La réconciliation est une condition sine qua non pour le bon déroulement des élections de 2015. Une logique qui n’est pas toujours perçue de la même façon par les acteurs de la politique ivoirienne.
La réconciliation, pour paraphraser le premier Président ivoirien, Félix Houphouet-Boigny, n’est qu’un vain mot si nos œuvres et notre comportement n’expriment pas notre désir d’aller sincèrement à la paix véritable. La tenue des prochaines élections en Côte d’Ivoire avance à grands pas. L’opinion nationale s’accorde à croire qu’un processus de réconciliation bien mené est gage d’un environnement sociopolitique apaisé. D’ailleurs, le National Democratic Institute (Ndi) a fait état, samedi 08 mars, lors de la présentation de son rapport sur la réforme électorale de la menace, que la présidentielle, prévue d’ici 20 mois, conduise à de nouvelles violences, si les autorités ne s’activent dès maintenant pour mettre sur pied une nouvelle Commission électorale consensuelle et pour établir un fichier électoral fiable. La chaude empoignade, ce jour, entre Laurent Akoun, secrétaire général et par ailleurs porte-parole du Front populaire ivoirien (Fpi) de l’ex-président déchu Laurent Gbagbo, et Maurice Kakou Guikahué, secrétaire exécutif du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), une formation politique membre de la coalition au pouvoir, sur la question de savoir qui avait à l’époque contesté le verdict des urnes entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, montre que le feu couve sous les cendres.
L’organisation a été mandatée par le président ivoirien en vue de préparer les esprits à l’apaisement, lors de la présidentielle de 2015, tout en faisant des recommandations sur la bonne tenue du scrutin. Aussi, le Ndi a-t-il également fait des recommandations préventives pour stabiliser à l’avenir l’environnement sociopolitique dans le pays. La structure a exhorté, notamment les autorités ivoiriennes, à veiller au respect de la liberté de manifestation sur tout le territoire et d’accélérer le processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants. La question des dozos, des chasseurs traditionnels, selon le Ndi, devrait être réglée afin de ramener dans leur environnement originel ses forces illégales qui font parfois justice. Pour mémoire, deux camps se sont affrontés de décembre 2010 à avril 2011 : les pro-Gbagbo et les pro-Ouattara.
Pour les partisans de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, détenu à la Cour pénale internationale (Cpi) pour « crimes contre l’humanité », « il faut le libérer pour qu’il y ait réconciliation ». Ce qui paraît chose peu probable. Appiah Kabran, président de l’Alternative citoyenne, compagnon de Laurent Gbagbo, est formel. « Ce n’est pas demain qu’on remplacera Gbagbo au Fpi », a-t-il affirmé dans l’interview qu’il a accordée au Nouveau Réveil, le 30 octobre 2013. Pourtant, le Front populaire ivoirien (Fpi), parti de l’ex-homme fort d’Abidjan, campe sur une position rigide de « Gbagbo ou rien ». Les proches de l’ex-chef d’Etat réclament également, outre la « libération » de leurs camarades emprisonnés, le dégel des avoirs, etc.
En face d’eux, les partisans du président ivoirien, Alassane Ouattara, crient justice contre leurs bourreaux présumés. Ces derniers doivent être arrêtés, jugés et condamnés, disent-ils. Joël N’Guessan, porte-parole du Rassemblement des républicains (Rdr), le parti au pouvoir, joint hier par téléphone, a soutenu que la problématique de ce débat ne peut être résolue qu’à deux conditions : la réparation des torts causés aux victimes des crises en Côte d’Ivoire et la réforme du système électoral. « Ceux qui savent qu’ils ont fait des choses qui ne sont pas bien doivent demander pardon. Une élection, c’est des électeurs, des candidats et puis une structure pour organiser. Que nous soyons tous d’accord sur qui doit être électeur, qui doit être candidat et qui doit organiser les élections. Si on a résolu ces trois points avec comme préalable le fait qu’on se dise ‘’j’ai fauté, je demande pardon’’ et qu’on a réparé le tort que certaines victimes de part et d’autre ont eu à subir, c’est fini, le pays va revivre mieux », a-t-il proposé. La chance de réalisation des souhaits des partisans de M. Ouattara est grande. En effet, au lendemain de la crise postélectorale, l’Etat a mis en place, par l’ordonnance n° 2011-167 du 13 juillet 2011 portant création, attributions, organisation et fonctionnement de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr). La structure a pour mission générale d’œuvrer à la réconciliation et au rétablissement d’une paix durable entre les communautés vivant en Côte d’Ivoire. Après deux ans d’activités, et un premier bilan déposé, la Cdvr a été reconduite pour douze mois. Les recommandations faites par la structure que conduit Charles Konan Banny touchent du doigt les causes originelles de la crise ivoirienne. Pour une réconciliation réussie, la Commission préconise l’application effective de la loi sur le foncier rural, la mise en place d’une Armée républicaine dotée de moyens appropriés et modernes, la bonne gouvernance et la lutte contre l’impunité, ainsi que le renforcement de la démocratie. Les partis politiques, eux, parlent unanimement de la réforme de la Commission électorale indépendante (Cei), du retour des exilés, du récemment général de la population. En somme, des réglages institutionnels dont dépend, selon eux, la bonne conduite des élections à venir.
Danielle Tagro
La réconciliation, pour paraphraser le premier Président ivoirien, Félix Houphouet-Boigny, n’est qu’un vain mot si nos œuvres et notre comportement n’expriment pas notre désir d’aller sincèrement à la paix véritable. La tenue des prochaines élections en Côte d’Ivoire avance à grands pas. L’opinion nationale s’accorde à croire qu’un processus de réconciliation bien mené est gage d’un environnement sociopolitique apaisé. D’ailleurs, le National Democratic Institute (Ndi) a fait état, samedi 08 mars, lors de la présentation de son rapport sur la réforme électorale de la menace, que la présidentielle, prévue d’ici 20 mois, conduise à de nouvelles violences, si les autorités ne s’activent dès maintenant pour mettre sur pied une nouvelle Commission électorale consensuelle et pour établir un fichier électoral fiable. La chaude empoignade, ce jour, entre Laurent Akoun, secrétaire général et par ailleurs porte-parole du Front populaire ivoirien (Fpi) de l’ex-président déchu Laurent Gbagbo, et Maurice Kakou Guikahué, secrétaire exécutif du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), une formation politique membre de la coalition au pouvoir, sur la question de savoir qui avait à l’époque contesté le verdict des urnes entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, montre que le feu couve sous les cendres.
L’organisation a été mandatée par le président ivoirien en vue de préparer les esprits à l’apaisement, lors de la présidentielle de 2015, tout en faisant des recommandations sur la bonne tenue du scrutin. Aussi, le Ndi a-t-il également fait des recommandations préventives pour stabiliser à l’avenir l’environnement sociopolitique dans le pays. La structure a exhorté, notamment les autorités ivoiriennes, à veiller au respect de la liberté de manifestation sur tout le territoire et d’accélérer le processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants. La question des dozos, des chasseurs traditionnels, selon le Ndi, devrait être réglée afin de ramener dans leur environnement originel ses forces illégales qui font parfois justice. Pour mémoire, deux camps se sont affrontés de décembre 2010 à avril 2011 : les pro-Gbagbo et les pro-Ouattara.
Pour les partisans de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, détenu à la Cour pénale internationale (Cpi) pour « crimes contre l’humanité », « il faut le libérer pour qu’il y ait réconciliation ». Ce qui paraît chose peu probable. Appiah Kabran, président de l’Alternative citoyenne, compagnon de Laurent Gbagbo, est formel. « Ce n’est pas demain qu’on remplacera Gbagbo au Fpi », a-t-il affirmé dans l’interview qu’il a accordée au Nouveau Réveil, le 30 octobre 2013. Pourtant, le Front populaire ivoirien (Fpi), parti de l’ex-homme fort d’Abidjan, campe sur une position rigide de « Gbagbo ou rien ». Les proches de l’ex-chef d’Etat réclament également, outre la « libération » de leurs camarades emprisonnés, le dégel des avoirs, etc.
En face d’eux, les partisans du président ivoirien, Alassane Ouattara, crient justice contre leurs bourreaux présumés. Ces derniers doivent être arrêtés, jugés et condamnés, disent-ils. Joël N’Guessan, porte-parole du Rassemblement des républicains (Rdr), le parti au pouvoir, joint hier par téléphone, a soutenu que la problématique de ce débat ne peut être résolue qu’à deux conditions : la réparation des torts causés aux victimes des crises en Côte d’Ivoire et la réforme du système électoral. « Ceux qui savent qu’ils ont fait des choses qui ne sont pas bien doivent demander pardon. Une élection, c’est des électeurs, des candidats et puis une structure pour organiser. Que nous soyons tous d’accord sur qui doit être électeur, qui doit être candidat et qui doit organiser les élections. Si on a résolu ces trois points avec comme préalable le fait qu’on se dise ‘’j’ai fauté, je demande pardon’’ et qu’on a réparé le tort que certaines victimes de part et d’autre ont eu à subir, c’est fini, le pays va revivre mieux », a-t-il proposé. La chance de réalisation des souhaits des partisans de M. Ouattara est grande. En effet, au lendemain de la crise postélectorale, l’Etat a mis en place, par l’ordonnance n° 2011-167 du 13 juillet 2011 portant création, attributions, organisation et fonctionnement de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr). La structure a pour mission générale d’œuvrer à la réconciliation et au rétablissement d’une paix durable entre les communautés vivant en Côte d’Ivoire. Après deux ans d’activités, et un premier bilan déposé, la Cdvr a été reconduite pour douze mois. Les recommandations faites par la structure que conduit Charles Konan Banny touchent du doigt les causes originelles de la crise ivoirienne. Pour une réconciliation réussie, la Commission préconise l’application effective de la loi sur le foncier rural, la mise en place d’une Armée républicaine dotée de moyens appropriés et modernes, la bonne gouvernance et la lutte contre l’impunité, ainsi que le renforcement de la démocratie. Les partis politiques, eux, parlent unanimement de la réforme de la Commission électorale indépendante (Cei), du retour des exilés, du récemment général de la population. En somme, des réglages institutionnels dont dépend, selon eux, la bonne conduite des élections à venir.
Danielle Tagro