x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le vendredi 13 décembre 2013 | Le Patriote

Après dix ans de laxisme et de clientélisme: Les grandes écoles renouent avec l’excellence

“L’avenir appartient à la science », aimait à répéter le président Félix Houphouët-Boigny. C’est dans l’optique de préparer la Côte d’Ivoire au rendez-vous crucial des nouvelles technologies que le premier président de la Côte d’Ivoire a construit les grandes écoles techniques que sont l’ex-Institut national supérieur de l’Enseignement technique (INSET), l’Ecole nationale supérieur des Travaux publics (ENSTP), l’Ecole nationale supérieur d’Agronomie (ENSA), l’Institut agricole de Bouaké ainsi que les grandes lycées tels le lycée scientifique et le lycée mixte de Yamoussoukro. Le président Houphouët voulait que ces établissements secondaires et supérieurs soient surtout des écoles d’excellence. C’est la raison pour laquelle y étaient orientés les meilleurs élèves de Côte d’Ivoire. La vision du père de la Nation était de faire de la Côte d’Ivoire un pays industrialisé en l’espace d’une génération. Pour y parvenir, le Sage de Yamoussoukro, à coups de milliards, a érigé une sorte de Silicone Valley où toutes les intelligences du pays devaient se rencontrer pour préparer l’économie ivoirienne largement tributaire du secteur primaire à entrer dans le secteur secondaire. A sa mort, en 1993, le pari était presque relevé. Les nombreux cadres sortis de ces grandes écoles et lycées ont largement contribué à la construction des infrastructures et à l’évolution de l’ingénierie en Côte d’Ivoire et s’évertuaient à transmettre le savoir à leurs cadets. Mais depuis 2000, l’esprit d’excellence a quitté les écoles de Yamoussoukro. Le recrutement qui se faisait sur la base des résultats scolaires, a été dévoyé. Les grandes écoles de Yamoussoukro devenues par la suite l’Institut national polytechnique Houphouët-Boigny (INP-HB) par décret en 1996, sont devenues le point de chute par excellence de la progéniture des nouveaux barons de la refondation. Comme l’explique Ali Adaman, étudiant en fin de formation en transport-logistique, que nous avons rencontré dans la cour de l’ex-INSET, les effectifs doublent après les concours d’entrée. « En 2010, nous étions 40 à avoir été retenus pour l’entrer à l’école de Yamoussoukro. Mais lorsque nous sommes arrivés ici, nous nous sommes retrouvés avec plus de 80 étudiants », se remémore-t-il amèrement. Conséquence, les étudiants se retrouvaient à deux voire trois dans une chambre, au lieu d’un étudiant par chambre. « En outre, les chambres étaient dans un piteux état. Lorsqu’il pleuvait, l’eau coulait dans les chambres. Certains de nos camarades cherchaient des seaux pour recueillir l’eau de pluie. Sinon c’était l’inondation assurée », rappelle Ali Adaman. Au niveau du cadre de vie, c’était le même laxisme. Eric Kouassi, son camarade de classe avec qui il fait le stage de formation, ne dit pas le contraire. Il se rappelle que les hautes herbes avaient tellement envahi tout l’établissement que les étudiants cohabitaient avec les serpents et les scorpions au risque de se faire mordre par ces animaux venimeux. Au niveau des sanitaires, Bedel Dakoury, également étudiant en transport-logistique, se souvient qu’il y avait seulement 5 toilettes pour le bâtiment dans lequel il était logé. « Nous sommes appelés à travailler sur des machines du 21ème siècle en entreprise, mais nous n’avons pas de machines pour apprendre. La bibliothèque où nous devons aller faire des recherches est constituée de livres qui datent des années 90. De plus, il n’y a pas de réseau internet sur le campus », déplore-t-il. Mais depuis deux ans, les choses sont en train de changer à l’INP-HB avec le nouveau directeur, M. Koffi N’Guessan. Tous les étudiants sont unanimes que depuis son arrivée à la tête du groupe, beaucoup de problèmes ont été réglés. « Les toitures des dortoirs en tuiles qui tombaient en décrépitude, ont été entièrement rénovées en tôles. Toutes les toilettes ont été réparées. La climatisation de toutes les salles a été réparée. Voyez vous-mêmes, il n’y a plus d’herbes. Et les étudiants dorment maintenant un par chambre», témoigne Bedel Dakoury et ses camarades de formation avec beaucoup d’envie pour leurs cadets. La méthode de gestion de M. Koffi N’Guessan a non seulement changé le visage de l’INP-HB qui tombait en ruine. Mais a aussi ramené la rigueur et l’excellence qui faisaient le prestige de ces écoles. Aujourd’hui, partout dans ces grandes écoles qui faisaient la fierté de la Côte d’Ivoire en Afrique et dans le monde, les témoignages sur la gestion du nouveau patron des lieux qui était absent lors de notre passage sont positifs. Etudiants, employés de bureau, femmes et hommes de ménages ne tarissent pas d’éloges à son encontre. Les arriérés de salaires du personnel et le retard dans le paiement de la bourse des étudiants sont aujourd’hui de vieux souvenirs. « Tous les 28 du mois, nos bourses sont régulièrement payés. La programmation des cours est suivie. Le nouveau directeur veille à ce que les cours soient effectivement administrés par les enseignants. Ce qui n’était pas le cas avant. Pendant que certains étudiants avaient cours, d’autres flânaient dans la cour faute d’enseignants. Mais aujourd’hui, tout le monde fait cours en même temps. Il faut reconnaitre que le nouveau directeur fait beaucoup depuis qu’il est là», se réjouissent Eric Kouassi et ses amis. Toutefois, ils souhaitent que la connexion Internet, qui est un impératif en ce siècle des nouvelles technologiques, soit rétablie et que les salles de Travaux dirigés et autres laboratoires soient pourvues en équipements pour permettre à l’Institut de retrouver entièrement son efficacité. En attendant les prochaines reformes et changements de ses responsables, il faut reconnaitre que toutes les grandes écoles de Yamoussoukro renouent lentement, mais sûrement avec l’excellence.

Jean-Claude Coulibaly, (Envoyé spécial)
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ