Il suffit de se souvenir de la mémorable et cinglante gifle qu’il essuya, sans broncher, de dame Simone Gbagbo de retour d’un certain Linas-Marcoussis. Tout comme le drame silencieux qu’il vécut des années durant lorsque, sans aucune considération pour lui, Laurent Gbagbo fit jeter sa compagne en prison et qu’il suppliait chaque jour ce dernier de lui rendre sa dulcinée, avec qui il vit à présent le parfait amour. Tout le monde a aussi en mémoire, le véritable spleen que vivait l’ancien maire de Bongouanou qui, bien que bombardé président du parti frontiste, n’y jouait qu’un rôle de faire-valoir, l’accès au cercle de décision lui étant quasi interdit. Pascal Affi N’guessan n’avait pour ainsi dire jamais été accepté et adopté par la machine FPI. A preuve, lors de la dernière campagne électorale du candidat de la Majorité présidentielle (LMP), le président du FPI qu’était Affi ne s’est vu attribuer aucune mission concrète par Laurent Gbagbo. Royalement ignoré, dans le beau jeu des DNC, DRC, DDC (les directeurs ; National, Régional, Départemental de Campagne), Affi avait compris que sous Laurent Gbagbo, il n’était en réalité qu’une coquille vide. Derrière la façade du langage démagogique de la géopolitique des ténors du FP d’alors, le natif de Bouadikro, dans la sous-préfecture de Bongouanou, avait beau jouer des coudes pour se s’aménager une petite place dans cette communauté de caudataires qui croyaient détenir le titre foncier du Front populaire ivoirien, rien n’y fit. Le cercle d’apparatchiks invétérés que les observateurs de la scène politique ivoirienne qualifiaient sous le sobriquet fort câlin de BAD (Bété, Akyé, Dida) n’a jamais eu à cœur d’adopter le fils du planteur, Ettien Affi de Bouadikro. Durant des années, Pascal Affi N’guessan sera le souffre-douleur et le grand frustré du Front Populaire Ivoirien (FPI) sous l’empire de l’homme dont le refus d’une défaite électorale occasionna la mort de 3000 personnes et qui a dû regagner l’une des douze cellules de la prison néerlandaise de Scheveningen, dans le quartier pénitentiaire de la CPI. La toute nouvelle star du FPI, qui est aujourd’hui prompt à montrer à la moindre occasion qu’il a le beau rôle de l’insulteur public, du négateur aveugle des évidences, de l’incitateur à la violence, qui refuse obstinément la cohésion sociale entre les Ivoiriens, croit son heure arrivée, en l’absence de Laurent Gbagbo, de prendre sa revanche sur le parti au sein duquel il a bu et essuyé presqu’un coli infranchissable de frustrations des plus abruptes et des plus humiliantes. Affi veut à présent prendre une belle revanche et se positionner comme probable candidat à l’élection présidentielle de 2015. Avec dextérité, l’ancien pensionnaire des geôles de Bouna prépare les esprits. Ces dernières sorties, notamment la rentrée politique du FPI à Yopougon, le dimanche dernier, en disent long sur les réelles intentions du fils du planteur Ettien Affi. Il veut le FPI de Laurent Gbagbo. Il veut en être le porte-étendard lors des prochaines joutes électorales. Il est convaincu que le destin ne lui a finalement pas joué un si mauvais tour en lui offrant aujourd’hui sur un plateau d’or la haute direction d’un parti qui l’avait jadis écrasé.
Moussa Keita
Moussa Keita