En marge des journées portes ouvertes organisées au ministère de la Fonction Publique et de la Réforme administrative, le ministre Cissé Bacongo a accordé une interview à Abidjan.net. Dans cet entretien, il met en lumière les principales réformes en cours dans l’administration ivoirienne.
Vous venez d’organiser des Journées Portes Ouvertes au niveau de votre Ministère, quels étaient les enjeux de ces journées ?
Ces journées constituaient pour nous une plateforme de rencontre entre l’administration publique de façon générale, à travers les différents services du Ministère, et les usagers. Vous savez l’administration publique n’est pas connue. Sinon n’est connue qu’à travers des prismes déformés, une image totalement défaite dans l’opinion. Donc nous avons voulu présenter l’administration publique, la Fonction Publique aux ivoiriens et ivoiriennes mais également à l’opinion publique internationale à travers les différents services qui sont offerts. Et chemin faisant, nous avons voulu que les fonctionnaires et agents de l’Etat apprécient les travaux que nous avons initiés depuis notre arrivée parce que c’est pour eux que nous faisons ces travaux. Nous avons voulu améliorer leurs conditions de vie et de travail parce que là où nous passons 80% de la journée est notre lieu de vie.
Qu’est ce qui a été fait exactement ?
Comme vous le constatez, le bâtiment principal qui abrite le cabinet du Ministre a tout simplement été rafraichi et rendu plus agréable et plus conviviale. Il était dans un état, qu’on pourrait comprendre, qui portait la marque de l’âge du bâtiment. Aujourd’hui il a été rajeuni, tout l’environnement a été touché pour être mis à l’ère du temps. Désormais ce sont des bureaux paysagés qui sont offerts aux fonctionnaires. C’est vrai qu’au début les agents ne comprenaient pas pourquoi est-ce qu’ils n’étaient pas comme auparavant dans des bureaux individuels ou dans des bureaux où ils n’étaient que deux ou trois au plus et ils devaient être tous ensemble. Mais aujourd’hui ils comprennent que les nouveaux aménagements qui ont été faits sont des aménagements qui sont faits dans l’ère du temps. Ils sont ensemble dans un environnement convivial, ils peuvent échanger entre eux et en même temps ça les rend plus efficace au travail parce qu’on n’a pas besoin de se déplacer d’un bureau à un autre. On est tous ensemble au même endroit. Nous avons rendu cet environnement agréable pour que les fonctionnaires du Ministère comprennent qu’ils comptent dans la réalisation de l’ambition de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020. Vous avez également pu constater que nous avons fait un centre médico-social. Quand on veut attendre des fonctionnaires un rendement, qu’ils soient à la hauteur de ce que souhaitent les Ivoiriens, il ne faudrait pas que les fonctionnaires soient entrain de se promener à travers la ville pour un mal de tête ou pour un mal de ventre. Nous avons donc fait un centre médico-social ici qui a été équipé par le District d’Abidjan. Ensuite nous avons fait une cantine moderne, aérée et fraiche, qui est d’ailleurs appréciée, et qui va permettre aux fonctionnaires de se retrouver aux heures de repos ou de repas.
Aujourd’hui vous avez terminé l’amélioration du cadre de travail des fonctionnaires au niveau du Ministère mais il y a également le chantier de la modernisation. Sur ce sujet-là, qu’entendez-vous par modernisation et quels sont vos différents chantiers ?
La réhabilitation physique des différents bâtiments comme c’est devenu pour moi un véritable slogan, n’était qu’un prétexte pour procéder à la réhabilitation morale des fonctionnaires. Une administration efficace et moderne qui contribue efficacement à la réalisation de l’ambition de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020, passe par des agents qui sont motivés, qui sont dans les meilleures conditions. Nous avons donc fait ce travail, mais parallèlement nous faisions aussi ce que nous pouvons appeler du soft. Si la réhabilitation physique portait sur du hard. Ce que nous faisons, mais que vous ne voyez pas, et que vous allez commencer à voir, c’est du soft. Il n’y a pas très longtemps nous étions à Yamoussoukro dans le cadre d’un atelier et c’était pour mettre en œuvre l’une des réformes que nous considérons comme étant une réforme phare à savoir le portail « e-démarche administrative » qui va permettre , à terme, à chaque ivoirien et ivoirienne de rester là où il est pour obtenir l’information qu’il souhaite ou pour obtenir les pièces qu’il souhaite quelque soit l’endroit où il se trouve. Il lui suffira d’avoir la connexion pour obtenir les papiers et les informations souhaitées. Pour faire un certificat de nationalité, ce portail vous permettra de rester chez vous au village pour avoir ce papier.
Dans combien de temps ce portail sera-t-il prêt ?
Ce portail est déjà opérationnel mais je dis à terme, je veux dire qu’on va l’améliorer ou mettre en place les différents outils qu’il faut pour arriver à cette fonctionnalité.
Monsieur le Ministre vous avez relevé les maux qui minent l’administration. Quelle est la situation à ce niveau ?
Les maux qui minent l’administration publique ou la Fonction publique, disons les services publics de façon générale, sont suffisamment connus de nous tous parce qu’on a tous été, à un moment où à un autre, victime ou touché par ces maux. Nous avons décidé de prendre nos responsabilités. En arrivant ici, nous savions qu’un travail était en cours pour mettre hors d’état de nuire tous les prédateurs, les fraudeurs, tous les indélicats qui avaient réussi par des biais divers à s’incruster dans nos fichiers. En arrivant, ils avaient été environ 600 qui avaient été identifiés de façon formelle par les services compétents au sein du Ministère comme étant des gens bénéficiant de matricules frauduleux. Le travail s’est poursuivi et s’est intensifié. A la date d’aujourd’hui, nous sommes aux alentours de 1500 personnes formellement identifiées avec leur nom, leurs prénoms, la date et le lieu de naissance et le numéro du matricule qui ont bénéficié d’une intégration frauduleuse à la Fonction Publique. C’est-à-dire des personnes qui sont rentrées à la Fonction Publique sans passer par les deux voies qui sont prévues par l’article 33 du statut général de la Fonction Publique. La première voie est celle du concours et la seconde voie est l’intégration par nomination. L’article général de la Fonction publique indique que le Président de la République peut nommer des personnes pour en faire des fonctionnaires. Depuis le président Félix Houphouët Boigny jusqu’à l’ancien régime, ces nominations exceptionnelles ont représenté 5% des recrutements annuelles. Cela veut dire que chaque année le nombre du personnel recruté de cette manière représente 5% de l’ensemble. Donc, les 1500 personnes dont je viens de vous parler n’ont pas passé de concours et n’ont pas, non plus été nommées par décret. Et pourtant elles se retrouvent dans les fichiers après avoir bénéficié de la complaisance de certains collaborateurs qui ont eux aussi été formellement identifiés. Ils sont pour l’instant au nombre de 29 personnes. Parmi ces 29 personnes, certaines ont réussi à aller se planquer dans certains ministères mais elles ont été retrouvées.
Comptez-vous les envoyer devant les tribunaux ?
Nous avons présenté le dossier en Conseil des Ministres extraordinaire et nous avons bénéficié de l’accord du conseil pour poursuivre ne serait- ce que ces 29 personnes. Etant entendu que les 1500 personnes qui ont réussi à se faire attribuer ces matricules frauduleux sont déjà sorties des fichiers. Pour celles d’entre elles qui avaient commencé à être payées, elles ont vu leur salaire suspendu.
Monsieur le Ministre nous allons aborder le sujet des concours qui avaient été bloqués. On a annoncé la reprise de ces concours mais à quand véritablement ?
Les concours ont repris. Puisqu’à l’ENA les inscriptions sont terminées aux différents cycles de formations. Les compositions sont prévues pour ce mois de novembre. Nous avons 1887 postes à pourvoir aussi bien en concours directs qu’en concours professionnels. Nous ne pouvons organiser tous les concours en même temps. Mais tout un programme a été établi qui commencera à se dérouler très bientôt. A un moment donné, pour des questions purement techniques, nous avons dû suspendre le processus qui a repris depuis pratiquement deux semaines et les candidats s’inscrivent en ligne.
Qu’est ce qui a véritablement changé dans l’organisation de ces concours ?
Les critiques formulées étaient que les concours n’étaient qu’une grosse farce, qu’on ne venait passer les concours que pour la forme parce que toutes les places étaient déjà occupées par des amis, par des frères ou par des connaissances. Je peux vous dire que les concours que nous allons organiser vont faire la démonstration contraire. Des gens qui ne connaissent pas le Ministre, qui ne connaissent personne au ministère vont pouvoir témoigner à Abidjan.net, sur les réseaux sociaux qu’ils ont réussi à ces concours parce que ces concours concernent tous les ivoiriens. Ces concours seront organisés dans la transparence et les résultats seront donnés dans la transparence. D’ailleurs pour la petite histoire, la Directrice de l’ENA nous dit qu’à partir du moment où les gens s’imaginent que les concours d’entrée à l’ENA c’est des passe-droits, pour cette année les choses vont être très très claire. Il y a un premier tour qui va consister à parler, une sorte d’interview. Par exemple on demandera au candidat qui veut être administrateur public de nous parler de ce poste. Administrateur publique ça veut dire quoi, qu’est-ce que vous en savez ? Vous voulez être un administrateur des services financiers, ça veut dire quoi un administrateur des services financiers, pourquoi vous voulez aller au trésor, etc. cela va être une véritable course d’obstacles. Pour l’ENA il y en aura trois. Pour les autres concours, certainement qu’on ne va pas arriver à ce niveau, mais nous ferons en sorte que ce soit les meilleurs, de quelques conditions sociales que ce soit qui passent.
Le gouvernement vient d’annoncer le déblocage des salaires en 2015. Monsieur le Ministre quelles sont les implications de cette décision pour le fonctionnaire lui-même qui aura son salaire débloqué ?
Ministre Bacongo : Je pense que les fonctionnaires et de façon plus générale les Ivoiriens ne pouvaient pas attendre mieux qu’une telle décision parce qu’un fonctionnaire comme vous le savez très bien c’est au moins 10 personnes à charge. Quand son salaire est bloqué depuis des lustres et qu’on vient lui dire que ce salaire qui lui permettait tant bien que mal de s’occuper de 10 personnes va être débloqué avec pour conséquence une augmentation vous ne pouvez pas vous imaginer ce que cela représente pour lui. Je ne suis pas économiste mais je pense que le déblocage de ce salaire et l’augmentation que cela va induire va contribuer à l’amélioration du pouvoir d’achat des fonctionnaires, va donc également permettre par effet d’entrainement aux entreprises de se porter mieux parce que des consommateurs qui ont un peu plus de moyens vont consommer un peu plus. Et des consommateurs qui consomment un peu plus vont permettre aux entreprises de gagner de l’argent, de vendre et donc d’investir.
Que pouvez-vous dire aux ivoiriens pour qu’ils aient de nouveau confiance en leurs administrateurs ?
Ce que je veux dire aux Ivoiriens, c’est que la Fonction Publique ne doit être regardée ou ne doit pas continuer à être regardée comme elle a été vue jusqu’à il y a un passé récent c’est-à-dire la 5ème roue de la charrette. Quand on a fini de s’occuper de tout le monde, ceux-là on peut s’en occuper parce que là-bas de toutes les façons il n’y a rien à faire, ils sont là payer à ne rien faire. Je veux leur dire que la Fonction Publique c’est la vie de tous les Ivoiriens, c’est l’affaire de tous les Ivoiriens. C’est le cœur de l’Etat, c’est la vitrine de l’Etat, la vitrine de notre pays. Quand les étrangers viennent dans notre pays, les premières personnes auxquelles ils ont affaire, ce sont les fonctionnaires. Les fonctionnaires de police, les fonctionnaires du Ministère des Affaires Etrangères, de la justice et ainsi de suite. Quand ces personnes sont prises pour ce qu’elles sont c’est-à-dire de vrais agents de développement, quand ces personnes ont la considération qu’elles méritent et qu’elles travaillent dans les meilleures conditions, c’est tout le pays qui en bénéficie. C’est pour cette raison que nous en arrivant ici, nous avons réhabilité les locaux et les réhabilité moralement afin de les amener à s’appliquer au travail, à être des modèles partout où ils sont. Ici dans le hall vous avez vu le service accueil habillé et formé pour recevoir parce que souvent lorsqu’on n’a pas la réponse à une question qu’on vous pose ou à un problème qu’on vient vous poser, il y a juste un sourire, un petit regard qui vous soulage. Vous partez satisfait sans avoir forcement obtenu la réponse à votre préoccupation. C’est donc une Fonction Publique de ce type là que nous voulons construire. Une Fonction Publique moderne, jeune, fraiche et surtout préoccupée par la gestion axée sur les résultats. Une fonction publique qui a des rapports avec des usagers qui sont de nature, fournisseur à client pratiquement.
Réalisée par R. KRA
Vous venez d’organiser des Journées Portes Ouvertes au niveau de votre Ministère, quels étaient les enjeux de ces journées ?
Ces journées constituaient pour nous une plateforme de rencontre entre l’administration publique de façon générale, à travers les différents services du Ministère, et les usagers. Vous savez l’administration publique n’est pas connue. Sinon n’est connue qu’à travers des prismes déformés, une image totalement défaite dans l’opinion. Donc nous avons voulu présenter l’administration publique, la Fonction Publique aux ivoiriens et ivoiriennes mais également à l’opinion publique internationale à travers les différents services qui sont offerts. Et chemin faisant, nous avons voulu que les fonctionnaires et agents de l’Etat apprécient les travaux que nous avons initiés depuis notre arrivée parce que c’est pour eux que nous faisons ces travaux. Nous avons voulu améliorer leurs conditions de vie et de travail parce que là où nous passons 80% de la journée est notre lieu de vie.
Qu’est ce qui a été fait exactement ?
Comme vous le constatez, le bâtiment principal qui abrite le cabinet du Ministre a tout simplement été rafraichi et rendu plus agréable et plus conviviale. Il était dans un état, qu’on pourrait comprendre, qui portait la marque de l’âge du bâtiment. Aujourd’hui il a été rajeuni, tout l’environnement a été touché pour être mis à l’ère du temps. Désormais ce sont des bureaux paysagés qui sont offerts aux fonctionnaires. C’est vrai qu’au début les agents ne comprenaient pas pourquoi est-ce qu’ils n’étaient pas comme auparavant dans des bureaux individuels ou dans des bureaux où ils n’étaient que deux ou trois au plus et ils devaient être tous ensemble. Mais aujourd’hui ils comprennent que les nouveaux aménagements qui ont été faits sont des aménagements qui sont faits dans l’ère du temps. Ils sont ensemble dans un environnement convivial, ils peuvent échanger entre eux et en même temps ça les rend plus efficace au travail parce qu’on n’a pas besoin de se déplacer d’un bureau à un autre. On est tous ensemble au même endroit. Nous avons rendu cet environnement agréable pour que les fonctionnaires du Ministère comprennent qu’ils comptent dans la réalisation de l’ambition de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020. Vous avez également pu constater que nous avons fait un centre médico-social. Quand on veut attendre des fonctionnaires un rendement, qu’ils soient à la hauteur de ce que souhaitent les Ivoiriens, il ne faudrait pas que les fonctionnaires soient entrain de se promener à travers la ville pour un mal de tête ou pour un mal de ventre. Nous avons donc fait un centre médico-social ici qui a été équipé par le District d’Abidjan. Ensuite nous avons fait une cantine moderne, aérée et fraiche, qui est d’ailleurs appréciée, et qui va permettre aux fonctionnaires de se retrouver aux heures de repos ou de repas.
Aujourd’hui vous avez terminé l’amélioration du cadre de travail des fonctionnaires au niveau du Ministère mais il y a également le chantier de la modernisation. Sur ce sujet-là, qu’entendez-vous par modernisation et quels sont vos différents chantiers ?
La réhabilitation physique des différents bâtiments comme c’est devenu pour moi un véritable slogan, n’était qu’un prétexte pour procéder à la réhabilitation morale des fonctionnaires. Une administration efficace et moderne qui contribue efficacement à la réalisation de l’ambition de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020, passe par des agents qui sont motivés, qui sont dans les meilleures conditions. Nous avons donc fait ce travail, mais parallèlement nous faisions aussi ce que nous pouvons appeler du soft. Si la réhabilitation physique portait sur du hard. Ce que nous faisons, mais que vous ne voyez pas, et que vous allez commencer à voir, c’est du soft. Il n’y a pas très longtemps nous étions à Yamoussoukro dans le cadre d’un atelier et c’était pour mettre en œuvre l’une des réformes que nous considérons comme étant une réforme phare à savoir le portail « e-démarche administrative » qui va permettre , à terme, à chaque ivoirien et ivoirienne de rester là où il est pour obtenir l’information qu’il souhaite ou pour obtenir les pièces qu’il souhaite quelque soit l’endroit où il se trouve. Il lui suffira d’avoir la connexion pour obtenir les papiers et les informations souhaitées. Pour faire un certificat de nationalité, ce portail vous permettra de rester chez vous au village pour avoir ce papier.
Dans combien de temps ce portail sera-t-il prêt ?
Ce portail est déjà opérationnel mais je dis à terme, je veux dire qu’on va l’améliorer ou mettre en place les différents outils qu’il faut pour arriver à cette fonctionnalité.
Monsieur le Ministre vous avez relevé les maux qui minent l’administration. Quelle est la situation à ce niveau ?
Les maux qui minent l’administration publique ou la Fonction publique, disons les services publics de façon générale, sont suffisamment connus de nous tous parce qu’on a tous été, à un moment où à un autre, victime ou touché par ces maux. Nous avons décidé de prendre nos responsabilités. En arrivant ici, nous savions qu’un travail était en cours pour mettre hors d’état de nuire tous les prédateurs, les fraudeurs, tous les indélicats qui avaient réussi par des biais divers à s’incruster dans nos fichiers. En arrivant, ils avaient été environ 600 qui avaient été identifiés de façon formelle par les services compétents au sein du Ministère comme étant des gens bénéficiant de matricules frauduleux. Le travail s’est poursuivi et s’est intensifié. A la date d’aujourd’hui, nous sommes aux alentours de 1500 personnes formellement identifiées avec leur nom, leurs prénoms, la date et le lieu de naissance et le numéro du matricule qui ont bénéficié d’une intégration frauduleuse à la Fonction Publique. C’est-à-dire des personnes qui sont rentrées à la Fonction Publique sans passer par les deux voies qui sont prévues par l’article 33 du statut général de la Fonction Publique. La première voie est celle du concours et la seconde voie est l’intégration par nomination. L’article général de la Fonction publique indique que le Président de la République peut nommer des personnes pour en faire des fonctionnaires. Depuis le président Félix Houphouët Boigny jusqu’à l’ancien régime, ces nominations exceptionnelles ont représenté 5% des recrutements annuelles. Cela veut dire que chaque année le nombre du personnel recruté de cette manière représente 5% de l’ensemble. Donc, les 1500 personnes dont je viens de vous parler n’ont pas passé de concours et n’ont pas, non plus été nommées par décret. Et pourtant elles se retrouvent dans les fichiers après avoir bénéficié de la complaisance de certains collaborateurs qui ont eux aussi été formellement identifiés. Ils sont pour l’instant au nombre de 29 personnes. Parmi ces 29 personnes, certaines ont réussi à aller se planquer dans certains ministères mais elles ont été retrouvées.
Comptez-vous les envoyer devant les tribunaux ?
Nous avons présenté le dossier en Conseil des Ministres extraordinaire et nous avons bénéficié de l’accord du conseil pour poursuivre ne serait- ce que ces 29 personnes. Etant entendu que les 1500 personnes qui ont réussi à se faire attribuer ces matricules frauduleux sont déjà sorties des fichiers. Pour celles d’entre elles qui avaient commencé à être payées, elles ont vu leur salaire suspendu.
Monsieur le Ministre nous allons aborder le sujet des concours qui avaient été bloqués. On a annoncé la reprise de ces concours mais à quand véritablement ?
Les concours ont repris. Puisqu’à l’ENA les inscriptions sont terminées aux différents cycles de formations. Les compositions sont prévues pour ce mois de novembre. Nous avons 1887 postes à pourvoir aussi bien en concours directs qu’en concours professionnels. Nous ne pouvons organiser tous les concours en même temps. Mais tout un programme a été établi qui commencera à se dérouler très bientôt. A un moment donné, pour des questions purement techniques, nous avons dû suspendre le processus qui a repris depuis pratiquement deux semaines et les candidats s’inscrivent en ligne.
Qu’est ce qui a véritablement changé dans l’organisation de ces concours ?
Les critiques formulées étaient que les concours n’étaient qu’une grosse farce, qu’on ne venait passer les concours que pour la forme parce que toutes les places étaient déjà occupées par des amis, par des frères ou par des connaissances. Je peux vous dire que les concours que nous allons organiser vont faire la démonstration contraire. Des gens qui ne connaissent pas le Ministre, qui ne connaissent personne au ministère vont pouvoir témoigner à Abidjan.net, sur les réseaux sociaux qu’ils ont réussi à ces concours parce que ces concours concernent tous les ivoiriens. Ces concours seront organisés dans la transparence et les résultats seront donnés dans la transparence. D’ailleurs pour la petite histoire, la Directrice de l’ENA nous dit qu’à partir du moment où les gens s’imaginent que les concours d’entrée à l’ENA c’est des passe-droits, pour cette année les choses vont être très très claire. Il y a un premier tour qui va consister à parler, une sorte d’interview. Par exemple on demandera au candidat qui veut être administrateur public de nous parler de ce poste. Administrateur publique ça veut dire quoi, qu’est-ce que vous en savez ? Vous voulez être un administrateur des services financiers, ça veut dire quoi un administrateur des services financiers, pourquoi vous voulez aller au trésor, etc. cela va être une véritable course d’obstacles. Pour l’ENA il y en aura trois. Pour les autres concours, certainement qu’on ne va pas arriver à ce niveau, mais nous ferons en sorte que ce soit les meilleurs, de quelques conditions sociales que ce soit qui passent.
Le gouvernement vient d’annoncer le déblocage des salaires en 2015. Monsieur le Ministre quelles sont les implications de cette décision pour le fonctionnaire lui-même qui aura son salaire débloqué ?
Ministre Bacongo : Je pense que les fonctionnaires et de façon plus générale les Ivoiriens ne pouvaient pas attendre mieux qu’une telle décision parce qu’un fonctionnaire comme vous le savez très bien c’est au moins 10 personnes à charge. Quand son salaire est bloqué depuis des lustres et qu’on vient lui dire que ce salaire qui lui permettait tant bien que mal de s’occuper de 10 personnes va être débloqué avec pour conséquence une augmentation vous ne pouvez pas vous imaginer ce que cela représente pour lui. Je ne suis pas économiste mais je pense que le déblocage de ce salaire et l’augmentation que cela va induire va contribuer à l’amélioration du pouvoir d’achat des fonctionnaires, va donc également permettre par effet d’entrainement aux entreprises de se porter mieux parce que des consommateurs qui ont un peu plus de moyens vont consommer un peu plus. Et des consommateurs qui consomment un peu plus vont permettre aux entreprises de gagner de l’argent, de vendre et donc d’investir.
Que pouvez-vous dire aux ivoiriens pour qu’ils aient de nouveau confiance en leurs administrateurs ?
Ce que je veux dire aux Ivoiriens, c’est que la Fonction Publique ne doit être regardée ou ne doit pas continuer à être regardée comme elle a été vue jusqu’à il y a un passé récent c’est-à-dire la 5ème roue de la charrette. Quand on a fini de s’occuper de tout le monde, ceux-là on peut s’en occuper parce que là-bas de toutes les façons il n’y a rien à faire, ils sont là payer à ne rien faire. Je veux leur dire que la Fonction Publique c’est la vie de tous les Ivoiriens, c’est l’affaire de tous les Ivoiriens. C’est le cœur de l’Etat, c’est la vitrine de l’Etat, la vitrine de notre pays. Quand les étrangers viennent dans notre pays, les premières personnes auxquelles ils ont affaire, ce sont les fonctionnaires. Les fonctionnaires de police, les fonctionnaires du Ministère des Affaires Etrangères, de la justice et ainsi de suite. Quand ces personnes sont prises pour ce qu’elles sont c’est-à-dire de vrais agents de développement, quand ces personnes ont la considération qu’elles méritent et qu’elles travaillent dans les meilleures conditions, c’est tout le pays qui en bénéficie. C’est pour cette raison que nous en arrivant ici, nous avons réhabilité les locaux et les réhabilité moralement afin de les amener à s’appliquer au travail, à être des modèles partout où ils sont. Ici dans le hall vous avez vu le service accueil habillé et formé pour recevoir parce que souvent lorsqu’on n’a pas la réponse à une question qu’on vous pose ou à un problème qu’on vient vous poser, il y a juste un sourire, un petit regard qui vous soulage. Vous partez satisfait sans avoir forcement obtenu la réponse à votre préoccupation. C’est donc une Fonction Publique de ce type là que nous voulons construire. Une Fonction Publique moderne, jeune, fraiche et surtout préoccupée par la gestion axée sur les résultats. Une fonction publique qui a des rapports avec des usagers qui sont de nature, fournisseur à client pratiquement.
Réalisée par R. KRA