Enfin, le projet de loi de la Couverture maladie universelle (Cmu) a été validé. Ce système très attendu et censé prendre le relais, en 2015, de la gratuité ciblée des soins médicaux, va coûter 1000 FCFA par mois, par personne, soit 12.000 FCFA par an pour tous les Ivoiriens. Ça, c’est pour le régime qui concerne la grande masse des personnes ayant un pouvoir d’achat. «Il existe un second régime que nous appelons régime d’assistance médicale. Il sera gratuit pour une certaine catégorie d’Ivoiriens qui remplissent tous les critères d’indigence. Un système sera mis en place pour juguler la fraude, car ceux qui ont les moyens de s’offrir des soins ne sont pas concernés par la gratuité», prévient une source qui a suivi le dossier, et que nous avons approchée. Selon l’expert, le projet comprend également un troisième régime complémentaire géré par les mutuelles privées ou les structures de prévoyance sociale. Le fonds de base sera constitué à partir de la collecte des cotisations. Il sera géré par la Caisse d’assurance maladie à mettre en place. Cette dernière va jouer le rôle de régulation et de contrôle de tout le système de couverture maladie. Pour les prélèvements, la Caisse d’assurance va s’appuyer, concernant le privé, sur certaines institutions existantes comme la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps). Au niveau du public, elle s’appuiera sur la solde. «A côté de cela, vous avez les agriculteurs. Ce qui est prévu, et cela, vous le retrouverez dans le projet de gouvernance du président de la République, c’est qu’au niveau de certaines cultures d’exportation, des prélèvements seront faits sur la base du kilogramme. Le montant a été évalué à plus ou moins 60 milliards FCFA pour le café-cacao uniquement. Nous avons aussi d’autres cultures pérennes. Pour bénéficier de cette assurance, une des propositions est que les agriculteurs s’organisent progressivement en coopératives ou en mutuelles», souhaite le technicien. Qui souligne que le cadre réglementaire des mutuelles sociales établi en conformité avec les textes sous-régionaux concourt également à la mise en place de la Cmu. «La mutualité permet d’entraîner dans le secteur de la prévoyance sociale presque tout le secteur informel. Ce secteur est riche et il englobe 40% de la population active. Il est pourvoyeur de ressources», poursuit l’interlocuteur qui a requis l’anonymat. Quant au sort des travailleurs déjà rattachés aux mutuelles existantes, voici sa réponse : «tous les systèmes déjà existants ont leur place dans la mise en œuvre du dispositif pour la couverture maladie universelle. Nous leur avons donné le nom d’organisme délégué, comme le Fonds de prévoyance de la police, la Mutuelle générale des fonctionnaires de Côte d’Ivoire (Mugefci) etc. Ces organes feront la gestion du risque. Ce sont eux qui traiteront avec les bénéficiaires. Ils leur livreront les différentes cartes et les bons de santé. C’est à eux que les bénéficiaires ramèneront les pièces dérogatoires de soins qu’ils iront chercher chez les médecins».
C S
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