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Économie Publié le lundi 14 avril 2014 | Diasporas-News

Casablanca : La 1ere édition du « Africa SMB FORUM »

Le premier forum Africa Small and Medium-Sized Business (SMB) s’est tenu durant trois jours, au début du mois de mars dernier à Casablanca. « Mettre en relation et financer les PME pour l’emploi et la croissance sur le continent » ; tel était l’objet de ce conclave fort de plus de 300 participants venus d’une quinzaine de pays africains ; mais également des responsables d’institution et d’hommes d’affaires européens et même des intervenants originaires d’Amérique du Sud.
Ce genre de rencontre apporte un vent de fraîcheur par rapport aux discours surannés et pessimistes sur l’avenir de l’Afrique. Elle s’oppose à la fameuse antienne sur l’accaparement des terres arables, l’exploitation éhontée de nos matières premières et le « péril jaune ». Aujourd’hui, notre croissance économique repose essentiellement sur l’industrie extractive. D’ailleurs, les Investissements Directs à l’Etranger (IDE) c’est-à-dire l’indicateur de l’afflux de capitaux internationaux montre qu’ils sont orientés dans les secteurs pétrolier, minier et les NTIC. Or, ce forum SMB Africa a choisi un autre angle ; celui dédié à l’accès aux financements des PME et le commerce intra-africain : solutions pour une régénération de notre tissu industriel mort-né à la suite des difficultés structurelles des années 1970-80. Sans la volonté des anciennes puissances coloniales et sans omettre la turpitude également de certains de nos dirigeants, cet embryon d’écosystème nous aurait sans doute permit un sort plus favorable.
De nombreux intervenants ont apporté leur expertise et leur vision sur les perspectives à plus ou moins de long terme. Madame Yacine Fal, la Représentante au Maroc de la BAD souligne dans ses propos liminaires que « dans les dix prochaines années, le continent africain se doit de consolider la transformation en profondeur qu’il a engagé ; celle-ci passera par le rôle prépondérant des PME ». Elle insiste sur le fait que 33% du PIB continental est généré par des entreprises de taille moyenne. Et de rappeler que les facteurs-clés de cette réussite reposent sur trois piliers : l’accompagnement des jeunes, l’intégration régionale et l’extraction des PME du secteur informel. En 2050, l’Afrique pèsera autant que l’Asie du Sud-Est avec 2,5 milliards d’habitants contre 1,1 milliard au dernier recensement. Cette démographie est une chance pour le continent. Car elle fournira les ressources productives et la matière grise dont elle aura besoin. En outre cette pléthore de main d’œuvre, ces milliards de consommateurs constitueront également un vaste marché de demain, susceptibles d’absorber les biens et les services produits (pourquoi pas) sur place. L’initiateur de cet Africa SMB forum, Dogad Dogoui pose tout haut la question suivante : « comment les PME, qui représentent plus de 90% de l’emploi en Afrique, ne puissent-elles pas avoir accès au secteur bancaire ? ». En tout cas pour plus de 80% d’entre elles ! Et si elles y accèdent, les taux de base bancaire qui conditionnent les taux d’intérêt sont prohibitifs. Quant à Denys Denya, Executive Vice-president of Afrexim-bank, il estime que les principaux freins aux ouvertures régionales demeurent le manque d’infrastructures et les carcans administratifs et réglementaires. Il milite pour la promotion des échanges interrégionaux grâce au financement des moyens de transport et de la logistique.
L’engouement des investisseurs marocains à ce forum économique démontre encore une fois l’intérêt du royaume chérifien pour l’Afrique subsaharienne. En tout cas, il confirme l’offensive marocaine au moment où le roi Mohamed VI rentre d’un périple qui l’a amené de Bamako à Libreville en passant par Abidjan et Conakry. Chacune de ses étapes a été ponctuée par la signature de conventions ou d’accords économiques. A l’instar de la mise en place d’un hub de Royal Air Maroc à Casablanca pour servir de pont entre les capitales africaines et le reste du monde, le Groupe BMCE Bank ambitionne, lui aussi, de créer une interconnexion financière en Afrique. L’Administrateur Directeur Général de la banque Brahim Benjelloun-Touimi prône « l’africanité financière » de son établissement qui est « l’expression d’une foi dans les vertus du partenariat afro-africain… ». La Bank Of Africa, sa filiale, est le fer de lance de cette offensive face à une concurrence assez agressive d’Ecobank aussi bien dans les pays anglophones que francophones. Brahim Benjelloun-Touimi met en exergue le rôle central des PME qui, d’après ses propos, « sont partie prenante de cette dynamique de succès qui se développe autour de l’Afrique ».
En dehors de l’intervention de plusieurs spécialistes, chacun dans son domaine, il s’agit d’un espace de rencontres d’affaires où chaque participant avait l’opportunité de rencontrer des experts, des conseillers financiers ou de trouver des solutions à son parcours de chef d’entreprise. Et cette expertise pourrait être prolongée au-delà du Forum grâce à la plate-forme Africa SMB qui sert d’interface permanente entre l’offre et la demande.
Des petits ruisseaux comme l’Africa SMB forum feront les grands fleuves de demain. Y participer donne du baume au cœur. La question que l’on est en droit de se poser est la suivante : le diagnostic est posé, les solutions sont entre nos mains ; comment se fait-il que les taux de croissance annuels africains qui font pâlir d’envie les occidentaux ne se transforment toujours pas en bien-être ? Elle ouvre la boîte de pandore sur les contingences structurelles de nos économies respectives. Même si la masse salariale n’est pas un poste important dans le bilan de nos sociétés, les autres facteurs de production (électricité, énergie, télécommunications) restent un frein à l’expansion des PME. De surcroît, certains accords commerciaux internationaux – directives OMC et ACP/UE – entravent lourdement le développement de notre tissu industriel. Nous n’avions pas la puissance de négociation des pays développés et leur système de lobby. Lorsque les intrants ou même les produits finis importés d’Europe ou d’Asie valent moins chers que la fabrication locale, les meilleures volontés du monde se démobilisent. Un des moyens pour contourner cet écueil reste d’une part le développement des échanges commerciaux entre Etats au sein d’une communauté économique régionale - CEDEAO, la SADC ou le COMESA – et d’autre part une dynamique économique à l’échelle continentale ou l’Intra-African Trade.

Alex ZAKA
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