Les politiques, dans l’exercice de leur fonction, sont parfois confrontés à des choix cornéliens, avatars de la tragédie du pouvoir. La gestion du dossier des exilés du Fpi en est un exemple typique.
Au lendemain du 11 avril 2011, date emblématique marquant la chute du régime de Laurent Gbagbo et l’arrestation de ce dernier, de nombreux dignitaires proches de son pouvoir ont pris la clé des champs. Dans sa volonté de combattre l’impunité et rendre justice à toutes les victimes de la crise postélectorale, le président Alassane Ouattara avait pris la décision de lancer des mandats d’arrêts contre des pro-Gbagbo présumés complices des graves troubles qui ont défiguré la Côte d’Ivoire entre octobre 2010 et avril 2011 et occasionné des milliers de morts.
Des figures et non des moindres du régime déchu ont été au fur et à mesure appréhendées et mises aux arrêts : Moïse Lida Kouassi, Anselme Séka Séka, Charles Blé Goudé pour ne citer que ces quelques cas. Le gouvernement s’est même lancé en vain dans une bataille judiciaire sans précédent pour obtenir la tête de Justin Koné Katinan arrêté au Ghana en août 2012 et remis en liberté une année après.
Passée la période de tension, les discours sur la nécessité d’œuvrer à la réconciliation et à la décrispation politique ont pris le dessus. Les principaux responsables du Fpi détenus dans les geôles ivoiriennes sont remis en liberté à titre provisoire. Ils arpentent depuis lors en toute quiétude les rues des villes de Côte d’Ivoire multipliant les meetings et les discours électriques.
En outre, des négociations souterraines s’enchaînent pour le retour des exilés. Marcel Gossio, l’ancien tout-puissant directeur général du Port autonome d’Abidjan vient d’effectuer un retour au bercail très médiatisé. Qui ne manque pas d’alimenter les débats et susciter des inquiétudes, sommes toutes légitimes, des partisans d’Alassane Ouattara. Le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko a même surpris l’opinion en se déclarant favorable au retour d’un certain Koné Katinan.Va-t-on, dans cette logique, vers une libération de Blé Goudé et Simone Gbagbo réclamée à cor et à cri par l’ancien parti au pouvoir ? Chiche !
Quid des poursuites lancées tambour battant contre toutes ces personnalités proches de Laurent Gbagbo ? Doit-on accepter tous les compromis au nom de la réconciliation nationale et de la décrispation politique ? Certaines décisions du pouvoir Ouattara liées au dossier des exilés de la crise postélectorale ne risquent-elles pas de lui aliéner ses farouches supporters et les victimes encore traumatisées par la dernière crise ?
Sur cette question, le gouvernement doit davantage communiquer pour lever tous les équivoques. Certes, aucun effort n’est trop grand dans la voie de la réconciliation et du pardon. Mais cela doit-il passer par une amnistie générale sans autre forme de procès ? N’est-il pas aujourd’hui indispensable que chacune des personnes mises en cause dans la crise postélectorale vienne s’expliquer sur le rôle qui a été le sien et solliciter le pardon des victimes ?
Il faut surtout craindre que les présumés coupables de divers méfaits et exactions ne reviennent revigorés et prêts à narguer qui veut les voir et les écouter. Depuis la mise en liberté provisoire des Affi N’guessan et consorts, très peu d’actes de contritions ne sont pour le moment à mettre à leur actif. Il faut insister sur ce point. A l’instar de l’écrivain français Boris Vian qui déclare que «donner raison à ses bourreaux, c’est bien la forme de suicide la plus hypocrite qu’on puisse imaginer».
Au lieu de se faire remarquer par des propos qui régulièrement font pousser le feu, il faut plutôt œuvrer en faveur d’une paix durable qui profite à tout le monde. Entre le pouvoir et les frontistes, les efforts et compromis doivent être partagés et non unilatéraux. La Côte d’Ivoire a été trop meurtrie ces dernières années et ne mérite pas de nouvelles souffrances.
Par Karim Wally
Au lendemain du 11 avril 2011, date emblématique marquant la chute du régime de Laurent Gbagbo et l’arrestation de ce dernier, de nombreux dignitaires proches de son pouvoir ont pris la clé des champs. Dans sa volonté de combattre l’impunité et rendre justice à toutes les victimes de la crise postélectorale, le président Alassane Ouattara avait pris la décision de lancer des mandats d’arrêts contre des pro-Gbagbo présumés complices des graves troubles qui ont défiguré la Côte d’Ivoire entre octobre 2010 et avril 2011 et occasionné des milliers de morts.
Des figures et non des moindres du régime déchu ont été au fur et à mesure appréhendées et mises aux arrêts : Moïse Lida Kouassi, Anselme Séka Séka, Charles Blé Goudé pour ne citer que ces quelques cas. Le gouvernement s’est même lancé en vain dans une bataille judiciaire sans précédent pour obtenir la tête de Justin Koné Katinan arrêté au Ghana en août 2012 et remis en liberté une année après.
Passée la période de tension, les discours sur la nécessité d’œuvrer à la réconciliation et à la décrispation politique ont pris le dessus. Les principaux responsables du Fpi détenus dans les geôles ivoiriennes sont remis en liberté à titre provisoire. Ils arpentent depuis lors en toute quiétude les rues des villes de Côte d’Ivoire multipliant les meetings et les discours électriques.
En outre, des négociations souterraines s’enchaînent pour le retour des exilés. Marcel Gossio, l’ancien tout-puissant directeur général du Port autonome d’Abidjan vient d’effectuer un retour au bercail très médiatisé. Qui ne manque pas d’alimenter les débats et susciter des inquiétudes, sommes toutes légitimes, des partisans d’Alassane Ouattara. Le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko a même surpris l’opinion en se déclarant favorable au retour d’un certain Koné Katinan.Va-t-on, dans cette logique, vers une libération de Blé Goudé et Simone Gbagbo réclamée à cor et à cri par l’ancien parti au pouvoir ? Chiche !
Quid des poursuites lancées tambour battant contre toutes ces personnalités proches de Laurent Gbagbo ? Doit-on accepter tous les compromis au nom de la réconciliation nationale et de la décrispation politique ? Certaines décisions du pouvoir Ouattara liées au dossier des exilés de la crise postélectorale ne risquent-elles pas de lui aliéner ses farouches supporters et les victimes encore traumatisées par la dernière crise ?
Sur cette question, le gouvernement doit davantage communiquer pour lever tous les équivoques. Certes, aucun effort n’est trop grand dans la voie de la réconciliation et du pardon. Mais cela doit-il passer par une amnistie générale sans autre forme de procès ? N’est-il pas aujourd’hui indispensable que chacune des personnes mises en cause dans la crise postélectorale vienne s’expliquer sur le rôle qui a été le sien et solliciter le pardon des victimes ?
Il faut surtout craindre que les présumés coupables de divers méfaits et exactions ne reviennent revigorés et prêts à narguer qui veut les voir et les écouter. Depuis la mise en liberté provisoire des Affi N’guessan et consorts, très peu d’actes de contritions ne sont pour le moment à mettre à leur actif. Il faut insister sur ce point. A l’instar de l’écrivain français Boris Vian qui déclare que «donner raison à ses bourreaux, c’est bien la forme de suicide la plus hypocrite qu’on puisse imaginer».
Au lieu de se faire remarquer par des propos qui régulièrement font pousser le feu, il faut plutôt œuvrer en faveur d’une paix durable qui profite à tout le monde. Entre le pouvoir et les frontistes, les efforts et compromis doivent être partagés et non unilatéraux. La Côte d’Ivoire a été trop meurtrie ces dernières années et ne mérite pas de nouvelles souffrances.
Par Karim Wally