« Nous n’y croyions pas nos yeux», c’est par ces mots pleins d’émotion que commence le récit de ce témoin joint hier à Paris. Venu spécialement d’Abidjan, notre source a eu le privilège de vivre à l’ambassade de Côte d’Ivoire, sise à l’avenue Raymond-Poincaré, la toute première apparition publique du chef de l’Etat ivoirien après trois semaines d’hospitalisation en France. Opéré d’une sciatique début février, Alassane Ouattara, on le sait, a fait l’objet de rumeurs des plus pessimistes au plus indécentes. Lorsqu’après tant de spéculations, un tel personnage se présente saint et sauf, cela ne laisserait personne indifférent. « Il était ponctuel au rendez-vous malgré la pluie. Il est arrivé exactement à 11 heures 15 (Ndlr : heure française, une heure de moins en temps universel). Lorsque nous l’avons vu, c’était l’explosion de joie. Il y a eu un tonnerre d’applaudissements. On a commencé à scander ‘’Magellan’’ ‘’Magellan’’… Le Président a éclaté de rire. Il était très détendu et en pleine forme. Il portait un chapeau et tenait une canne », poursuit notre informateur qui apprendra dans les coulisses qu’à la suite de l’intervention chirurgicale qu’il a subie, les médecins d’Alassane Ouattara lui ont demandé de « ne pas trop solliciter » sa jambe droite touchée par le mal en attendant la guérison totale. Après cet accueil très chaleureux, et après avoir reçu un bouquet de fleurs, Magellan-ce surnom accepté avec beaucoup d’humour par le Président ivoirien lui a été donné par ses détracteurs en raison de ses nombreux voyages à travers le monde-va saluer individuellement tous ceux qui étaient présents. Aux côtés de l’ambassadeur Francis Charles Gomis et du personnel de l’ambassade au grand complet, se trouvaient le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, arrivé au chevet de Ouattara deux jours plus tôt, le ministre de l’Agriculture Mamadou Sangafowa qui était dans la capitale française depuis quelques jours dans le cadre du salon international de l’agriculture de Paris, le ministre de la Poste et des nouvelles technologies de l’information et de la communication, porte-parole du gouvernement, Bruno Nabagné Koné, l’ambassadrice permanente de la Côte d’Ivoire auprès de l’Unesco, Denise Houphouet-Boigny, l’ancien ministre de l’Intégration africaine,Adama Bictogo,pour ne citer que ces noms. « Le Président a eu un mot pour chacun. Il a rendu hommage à l’ambassadeur Gomis et l’a remercié pour sa présence à ses côtés durant son hospitalisation. Il a félicité le chef du Parlement pour la hauteur et la retenue qu’il a eues face aux nombreuses rumeurs qui ont circulé sur sa personne et sur celle de son épouse Sylvie Tagro qu’Alassane Ouattara a nommée. En effet, des journaux proches de l’opposition ont régulièrement écrit que l’ancien Premier ministre, puis sa femme ont été refoulés aux portes de l’hôpital où était interné le chef de l’exécutif. « Ce sont des horreurs qui ont été dites sur vous, c’est du n’importe quoi », s’est indigné le président de la République qui a passé une trentaine de minutes dans les locaux de la représentation diplomatique. Au cours de ses échanges avec ses hôtes, le numéro Un ivoirien a insisté sur sa détermination à rester au service de son peuple. M. Ouattara a assuré qu’il n’accepterait pas un troisième mandat à la tête de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest(Cedeao) même si ses pairs le lui demandaient. « Les Ivoiriens ont besoin de moi », a-t-il confié. Le président de la République, rapportent d’autres participants à la rencontre, a ajouté avoir profité de ce séjour pour répondre favorablement à certaines doléances qui lui ont été soumises par l’ambassadeur, notamment la question de la bourse des étudiants ivoiriens en France qui sera payée incessamment. Le chef de l’Etat a ensuite rassuré ses compatriotes quant au succès de l’intervention chirurgicale. A cet égard, il a tenu à leur exprimer ses remerciements pour leur soutien, leurs prières et leurs bénédictions. Pour Alassane Ouattara, cet aboutissement heureux va lui permettre de reprendre très prochainement ses visites d’Etat à l’intérieur du pays, qui sont l’occasion d’aller à la rencontre des populations, de recueillir leurs besoins et d’y apporter des solutions. Pour terminer, l’ancien Dga du Fmi s’est dit en « pleine forme », et a annoncé son retour à Abidjan pour le dimanche 2 mars prochain.
Cissé Sindou
Cissé Sindou
