tueries et les moqueries vis-à-vis des victimes. Sur cela, il y a une intransigeance à avoir vis-à-vis de ce groupuscule extrémiste et excité que représente aujourd'hui le FPI. On n'acceptera pas longtemps qu'on ajoute l'injure à la blessure. C’est tout de même dommage que ce parti et ses leaders continuent à s’enfermer dans un discours obsolète. On attendait mieux de leur part.
NR: S’il arrivait que tous les exilés pro-Gbagbo entrent d’exil et que tous les détenus pro-Fpi recouvrent la liberté, pensez-vous que le Fpi de Gbagbo ira vraiment à la réconciliation ?
AS: C’est l’avis de quelques générés LMP qui croient pouvoir nous endormir et nous emmener à passer par perte et profit tous les morts. Je veux, d’ailleurs, qu'on sorte maintenant du piège de la réconciliation. C'est fini la réconciliation. À quel moment ou à quelle condition selon vous on dira que les ivoiriens sont réconciliés ? Cela n'est pas factuel, donc attention à ne pas confondre problématique de fracture politique et problématique de fracture sociale.
NR: Sous quelles conditions pouvoir et opposition avanceront-ils sur le chemin de la réconciliation ?
AS: Peut- être voulez-vous dire à quelle condition Affi N’guessan rentrera-t-il dans un Gouvernement Rhdp ? Sinon je ne comprends pas ce que vous me demandez. Mais si c'est cela le problème, changeons la sémantique pour parler de diriger ensemble, ce qui est d'ailleurs inopportun actuellement puisque les élections c'est pour bientôt. Pour le reste, l'affrontement verbal quotidien entre pouvoir et opposition n'est que l’expression du dynamisme politique classique dans la vie de toutes les nations démocratiques.
NR: Banny a remis récemment le rapport de la Cdvr au Chef de l'Etat. Selon vous, doit-il être reconduit ou pas?
AS: Pourquoi faire ? Encadrer la pré campagne et la campagne électorale qui commencent en 2014 ou pour surveiller les élections elles-mêmes à la place des Institutions Compétentes ? Il faut trouver du travail pour Banny et le remercier pour ce qu'il a pu faire et pour ce qu'il n'a pas pu faire pour la nation.
NR: Le Président de la République, Alassane Ouattara, entreprend depuis le lundi 25 novembre 2013, une visite d'Etat dans la région de Gbêkè. Quel sens donnez-vous à cette visite, et que pensez-vous qu'elle peut apporter à cette région symbole de la crise armée en Côte d'Ivoire?
AS: Je suis heureux pour les populations de cette région qui avaient vraiment commencé à désespérer. J’ai d'ailleurs organisé un meeting avec les jeunes à Bouaké en début d'année en réponse à cette grogne qui était récurrente au sein de la population pour les rassurer que le Président de la République ne pouvait pas les oublier et que leur tour allait arriver de recevoir le bonheur. Aujourd'hui c'est choses faite et il faut remercier le Président de la République pour avoir décidé de réhabiliter et d'effacer les stigmates de la guerre qu'a connu cette région.
NR: Entre juger Simone Gbagbo et Charles Blé Goudé à la Haye ou les juger en Côte d’Ivoire, que préférerait le député Alphonse Soro ?
AS: Le lieu du procès n'a aucune espèce d'importance. Il faut simplement acter les propos du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice qui dit que dorénavant le plateau technique judiciaire ivoirien est à même de garantir des procès équitables localement.
NR: Quand on dit qui y a « une justice des vainqueurs » parce qu’il n’y a pas de dirigeant ex-forces nouvelles ou Frci devant la Cpi, comment vous réagissez à cela ?
AS: Juste un slogan d’individus en manque de sensations. Il ne faut pas se laisser émouvoir. Sachez au passage que quelque soit celui qui est en possession de la force publique, emprisonner est mieux que tuer. Moi j'ai le cœur en cendre de voir que des gens tentent de loger Mr Laurent Gbagbo à la même enseigne que les autres acteurs de la crise ivoirienne. Cher ami, il n'y a pas deux personnes qui ont perdu les élections, ont refusé de reconnaître leur défaite et ont lancé les chars et des mercenaires Libériens à la chasse des masses populaires pour garder le pouvoir. De plus, la responsabilité de chef de l'exécutif est loin d'être comparable à celle d'un citoyen. Et je note que des Frci sont jugés et condamnés devant les tribunaux à Abidjan. Que voulez-vous de plus ?
NR: Où en êtes-vous au sujet de la plainte que vous avez annoncée contre tous ceux qui continuent de nier les morts de la crise postélectorale ?
AS: Il y a souvent des choses que je ne m'explique pas. Nous avons connu des massacres et il y a des gens qui continuent de le nier et de narguer les victimes, c'est inhumain et blessant. Surtout que nous sommes tous contemporains des événements qu’on s’échine sans vergogne à nier. Que fait-on pour arrêter cela? Un peu comme cela se fait lorsque vous niez l'holocauste, le génocide Arménien ou le génocide Rwandais. Je souhaite que l'Assemblée Nationale y réfléchisse, ce sera un grand pas pour boucler la fameuse réconciliation qu'on chante au quotidien.
NR: On accuse le Président de l'Assemblée Nationale Guillaume Soro de vouloir s’accaparer le Rdr et le pouvoir lui-même. Vous qui le connaissez-bien, qu'en est-il?
AS: En ma qualité de militant RDR, je puis vous dire que les responsabilités se gagnent au sein de notre Parti par voix élective. Et en ma qualité de parlementaire, je suis bien placé pour vous dire que le pouvoir se prend par les urnes et non autrement.
NR: Comment expliquez-vous ses tournées dans les régions du Djuablin, du Gô et bientôt dans l'Agneby-tiassa, un peu comme le chef de l’état?
AS: L’eau qui sort de la bouche du silure est la plus fraiche ; donc cette question, vous la poserez vous même au Président de l’Assemblée Nationale himself.
NR: Dites-nous la vérité sur la rivalité Guillaume Soro-Hamed Bakayoko
AS: Je vous demande de vous en tenir aux propos des intéressés qui ont tous affirmés dans la presse que cela relevait de l'imagination populaire et non de la réalité et qu'ils étaient amis et très proches.
NR: Si le député de l’Assemblée national avait un mot à l’ensemble des Ivoiriens, que dirait-il ?
AS: Que chacun des ivoiriens, en toute conscience, en toute objectivité et en dehors de toute considération politicienne, doit reconnaître que le pays se transforme et que le Président Ouattara est une autre chance pour la Côte d'Ivoire. Et que cette chance mérite soutien, encouragement et continuité.
Enfin, merci à vous du Nouveau Réveil pour votre contribution à l’avènement de la démocratie dans notre pays et merci de m’ouvrir enfin les colonnes de votre illustre quotidien après m’avoir blacklisté depuis… Rires…
Nouveau Réveil : Vous êtes l’un des rares députés qui, malgré les turbulences et les éclats de voix en août dernier à l’hémicycle, assurait que le Pdci et le Rdr finiraient par s’entendre sur le foncier et la nationalité. Avec du recul, comment expliquez-vous que les deux partis alliés soit allés aussi loin dans l’affrontement verbal ?
AS : Cela était bien entendu prévisible parce qu'à l'analyse, il n'y avait rien comme divergence fondamentale sur le fond entre le PDCI et le RDR sur la question. Je crois que certains se sont laissés aller en surfant sur la vague populaire qui elle-même était manipulée par l'opposition. Souvenons-nous que certains ont crié au bradage des terres ivoiriennes et à la grande distribution de la nationalité à des étrangers. Non, il n'en était rien du tout. Le fond de l'affaire est que sur le foncier, le Gouvernement nous a envoyé un texte tel qu’adopté par l'ex majorité PDCI au pouvoir en 1998. Je vous assure, le même texte, pas une virgule de moins, pas une virgule de plus. Il s'agissait ni plus, ni moins, de proroger l'application d'une loi du Président Bédié qui n'avait pas pu être appliquée du fait de la crise. Pour la nationalité, c'était pareil, il fallait mettre dans nos textes de lois, ce que nous avons convenu lors des accords politiques qui ont traités des raisons profondes du mal ivoirien qui nous avait plongés dans l'instabilité chronique et la guerre. Là encore, vous voyez, tous les partis politiques y compris le PDCI et le RDR sont signataires de ces accords ; où était donc le problème ? Passé le temps des débats intellectuels et démocratiques de compréhension et d'acceptation de cette réalité, on ne pouvait que s'entendre même si je pense que nos directions politiques ont failli en amont. Pour le reste, il n'y a jamais de limite au débat verbal pour peu qu'il reste responsable, objectif et encadré.
NR : Quand le président a voulu dissoudre le gouvernement à l’occasion du vote de la loi sur le mariage, un an plus tôt, certains ont crié à la dictature. Comment vous, vous avez compris ce message venant du chef de l’Etat ?
AS : Il n'y a pas deux compréhensions à avoir sur la dissolution du Gouvernement. Ceux qui ont crié à la dictature ne comprennent rien du fonctionnement des majorités au pouvoir. Nous avons une majorité Rhdp au pouvoir. Cette majorité a désigné un Premier Ministre pour diriger le Gouvernement. Dès lors que la même majorité conteste, rejette et désapprouve les actions du même Gouvernement, cela s'appelle un désaveu de ce dernier et de sa politique. En pareille situation, le Premier Ministre en général rend le tablier et n'attend même pas d'être remercié. Récemment en France, il a fallu que des Députés Socialistes lèvent la voix contre des actions du gouvernement socialiste, pour qu'on évoque déjà un remaniement de ce dernier.
NR : Ne croyez-vous pas que des réglages doivent être fait entre groupes parlementaire Pdci et Rdr si l’on veut garantir une meilleure solidarité parlementaire au bénéfice du gouvernement Rhdp ?
AS : Votre question en dit long sur ce qui ne va pas. "Réglages entre les Groupes Parlementaires PDCI et RDR au bénéfice du Gouvernement RHDP"… Et pourquoi pas un Groupe Parlementaire Rhdp ? Ce cafouillage est l'échec du plan de ceux qui se sont opposés à l'idée d'un Groupe Parlementaire Rhdp au départ. Autrement, on serait à l'abri de ces diatribes publiques entre alliés. Il faut ajouter que le non fonctionnement du Rhdp en tant qu'entité politique depuis la sortie du Golf est l'autre mal. Vous me parler de réglages, mais il y a réglages quand ça fonctionne, or ce n'est pas le cas pour l'instant. Voyez-vous, cette alliance ne tient finalement que par les leaders, les appareils politiques ne suivent pas et le RHDP est comme atteint d’une maladie sénile. Donc le premier réglage serait de faire fonctionner à nouveau la machine en tant que entité politique et le reste suivra. Je suis d'ailleurs pour qu'on aille au-delà des solidarités classiques et symboliques pour que, par exemple, des Élus et Cadres du PDCI apportent aussi la réplique à tous ceux qui s'attaquent au Président Ouattara et que cela ne relève pas que de personnes issues du RDR. Et je veux cette même détermination de la part de cadres RDR lorsque le Président Bédié est attaqué par qui que ce soit. Regardez le cas récent du congrès du PDCI. Vous nous avez vus répliquer vertement aux attaques personnelles contre le monument qu'est Henri Konan Bedié au point où certains des adversaires de Bédié disaient qu'ils avaient plus d'attaques venant du RDR que du PDCI lui-même. C'est cela une véritable alliance, pas le soutien partiel, occasionnel et sélectif.
NR : Au nord, dont vous êtes originaire, la question des conflits entre éleveurs et agriculteurs sont récurrents. Avez-vous une solution ?
AS: Le conflit entre éleveurs et agriculteurs est aussi vieux que le monde pas seulement au nord mais partout en Côte d'Ivoire et même ailleurs. On essaie en tant qu'Elu d'y apporter des solutions locales autant que faire se peut. Sauf que je suis désormais pour une véritable prise en main de la question par les Ministères concernés à savoir le Ministère de l'Agriculture et celui des Ressources animales. Il faut un séminaire conjoint sur la question pour identifier de manières exhaustives les causes en face desquelles on proposerait des solutions idoines et pérennes.
NR: Qu’est-ce que le député issu d’une circonscription du nord pense de la question spécifique des dozos ?
AS: D'abord, on n’a pas besoin d'être Député du nord pour donner une opinion sur la question des Dozos. J'observe ensuite que parlant de la question des Dozos, beaucoup de personnes restent dans le superficiel. Aujourd'hui autant on a des Dozos Malinkés, on a aussi des Dozos Guerés, des Dozos Baoulés et autres. Donc ce n'est plus un phénomène du nord mais plutôt de toute la Côte d'Ivoire qu'il faut regarder et traiter avec sang-froid. Cela dit, je réclame une identification des Dozos. Qui est Dozos? Il faut établir un fichier unique national des Dozos, les doter d'un identifiant et prendre un texte réglementaire de la confrérie.
NR: Comment résoudre la question des dozos quand tout le monde aujourd’hui se dit dozo ?
AS: Naturellement, le "Dozoya", il s'agit de ceux dont c'est une profession de chasse au Gibier et de veille sécuritaire. L'identification et la réglementation feront en sorte que plus personne ne paiera une tenue de Dozos au passage pour son plaisir ou pour aller effrayer son voisin.
NR: Comment expliquez-vous le phénomène de coupeurs de route dans le nord ?
AS: Encore une fois, les coupeurs de route, on en trouve aussi bien au nord que partout en Côte d'Ivoire. Voyez-vous, les gens sont trop exigeants vis-à-vis du pouvoir. Cher ami, ce phénomène est un corolaire inhérent à toute situation de guerre que connaît tout pays. Pendant la guerre, les armes circulent et après la guerre, il faut du temps pour les ramasser toutes et cela n'a jamais été aussi spontané que vous semblez le réclamer. Une chose est sûre, la situation est évolutive et cela se voit par la nette amélioration progressive de la situation sécuritaire avec l'indice qui est passe de 4 à 1 selon les organismes internationaux compétents qui trouvent d'ailleurs que la Côte d'Ivoire est meilleure élève en la matière. Je conclue que des efforts sont fait mais doit mieux faire.
NR: Comment expliquez-vous que la question du désarmement soit encore d’actualité après la délivrance des cartes d’identité et surtout après la tenue de l’élection présidentielle?
AS: Votre question m'étonne. Mais j’espère que vous êtes aussi choqué de savoir que le Libéria, la Sierra Leone et le Rwanda sont encore dans leurs processus de Désarmement plus de dix ans après leurs sortie de guerre par des élections comme nous? Attention, parce que là, vous emboucher une trompète déjà sifflée. Celle de personnes claquemurées qui ont maladroitement pris cela pour prétexte pour s'accrocher au pouvoir après leur défaite électorale, occasionnant plus de trois milles morts. Toutes les parties étaient d'accord sur un cantonnement sous surveillance onusienne pour aller aux élections et aussi sur la notion de Processus DDR c'est à dire désarmement progressif. J'ajoute qu'on n’ a pas entendu dire que des militaires avaient quitté leur site de cantonnement pour aller perturber un site d'identification ou un bureau de vote le jour du scrutin, attestant ainsi de ce qu'ils ont été à l'écart du processus électorale, du reste, le plus surveillé au monde.
NR: L’entité Forces nouvelles dont vous êtes issu, existe-elle toujours, en tant que groupement de lutte organisé porteur d’un idéal ? Ou a-t-elle cessé d’exister depuis avril 2011, date de l’arrestation de l’ancien président?
AS: Il n’y a plus de Forces Nouvelles. L'entité militaire et l'entité économique ont été officiellement dissoutes, quand à l'entité politique, elle a cessé d'exister depuis que chacun est retourné dans son parti politique initial pour se présenter aux élections locales. Aucun autre idéal n'était à l'ordre du jour que des cartes d'identité à tous les ivoiriens et des élections démocratiques et sans exclusion. Sans plus. Pour moi, il n'y a aucune ambiguïté encore moins aucun double jeu possible.
NR: La sortie de prison du président du Fpi Pascal Affi N’guessan n’a en rien décrispé le discours politique. Affi N’guessan parle même de « pouvoir sanguinaire » et met en cause la légitimité du président de la République. Le condamnez-vous ?
AS: Aujourd’hui, Affi N’guessan cherche à se faire passer pour un prophète inspiré, je m’en moque. Ces coups de lattes ne changeront rien à la réalité tangible et à la différence entre leur gouvernance pagaille d’hier et ce que le Président OUATTARA donne comme leçon de gouvernance aujourd’hui. Mais, personne ne doit s’opposer à ce qu’il joue pleinement son rôle d'opposant. Dans toutes les démocraties il faut bien que le pouvoir dirige et que l'opposition s'oppose. La seule chose que nous ne pouvons accepter de leur part, c'est la négation des tueries et les moqueries vis-à-vis des victimes. Sur cela, il y a une intransigeance à avoir vis-à-vis de ce groupuscule extrémiste et excité que représente aujourd'hui le FPI. On n'acceptera pas longtemps qu'on ajoute l'injure à la blessure. C’est tout de même dommage que ce parti et ses leaders continuent à s’enfermer dans un discours obsolète. On attendait mieux de leur part.
NR: S’il arrivait que tous les exilés pro-Gbagbo entrent d’exil et que tous les détenus pro-Fpi recouvrent la liberté, pensez-vous que le Fpi de Gbagbo ira vraiment à la réconciliation ?
AS: C’est l’avis de quelques générés LMP qui croient pouvoir nous endormir et nous emmener à passer par perte et profit tous les morts. Je veux, d’ailleurs, qu'on sorte maintenant du piège de la réconciliation. C'est fini la réconciliation. À quel moment ou à quelle condition selon vous on dira que les ivoiriens sont réconciliés ? Cela n'est pas factuel, donc attention à ne pas confondre problématique de fracture politique et problématique de fracture sociale.
NR: Sous quelles conditions pouvoir et opposition avanceront-ils sur le chemin de la réconciliation ?
AS: Peut- être voulez-vous dire à quelle condition Affi N’guessan rentrera-t-il dans un Gouvernement Rhdp ? Sinon je ne comprends pas ce que vous me demandez. Mais si c'est cela le problème, changeons la sémantique pour parler de diriger ensemble, ce qui est d'ailleurs inopportun actuellement puisque les élections c'est pour bientôt. Pour le reste, l'affrontement verbal quotidien entre pouvoir et opposition n'est que l’expression du dynamisme politique classique dans la vie de toutes les nations démocratiques.
NR: Banny a remis récemment le rapport de la Cdvr au Chef de l'Etat. Selon vous, doit-il être reconduit ou pas?
AS: Pourquoi faire ? Encadrer la pré campagne et la campagne électorale qui commencent en 2014 ou pour surveiller les élections elles-mêmes à la place des Institutions Compétentes ? Il faut trouver du travail pour Banny et le remercier pour ce qu'il a pu faire et pour ce qu'il n'a pas pu faire pour la nation.
NR: Le Président de la République, Alassane Ouattara, entreprend depuis le lundi 25 novembre 2013, une visite d'Etat dans la région de Gbêkè. Quel sens donnez-vous à cette visite, et que pensez-vous qu'elle peut apporter à cette région symbole de la crise armée en Côte d'Ivoire?
AS: Je suis heureux pour les populations de cette région qui avaient vraiment commencé à désespérer. J’ai d'ailleurs organisé un meeting avec les jeunes à Bouaké en début d'année en réponse à cette grogne qui était récurrente au sein de la population pour les rassurer que le Président de la République ne pouvait pas les oublier et que leur tour allait arriver de recevoir le bonheur. Aujourd'hui c'est choses faite et il faut remercier le Président de la République pour avoir décidé de réhabiliter et d'effacer les stigmates de la guerre qu'a connu cette région.
NR: Entre juger Simone Gbagbo et Charles Blé Goudé à la Haye ou les juger en Côte d’Ivoire, que préférerait le député Alphonse Soro ?
AS: Le lieu du procès n'a aucune espèce d'importance. Il faut simplement acter les propos du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice qui dit que dorénavant le plateau technique judiciaire ivoirien est à même de garantir des procès équitables localement.
NR: Quand on dit qui y a « une justice des vainqueurs » parce qu’il n’y a pas de dirigeant ex-forces nouvelles ou Frci devant la Cpi, comment vous réagissez à cela ?
AS: Juste un slogan d’individus en manque de sensations. Il ne faut pas se laisser émouvoir. Sachez au passage que quelque soit celui qui est en possession de la force publique, emprisonner est mieux que tuer. Moi j'ai le cœur en cendre de voir que des gens tentent de loger Mr Laurent Gbagbo à la même enseigne que les autres acteurs de la crise ivoirienne. Cher ami, il n'y a pas deux personnes qui ont perdu les élections, ont refusé de reconnaître leur défaite et ont lancé les chars et des mercenaires Libériens à la chasse des masses populaires pour garder le pouvoir. De plus, la responsabilité de chef de l'exécutif est loin d'être comparable à celle d'un citoyen. Et je note que des Frci sont jugés et condamnés devant les tribunaux à Abidjan. Que voulez-vous de plus ?
NR: Où en êtes-vous au sujet de la plainte que vous avez annoncée contre tous ceux qui continuent de nier les morts de la crise postélectorale ?
AS: Il y a souvent des choses que je ne m'explique pas. Nous avons connu des massacres et il y a des gens qui continuent de le nier et de narguer les victimes, c'est inhumain et blessant. Surtout que nous sommes tous contemporains des événements qu’on s’échine sans vergogne à nier. Que fait-on pour arrêter cela? Un peu comme cela se fait lorsque vous niez l'holocauste, le génocide Arménien ou le génocide Rwandais. Je souhaite que l'Assemblée Nationale y réfléchisse, ce sera un grand pas pour boucler la fameuse réconciliation qu'on chante au quotidien.
NR: On accuse le Président de l'Assemblée Nationale Guillaume Soro de vouloir s’accaparer le Rdr et le pouvoir lui-même. Vous qui le connaissez-bien, qu'en est-il?
AS: En ma qualité de militant RDR, je puis vous dire que les responsabilités se gagnent au sein de notre Parti par voix élective. Et en ma qualité de parlementaire, je suis bien placé pour vous dire que le pouvoir se prend par les urnes et non autrement.
NR: Comment expliquez-vous ses tournées dans les régions du Djuablin, du Gô et bientôt dans l'Agneby-tiassa, un peu comme le chef de l’état?
AS: L’eau qui sort de la bouche du silure est la plus fraiche ; donc cette question, vous la poserez vous même au Président de l’Assemblée Nationale himself.
NR: Dites-nous la vérité sur la rivalité Guillaume Soro-Hamed Bakayoko
AS: Je vous demande de vous en tenir aux propos des intéressés qui ont tous affirmés dans la presse que cela relevait de l'imagination populaire et non de la réalité et qu'ils étaient amis et très proches.
NR: Si le député de l’Assemblée national avait un mot à l’ensemble des Ivoiriens, que dirait-il ?
AS: Que chacun des ivoiriens, en toute conscience, en toute objectivité et en dehors de toute considération politicienne, doit reconnaître que le pays se transforme et que le Président Ouattara est une autre chance pour la Côte d'Ivoire. Et que cette chance mérite soutien, encouragement et continuité.
Enfin, merci à vous du Nouveau Réveil pour votre contribution à l’avènement de la démocratie dans notre pays et merci de m’ouvrir enfin les colonnes de votre illustre quotidien après m’avoir blacklisté depuis… Rires…