Ils sont nombreux ces jeunes gens qui, par temps de soleil comme par temps de pluie vendent à la criée de l’eau en sachets. On les rencontre à tous les carrefours, là où la circulation est au ralenti par moments. Carrefour Mahou Plateau Dokui. A cet endroit, il y en a un qui impressionne. Sans honte, sans gêne aucune, Blé Gon Michaël ‘’traque’’ ses clients, les titille quelquefois. Et en retour, ils le lui rendent bien. Michaël n’est pas comme les autres vendeurs d’eau à la criée. Il arbore un costume qu’il prend soin de bien repasser chaque jour, avant de venir en cet endroit où il n’a aucune gêne à se faufiler entre les véhicules, la cravate au cou, souliers dans les pieds. ‘’Il faut valoriser son métier’’, confie-t-il quand nous nous renseignons sur son style vestimentaire assez extraordinaire dans ce milieu. Michaël a pour lui le courage. Dans un français acceptable, il parle aisément de son métier. Il n’a pas l’air de plaisanter dévoilant qu’il n’est pas allé loin dans les études. ‘’ Je ne suis pas allé loin à l’école mais je sais écrire mon nom’’, dit-il fièrement. Il poursuit : ‘’Il n’y a pas de sot métier. Il faut prendre au sérieux tout ce qu’on fait. Celui qui porte un costume, il va au bureau tous les matins, c’est là, où il trouve son pain quotidien. Là, vous me voyez, je suis au bureau et je dois valoriser mon travail’’. Michaël entretient le mystère sur ce qu’il gagne là. Il est employé par quelqu’un chez qui il fait le versement au quotidien moyennant rémunération. Le vendeur d’eau ne compte pas s’arrêter là. Pour l’avenir, il veut être transporteur. Avec ses économies de vendeur d’eau, il a déjà en sa possession un permis de conduire. Il n’attend plus qu’une âme généreuse pour lui donner sa chance. Bel exemple de courage et d’entrepreneuriat.
S.Debailly
S.Debailly
