« C’est avec un plaisir renouvelé que je vous retrouve ce jour, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la 1ère session ordinaire de l’année 2014. Je vous souhaite donc un bon retour dans cet hémicycle. Une fois encore, nous partageons la joie de ces retrouvailles avec d’illustres invités. En votre nom, je voudrais remercier toutes les personnalités de haut rang qui ont accepté de se joindre à nous. D’emblée, je salue monsieur le Premier ministre, ministre de l’Economie, des finances et du budget, dont la présence vient encore confirmer l’exemplarité des relations qui lient nos Institutions. Tout en remerciant pour leur présence les ministres qui vous accompagnent, je salue, Son Excellence monsieur le président de la République qui, fait significatif pour être relevé, a reporté exceptionnellement le conseil des ministres, en vue de permettre une plus grande participation des membres du gouvernement à la présente cérémonie.
Madame et messieurs les présidents d’institutions, votre solidarité fraternelle se manifeste à chacune de ces séances solennelles qui rythment la vie de notre institution. En retour, je vous exprime ma reconnaissance. Je n’oublie pas de saluer tout aussi chaleureusement tous les partenaires de l’Assemblée nationale qui ont répondu à notre invitation.
Monsieur le Premier ministre,
distingués invités, honorables députés, Mesdames et messieurs, cette cérémonie, comme annoncé tantôt, est rehaussée par la présence de six délégations parlementaires amies. Je veux en tout premier lieu, saluer mon collègue et ami, le tout nouveau président de l’Assemblée nationale du Togo, monsieur Dama Dramani.
Chers collègues députés, vous aurez remarqué que je deviens à mon tour un tout petit doyen dans le cercle des présidents d’Assemblées nationales de la sous-région ouest-africaine.
Mon cher cadet Dama Dramani, le 1er avril, j’étais avec vous à Lomé à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la première session ordinaire 2014 de votre Parlement. En ce 30 avril, c’est vous qui êtes à Abidjan : bel exemple de solidarité !
Distingués invités, honorables députés,
mesdames et messieurs, je vous demande également de saluer les autres personnalités qui ont tenu à se joindre à nous :
l’honorable Bethel Naemeka Amadi, président du Parlement panafricain et sa délégation ; l’honorable Bajan Ag Hamadou, vice-président de l’Assemblée nationale du Mali et sa délégation ; l’honorable Chafik Rachadi, vice-président de la Chambre des représentants du royaume du Maroc ; l’honorable Ebo Earton-Odro, vice-président de l’Assemblée nationale du Ghana et sa délégation ; l’honorable madame Tulin Erkan Kara, vice-présidente du Groupe d’Amitié Turquie-Côte d’Ivoire. Votre présence à tous, nous honore et nous vous demandons de transmettre nos salutations fraternelles à vos Parlements respectifs.
Distingués invités
Mesdames et messieurs, je me tourne à présent vers mes invités spéciaux nationaux.
Et comme à l’accoutumée, la chefferie traditionnelle est à l’honneur. Et c’est pourquoi je vous invite à saluer d’abord : Sa majesté nanan Adingra Kouassi Obidombié, roi des Abrons, à la tête d’une forte délégation et accompagné de la danse Obidombié, véritable chef- d’œuvre de la culture de son terroir. Ensuite, l’Association des directeurs et chefs de service du département de Ferkessédougou conduite ici par le préfet de région, monsieur Diakité Soualoho à qui j’avais promis une visite guidée de notre institution.
Distingués invités, mesdames et messieurs, comme nous pouvons le constater ensemble, la présente session s’ouvre dans un contexte de relance globalement favorable à notre pays. Les faits parlent d’eux-mêmes et Monsieur le Premier ministre est là pour l’attester :
En effet :
l Quand le dernier rapport du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale confirme notre croissance à un taux de 9% pour l’année 2013 ;
l Quand le dernier rapport des Nations unies indique clairement que la situation sécuritaire s’est considérablement améliorée, favorisant ainsi le retour dans notre pays, des organisations internationales et notamment de la Bad;
l Quand notre pays organise avec succès des événements aussi importants que le Forum investir en Côte d’Ivoire, ou le Marché des arts et du spectacle africain (Masa) ;
l Quand notre pays redevient une véritable plaque tournante diplomatique, avec les visites, pour une première, du Premier ministre japonais, Shinzo Abe et celle fortement remarquée de sa majesté le Roi Mohammed VI du Maroc ;
l Quand tous les chefs d’Etat de la Cedeao font un véritable plébiscite au Président Alassane Ouattara pour le remarquable accomplissement de sa mission à la tête de cette organisation deux mandats durant,
A-t-on encore besoin de preuves supplémentaires pour se convaincre que notre pays a réellement pris son envol vers l’émergence ?
Bien entendu, des efforts restent à faire et le gouvernement l’a si bien compris que son dernier séminaire a été consacré aux questions liées à la prise en charge du quotidien des citoyens.
Vous en conviendrez, mesdames et messieurs, la Côte d’Ivoire est dans une marche rassurante ! Dans le même esprit, qui peut nier que notre Parlement ait retrouvé une place de choix au cœur de la République ?
Distingués invités,
Mesdames et messieurs, l’occasion me paraît également opportune pour apprécier ensemble quelques actions que nous avons pu conduire au cours de l’intersession : justement, dans notre volonté de contribuer à la prise en charge du quotidien du citoyen, nous avons intensifié nos actions de terrain.
Ainsi plusieurs missions ont-elles été effectuées par les députés sur toute l’étendue du territoire, afin de s’assurer de la matérialisation des promesses gouvernementales. Avec le soutien de notre partenaire l’Usaid, les commissions permanentes, selon leur champ de compétence, ont visité, au niveau du district d’Abidjan, le centre d’hémodialyse de Cocody, l’université Félix Houphouet-Boigny, ainsi que des usines soupçonnées d’émettre des gaz polluants dans la baie lagunaire de Koumassi. A l’intérieur du pays, les députés ont parcouru le Chr et l’hôpital général du département de Gagnoa, l’université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo, pour faire l’état des lieux au niveau des infrastructures et de l’équipement. Les localités de l’Ouest de la Côte d’Ivoire que sont Man, Sipilou, Guiglo, Taï, Blolequin et Duékoué ont été visitées afin d’y évaluer la situation sécuritaire. Tafiré, Guiglo et Taï ont également été parcourues pour contrôler la mise en œuvre effective de l’interdiction de l’exploitation forestière au-dessus du 8ème parallèle et pour s’enquérir de l’état de conservation de nos réserves forestières.
Dans les prochains jours, j’inviterai ces commissions à une séance de restitution de leurs conclusions, ce qui nous permettra de faire des recommandations au gouvernement. Honorables députés,
Au cours de cette même intersession, le volet de notre diplomatie parlementaire s’est concrétisé par mes visites successives :
l au Maroc, du 5 au 7 février 2014 dans le cadre de la réunion de bureau de l’Assemblée parlementaire de la francophonie,
l en République islamique d’Iran du 14 au 20 février 2014, à la fois en visite officielle et pour prendre part aux travaux de la 9ème session de la Conférence parlementaire des Etats-membres de l’Organisation de la coopération islamique,
l au Togo, le 1er avril dernier, pour participer à la cérémonie d’ouverture de la 1ère session ordinaire 2014 du Parlement.
Ajoutons que j’ai eu à accueillir, du 7 au 9 mars 2014, mon collègue Heng Samrin, président de l’Assemblée nationale du Royaume du Cambodge, marquant ainsi la première visite d’une haute personnalité de ce pays en Côte d’Ivoire, et donnant lieu à la signature d’une convention de coopération entre nos deux institutions.
Nous avons reçu, du 6 au 8 avril 2014, une délégation de la Commission d’amitié interparlementaire du Conseil Al Shura, entendez par là, le Parlement du Royaume d’Arabie Saoudite.
Je voudrais rappeler également les importantes rencontres internationales que notre Parlement a abritées, à savoir l’Assemblée générale du Forum africain des parlementaires sur la population et le développement qui a eu lieu du 17 au 20 mars 2014, et l’Assemblée générale du Réseau africain des personnels des Parlements tenue du 24 au 28 mars 2014.
Distingués invités, honorables députés,
mesdames et messieurs, plusieurs actions sont en cours et s’inscrivent dans la mise en œuvre de l’engagement que j’avais pris, dès le début de ma mandature, de faire de notre Parlement une institution moderne, proche du citoyen et ouverte au monde entier. Vous vous souviendrez que j’avais indiqué que des initiatives seraient prises pour l’amélioration des conditions de travail et de service des députés. Je me réjouis de la mise sur pied d’un comité paritaire Assemblée nationale/Primature en vue de proposer une meilleure prise en charge des requêtes des députés liées aux questions du statut et de la réhabilitation de l’Institution. Et là, je veux saluer monsieur le Premier ministre, pour sa disponibilité.
Distingués invités, honorables députés, mesdames et messieurs,
j’avais également inscrit la question de la promotion du genre au chapitre de mes priorités. A ce sujet, il me plaît de saluer et de féliciter les efforts d’organisation des femmes parlementaires qui, sous la houlette de madame la première vice-présidente, s’apprêtent à finaliser la mise en place d’un caucus dont l’Assemblée générale constitutive est attendue dans les prochains jours. Au titre des actions à venir, c’est avec un grand plaisir que je vous annonce que je me rendrai dans la région de l’Agnéby-Tiassa, du 10 au 17 mai 2014. Je vous informe également que, du 4 au 8 juin prochain, Son Excellence Moustapha Niasse, président de l’Assemblée nationale de la République sœur du Sénégal, nous fera l’honneur d’une visite officielle dans notre pays.
En outre, dans le cadre de mes déplacements à l’extérieur, je prendrai part du 3 au 8 juillet prochain à la 40ème session de l’Assemblée parlementaire de la francophonie, à Ottawa au Canada.
Distingués invités, honorables députés,
mesdames et messieurs,
Ce bref bilan m’a paru nécessaire, car il est important que nous gardions le cap sur nos objectifs de départ, afin d’avoir constamment à l’esprit, le point des acquis mais aussi et surtout les efforts qu’il reste à accomplir. Nul doute que la session qui s’ouvre cet après-midi nous permettra d’aller encore de l’avant dans la réalisation de nos ambitions. En tout état de cause, sachez qu’elle ne manquera pas d’intensité, car ce sont déjà seize textes inscrits à l’ordre du jour adopté par la conférence des Présidents du lundi 28 avril 2014 qui ont été soumis à notre examen par le gouvernement. Je ne doute pas un seul instant, honorables députés, que vous procéderez à leur examen avec toute la conscience républicaine qui vous a toujours caractérisé. A ce titre d’ailleurs, il me plaît de vous annoncer que j’ai voulu placer cette année parlementaire sous la thématique : «Conscience nationale et consensus national ».
L’appartenance à la nation, loin d’être naturelle, requiert un effort de dépassement de soi, condition de la rencontre féconde de l’autre, dans l’expérience fondatrice du vivre ensemble. Faire chacun un pas décisif vers le cœur de notre nation, telle est la condition de notre union. Comment vivre en effet ensemble, sans l’effort de chacun de faire sien le langage de ceux qui vivent avec lui ? Le consensus n’est pas conformité, suivisme ou naïveté. Il est l’art majeur du pluralisme politique bien compris. Il appelle à la prise de conscience par tous, que l’intérêt général du pays prime sur les avantages ou inconvénients ponctuels des uns et des autres. La citoyenneté républicaine est le fruit d’institutions et de pratiques consensuelles où l’Etat de droit se substitue à l’état de nature. De telles institutions ne peuvent durer que si elles résultent d’un véritable « consensus par recoupement », selon la belle expression du penseur américain John Rawls, dans son célèbre ouvrage, Theory of justice.
Mesdames et messieurs,
Avril 2012 : j’ai l’impression que c’était hier et malgré cela, nous voici déjà, en ce 30 avril 2014, invités, pour les 2 années écoulées, à présenter notre bilan.
Décembre 2016 : j’ai le sentiment que c’est déjà demain, et pourtant, la population, en ce 30 avril 2014, attend de nous que, sans plus tarder, nous dessinions les contours de nos projets pour les 3 prochaines années qui nous séparent du terme de notre mandat législatif. Avril 2012, c’était hier, décembre 2016, c’est déjà demain : alors, entre temps, avons-nous su et saurons nous mettre à profit le temps qui nous est imparti, pour rassembler les Ivoiriens et pour redonner à la Côte d’Ivoire la place qui lui revient dans le concert des nations ? Si j’avais eu la science infuse, alors j’aurais pu vous dire que nous réussirions à tenir nos promesses, car nous avions, dès le départ, une idée assez précise sur les réflexions à conduire et sur les actions à mener pour atteindre les objectifs que nous nous étions assignés : obtenir un consensus national sur la nécessité d’un respect absolu des vertus citoyennes et des valeurs républicaines. La science infuse, je ne l’ai toujours pas, mais nous sommes désormais en situation de mieux comprendre le cours des choses de la vie et, instruits par les errements et par les échecs du passé, nous pouvons patiemment redresser la barre pour contribuer, dans l’exercice de la fonction législative qui est la nôtre, à conduire notre pays dans la bonne direction. Ma conviction est que nous devons parvenir à reconstruire de façon pérenne l’unité de la nation et à conforter, dans la conscience individuelle et dans l’inconscient collectif des Ivoiriens, le sentiment d’appartenance à une même communauté, indissociablement unie par une histoire, une volonté et une espérance partagées. Comment parvenir à cela, si nous ne nous imposons pas au moins les tâches suivantes :
l apprendre résolument de nos erreurs et de nos fautes historiques comme de celles des autres peuples ;
l apprendre de nos réussites et de celles des autres peuples pour consolider nos avancées ;
l inventer courageusement l’avenir que la conjoncture nous impose de dessiner, afin de transmettre à nos descendants une Côte d’Ivoire plus unie, plus prospère et plus solidaire.
C’est le sens de la problématique à laquelle je nous invite à réfléchir tout au long de la présente année parlementaire. Car, il nous reste incontestablement beaucoup à faire et à refaire, dans nos mentalités, dans notre architecture économique, sociale, culturelle, politique, spirituelle même, pour avancer sereinement vers l’avenir qui marche vers nous.
Distingués invités, Mesdames et messieurs ,
Il me semble qu’il est grand temps, si nous voulons aller plus haut et plus loin dans la reprise en main de notre destin, de faire en sorte que nos différentes initiatives personnelles se conjuguent et se coordonnent car les efforts solitaires ne suffisent pas à eux seuls à faire renaître une nation.
« Une main seule n’attache pas un bon fagot de bois », dit le proverbe.
Face à une certaine opinion qui ne se complaît que dans l’exploitation des divisions et dans la mise en scène d’oppositions réelles ou supposées entre les Ivoiriens, le bon Peuple doit toujours savoir raison garder et avoir à l’esprit, l’intérêt général, le bien commun. C’est cela même la marque des grands Etats que nous avons tendance à citer en exemple aujourd’hui. Loin de s’enfermer dans les querelles de clochers qui inspirent des calculs à courte vue, les Etats qui s’élèvent sont portés par des femmes et des hommes politiques mus par le désir de servir, de réaliser et de transmettre les espérances légitimes de leurs concitoyens. La conscience nationale qui doit nous habiter devrait amener chaque Ivoirien à se sentir concerné par ce qui arrive de mal ou de bien à notre pays et à se considérer comme l’ami et le frère de tous les Ivoiriens. Il n’y a point de conscience nationale dans le stérile enfermement narcissique du nationalisme, mais dans la prise en charge des droits et devoirs que la citoyenneté démocratique confère et requiert. Le véritable nationaliste n’est pas un fanatique du sol ou du sang, mais un amoureux du droit, de la liberté et de la fraternité humaines parmi les siens. Etre conscient de l’intérêt national, c’est vouloir ce qu’il y a de meilleur dans le pays, aussi bien pour soi que pour tous ceux qui n’ont pas nos opinions politiques, religieuses ou esthétiques. C’est une vertu que nous recommanderait assurément le philosophe Montesquieu. Car, disait-il avec justesse, « lorsque la vertu cesse, la République est une dépouille ». C’est pourquoi, le bon sens doit veiller en nous à tout instant. Quand Murielle Ahouré remporte le titre de vice-championne du monde du 100 mètres plat, se soucie-t-on du fait qu’elle ait quitté la Côte d’Ivoire à l’âge de 2 ans ?
Quand on empruntera le 3ème pont, devrions-nous rebrousser chemin en plein milieu où nous jeter à l’eau parce que l’on se serait souvenu entre temps qu’il porte le nom d’Henri Konan Bédié ?
Mesdames et messieurs,
Il n’est nullement dans mes intentions de chercher à imposer un quelconque unanimisme ou à nous ramener à un système de pensée unique. Mais ce que je voudrais faire remarquer, c’est que si nous aimons notre pays, le bon sens nous commande de reconnaître et de soutenir ce qui est fait dans notre propre intérêt. Quel citoyen ivoirien digne de ce nom pourrait ne pas nous rejoindre sur cette position consensuelle qu’ « aujourd’hui, ça va mieux qu’hier » ?
Honorables députés,
mesdames et messieurs
Comme vous l’aurez compris, notre priorité aujourd’hui est de participer à la construction de ce consensus national car toute société quelle qu’elle soit, a besoin de cela pour se constituer et pour survivre en tant que communauté libre et responsable. Pour y parvenir, il n’y a, selon moi, qu’une seule voie : conjuguer toutes les énergies institutionnelles, qu’elles soient exécutives, législatives, judiciaires, sociales, culturelles ou économiques ; fédérer toutes les initiatives privées, qu’elles soient nationales ou internationales. Nous aurons besoin de toutes ces volontés et de toutes ces forces pour poursuivre et pour parfaire tous ensemble l’immense travail de réhabilitation, de normalisation, de consolidation et de réconciliation qui nous attend, pour que s’affirme et se renforce notre sentiment d’appartenance à une même nation, unie et rassemblée autour de son Président et fermement résolue à affirmer son attachement à l’union, à la discipline et au travail, valeurs fondatrices de notre République.
Je vous remercie ».
Madame et messieurs les présidents d’institutions, votre solidarité fraternelle se manifeste à chacune de ces séances solennelles qui rythment la vie de notre institution. En retour, je vous exprime ma reconnaissance. Je n’oublie pas de saluer tout aussi chaleureusement tous les partenaires de l’Assemblée nationale qui ont répondu à notre invitation.
Monsieur le Premier ministre,
distingués invités, honorables députés, Mesdames et messieurs, cette cérémonie, comme annoncé tantôt, est rehaussée par la présence de six délégations parlementaires amies. Je veux en tout premier lieu, saluer mon collègue et ami, le tout nouveau président de l’Assemblée nationale du Togo, monsieur Dama Dramani.
Chers collègues députés, vous aurez remarqué que je deviens à mon tour un tout petit doyen dans le cercle des présidents d’Assemblées nationales de la sous-région ouest-africaine.
Mon cher cadet Dama Dramani, le 1er avril, j’étais avec vous à Lomé à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la première session ordinaire 2014 de votre Parlement. En ce 30 avril, c’est vous qui êtes à Abidjan : bel exemple de solidarité !
Distingués invités, honorables députés,
mesdames et messieurs, je vous demande également de saluer les autres personnalités qui ont tenu à se joindre à nous :
l’honorable Bethel Naemeka Amadi, président du Parlement panafricain et sa délégation ; l’honorable Bajan Ag Hamadou, vice-président de l’Assemblée nationale du Mali et sa délégation ; l’honorable Chafik Rachadi, vice-président de la Chambre des représentants du royaume du Maroc ; l’honorable Ebo Earton-Odro, vice-président de l’Assemblée nationale du Ghana et sa délégation ; l’honorable madame Tulin Erkan Kara, vice-présidente du Groupe d’Amitié Turquie-Côte d’Ivoire. Votre présence à tous, nous honore et nous vous demandons de transmettre nos salutations fraternelles à vos Parlements respectifs.
Distingués invités
Mesdames et messieurs, je me tourne à présent vers mes invités spéciaux nationaux.
Et comme à l’accoutumée, la chefferie traditionnelle est à l’honneur. Et c’est pourquoi je vous invite à saluer d’abord : Sa majesté nanan Adingra Kouassi Obidombié, roi des Abrons, à la tête d’une forte délégation et accompagné de la danse Obidombié, véritable chef- d’œuvre de la culture de son terroir. Ensuite, l’Association des directeurs et chefs de service du département de Ferkessédougou conduite ici par le préfet de région, monsieur Diakité Soualoho à qui j’avais promis une visite guidée de notre institution.
Distingués invités, mesdames et messieurs, comme nous pouvons le constater ensemble, la présente session s’ouvre dans un contexte de relance globalement favorable à notre pays. Les faits parlent d’eux-mêmes et Monsieur le Premier ministre est là pour l’attester :
En effet :
l Quand le dernier rapport du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale confirme notre croissance à un taux de 9% pour l’année 2013 ;
l Quand le dernier rapport des Nations unies indique clairement que la situation sécuritaire s’est considérablement améliorée, favorisant ainsi le retour dans notre pays, des organisations internationales et notamment de la Bad;
l Quand notre pays organise avec succès des événements aussi importants que le Forum investir en Côte d’Ivoire, ou le Marché des arts et du spectacle africain (Masa) ;
l Quand notre pays redevient une véritable plaque tournante diplomatique, avec les visites, pour une première, du Premier ministre japonais, Shinzo Abe et celle fortement remarquée de sa majesté le Roi Mohammed VI du Maroc ;
l Quand tous les chefs d’Etat de la Cedeao font un véritable plébiscite au Président Alassane Ouattara pour le remarquable accomplissement de sa mission à la tête de cette organisation deux mandats durant,
A-t-on encore besoin de preuves supplémentaires pour se convaincre que notre pays a réellement pris son envol vers l’émergence ?
Bien entendu, des efforts restent à faire et le gouvernement l’a si bien compris que son dernier séminaire a été consacré aux questions liées à la prise en charge du quotidien des citoyens.
Vous en conviendrez, mesdames et messieurs, la Côte d’Ivoire est dans une marche rassurante ! Dans le même esprit, qui peut nier que notre Parlement ait retrouvé une place de choix au cœur de la République ?
Distingués invités,
Mesdames et messieurs, l’occasion me paraît également opportune pour apprécier ensemble quelques actions que nous avons pu conduire au cours de l’intersession : justement, dans notre volonté de contribuer à la prise en charge du quotidien du citoyen, nous avons intensifié nos actions de terrain.
Ainsi plusieurs missions ont-elles été effectuées par les députés sur toute l’étendue du territoire, afin de s’assurer de la matérialisation des promesses gouvernementales. Avec le soutien de notre partenaire l’Usaid, les commissions permanentes, selon leur champ de compétence, ont visité, au niveau du district d’Abidjan, le centre d’hémodialyse de Cocody, l’université Félix Houphouet-Boigny, ainsi que des usines soupçonnées d’émettre des gaz polluants dans la baie lagunaire de Koumassi. A l’intérieur du pays, les députés ont parcouru le Chr et l’hôpital général du département de Gagnoa, l’université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo, pour faire l’état des lieux au niveau des infrastructures et de l’équipement. Les localités de l’Ouest de la Côte d’Ivoire que sont Man, Sipilou, Guiglo, Taï, Blolequin et Duékoué ont été visitées afin d’y évaluer la situation sécuritaire. Tafiré, Guiglo et Taï ont également été parcourues pour contrôler la mise en œuvre effective de l’interdiction de l’exploitation forestière au-dessus du 8ème parallèle et pour s’enquérir de l’état de conservation de nos réserves forestières.
Dans les prochains jours, j’inviterai ces commissions à une séance de restitution de leurs conclusions, ce qui nous permettra de faire des recommandations au gouvernement. Honorables députés,
Au cours de cette même intersession, le volet de notre diplomatie parlementaire s’est concrétisé par mes visites successives :
l au Maroc, du 5 au 7 février 2014 dans le cadre de la réunion de bureau de l’Assemblée parlementaire de la francophonie,
l en République islamique d’Iran du 14 au 20 février 2014, à la fois en visite officielle et pour prendre part aux travaux de la 9ème session de la Conférence parlementaire des Etats-membres de l’Organisation de la coopération islamique,
l au Togo, le 1er avril dernier, pour participer à la cérémonie d’ouverture de la 1ère session ordinaire 2014 du Parlement.
Ajoutons que j’ai eu à accueillir, du 7 au 9 mars 2014, mon collègue Heng Samrin, président de l’Assemblée nationale du Royaume du Cambodge, marquant ainsi la première visite d’une haute personnalité de ce pays en Côte d’Ivoire, et donnant lieu à la signature d’une convention de coopération entre nos deux institutions.
Nous avons reçu, du 6 au 8 avril 2014, une délégation de la Commission d’amitié interparlementaire du Conseil Al Shura, entendez par là, le Parlement du Royaume d’Arabie Saoudite.
Je voudrais rappeler également les importantes rencontres internationales que notre Parlement a abritées, à savoir l’Assemblée générale du Forum africain des parlementaires sur la population et le développement qui a eu lieu du 17 au 20 mars 2014, et l’Assemblée générale du Réseau africain des personnels des Parlements tenue du 24 au 28 mars 2014.
Distingués invités, honorables députés,
mesdames et messieurs, plusieurs actions sont en cours et s’inscrivent dans la mise en œuvre de l’engagement que j’avais pris, dès le début de ma mandature, de faire de notre Parlement une institution moderne, proche du citoyen et ouverte au monde entier. Vous vous souviendrez que j’avais indiqué que des initiatives seraient prises pour l’amélioration des conditions de travail et de service des députés. Je me réjouis de la mise sur pied d’un comité paritaire Assemblée nationale/Primature en vue de proposer une meilleure prise en charge des requêtes des députés liées aux questions du statut et de la réhabilitation de l’Institution. Et là, je veux saluer monsieur le Premier ministre, pour sa disponibilité.
Distingués invités, honorables députés, mesdames et messieurs,
j’avais également inscrit la question de la promotion du genre au chapitre de mes priorités. A ce sujet, il me plaît de saluer et de féliciter les efforts d’organisation des femmes parlementaires qui, sous la houlette de madame la première vice-présidente, s’apprêtent à finaliser la mise en place d’un caucus dont l’Assemblée générale constitutive est attendue dans les prochains jours. Au titre des actions à venir, c’est avec un grand plaisir que je vous annonce que je me rendrai dans la région de l’Agnéby-Tiassa, du 10 au 17 mai 2014. Je vous informe également que, du 4 au 8 juin prochain, Son Excellence Moustapha Niasse, président de l’Assemblée nationale de la République sœur du Sénégal, nous fera l’honneur d’une visite officielle dans notre pays.
En outre, dans le cadre de mes déplacements à l’extérieur, je prendrai part du 3 au 8 juillet prochain à la 40ème session de l’Assemblée parlementaire de la francophonie, à Ottawa au Canada.
Distingués invités, honorables députés,
mesdames et messieurs,
Ce bref bilan m’a paru nécessaire, car il est important que nous gardions le cap sur nos objectifs de départ, afin d’avoir constamment à l’esprit, le point des acquis mais aussi et surtout les efforts qu’il reste à accomplir. Nul doute que la session qui s’ouvre cet après-midi nous permettra d’aller encore de l’avant dans la réalisation de nos ambitions. En tout état de cause, sachez qu’elle ne manquera pas d’intensité, car ce sont déjà seize textes inscrits à l’ordre du jour adopté par la conférence des Présidents du lundi 28 avril 2014 qui ont été soumis à notre examen par le gouvernement. Je ne doute pas un seul instant, honorables députés, que vous procéderez à leur examen avec toute la conscience républicaine qui vous a toujours caractérisé. A ce titre d’ailleurs, il me plaît de vous annoncer que j’ai voulu placer cette année parlementaire sous la thématique : «Conscience nationale et consensus national ».
L’appartenance à la nation, loin d’être naturelle, requiert un effort de dépassement de soi, condition de la rencontre féconde de l’autre, dans l’expérience fondatrice du vivre ensemble. Faire chacun un pas décisif vers le cœur de notre nation, telle est la condition de notre union. Comment vivre en effet ensemble, sans l’effort de chacun de faire sien le langage de ceux qui vivent avec lui ? Le consensus n’est pas conformité, suivisme ou naïveté. Il est l’art majeur du pluralisme politique bien compris. Il appelle à la prise de conscience par tous, que l’intérêt général du pays prime sur les avantages ou inconvénients ponctuels des uns et des autres. La citoyenneté républicaine est le fruit d’institutions et de pratiques consensuelles où l’Etat de droit se substitue à l’état de nature. De telles institutions ne peuvent durer que si elles résultent d’un véritable « consensus par recoupement », selon la belle expression du penseur américain John Rawls, dans son célèbre ouvrage, Theory of justice.
Mesdames et messieurs,
Avril 2012 : j’ai l’impression que c’était hier et malgré cela, nous voici déjà, en ce 30 avril 2014, invités, pour les 2 années écoulées, à présenter notre bilan.
Décembre 2016 : j’ai le sentiment que c’est déjà demain, et pourtant, la population, en ce 30 avril 2014, attend de nous que, sans plus tarder, nous dessinions les contours de nos projets pour les 3 prochaines années qui nous séparent du terme de notre mandat législatif. Avril 2012, c’était hier, décembre 2016, c’est déjà demain : alors, entre temps, avons-nous su et saurons nous mettre à profit le temps qui nous est imparti, pour rassembler les Ivoiriens et pour redonner à la Côte d’Ivoire la place qui lui revient dans le concert des nations ? Si j’avais eu la science infuse, alors j’aurais pu vous dire que nous réussirions à tenir nos promesses, car nous avions, dès le départ, une idée assez précise sur les réflexions à conduire et sur les actions à mener pour atteindre les objectifs que nous nous étions assignés : obtenir un consensus national sur la nécessité d’un respect absolu des vertus citoyennes et des valeurs républicaines. La science infuse, je ne l’ai toujours pas, mais nous sommes désormais en situation de mieux comprendre le cours des choses de la vie et, instruits par les errements et par les échecs du passé, nous pouvons patiemment redresser la barre pour contribuer, dans l’exercice de la fonction législative qui est la nôtre, à conduire notre pays dans la bonne direction. Ma conviction est que nous devons parvenir à reconstruire de façon pérenne l’unité de la nation et à conforter, dans la conscience individuelle et dans l’inconscient collectif des Ivoiriens, le sentiment d’appartenance à une même communauté, indissociablement unie par une histoire, une volonté et une espérance partagées. Comment parvenir à cela, si nous ne nous imposons pas au moins les tâches suivantes :
l apprendre résolument de nos erreurs et de nos fautes historiques comme de celles des autres peuples ;
l apprendre de nos réussites et de celles des autres peuples pour consolider nos avancées ;
l inventer courageusement l’avenir que la conjoncture nous impose de dessiner, afin de transmettre à nos descendants une Côte d’Ivoire plus unie, plus prospère et plus solidaire.
C’est le sens de la problématique à laquelle je nous invite à réfléchir tout au long de la présente année parlementaire. Car, il nous reste incontestablement beaucoup à faire et à refaire, dans nos mentalités, dans notre architecture économique, sociale, culturelle, politique, spirituelle même, pour avancer sereinement vers l’avenir qui marche vers nous.
Distingués invités, Mesdames et messieurs ,
Il me semble qu’il est grand temps, si nous voulons aller plus haut et plus loin dans la reprise en main de notre destin, de faire en sorte que nos différentes initiatives personnelles se conjuguent et se coordonnent car les efforts solitaires ne suffisent pas à eux seuls à faire renaître une nation.
« Une main seule n’attache pas un bon fagot de bois », dit le proverbe.
Face à une certaine opinion qui ne se complaît que dans l’exploitation des divisions et dans la mise en scène d’oppositions réelles ou supposées entre les Ivoiriens, le bon Peuple doit toujours savoir raison garder et avoir à l’esprit, l’intérêt général, le bien commun. C’est cela même la marque des grands Etats que nous avons tendance à citer en exemple aujourd’hui. Loin de s’enfermer dans les querelles de clochers qui inspirent des calculs à courte vue, les Etats qui s’élèvent sont portés par des femmes et des hommes politiques mus par le désir de servir, de réaliser et de transmettre les espérances légitimes de leurs concitoyens. La conscience nationale qui doit nous habiter devrait amener chaque Ivoirien à se sentir concerné par ce qui arrive de mal ou de bien à notre pays et à se considérer comme l’ami et le frère de tous les Ivoiriens. Il n’y a point de conscience nationale dans le stérile enfermement narcissique du nationalisme, mais dans la prise en charge des droits et devoirs que la citoyenneté démocratique confère et requiert. Le véritable nationaliste n’est pas un fanatique du sol ou du sang, mais un amoureux du droit, de la liberté et de la fraternité humaines parmi les siens. Etre conscient de l’intérêt national, c’est vouloir ce qu’il y a de meilleur dans le pays, aussi bien pour soi que pour tous ceux qui n’ont pas nos opinions politiques, religieuses ou esthétiques. C’est une vertu que nous recommanderait assurément le philosophe Montesquieu. Car, disait-il avec justesse, « lorsque la vertu cesse, la République est une dépouille ». C’est pourquoi, le bon sens doit veiller en nous à tout instant. Quand Murielle Ahouré remporte le titre de vice-championne du monde du 100 mètres plat, se soucie-t-on du fait qu’elle ait quitté la Côte d’Ivoire à l’âge de 2 ans ?
Quand on empruntera le 3ème pont, devrions-nous rebrousser chemin en plein milieu où nous jeter à l’eau parce que l’on se serait souvenu entre temps qu’il porte le nom d’Henri Konan Bédié ?
Mesdames et messieurs,
Il n’est nullement dans mes intentions de chercher à imposer un quelconque unanimisme ou à nous ramener à un système de pensée unique. Mais ce que je voudrais faire remarquer, c’est que si nous aimons notre pays, le bon sens nous commande de reconnaître et de soutenir ce qui est fait dans notre propre intérêt. Quel citoyen ivoirien digne de ce nom pourrait ne pas nous rejoindre sur cette position consensuelle qu’ « aujourd’hui, ça va mieux qu’hier » ?
Honorables députés,
mesdames et messieurs
Comme vous l’aurez compris, notre priorité aujourd’hui est de participer à la construction de ce consensus national car toute société quelle qu’elle soit, a besoin de cela pour se constituer et pour survivre en tant que communauté libre et responsable. Pour y parvenir, il n’y a, selon moi, qu’une seule voie : conjuguer toutes les énergies institutionnelles, qu’elles soient exécutives, législatives, judiciaires, sociales, culturelles ou économiques ; fédérer toutes les initiatives privées, qu’elles soient nationales ou internationales. Nous aurons besoin de toutes ces volontés et de toutes ces forces pour poursuivre et pour parfaire tous ensemble l’immense travail de réhabilitation, de normalisation, de consolidation et de réconciliation qui nous attend, pour que s’affirme et se renforce notre sentiment d’appartenance à une même nation, unie et rassemblée autour de son Président et fermement résolue à affirmer son attachement à l’union, à la discipline et au travail, valeurs fondatrices de notre République.
Je vous remercie ».