Jean Baptiste KOFFI, président de l’Union Fédérale des Consommateurs de Cote d’Ivoire, (UFC-CI) nous livre une nouvelle fois encore, la position de l’organisation qu’il dirige sur la question du péage, sa lecture de la situation et fait des propositions au gouvernement.
M. le président, le péage sur l’autoroute Abidjan-Yamoussoukro est entré en vigueur depuis le15 mai. Quelle est votre position sur la question ?
Je vous remercie pour l’opportunité que vous m’offrez de réagir sur cette question d’actualité. Eh bien, la position de l’UFC-CI est celle indiquée par le président du Mouvement des Usagers du Transport de Côte d’Ivoire (MUT-CI), qui est au sein de notre fédération, la structure ayant en charge les questions de transport. Cette position peut se résumer comme suit : D’accord pour le principe du péage mais pas à n’importe quel prix. Il faut revoir la structure des prix.
Pourtant les tarifs affichés semblent, aux dires de certaines sources, être les plus bas au monde ?
J’ai effectivement vu cette information à la Une de l’un de vos confrères. Je lui laisse la responsabilité de cette information car je n’ai pas tous les éléments pour confirmer ou infirmer une telle affirmation. Je retiens simplement qu’avec ces prix-là, tout le monde grogne, transporteurs et consommateurs inclus.
Selon le premier ministre Duncan, « Même si on avait mis à 3 francs, certains auraient dit que c’est trop ». N’a-t-il pas raison, quand on sait qu’aucun tarif ne fera jamais l’unanimité ?
C’est possible que le premier ministre ait raison, puisque la plus belle femme au monde ne peut donner que ce qu’elle a. A ce sujet je voudrais indiquer qu’en instituant le péage sur l’autoroute Abidjan-Yamoussoukro, les autorités ont l’obligation de prévoir et indiquer une autre voie pour tous ceux qui n’auraient pas les moyens de faire face aux coûts du péage. Les autorités ne communiquent pas trop sur cet aspect et ce n’est pas normal. Il faut absolument une alternative au péage et cette alternative doit être portée à la connaissance de tous.
Pour en revenir aux tarifs du péage avez vous des raisons objectives de penser qu’il y a surfacturation ?
Absolument ! Il y a un amalgame volontaire créé par le gouvernement qui veut faire d’une pierre trois coups. Sur ce seul péage, le gouvernement veut mobiliser les ressources pour:
1) rembourser les bailleurs de fonds,
2) entretenir l’autoroute lui-même,
3) construire de nouvelles autoroutes,
C’est un véritable passage en force qui a évidemment un surcoût pour les usagers que nous sommes. Nous trouvons cette façon de faire inacceptable. On ne peut pas tout gagner en même temps. Le gouvernement doit accepter de revoir sa copie. Tout le monde est d’accord pour donner une contribution mais il faut une grille tarifaire raisonnable.
Le gouvernement met en avant les services qui seront offerts sur cette voie pour justifier le niveau des tarifs pratiqués. On parle du renforcement des mesures de sécurité, l’éclairage public, le balisage, l’assistance dépannage et l’assistance médicale en cas de sinistre.
Sur la question des services proposés, nous avons également des choses à dire. Les consommateurs que nous sommes, payons déjà la redevance électrification rurale sur nos factures d’électricité. Qu’on nous dise clairement ce qu’il faut entendre par éclairage public sur l’autoroute qui traverse des zones rurales ?
Sur la question de la prise en charge médicale des accidentés, nous payons déjà l’assurance automobile qui règle ce problème. L’Association des Usagers des Banques et Etablissement Financiers (AUBEF) qui est membre de notre fédération a toujours attitré l’attention de nos autorités, sur la nécessité de l’application effective de Art 258 alinéa 3 du code des assurances, dit code CIMA. Dès lors que l’assurance que nous payons règle le problème de l’assistance médicale aux sinistrés, il faut tout simplement veiller à son application plutôt que de nous demander de payer encore quelque chose via le péage autoroutier. Bref pour ne citer que ces exemples, nous pensons qu’il y a véritablement des ajustements à faire au niveau des tarifs proposés par le gouvernement.
Pourquoi seulement maintenant toutes ces remarques et observations alors que les associations de consommateurs ont été consultées par les autorités avant de rendre ces tarifs publics ?
C’est vous qui m’apprenez que les associations de Consommateurs ont été associées aux discussions. Je vous confirme que l’Union Fédérale des consommateurs de Côte d’Ivoire que j’ai l’honneur de présider n’a été associée, ni consultée à aucun moment avant la prise de cette décision. Qu’on ne nous juge donc pas pour ce que nous n’avons pas fait. Au demeurant, il existe plusieurs associations de consommateurs et vous conviendrez avec moi que les niveaux de réflexion et les forces de proposition varient d’une organisation à l’autre. Les retours que nous avons en tout cas, nous montrent que les prix affichés ne font l’affaire de personne.
Quelles peuvent être les conséquences, si le gouvernement venait à maintenir sa position ?
Il faut craindre une augmentation sauvage des prix des biens et services. Certains transporteurs ont commencé à donner de la voix. Et je ne pense pas que l’Etat qui a fait le choix du libéralisme économique puisse s’opposer à une hausse généralisée des prix des biens et services non administrés s’il maintenait sa position. Ce sont les consommateurs qui paieront le prix en dernier ressort. Il faut ouvrir rapidement les négociations qui vont aboutir à des aménagements tarifaires dans l’intérêt de tous.
Votre mot de fin ?
Je veux que le gouvernement comprenne que les usagers attendent depuis très longtemps des routes de qualité, avec un niveau de sécurité acceptable. Fort heureusement ce rêve longtemps caressé commence à devenir une réalité. Il faut faire en sorte que ce rêve ne devienne pas un cauchemar avec une trop grande pression financière sur les consommateurs. Evitons les comparaisons hâtives avec l’extérieur qui occultent bien souvent nos réalités locales. Le péage est institué pour les personnes vivant en Côte d’Ivoire et non pour les personnes vivant à l’étranger. On a beau avoir le péage le moins cher du monde si ceux pour qui il est institué sont incapables de payer, on aura travaillé en vain.
Vivement une révision des tarifs. L’UFC est disposée à jouer sa partition dans ce sens.
Entretien réalisé
par Valéry BONY
M. le président, le péage sur l’autoroute Abidjan-Yamoussoukro est entré en vigueur depuis le15 mai. Quelle est votre position sur la question ?
Je vous remercie pour l’opportunité que vous m’offrez de réagir sur cette question d’actualité. Eh bien, la position de l’UFC-CI est celle indiquée par le président du Mouvement des Usagers du Transport de Côte d’Ivoire (MUT-CI), qui est au sein de notre fédération, la structure ayant en charge les questions de transport. Cette position peut se résumer comme suit : D’accord pour le principe du péage mais pas à n’importe quel prix. Il faut revoir la structure des prix.
Pourtant les tarifs affichés semblent, aux dires de certaines sources, être les plus bas au monde ?
J’ai effectivement vu cette information à la Une de l’un de vos confrères. Je lui laisse la responsabilité de cette information car je n’ai pas tous les éléments pour confirmer ou infirmer une telle affirmation. Je retiens simplement qu’avec ces prix-là, tout le monde grogne, transporteurs et consommateurs inclus.
Selon le premier ministre Duncan, « Même si on avait mis à 3 francs, certains auraient dit que c’est trop ». N’a-t-il pas raison, quand on sait qu’aucun tarif ne fera jamais l’unanimité ?
C’est possible que le premier ministre ait raison, puisque la plus belle femme au monde ne peut donner que ce qu’elle a. A ce sujet je voudrais indiquer qu’en instituant le péage sur l’autoroute Abidjan-Yamoussoukro, les autorités ont l’obligation de prévoir et indiquer une autre voie pour tous ceux qui n’auraient pas les moyens de faire face aux coûts du péage. Les autorités ne communiquent pas trop sur cet aspect et ce n’est pas normal. Il faut absolument une alternative au péage et cette alternative doit être portée à la connaissance de tous.
Pour en revenir aux tarifs du péage avez vous des raisons objectives de penser qu’il y a surfacturation ?
Absolument ! Il y a un amalgame volontaire créé par le gouvernement qui veut faire d’une pierre trois coups. Sur ce seul péage, le gouvernement veut mobiliser les ressources pour:
1) rembourser les bailleurs de fonds,
2) entretenir l’autoroute lui-même,
3) construire de nouvelles autoroutes,
C’est un véritable passage en force qui a évidemment un surcoût pour les usagers que nous sommes. Nous trouvons cette façon de faire inacceptable. On ne peut pas tout gagner en même temps. Le gouvernement doit accepter de revoir sa copie. Tout le monde est d’accord pour donner une contribution mais il faut une grille tarifaire raisonnable.
Le gouvernement met en avant les services qui seront offerts sur cette voie pour justifier le niveau des tarifs pratiqués. On parle du renforcement des mesures de sécurité, l’éclairage public, le balisage, l’assistance dépannage et l’assistance médicale en cas de sinistre.
Sur la question des services proposés, nous avons également des choses à dire. Les consommateurs que nous sommes, payons déjà la redevance électrification rurale sur nos factures d’électricité. Qu’on nous dise clairement ce qu’il faut entendre par éclairage public sur l’autoroute qui traverse des zones rurales ?
Sur la question de la prise en charge médicale des accidentés, nous payons déjà l’assurance automobile qui règle ce problème. L’Association des Usagers des Banques et Etablissement Financiers (AUBEF) qui est membre de notre fédération a toujours attitré l’attention de nos autorités, sur la nécessité de l’application effective de Art 258 alinéa 3 du code des assurances, dit code CIMA. Dès lors que l’assurance que nous payons règle le problème de l’assistance médicale aux sinistrés, il faut tout simplement veiller à son application plutôt que de nous demander de payer encore quelque chose via le péage autoroutier. Bref pour ne citer que ces exemples, nous pensons qu’il y a véritablement des ajustements à faire au niveau des tarifs proposés par le gouvernement.
Pourquoi seulement maintenant toutes ces remarques et observations alors que les associations de consommateurs ont été consultées par les autorités avant de rendre ces tarifs publics ?
C’est vous qui m’apprenez que les associations de Consommateurs ont été associées aux discussions. Je vous confirme que l’Union Fédérale des consommateurs de Côte d’Ivoire que j’ai l’honneur de présider n’a été associée, ni consultée à aucun moment avant la prise de cette décision. Qu’on ne nous juge donc pas pour ce que nous n’avons pas fait. Au demeurant, il existe plusieurs associations de consommateurs et vous conviendrez avec moi que les niveaux de réflexion et les forces de proposition varient d’une organisation à l’autre. Les retours que nous avons en tout cas, nous montrent que les prix affichés ne font l’affaire de personne.
Quelles peuvent être les conséquences, si le gouvernement venait à maintenir sa position ?
Il faut craindre une augmentation sauvage des prix des biens et services. Certains transporteurs ont commencé à donner de la voix. Et je ne pense pas que l’Etat qui a fait le choix du libéralisme économique puisse s’opposer à une hausse généralisée des prix des biens et services non administrés s’il maintenait sa position. Ce sont les consommateurs qui paieront le prix en dernier ressort. Il faut ouvrir rapidement les négociations qui vont aboutir à des aménagements tarifaires dans l’intérêt de tous.
Votre mot de fin ?
Je veux que le gouvernement comprenne que les usagers attendent depuis très longtemps des routes de qualité, avec un niveau de sécurité acceptable. Fort heureusement ce rêve longtemps caressé commence à devenir une réalité. Il faut faire en sorte que ce rêve ne devienne pas un cauchemar avec une trop grande pression financière sur les consommateurs. Evitons les comparaisons hâtives avec l’extérieur qui occultent bien souvent nos réalités locales. Le péage est institué pour les personnes vivant en Côte d’Ivoire et non pour les personnes vivant à l’étranger. On a beau avoir le péage le moins cher du monde si ceux pour qui il est institué sont incapables de payer, on aura travaillé en vain.
Vivement une révision des tarifs. L’UFC est disposée à jouer sa partition dans ce sens.
Entretien réalisé
par Valéry BONY