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Politique Publié le vendredi 21 mars 2014 | AFP

Le transfèrement de Blé Goudé à la CPI divise l’opinion ivoirienne

© AFP
Des images de Charles Blé Goudé diffiusées par le ministère de l’intérieur via la page Facebook du ministre Hamed Bakayoko
Mercredi 12 mars 2014. Abidjan. Des images de Charles Blé Goudé diffiusées par le ministère de l’intérieur via la page Facebook du ministre Hamed Bakayoko.
ABIDJAN - La décision d’Abidjan jeudi de transférer Charles Blé Goudé, un proche de l’ex-président Laurent Gbagbo, à la Cour pénale internationale (CPI) qui l’accuse de crimes contre l’humanité, divise la Côte d’Ivoire, où certains parlent vendredi de "fin de la réconciliation".

Les uniformes noirs de membres des CRS (compagnie républicaine de sécurité, police) étaient très visibles dans la matinée aux abords du palais de justice d’Abidjan pour prévenir d’éventuels débordements, non advenus.

Pro et anti-CPI sont opposés depuis des années en Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo, hôte de la Cour depuis près de trois ans, n’a toujours pas été jugé et l’opposition dénonce également la "justice des vainqueurs" qui y serait pratiquée.

Le gouvernement oscille entre le respect du traité de Rome établissant la juridiction internationale, qu’il a ratifié, et sa quête de la réconciliation, après une décennie de crise politico-militaire et cinq mois de violences postélectorales, qui ont fait plus de 3.000 morts en 2010-2011.

Abidjan a ainsi refusé le transfèrement à la CPI de Simone Gbagbo, arguant que le renouveau de son système judiciaire, pourtant défaillant, lui permettait de juger en Côte d’Ivoire la femme de l’ex-président, accusée comme lui de crimes contre l’humanité.

Mais les autorités, qui en appellent régulièrement à la "souveraineté
nationale", n’ont pas retenu cet argument pour le prévenu Blé Goudé. La
différence de traitement peut surprendre.

Charles Blé Goudé, 42 ans, anciennement surnommé "général de la rue" pour
sa capacité de mobilisation, est accusé par la CPI de crimes contre l’humanité
(meurtres, viols, persécutions...), commis entre le 16 décembre 2010 et le 12
avril 2011.

Le visage de l’ex-chef des "jeunes patriotes", un mouvement pro-Gbagbo
extrêmement violent, arrêté en janvier 2013 au Ghana après plus d’un an et
demi de cavale consécutive à l’arrestation de Laurent Gbagbo, fait dès lors la
"Une" de tous les quotidiens ivoiriens.

La presse pro-Gbagbo se montre virulente. "Après l’avoir torturé et fait
chanter, Ouattara livre Blé Goudé à la CPI. Le régime enterre la
réconciliation", affirme vendredi Le temps.

"Cette décision va accentuer chaque jour la fracture entre deux camps qui
se regardent plus que jamais en chiens de faïence", estime Notre voie.

- "Piège" -
Les journaux pro-Ouattara sont d’un avis contraire. La "pression" de la
CPI, de la communauté internationale, et de la société civile sur le
gouvernement pour qu’il livre Blé Goudé "était devenue insupportable",
argumente Nord Sud.

Tandis que l’Intelligent d’Abidjan estime que l’ex-ministre de la Jeunesse
paie "le prix d’un radicalisme politique inefficace" de son camp.

Individuellement, les Ivoiriens sont moins tranchés. Le transfèrement de
Blé Goudé était le seul choix possible dans un pays "pas encore en pleine
capacité juridique", remarque Ali Ouattara, président de la coalition
ivoirienne pour la CPI, pour qui "seule la justice permet d’arriver à une
véritable réconciliation".

Mais celle-ci doit être impartiale. Après avoir livré l’ex-ministre de la
Jeunesse, le pouvoir "devra livrer" les autres personnes poursuivies de la
CPI, "même si elles sont proches du régime", estime-t-il.

"Si la CPI veut que la vérité éclate, il faut qu’elle puisse juger tous
ceux qui sont impliqués dans cette histoire", acquiesce Nestor Dakaud Anibié,
écrivain et enseignant.

Car des pro-Ouattara se sont également rendus coupables d’exactions pendant
la crise postélectorale. Certains chefs de guerre, aujourd’hui aux plus hauts
postes des forces de sécurité, seraient visés par la CPI, affirment des
connaisseurs du dossier. Les livrer pourrait déstabiliser grandement le pays.

Pour l’Eléphant déchaîné, le pouvoir est ainsi tombé dans un "piège", alors
que trois mandats d’arrêts contre des proches du président Ouattara, dont le
président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, sont prêts à la Cour
internationale, croit savoir ce bi-hebdomadaire satirique.

"Le gouvernement s’est tiré une balle dans le pied, opine Yves-Marie
Dominique Ouya, politologue et universitaire. Il sera obligé de livrer des
gens de son propre camp, au risque de se voir critiquer."
ck-jf/jpc
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