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Politique Publié le samedi 29 mars 2014 | Nord-Sud

Zadi Djédjé témoigne : «Blé Goudé a bel et bien eu accès à ses proches»

Le président de la Coalition de la jeunesse patriotique pour la paix et la réconciliation (Cjppr), Zadi Djédjé, commente la première comparution de Charles Blé Goudé à La Haye, non sans se prononcer sur ses conditions de détention en Côte d’Ivoire, avant son transfèrement.



Comment avez-vous trouvé la première comparution de Charles Blé Goudé à La Haye?
Je voudrais encore une fois remercier l’Eternel Dieu tout-puissant, qui a protégé Charles Blé Goudé ici en Côte d’Ivoire, avant son transfèrement à La Haye. Lors de cette première comparution, j’ai trouvé en mon leader, Charles Blé Goudé, un homme de paix, un homme qui ne se reproche rien. Il a fait le tour de son arrestation au Ghana et tout ce qu’il a vécu en Côte d’Ivoire.

Tout de suite, Blé Goudé a tenté de balayer du revers de la main les accusations qui sont portées contre lui. Cette stratégie n’est-elle pas risquée pour lui ?
J’ai plutôt vu un homme qui en avait gros sur le cœur, un homme qui avait envie de dire, dès le premier jour de sa comparution, tout ce qu’il a vécu en Côte d’Ivoire. Mon point de vue sur ces accusations ? Je suis un artisan de paix et je fais un bilan de cette crise qui a fracturé notre pays. Je dis que chacun à sa part de responsabilité. Charles Blé Goudé a sa part, X a aussi sa part de responsabilité.

Comment vous êtes-vous senti, quand il a été transféré ?
Je voudrais d’abord remercier le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko. Lorsque Charles Blé Goudé a été arrêté, j’ai vu combien de fois le ministre avait la pression des victimes. Il avait la pression dans son propre camp. Il a pris son temps pour veiller sur Blé Goudé jusqu’à ce qu’il soit conduit à La Haye. Il y avait des gens tapis dans l’ombre qui souhaitaient la mort de Blé Goudé. Ils étaient en train de mettre des stratégies en place pour savoir où Charles Blé Goudé se trouvait pour aller le tuer. Le ministre a laissé des instructions fermes à ses hommes qui l’ont protégé et aujourd’hui, il se retrouve à La Haye. Je voudrais préciser cela, avant de revenir sur votre question. J’étais en train de négocier pour que Charles Blé Goudé sorte de prison. Donc j’étais très angoissé, quand il a été transféré à La Haye. On a vu les actions que j’ai organisées en faveur de sa libération. J’ai parlé avec le ministre de l’Intérieur, j’ai échangé avec les autorités en place et j’étais en train de demander une autorisation pour permettre à mes amis du Cojep de le voir. En contrepartie, j’étais en train de demander à mes camarades du Fpi, aux ‘’jeunes patriotes’’, d’être réalistes et de penser à l’avenir de la Côte d’Ivoire. Je leur disais : « c’est vrai que Charles Blé Goudé est en prison, mais mettons-nous ensemble, menons des actions qui apaisent, des actions qui vont permettre au pouvoir de le libérer. Parce que je pense que quand tu reconnais ta faute, Dieu peut toucher le cœur des autorités ». C’est dans cette démarche que j’étais, quand à ma grande surprise, j’apprends que le gouvernement a donné son ok pour qu’on transfère Blé Goudé. J’ai été choqué de la décision.

Etait-il vraiment maltraité en Côte d’Ivoire, comme lui-même l’a dit, à cette première comparution à La Haye ?
Je ne suis pas de ceux qui, dans l’émotion, l’euphorie, disent beaucoup de choses. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire a souffert et il faut dire l’essentiel. J’ai vu Charles Blé Goudé, lorsqu’il était en Côte d’Ivoire, plusieurs fois. La première fois, c’était à la Dst (Direction de la sécurité territoriale). Quand je l’ai retrouvé là, la deuxième fois, il m’a dit de plaider auprès du ministre de l’Intérieur afin d’améliorer ses conditions de détention. A la troisième rencontre, il m’a prié de dire merci au ministre de l’Intérieur. « Je suis maintenant dans une résidence, mais demande lui encore d’améliorer davantage mes conditions », m’avait-il dit. Ce que j’ai fait, et le ministre a laissé des instructions dans ce sens, en ma présence.

Comprenez-vous la position du Front populaire ivoirien (Fpi) qui se braque, au motif que Blé Goudé a été transféré ?
Il faut qu’on arrête la comédie politique. Laurent Gbagbo a été transféré à La Haye, le ciel n’est pas tombé sur la Côte d’Ivoire. Quand on voit que notre frère, notre ami, notre camarade, Charles Blé Goudé, qui a tout donné au Fpi est arrêté et mis en prison, on devait pouvoir revoir notre stratégie. C’est parce que la stratégie empruntée et appliquée n’a pas été la bonne que Laurent Gbagbo a été transféré. Par conséquent, il faut changer de stratégie. Mais qu’est-ce que le Fpi a fait pour que Blé Goudé soit libéré ? Je suis fort surpris de voir que c’est au moment où on le transfère que des personnes s’exhibent pour, maintenant, réclamer sa libération. Donc, la direction du Fpi sait comment on peut aller devant une préfecture de police pour réclamer la libération d’un individu! Blé Goudé a fait un an en Côte d’Ivoire, mais je n’ai vu aucun cadre du Fpi aller dire au ministre d’Etat ou aux autorités : « Permettez qu’on ait accès à Charles Blé Goudé ». J’ai été la première personne dans ce pays à me soucier du sort de mon leader.  Je suis surpris de ces discours, de cette comédie. Il faut qu’ils arrêtent leur comédie. La Côte d’Ivoire a souffert. Et quand tu sais comment tu as perdu le pouvoir, il faut être réaliste. J’ai dit au Fpi de changer de stratégie. C’est maintenant que Charles Blé Goudé est transféré que le Fpi va dire qu’il ne discute plus avec le pouvoir ? C’est du chantage politique que je dénonce. C’est Dieu seul qui connaît la destinée de Charles Blé Goudé. Il faut que le Fpi arrête sa comédie et pense à l’avenir de la Côte d’Ivoire.

On vous a déjà taxé d’être un traître. Avec ce discours, ne craignez-vous pas qu’on dise que vous êtes perdu pour le clan Gbagbo ?
Je ne travaille pas pour faire plaisir à quelqu’un. J’ai été au cœur de la crise postélectorale. J’ai vu que ce sont les discours incendiaires, les discours de haine qui ont conduit ce pays dans le chaos. Les discours du genre : X est Burkinabè, Y ne peut pas être Président, c’est X qui a envoyé la rébellion…Tous ça, j’en ai été témoin et donc, quand la crise postélectorale est arrivée, j’ai fait un bilan. Ce bilan étant négatif, je ne peux plus être un manipulateur, un menteur, mais je dois plutôt penser à l’avenir de mon pays, de la jeunesse, mais surtout, comme Charles Blé Goudé l’a dit, penser aux victimes, aux innocents qui sont morts. Donc ceux qui me taxent de vendu, de traître, je leur pardonne, mais je n’entre pas dans ce débat. C’est Dieu seul qui va juger chacun d’entre nous, dans l’histoire de ce pays.

Aujourd’hui, quels sont vos rapports avec les dirigeants du Fpi, avec les responsables du Cojep ?
Ils disent que je suis un traître. Ils disent que Charles Blé Goudé leur a dit que celui qui suit Zadi Djédjé a trahi la lutte et que Zadi Djédjé est un vendu. Ces personnes se méfient de moi. Je respecte leur position. Mais je dis que c’est Dieu seul qui va donner raison à chacun d’entre nous.

Pour la suite de la procédure contre Blé Goudé, êtes-vous optimiste ?
Je suis chrétien, j’ai foi en Dieu...
Mais, je voudrais dire ceci à ma famille politique : « La Côte d’Ivoire n’appartient à personne. Elle n’appartient pas à Laurent Gbagbo, elle n’appartient pas au Président Alassane Ouattara. Pas plus qu’au président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, encore moins à Charles Blé Goudé. Donc pour un individu, le processus de réconciliation dans un pays ne doit pas s’arrêter parce que le pays a besoin de vivre en paix. Quand il y a des troubles ou la guerre, cela n’arrange personne ! Il faut donc aller à la paix, à la réconciliation et il faut tout remettre entre les mains de l’Eternel. Il y a des personnes qui sont allées à la Cpi et qui en sont sorties. Mon souhait, c’est que Charles Blé Goudé retourne en Côte d’Ivoire pour participer au processus de réconciliation. Et quand j’ai rencontré Charles Blé Goudé, j’ai vu un homme disposé à aller à la réconciliation. Il m’a dit : « Zadi Djédjé, n’écoute pas ceux qui te taxent de tous les noms. Tu es sur le bon chemin, il faut continuer ». Je voudrais donc dire qu’il faut qu’on se réconcilie, qu’on pense au développement de la Côte d’Ivoire. Il faut accompagner le Président qui est là. Pendant dix ans, on a dit que c’est à cause de la rébellion que le développement du pays a été freiné. Mais, lorsque Dieu nous donne la chance et que quelqu’un est là, et travaille à reconstruire le pays, il faut s’en féliciter et soutenir cette personne-là. Je pense que le Cojep et le Fpi doivent toujours continuer de discuter avec le pouvoir. Dans ce pays, des innocents ont été tués, il faut penser à l’avenir de cette nation. Voyez-vous, tout ce que le Fpi est en train de faire c’est parce qu’il veut aller aux élections en 2015. Et le Fpi voyait un danger en Charles Blé Goudé, il ne s’est pas donné corps et âme pour sa libération. Je suis choqué qu’aujourd’hui, on vienne dire que c’est Hamed Bakayoko, c’est le Président Ouattara…

Vous accusez donc le Fpi d’être à la base de son transfèrement?
Non, je ne suis pas en train d’accuser le Fpi. Mais je dénonce le comportement du Fpi dans cette affaire. S’il m’avait compris et était venu me rejoindre, notamment la jeunesse du Fpi, on n’en serait peut-être pas là. Ils ont refusé de me rejoindre parce que ma personne les gênait. Mais je voudrais prendre la communauté internationale à témoin, pour dénoncer tout ce qui se prépare contre ma personne. Des réunions secrètes se tiennent pour attenter à ma vie. Je voudrais dire à ces personnes qui m’en veulent d’arrêter leurs manigances.

Durant sa comparution, Blé Goudé a dit qu’il n’a vu personne et que personne n’a eu accès à lui. Vous qui souteniez pourtant l’avoir vu, quand il y a eu la polémique sur la publication de ses présumées photos, qui dit vrai ?
Sur ce point, je voudrais remercier le président de l’Assemblée nationale. Guillaume Soro, en son temps, est allé à Gagnoa, parler aux parents de mon leader, Charles Blé Goudé. Et il était en train de tout mettre en œuvre pour qu’il soit libéré. Au lieu de l’accompagner dans cette dynamique, la méchanceté, l’hypocrisie entre nous, n’a pas permis de faire aboutir la bonne volonté du président de l’Assemblée nationale. Je voudrais aussi remercier le ministre Hamed Bakayoko qui a permis que moi, Zadi Djédjé, je rencontre Charles Blé Goudé. Il a très tôt compris qu’il faut que ce Monsieur qui est en prison, ait accès à sa famille. Les gens parlent, ils racontent beaucoup de choses. Je peux dire que peut-être de manière officielle, le Cojep n’est pas venu le voir, ses avocats et ses proches ne sont pas venus le voir de façon officielle. Mais je vous dis que je l’ai rencontré, avec le camarade Patrice Kouté, son représentant en Europe, sa femme Solange aussi l’a rencontré. L’ex-président intérimaire du Cojep, Joël Potey, l’a également rencontré. Et il m’a dit : « Zadi Djédjé, ce sont tes actions et les actions du Cojep qui me feront sortir de là où je suis ». J’étais en train de préparer une rencontre entre la direction intérimaire du Cojep et le ministère de l’Intérieur, quand la décision est tombée.

Après cette décision, le frère et la mère de Charles Blé Goudé ont accusé Guillaume Soro de les avoir trahis.
Guillaume Soro a trahi qui ? Les gens pensent-ils que le souhait de Soro était que Charles Blé Goudé soit transféré à la Cpi ? Les gens racontent n’importe quoi. Face aux parents de Blé Goudé et j’étais présent, Guillaume Soro a dit ceci : « c’est une affaire de justice. Charles Blé Goudé, c’est mon ami. On a milité à la Fesci ensemble, je vais essayer de faire remonter vos recommandations au président de la République. Guillaume Soro n’a jamais dit qu’il va être libéré ! Ce sont les parents qui lui ont demandé : « où est ton ami ? Il faut tout faire pour qu’on libère ton ami ». Et il a dit : « Ok, j’ai pris note. Je vais soumettre tout ça au président de la République. D’où vient-il qu’on parle de trahison, après le transfèrement de Blé Goudé ? Je pense qu’il faut plutôt encourager Soro. Je voudrais demander pardon au président de l’Assemblée nationale de ne pas considérer ces accusations.


Réalisée par Marc Dossa
Coll. Ousmane Ténin Bè
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