Nostalgiques des bons moments qu’ils ont passés avec Guillaume Soro, alors étudiant syndicaliste recherché par la police en 1998, Amini Kouadio et sa femme Aké Viviane partagent leurs souvenirs.
A quand remonte votre premier contact avec Guillaume Soro ?
Amini Kouadio : Je suis l’oncle de Herman Ossohou. Il vit actuellement en France. Mon neveu est effectivement venu ici en 1998 avec Soro Guillaume. Je ne me souviens pas exactement de la date. Mais une chose est sûre, il est venu un soir avec ses amis. Mon neveu m’a expliqué qu’ils avaient des problèmes au niveau de l’université. J’ai dit que comme les problèmes des neveux sont ceux de leurs parents. Alors, je les ai accueillis tous.
Vous ont-ils dit la réalité à propos des problèmes qu’ils avaient pour être recherchés par des forces de l’ordre ?
On a appris que Guillaume Soro était recherché, c’est tout. Il est resté ici et a passé du temps avec nous, dans une chambre juste à côté. Vous pouvez la visiter, si vous le voulez. Chaque matin, on préparait à manger notamment de l’igname ; nous mangions ensemble. Après quoi, ils se retiraient. Guillaume Soro partait souvent avec ses amis.
Combien de temps a-t-il séjourné ici ?
Je ne sais plus trop. Je bougeais beaucoup à ce moment là. C’est ma femme qui était en place. Je partais chaque matin à la plantation et je ne rentrais que les soirs. Mais je pense que son séjour a duré plus d’une semaine.
N’était-ce pas facile qu’il soit arrêté ici, vu que le village est proche d’Abidjan ?
Non. En ce moment, la voie n’était pas bitumée. En plus, elle n’était pas praticable. Les gens ne faisaient pas attention.
Les informations vont très vite, comment avez-vous fait pour préserver ce secret ?
C’est nous qui connaissions Guillaume Soro, personne d’autre ne le connaissait. Et puis, il se comportait comme un villageois, il portait des pantalons jeans. Il allait au champ avec mes cousins et il rentrait le soir. La cour était animée parce que j’avais des cousins, des petits frères. Bref. Il y avait beaucoup d’hommes, donc on ne pouvait pas savoir qui était Guillaume Soro parmi ces personnes. Il faut ajouter qu’il n’y avait pas de téléphones portables. Quand il est parti, on ne le voyait qu’à la télévision. Mais c’est Karomoko Yayoro (actuel député du Rdr et président de la jeunesse de ce parti, ndlr) qui venait. Il est venu deux fois… Il a dit : «Moi, je connais ma cour !».
Quel regard portez-vous maintenant sur votre visiteur de l’époque?
Non, on n’a pas eu de contact avec lui après. On le voyait à la télévision. Comme je l’ai dit, c’est Karamoko Yayoro qui est venu. Quand il venait, il nous disait : « Guillaume Soro veut vous voir ». Je lui disais que le jour où il aura le temps, il pourra venir nous voir.
Comment avez-vous vécu septembre 2002?
C’était un moment difficile.
N’avez-vous pas eu un pincement au cœur ? Est-ce que vous ne lui en avez pas voulu?
Non. Il était avec mon neveu Ossohou Herman. Ils avaient peut-être un objectif parce que dans la vie, chacun à ses idées. Peut-être que c’était cela leur objectif. Dans la vie, chacun à sa chance. Il s’est présenté comme le chef de la rébellion. Quand nous l’avons vu, on a dit que le monde est grand, mais il est petit. Voilà notre neveu qui est devenu une grande personne. Surtout quand on parlait de Marcoussis.
Etait-il toujours avec votre neveu?
Quand mon neveu venait au village, il disait que Guillaume Soro va bien. Il a même dit une fois qu’il a voulu venir pendant la fête des ignames. Et il a dit lui avoir demandé de ne pas venir ‘’gâter ‘’notre fête parce qu’il viendrait avec ses gardes corps. Il était Premier ministre à cette époque.
A cette période, les gens savaient que vous l’aviez hébergé ; est-ce que cela a changé le regard des villageois sur votre famille ?
Non. Dans tous les cas, nous n’avions rien fait de mal. Héberger une personne qui a des problèmes, ce n’est pas faire du mal. D’ailleurs, j’ai défendu de nombreux cas sociaux. Du temps de Laurent Gbagbo, il a failli avoir un affrontement entre les Burkinabè et les villageois. Ce jour-là, je venais d’Agboville. Quand je me suis informé, on m’a dit que des jeunes du village étaient aux prises avec les Burkinabè. J’ai emprunté une moto et je suis allé aux nouvelles. J’ai demandé pardon aux parents. Les gens m’appelaient ‘’homme de paix‘’.
Que pouvez-vous ajouter à ce qu’a dit votre mari?
Viviane Aké : Soro est venu ici avec son ami, Herman. Je ne le savais pas, c’est après que j’ai été informée. Nous l’avons pris comme notre fils. Il était avec nous. On ne l’a jamais dit à ceux qui venaient nous voir. Il a mangé les mêmes plats que les autres enfants. On faisait du ragoût les matins et après, il sortait avec eux pour aller au cabaret. Souvent, ils allaient au champ.
Il ne vous a pas causé beaucoup de problèmes en disant qu’il ne mange pas telle ou telle nourriture?
Non, il est simple.
N’avez-vous pas remarqué un comportement particulier en lui ?
Non.
Vouliez-vous le revoir depuis lors ?
Souvent, quand je le vois à la télévision, je dis : « Voilà mon fils ! ». Mais je me demandais comment faire pour le croiser un jour.
Est-ce qu’il a eu des contacts avec vous dans le cadre de la visite ?
C’est une dame du nom de Samira qui m’a appelée, aujourd’hui (hier, ndlr). Elle m’a dit d’aller croiser le chef du village et que celui-ci va m’accompagner chez quelqu’un.
Êtes-vous prêts à l’accueillir, demain (Ndlr aujourd’hui) ?
Oui !
Quel message voulez-vous lui adresser ?
Nous sommes très contents de le recevoir, ici. Depuis longtemps, on voulait le croiser, mais on ne pouvait pas. Je pense que c’est l’occasion…
Avez-vous informé votre neveu de la visite de son ami chez vous ?
Nous l’avons appelé deux fois, mais il n’a pas décroché. Toutefois, bien avant, il a dit qu’il serait présent. Et il a dit qu’il confirmerait son arrivée, le samedi passé. On n’a pas de suite…
Est-il en contact avec Guillaume Soro ?
Oui!
Entretien réalisé par Cissé Sindou
et Ténin Bè Ousmane, envoyés spéciaux.
A quand remonte votre premier contact avec Guillaume Soro ?
Amini Kouadio : Je suis l’oncle de Herman Ossohou. Il vit actuellement en France. Mon neveu est effectivement venu ici en 1998 avec Soro Guillaume. Je ne me souviens pas exactement de la date. Mais une chose est sûre, il est venu un soir avec ses amis. Mon neveu m’a expliqué qu’ils avaient des problèmes au niveau de l’université. J’ai dit que comme les problèmes des neveux sont ceux de leurs parents. Alors, je les ai accueillis tous.
Vous ont-ils dit la réalité à propos des problèmes qu’ils avaient pour être recherchés par des forces de l’ordre ?
On a appris que Guillaume Soro était recherché, c’est tout. Il est resté ici et a passé du temps avec nous, dans une chambre juste à côté. Vous pouvez la visiter, si vous le voulez. Chaque matin, on préparait à manger notamment de l’igname ; nous mangions ensemble. Après quoi, ils se retiraient. Guillaume Soro partait souvent avec ses amis.
Combien de temps a-t-il séjourné ici ?
Je ne sais plus trop. Je bougeais beaucoup à ce moment là. C’est ma femme qui était en place. Je partais chaque matin à la plantation et je ne rentrais que les soirs. Mais je pense que son séjour a duré plus d’une semaine.
N’était-ce pas facile qu’il soit arrêté ici, vu que le village est proche d’Abidjan ?
Non. En ce moment, la voie n’était pas bitumée. En plus, elle n’était pas praticable. Les gens ne faisaient pas attention.
Les informations vont très vite, comment avez-vous fait pour préserver ce secret ?
C’est nous qui connaissions Guillaume Soro, personne d’autre ne le connaissait. Et puis, il se comportait comme un villageois, il portait des pantalons jeans. Il allait au champ avec mes cousins et il rentrait le soir. La cour était animée parce que j’avais des cousins, des petits frères. Bref. Il y avait beaucoup d’hommes, donc on ne pouvait pas savoir qui était Guillaume Soro parmi ces personnes. Il faut ajouter qu’il n’y avait pas de téléphones portables. Quand il est parti, on ne le voyait qu’à la télévision. Mais c’est Karomoko Yayoro (actuel député du Rdr et président de la jeunesse de ce parti, ndlr) qui venait. Il est venu deux fois… Il a dit : «Moi, je connais ma cour !».
Quel regard portez-vous maintenant sur votre visiteur de l’époque?
Non, on n’a pas eu de contact avec lui après. On le voyait à la télévision. Comme je l’ai dit, c’est Karamoko Yayoro qui est venu. Quand il venait, il nous disait : « Guillaume Soro veut vous voir ». Je lui disais que le jour où il aura le temps, il pourra venir nous voir.
Comment avez-vous vécu septembre 2002?
C’était un moment difficile.
N’avez-vous pas eu un pincement au cœur ? Est-ce que vous ne lui en avez pas voulu?
Non. Il était avec mon neveu Ossohou Herman. Ils avaient peut-être un objectif parce que dans la vie, chacun à ses idées. Peut-être que c’était cela leur objectif. Dans la vie, chacun à sa chance. Il s’est présenté comme le chef de la rébellion. Quand nous l’avons vu, on a dit que le monde est grand, mais il est petit. Voilà notre neveu qui est devenu une grande personne. Surtout quand on parlait de Marcoussis.
Etait-il toujours avec votre neveu?
Quand mon neveu venait au village, il disait que Guillaume Soro va bien. Il a même dit une fois qu’il a voulu venir pendant la fête des ignames. Et il a dit lui avoir demandé de ne pas venir ‘’gâter ‘’notre fête parce qu’il viendrait avec ses gardes corps. Il était Premier ministre à cette époque.
A cette période, les gens savaient que vous l’aviez hébergé ; est-ce que cela a changé le regard des villageois sur votre famille ?
Non. Dans tous les cas, nous n’avions rien fait de mal. Héberger une personne qui a des problèmes, ce n’est pas faire du mal. D’ailleurs, j’ai défendu de nombreux cas sociaux. Du temps de Laurent Gbagbo, il a failli avoir un affrontement entre les Burkinabè et les villageois. Ce jour-là, je venais d’Agboville. Quand je me suis informé, on m’a dit que des jeunes du village étaient aux prises avec les Burkinabè. J’ai emprunté une moto et je suis allé aux nouvelles. J’ai demandé pardon aux parents. Les gens m’appelaient ‘’homme de paix‘’.
Que pouvez-vous ajouter à ce qu’a dit votre mari?
Viviane Aké : Soro est venu ici avec son ami, Herman. Je ne le savais pas, c’est après que j’ai été informée. Nous l’avons pris comme notre fils. Il était avec nous. On ne l’a jamais dit à ceux qui venaient nous voir. Il a mangé les mêmes plats que les autres enfants. On faisait du ragoût les matins et après, il sortait avec eux pour aller au cabaret. Souvent, ils allaient au champ.
Il ne vous a pas causé beaucoup de problèmes en disant qu’il ne mange pas telle ou telle nourriture?
Non, il est simple.
N’avez-vous pas remarqué un comportement particulier en lui ?
Non.
Vouliez-vous le revoir depuis lors ?
Souvent, quand je le vois à la télévision, je dis : « Voilà mon fils ! ». Mais je me demandais comment faire pour le croiser un jour.
Est-ce qu’il a eu des contacts avec vous dans le cadre de la visite ?
C’est une dame du nom de Samira qui m’a appelée, aujourd’hui (hier, ndlr). Elle m’a dit d’aller croiser le chef du village et que celui-ci va m’accompagner chez quelqu’un.
Êtes-vous prêts à l’accueillir, demain (Ndlr aujourd’hui) ?
Oui !
Quel message voulez-vous lui adresser ?
Nous sommes très contents de le recevoir, ici. Depuis longtemps, on voulait le croiser, mais on ne pouvait pas. Je pense que c’est l’occasion…
Avez-vous informé votre neveu de la visite de son ami chez vous ?
Nous l’avons appelé deux fois, mais il n’a pas décroché. Toutefois, bien avant, il a dit qu’il serait présent. Et il a dit qu’il confirmerait son arrivée, le samedi passé. On n’a pas de suite…
Est-il en contact avec Guillaume Soro ?
Oui!
Entretien réalisé par Cissé Sindou
et Ténin Bè Ousmane, envoyés spéciaux.